ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"672"> capacité de s'obliger, tellement que quoiqu'ils se fussent engagés sous caution, & même par serment, ils pouvoient se retirer. Novell. 51. Cette loine s'observe point parmi nous.

Il a toûjours été défendu aux comédiens de représenter sur le théatre les ecclésiastiques & les religieux. Novell. 123. ch. xljv. Et l. minus cod. de episcop. aud. omnibus auth. de sanctiss. episcop.

Les comédiens étoient autrefois regardés comme infâmes (l. si fratres cod. ex quibus causis infamia irrogat. C. lib. II. cap. xij.); & par cette raison on les a regardés comme incapables de rendre témoignage. Voyez Perchambaut, sur l'artic 151. de la coûtume de Bretagne. Le canon definimus, 4. quest. j. dit qu'un comédien n'est pas recevable à intenter une accusation: & le causas auth. ut cum de appell. cognos. porte qu'un fils qui, contre la volonté de son pere, s'est fait comédien, encourt son indignation.

Charlemagne, par une ordonnance de l'an 789, mit aussi les histrions au nombre des personnes infâmes, & auxquelles il n'étoit pas permis de former aucune accusation en justice.

Les conciles de Mayence, de Tours, de Reims, & de Châlons - sur - Saone, tenus en 813, défendirent aux évêques, aux prêtres, & autres ecclésiastiques, d'assister à aucun spectacle, à peine de suspension, & d'être mis en pénitence; & Charlemagne autorisa cette disposition par une ordonnance de la même année. Voyez les capitul. tome I. col. 229. 1163. & 1270.

Mais il faut avoüer que la plûpart de ces peines ont moins été prononcées contre des comédiens proprement dits, que contre des histrions ou farceurs publics, qui mêloient dans leurs jeux toutes sortes d'obscénités; & que le théatre étant devenu plus épuré, on a conçû une idée moins desavantageuse des comédiens.

On tient néanmoins toûjours pour certain que les comédiens dérogent; mais il en faut excepter ceux du Roi qui ne dérogent point, comme il résulte d'une déclaration de Louis XIII. du 16 Avril 1641, registrée en parlement le 24 du même mois, & d'un arrêt du conseil du 10 Septembre 1668, rendu en faveur de Floridor comédien du roi, qui étoit gentilhomme; par lequel il lui fut accordé un an pour rapporter ses titres de noblesse, & cependant défenses furent faites au traitant de l'inquiéter pour la qualité d'écuyer.

Les acteurs & actrices de l'opéra ne dérogent pas non plus, attendu que ce spectacle est établi sous le titre d'académie royale de Musique.

La part que chaque comédien a dans les profits peut être saisie par ses créanciers. Arrêt du 2 Juin 1693. Journ. des aud.

Il y a plusieurs reglemens pour la profession des comédiens & pour les spectacles en général, qui sont rapportés ou cités dans le tr. de la police, tome I. liv. III. tit. iij. & dans le dictionn. des arrêts, au mot comédien. (A)

COMENOLITARI (Page 3:672)

COMENOLITARI, (le) Géog. mod. grand pays de la Turquie en Europe, dans la Grece, qui comprend la Thessalie ancienne & la Macédoine.

COMETE (Page 3:672)

COMETE, s. f. (Physiq. & Astron.) corps céleste de la nature des planetes, qui paroît soudainement & disparoît de même, & qui pendant le tems de son apparition se meut dans une orbite de même nature que celles des planetes, mais très - excentrique. Voy. Etoile & Planete.

Les cometes sont distinguées principalement des autres astres, en ce qu'elles sont ordinairement accompagnées d'une queue ou traînée de lumiere toûjours opposée au soleil, & qui diminue de vivacité à - mesure qu'elle s'éloigne du corps de la comete. C'est cette traînée de lumiere qui a occasionné la division vulgaire des cometes en cometes à queue, à barbe, & à chevelure: mais cette division convient plûtôt aux différens états d'une même comete, qu'aux phénomenes distinctifs de différentes cometes.

Ainsi lorsque la comete se meut à l'orient du soleil & s'en écarte, on dit que la comete est barbue, parce que sa lumiere va devant elle. Voyez Barbe.

Quand la comete va à l'occident du soleil & qu'elle le suit, on dit que la comete a une qutue, parce que sa lumiere la suit.

Enfin quand la comete & le soleil sont diamétralement opposés (la terre étant entre eux), la traînée de lumiere qui accompagne la comete étant cachée par le corps de la comete, excepté les parties les plus extérieures qui débordent un peu la comete & l'environnent, on dit que la comete a une chevelure. Voyez la fig. 25. Planch. astr.

Nature des cometes. Les Philosophes ont été fort embarrassés sur la nature des cometes, à cause de la rareté de ces astres, & des irrégularités apparentes de leurs phénomenes. Avant Aristote on regardoit les espaces célestes comme remplis d'un nombre infini d'étoiles qui avoient chacune leur mouvement particulier, & dont la plûpart étoient trop éloignées ou trop petites pour pouvoir être apperçûes; & l'on s'imaginoit qu'un certain nombre de ces petites étoiles venant à se rencontrer, & à ne faire pour les yeux qu'une seule masse, elles formoient par ce moyen l'apparence d'une comete, jusqu'à ce qu'elles se séparassent pour continuer leurs cours. Mais comment se peut faire la rencontre & la réunion de ces étoiles? comment peut - il en naître un corps en forme de queue qui s'oppose toûjours au soleil, & comment ces étoiles peuvent - elles ensuite se séparer après la reunion? c'est ce qui est difficile à concevoir.

Aristote a aisément réfuté cette hypothese, & lui en a substitué une autre où il prétend que les cometes sont des feux passagers, ou des météores composés d'exhalaisons élevées au - dessus de la région de l'air dans le lieu où, suivant lui, est le feu; & il regardoit dans cette hypothese les cometes comme beaucoup au - dessous de la lune.

Cette hypothese n'a cependant pas plus de réalité que la premiere; car il en résulte que la lumiere de la comete est indépendante du soleil; d'où il s'ensuit évidemment que cette lumiere devroit se répandre de tous les côtés sans se disposer en forme de queue, ainsi qu'il arrive réellement: d'ailleurs, les cometes sont apperçûes en même tems des endroits de la terre les plus éloignés; elles sont par conséquent fort élevées au - dessus de l'atmosphere terrestre, au contraire de ce qui arrive à l'égard de quelque météore que ce soit formé dans notre air, à cause de son peu d'élevation au - dessus de la surface de la terre.

De plus le peu de parallaxe des cometes prouve qu'elles sont à une plus grande hauteur que la lune. On peut prendre pour exemple la comete de 1577: Tycho Brahé l'observoit à Uranibourg, & Hagecius à Prague en Bohème, c'est - à - dire à environ 150 lieues sous le même méridien. Or ils trouverent que la distance de la comete à la luisante du vautour étoit la même au même instant: d'où ils ont conclu que la comete n'avoit point de parallaxe sensible; & comme la lune en a une fort considérable, il s'ensuit que cette comete étoit fort au - delà de la lune par rapport à la terre. Voyez les inst. astr. de M. le Monnier.

Comme c'est par le défaut de parallaxe du mouvement diurne qu'on est parvenu à prouver que les cometes étoient dans des régions fort au - dessus de la lune, c'est au contraire par la quantité observée d'une autre parallaxe, qui est celle de l'orbe annuel, [p. 673] qu'on peut prouver que ces astres descendent dans la région des planetes. Car les cometes qui s'avancent selon la suite des signes, nous semblent vers la fin de leurs apparitions, ou rallentir trop sensiblement leurs mouvemens, ou même rétrograder, & cela lorsque la terre est entre elles & le soleil. Au contraire elles paroissent se mouvoir trop rapidement, si la terre est en opposition, c'est - à - dire si elles se trouvent en conjonction avec le soleil: or c'est précisément ce que nous observons à l'égard des planetes. D'un autre côté celles qu'on nomme rétrogrades, parce qu'elles se meuvent en effet contre l'ordre des signes, semblent plus rapides vers la fin de leur apparition, si la terre est entre elles & le soleil. Enfin elles paroissent ou rallentir très - sensiblement leur cours, ou même rétrograder, si la terre est dans une situation opposée, c'est - à - dire si la comete paroît en conjonction avec le soleil. Il est donc aisé de voir que la cause de ces apparences est le mouvement de la terre dans son orbite, de la même maniere qu'il arrive à l'égard des planetes: car selon que le mouvement de la terre se fait dans le même sens, ou est contraire à celui de la planete, elle paroît tantôt rétrograder, tantôt se mouvoir trop lentement, & avec trop de rapidité. Newton, l. III.

Hevelius qui a fait un grand nombre d'observations sur les cometes, prétend qu'elles sortent du soleil, que ce sont les exhalaisons les plus grossieres que produit cet astre, & qu'elles sont de même nature que les taches du soleil.

Kepler pense, comme Aristote, que les cometes sont des exhalaisons, & croit qu'elles sont dispersées sans nombre dans le ciel; & que si elles ne sont pas toutes visibles, c'est à cause de leur petitesse, ou parce qu'elles sont long - tems sous l'horison.

Mais indépendamment de la réfutation précédente, M. Newton a fait voir la fausseté de cette hypothese, en prouvant que la comete de 1680 auroit été entierement dissipée dans son passage auprès du soleil, si elle n'avoit été qu'un corps composé d'exhalaisons, soit du soleil, soit des planetes; car la chaleur du soleil, comme on le sait, est en raison réciproque des quarrés des distances du soleil; & la distance de cette comete au soleil dans son perihelie le 8 Décembre, étoit à la distance de la terre au soleil comme 6 à 1000: d'où il suit que la chaleur communiquée par le soleil à la comete, devoit être alors à celle qu'on éprouve sur la terre au milieu de l'été, comme 1000000 à 36, ou comme 28000 à 1: sachant ensuite par l'expérience que la chaleur de l'eau bouillante est un peu plus que triple de celle de la terre échaussée par les rayons du soleil au fort de l'été, & prenant la chaleur du fer rouge pour trois ou quatre fois plus grande que celle de l'eau bouillante, il en conclud que la chaleur du corps de la comete dans le tems de son périhelie, devoit être 2000 fois plus grande que celle du fer rouge.

La comete ayant acquis une aussi grande chaleur, doit être un tems immense à se refroidir. Le même auteur a calculé qu'un globe de fer rouge de la grosseur de la terre seroit à peine refroidi en 50000 ans. Ainsi quand même la comete se refroidiroit cent fois plus vîte que le fer rouge, elle ne laisseroit pas encore, à cause que sa chaleur est 2000 fois plus grande, de mettre un million d'années à se refroidir.

Jacq. Bernoulli, dans son Conamen novi systematis cometarum, imagine une planete principale qui fait sa révolution autour du soleil dans l'espace de quatre années & 157 jours, & qui est éloignée de cet astre de 2583 demi - diametres du grand orbe; il veut que cette planete invisible par l'immensité de sa distance, ou par la petitesse de son disque, soit accompagnée de différens satellites plus ou moins éloignés; & selon lui, ces satellites descendant quel<cb-> quefois dans leur perigée aussi bas que l'orbite de Saturne, deviennent alors visibles pour nous, & sont ce que nous appellons cometes.

Descartes pense que les cometes sont des étoiles qui étoient d'abord fixes comme les autres, mais qui s'étant ensuite couvertes de taches & de croûtes, ont à la fin perdu entierement leur lumiere; & que ne pouvant plus alors conserver leurs places, elles ont été entraînées par les tourbillons des étoiles voisines; ensorte que suivant leurs différentes grandeurs & solidités elles ont pû être portées jusqu'à l'orbe de Saturne, distance à laquelle recevant les rayons du soleil avec assez de force, elles deviennent visibles. Voyez Cartésianisme.

Mais le peu de vérité de toutes ces hypotheses saute aux yeux par les phénomenes des cometes: nous allons exposer les principaux de ces phénomenes, comme étant la pierre de touche de toutes les théories.

1°. On observe des altérations sensibles dans la vîtesse apparente des cometes, selon qu'elles sont situées par rapport à la terre; c'est ce que nous avons déjà remarqué plus haut.

2°. Tant que leur vîtesse augmente, elles paroissent décrire à - peu - près de grands cercles; mais vers la fin de leur course elles s'écartent un peu de ces cercles; & dans le cas où la terre va du même côté qu'elles, elles paroissent aller du côté opposé.

3°. Elles se meuvent dans des ellipses qui ont le soleil pour un de leurs foyers, & décrivent autour de ce foyer des aires proportionnelles aux tems.

4°. La lumiere de leur corps central ou tête augmente quoiqu'elles s éloignent de la terre, lorsqu'elles s'approchent du soleil; & elle décroît au contraire lorsqu'elles s'éloignent du soleil, quoiqu'elles deviennent plus proches de la terre.

5°. Leurs queues sont les plus grandes & les plus brillantes immédiatement après leur périhelie.

6°. Leurs queues s'écartent un peu de la direction du soleil au noyau ou corps de la comete, & se courbent vers le côté que la comete vient de quitter.

7°. Cette déviation, toutes choses égales, est la plus petice lorsque la tête de la comete approche le plus du soleil; & elle est moindre auprès de la tête que vers l'extremité de la queue.

8°. Les queues sont un peu plus brillantes & plus distinctement terminées dans leur partie convexe que dans la concave.

9°. Les queues paroissent toûjours plus larges vers l'extrémité qu'auprès du centre de la comete.

10°. Les queues sont transparentes, & les plus petites étoiles peuvent s'appercevoir au - travers.

Ce sont là les principaux phénomenes des cometes, que l'on voit aisément démentir les opinions étranges que les anciens avoient de ces astres, & peu cadrer avec les foibles conjectures de la plûpart des auteurs modernes. A la vérité il y a eu quelques anciens, comme Pline le rapporte, qui ont eu des idées plus justes sur les cometes, qui ont pensé que c'étoient des astres perpétuels qui faisoient leurs révolutions dans des orbites particulieres: il paroît même que les plus anciens philosophes avoient placé les cometes dans ces vastes régions du ciel qui sont au - dessus de l'orbite de la lune, selon le témoignage d'Aristote, de Plutarque, & de divers auteurs tant Grecs que Latins; c'étoit le sentiment des Pythagoriciens & des autres philosophes de la secte italique; c'étoit aussi celui d'Hippocrate de Chio, célebre par la quadrature des lunules qui portent son nom (Voy. Lunule); c'étoit enfin l'opinion de Démocrite. Séneque nous rapporte au liv. VII. ch. iij. de ses questions naturelles, ce qui en avoit été dit par ce philosophe, l'un des plus ingénieux, & peut - être le plus profond de toute l'antiquité: il dit qu'en<pb->

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