ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"654"> Trajane, dont la structure paroissoit beaucoup moins durable, subsiste encore en son entier.

Tout le monde sait que le pape Sixte V. a relevé cette colonne sous son pontificat, & a fait mettre au - dessus la statue de S. Pierre: on en trouve par - tout des estampes. Voyez celles qui ont été gravées à Rome, & copiées dans nos beaux ouvrages des antiquités Romaines. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Observations sur la force des colonnes. Comme on ne bâtit pas seulement avec le bois, mais aussi avec la pierre & le marbre, il seroit à souhaiter pour le bien de l'Architecture, que nous eussions des expériences bien faites sur la force des colonnes de pierre.

M. Van Musschenbroek a déjà là - dessus fait quelques expériences, qu'il rapporte dans ses Ess. de phys. Il a pris une colonne quarrée faite de terre - glaise, & aussi dure que la brique rouge durcie par le seu: cette colonne qui avoit onze pouces & demi de long, & dont chaque côté étoit de 5/12 d'un pouce, sut rompue par 195 livres: une pierre de brême longue de douze pouces 10/12, & dont chaque côté étoit de 5/12 d'un pouce, fut rompue par 150 livres: un marbre blanc un peu veiné, long de treize pouces 1/4, épais d'un côté de 4/12 d'un pouce, & qui avoit de l'autre côté l'épaisseur de 5/12 d'un pouce, fut rompu par 250 liv.

Si l'on prend un pilier de pierre fait de demi - pierres posées les unes sur les autres, ayant l'épaisseur de trois pouces, la largeur de sept pouces, & la hauteur de dix pies; on demande quelle charge pourra supporter ce pilier de pierre, en supposant qu'il soit bâti de briques rouges durcies par le feu.

Si ce pilier étoit de la même épaisseur que celle qu'avoit la colonne dans l'expérience précédente, & qu'il sût de la hauteur de dix piés, il ne pourroit supporter deux livres, parce que les forces sont en raison inverse des quarrés des hauteurs: mais si l'on compte qu'une pierre est de la longueur de 7 pouces, c'est - à - dire dix - sept fois plus large que n'est la colonne dans l'expérience; alors ce même pilier de mur qui a l'épaisseur de 5/12 de pouce, & la largeur de sept pouces, pourra supporter trente livres. Mais la pierre est de l'épaisseur de trois pouces, qui est le côté courbé par le poids dont il est chargé; ce côte est donc à celui de la colonne rompue comme 36 à 5, dont les quarrés sont comme 1296 à 25: c'est pourquoi le pilier de mur qui est de la hauteur de dix piés, ne pourra être chargé que de 1555 livres, mais s'il étoit de l'épaisseur d'une pierre entiere, il pourroit supporter un fardeau quatre fois plus pesant.

Par conséquent un mur qui sera de l'épaisseur d'une demi - pierre, & qui aura dix piés de haut, pourra être chargé de 1555 livres, autant de fois qu'il sera de la longueur des pierres entieres ou de sept pouces. Il est certain que s'il étoit fait de pierres plus dures, il pourroit supporter une charge encore plus pesante avant que d'être renversé. Si l'on compare la force d'un pilier de pierre avec celle d'un pilier de bois de chêne, qui soit aussi de la hauteur de dix piés, & dont les côtés ayent trois pouces & sept pouces, on trouvera que le bois de chêne pourra supporter beaucoup davantage, & même presque 2800 livres.

Comme on éleve dans les églises plusieurs colonnes qui soûtiennent tout le bâtiment, si l'on prenoit une colonne de marbre blanc de la hauteur de quarante piés, & dont le diametre seroit de 4 piés, elle pourroit supporter à - peu - près le poids de 105, 011, 085 livres. Ainsi l'on est en état de calculer quel poids étoient capables de soûtenir les 127 colonnes du temple de la Diane d'Ephese, qui étoient toutes d'une piece de soixante piés de hauteur.

Comme on bâtit souvent des maisons à deux portes qui donnent sur le coin des rues, de sorte que tout le poids de la façade repose sur le poteau de ce coin, il n'est pas indifférent de savoir l'épaisseur qu'il convient de donner à ce poteau; mais il seroit encore bon de calculer les avantages on les desavantages qu'il y auroit à le former en colonnes de pierre par préference, parce que ce poteau doit supporter sans aucun danger le poids de la façade qui repose sur lui. Voyez Résistance des solides. Cet article est de M. le Chevalier de Jaucourt.

Colonne, (Page 3:654)

Colonne, en terme militaire, est un corps de troupes rangé sur beaucoup de hauteur & peu de front, qui marche d'un même mouvement, en laissant assez d'intervalle entre les rangs & les files pour éviter la confusion.

Une armée marche sur une, deux, trois, ou un plus grand nombre de colonnes, suivant la nature du terrein, & le but que le général se propose.

Il ne convient point à une armée de marcher en bataille, hors le moment d'un combat, quand même, ce qui est fort rare, le terrein le permettroit; souvent même la marche ne se sait point en - avant de l'armée: il est donc nécessaire de rompre l'armée pour faire passer les troupes les unes après les autres. Comme il y en a un grand nombre, ce ne seroit pas assez si on ne la rompoit que pour faire passer toutes les troupes dans un même endroit; il faut, pour la facilité de la marche, diviser l'armée en plusieurs portions ou parties, qui prennent des chemins différens pour aller se rassembler au lieu où l'on a résolu de le faire: l'exécution de cette manoeuvre s'appelle mettre l'armée en colonnes.

La méthode de bien distribuer une armée sur un nombre de colonnes convenable, tant par rapport à l'armée considérée en elle - même, que par rapport au pays qu'elle a à traverser, est un objet des plus considérables & des plus importans, qui mérite toute l'attention des plus habiles généraux. Ceux qui voudront voir ce que l'on a de meilleur sur ce sujet, pourront consulter l'art de la guerre par regles & par principes de feu M. le maréchal de Puysegur, imprimé chez Jombert à Paris en 1748.

La colonne est encore un corps d'insanterie serré & suppressé, c'est - à - dire un corps rangé sur un quarré long, dont le front est beaucoup moindre que la hauteur, qui n'est pas moins redoutable par la pesanteur de son choc, que par la force avec laquelle il perce & résiste également par - tout, & contre toutes sortes d'efforts. Les rangs & les files doivent être tellement serrés & condensés, que les soldats ne conservent qu'autant d'espace qu'il leur en faut pour marcher & se servir de leurs armes.

Cette colonne est celle de M. le chevalier de Folard, & c'est sa propre définition ou description qu'on vient de donner. Elle est composée de plusieurs bataillons à la queue les uns des autres, depuis un bataillon jusqu'à fix, sur plus ou moins de files & de rangs, selon la situation du pays où l'on se trouve obligé d'agir & de combattre. On a pretendu qu'à la bataille de Fontenoy, gagnée par le Roi en personne le 11 Mai 1745, les Anglois avoient combattu en colonne; mais on sait que leur colonne s'étoit trouvée formée sans dessein: plusieurs de leurs bataillons voulant éviter le feu des François qui les prenoit en flanc, se posterent, pour l'éviter, les uns derriere les autres; ce qui forma ainsi la colonne de M. de Folard. Au reste les plus habiles militaires conviennent que cette colonne est excellente dans plusieurs cas, mais qu'on ne doit pas la regarder comme devant être employée indifféremment dans toutes sortes d'attaques. Voyez le traité de la colonne du chevalier de Folard, tome I. de son comment. sur Polybe, & le livre intitulé sentiment d'un homme de guerre sur le nouveau système du chevalier de Folard, par rapport à la colonne, &c. (Q) [p. 655]

Colonne militaire, (Page 3:655)

Colonne militaire, étoit chez les Romains une colonne sur laquelle étoit gravé le dénombrement des troupes d'une armée Romaine par légion, selon leur rang. Voyez Colonne. (Q)

Colonne, Marcher en colonne, (Page 3:655)

Colonne, Marcher en colonne, (Marine.) c'est lorsqu'une armée navale marche sur deux ou trois lignes, & que les vaisseaux de chaque ligne se suivent les uns derriere les autres. Voyez Order de marche. (Z)

Colonnes du Chatelet, (Page 3:655)

Colonnes du Chatelet, (Jurispr.) ne sont autre chose que des divisions ou distributions que l'on fait de cinquante - six conseillers au châtelet de Paris en plusieurs services différens, que chaque colonne ou division remplit alternativement & successivement de mois en mois.

Ce terme de colonnes vient sans doute de ce que le tableau ou liste qui marque cet arrangement est divisé en autant de colonnes qu'il y a de services différens.

La distinction de ces colonnes est fort ancienne; mais elle n'a pas toûjours eté faite de la même maniere: pour mieux faire entendre les changemens qu'il y a eu à cet égard, il faut expliquer séparément d'abord la distinction des différens services, ensuite le nombre des conseillers qui y est employé, & enfin la durée de chaque service.

Premierement pour ce qui est de la différence des services, anciennement il n'y en avoit que deux au châtelet, savoir le civil & le criminel.

La conservation des priviléges royaux de l'université qui avoit été démembrée du châtelet, y fut réunie par édit de 1526, registré au parlement en 1532: mais nonobstant cette réunion, & quoique les juges de la conservation fussent transférés au châtelet, ils continuerent à connoître seuls des causes de l'université, & les juges de la prévôté continuerent à connoître seuls des matieres de la prevôté, ce ne fut qu'en 1543 qu'on ordonna le mêlange des conseillers des deux siéges, & qu'à cet effet ils seroient tous inscrits dans un même tableau par ordre de réception.

Au moyen de ce mêlange il y eut alors trois services au châtelet; savoir celui de la prevôté pour le civil ordinaire, celui de la conservation pour les causes de l'université, & le service de la chambre criminelle.

Les choses demeurerent en cet état ju qu'à l'établissement des présidiaux en 1551; alors le châtelet étant érigé en présidial, il continua d'y avoir trois services, celui du présidial ayant pris la place de celui de la conservation qui fut supprimé; & il est à présumer que la chambre du conseil fut alors établie, & forma un quatrieme service pour juger; comme il paroît par une délibération de 1678, qui porte que, suivant l'ancien usage, les conseillers demeureront divisés en quatre colonnes.

Au mois d'Avril 1627, il y eut un édit portant augmentation de quelques officiers en chaque présidial, pour être avec les anciens divisés en deux services semestres; & suivant un autre édit du mois de Février 1643, on avoit crée plusieurs nouveaux officiers au châtelet de Paris, pour avec les anciens former deux semestres; mais ces deux édits ne furent point vérifiés.

En 1674 le châtelet fut divisé en deux siéges, sous le nom d'ancien & de nouveau châtelet: on observa dans chaque tribunal la distinction des quatre services; les affaires de rapport, tant de la prevôté & du présidial, que de la police, ce qui vraissemblablement n'avoit point encore eu lieu; le service civil de la prevôté ayant pû avant 1543 juger les affaires d'audience & de rapport de la prevôté, comme celui de la conservation depuis 1543 pouvoit juger les affaires d'audience & de rapport de la conservation, en supposant que ce fût à des jours différens ou à des heures différentes; & les deux châtelets ayant été réunis en 1684, les huit services furent réduits à quatre, comme ils étoient avant la division du châtelet; & tel est encore le dernier état confirmé par l'édit du mois de Janvier 1685.

2°. Pour le nombre des conseillers employés à chaque service, il a dû nécessairement varier à proportion que le nombre total des conseillers a été augmenté.

On ignore de quelle maniere les conseillers étoient distribués, du tems qu'il n'y avoit que le service du civil & du criminel; il y a néanmoins apparence qu'ils étoient distribués également pour ces deux services.

Quand la conservation eut été réunie à la prevôté, & que l'on eut fait le mêlange des conseillers des deux siéges, ce qui n'arriva, comme on l'a déjà dit, qu'en 1543, il n'y avoit plus que vingt conseillers, dont dix servoient à la prevôté, & dix à la conservation; on en prenoit alternativement un certain nombre de ceux qui servoient à la prevôté, & ensuite de ceux de la conservation, pour faire le service du criminel.

Le nombre des conseillers n'étant plus que de dixneuf, lorsque le châtelet fut érigé en présidial en 1551, on en ajoûta alors cinq, pour faire le nombre de vingt - quatre porté par l'édit, dont il y en avoit quatre seulement pour le service du criminel, & les vingt autres étoient distribués pour les trois autres services: ils avoient néanmoins la liberté d'assister & d'opiner au criminel. Il y a apparence que de ces vingt conseillers six servoient à l'audience de la prevôté, six à celle du présidial, & les huit autres en la chambre du conseil.

Il fut arrêté en 1668 qu'il y auroit à l'avenir huit conseillers au criminel: il y avoit alors en tout trente - quatre conseillers.

En 1671 on arrêta qu'il y en auroit pareil nombre de huit à l'audience, ce qui se doit entendre du parc civil & autant pour le présidial, & que le surplus des conseillers qui n'étoit point de service à l'audience ni au criminel, serviroit ès chambres du conseil & de la police. Il n'y avoit toûjours que trente - quatre conseillers; ainsi il y en avoit dix à la chambre du conseil, & huit pour chacun des trois autres services.

Il est bon de remarquer à cette occasion que la chambre de la police n'a jamais formé une colonne particuliere pour les conseillers, mais qu'ils rapportent en la chambre du conseil toutes les affaires criminelles qui sont du ressort de la police.

Le nouveau châtelet qui fut établi en 1674 étant composé du même nombre d'officiers que l'ancien, & les services divisés de même dans les deux siéges, il y a lieu de croire aussi que le nombre de conseillers employé à chaque service étoit aussi le même dans les deux siéges, si ce n'est que la chambre du conseil de chaque siége devoit être composée de onze conseillers, attendu qu'ils étoient alors en tout trente - cinq.

En 1678 il fut arrêté dans l'un des deux châtelets, qu'au lieu de huit conseillers au criminel il y en auroit dix, & que les deux d'augmentation seroient pris de la chambre du conseil; ce qui dut nécessairement réduire le service de la chambre du conseil de one à neuf: ainsi de trente - cinq conseillers il y en avoit huit à l'audience du parc civil, huit à celle du présidial, dix au criminel, & neuf à la chambre du conseil.

Il y a lieu de croire que le même arrangement fut observé dans l'autre chàtelet.

Depuis la réunion du nouveau châtelet à l'ancien, faite en 1684, le nombre des conseillers ayant été

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