ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Ce college a trente procureurs qui se chargent de toutes les causes des étudians. Voyez Procureur.

Collége des Herauts d'armes; (Page 3:634)

Collége des Herauts d'armes; c'est une compagnie établie par des patentes du roi Richard III. qui leur a donné plusieurs priviléges, comme d'être exempts de subsides, de péages, d'offices, &c. Voyez Héraut.

Ils ont eu une seconde patente sous le roi Edouard VI. & une maison proche celle des docteurs communs, que le comte de Derby avoit fait bâtir sous le regne d'Henry VII. leur fut donnée par le duc de Norfolk sous le regne de la reine Marie. Cette maison a été nouvellement rebâtie.

Cette compagnie a trois officiers appellés rois d'armes, reges armorum Anglicorum; six héraults & quatre poursuivans. Voyez Roi d'armes, Héraut d'armes & Poursuivans d'armes. (G) Chambers.

Collége des Marchands; (Page 3:634)

Collége des Marchands; c'est ainsi que l'on nomme dans presque toutes les villes anséatiques un lieu ou place publique, où s'assemblent ordinairement les marchands & négocians pour traiter des affaires de leur commerce. C'est ce qu'on appelle ailleurs bourse, & à Lyon place du change. V. Bourse, Place du change & Anséatiques.

On appelle aussi à Londres collége, un endroit où s'assemblent ceux qui sont de la société royale. Les Anglois ont joint à ce mot de collége celui de Gresham, nom de ce fameux marchand Anglois, que la reine Elisabeth employa en qualité de résident dans les Pays - bas, & sur - tout à Anvers, pour les affaires du négoce, & auquel on érigea des statues en 1564 & en 1566 dans la place de la bourse & dans ce collége, qui a toûjours été appellé depuis Gresham collége, en considération de ce que Gresham avoit fait fleurir en Angleterre le commerce & les manufactures. Dict. de Comm. Voyez Collége de Gresham.

Collége signifie aussi en quelques endroits la même chose que communauté, c'est - à - dire un corps d'artisans de certains métiers, unis ensemble sous une même discipline & sous les mêmes officiers.

Nous avons emprunté ce terme des Latins, chez qui collegium avoit la même signification dans les arts & métiers qu'a parmi nous le mot de communauté, comme il paroît par plusieurs anciennes inscriptions, où l'on trouve le collége des Marchands, le collége des Forgerons, le collége des Boulangers, le collége des Bateliers. Voyez l'antiquité expliquée du P. Montfaucon.

Les Hollandois nomment aussi colléges les différentes chambres de leur amirauté, établies dans quelques - unes de leurs principales villes; savoir, à Amsterdam, Rotterdam, Hoorn, Middelbourg & Harlingen. Voyez Amirauté, & Dict. de Comm. (G)

Collége, (Page 3:634)

Collége, terme d'Architecture, grand bâtiment établi pour enseigner la religion, les humanités, & les Belles - lettres, composé de plusieurs chapelles, classes, & logemens, tant pour les professeurs que pour les pensionnaires & boursiers. Ces édifices doivent être batis avec solidité & simplicité, situés en bon air, tenus peu élevés, & êtres munis de grandes cours & de jardins spacieux. Celui des peres Jesuites à Rome, appellé le collége Romain, est un des plus considérables pour la beauté de son architecture. On peut encore nommer celui des quatre - Nations à Paris, & celui de la Fleche en Anjou.

Il faut un assemblage de plusieurs colléges pour former une université. Voyez Université.

L'université d'Oxford est composée de dix - neuf colléges, & de six halls ou lieux destinés à loger & à nourrir en commun de pauvres écoliers. Celle de Cambridge compte douse colléges & quatre halls. L'université de Paris a onze colléges de plein exercice, & plus de quarante autres fondés pour un certain nombre de boursiers, & assez vastes pour con<cb-> tenir encore un grand nombre d'étudians qui y logent, & qui de - là vont écouter les prosesseurs dans les colléges de plein exercice.

L'érection des colléges ne se peut faire en Angleterre que par le consentement & l'autorité du roi, & en France que par lettres patentes.

Chez les Grecs les colléges les plus célebres étoient le Lycée & l'Académie: ce dernier a donné le nom à nos universités, qu'on appelle en Latin academia; mais plus proprement encore à ces sociétés littéraires qui depuis un siecle se sont formées en Europe. Outre ces deux fameux colléges dans l'antiquité Greque, la maison ou l'appartement de chaque philosophe ou rhéteur pouvoit être regardé comme un collége particulier. Voyez Lycée & Académie.

On prétend que les Romains ne firent de pareils établissemens que sur la fin de leur empire: quoi qu'il en soit, il y avoit plusieurs colléges fondés par leurs empereurs, & principalement dans les Gaules, tels que ceux de Marseille, de Lyon, de Besançon, de Bordeaux, &c.

Les Juifs & les Egyptiens avoient aussi leurs colléges. Les principaux de ceux des Juifs étoient établis à Jérusalem, à Tibériade, à Babylone: on prétend que ce dernier avoit été institué par Ezéchiel, & qu'il a subsisté jusqu'au tems de Mahomet.

La plûpart de ces établissemens destinés à l'instruction de la jeunesse, ont toûjours été confiés aux personnes consacrées à la Religion: les mages dans la Perse, les gymnosophistes dans les lndes, les druides dans les Gaules & dans la Bretagne, étoient ceux à qui l'on avoit donné le soin des écoles publiques. Voyez Druide, Mage, &c.

Après l'établissement du Christianisme il y eut autant de colléges que de monasteres. Charlemagne, dans ses capitulaires, enjoint aux moines d'élever les jeunes gens, & de leur enseigner la Musique, la Grammaire, & l'Arithmétique: mais soit que cette occupation détournât trop les moines de la contemplation, & leur enlevât trop de tems, soit dégoût pour l'honorable mais pénible fonction d'instruire les autres, ils la négligerent; & le soin des colléges qui furent alors fondés fut confié à des personnes uniquement occupées de cet emploi. Trév. Moréry, & Chambers. (G)

Nous n'entrerons point ici dans le détail historique de l'établissement des différens colléges de Paris; ce détail n'est point de l'objet de notre ouvrage, & d'ailleurs intéresseroit assez peu le public: il est un autre objet bien plus important dont nous voulons ici nous occuper; c'est celui de l'éducation qu'on y donne à la jeunesse.

Quintilien, un des hommes de l'antiquité qui ont eu le plus de sens & le plus de goût, examine, dans ses institutions oratoires, si l'éducation publique doit être préférée à l'éducation privée; & il conclut en faveur de la premiere. Presque tous les modernes qui ont traité le même sujet depuis ce grand homme, ont été de son avis. Je n'examinerai point si la plûpart d'entre eux n'étoient pas intéressés par leur état à défendre cette opinion, ou déterminés à la suivre par une admiration trop souvent aveugle pour ce que les anciens ont pensé; il s'agit ici de raison, & non pas d'autorité, & la question vaut bien la peine d'être examinée en elle - même.

J'observe d'abord que nous avons assez peu de connoissances de la maniere dont se faisoit chez les anciens l'éducation, tant publique que privéc; & qu'ainsi ne pouvant à cet égard comparer la méthode des anciens à la nôtre, l'opinion de Quintilien, quoique peut - être bien fondée, ne sauroit être ici d'un grand poids, Il est donc nécessaire de voit en [p. 635] quoi confiste l'éducation de nos colléges, & de la comparer à l'éducation domestique; c'est d'après ces faits que nous devons prononcer.

Mais avant que de traiter un sujet si important, je dois prévenir les lecteurs desintéressés, que cet article pourra choquer quelques personnes, quoique ce ne soit pas mon intention: je n'ai pas plus de sujet de haïr ceux dont je vais parler, que de les craindre; il en est même plusieurs que j'estime, & quelques - uns que j'aime & que je respecte: ce n'est point aux hommes que je fais la guerre, c'est aux abus, à des abus qui choquent & qui affligent comme moi la plûpart même de ceux qui contribuent à les entretenir, parce qu'ils craignent de s'opposer au torrent. La matiere dont je vais parler intéresse le gouvernement & la religion, & mérite bien qu'on en parle avec liberté, sans que cela puisse offenser personne: après cette précaution, j'entre en matiere.

On peut réduire à cinq chefs l'éducation publique; les Humanités, la Rhétorique, la Philosophie, les Moeurs, & la Religion.

Humanités. On appelle ainsi le tems qu'on employe dans les colléges à s'instruire des préceptes de la langue Latine. Ce tems est d'environ six ans: on y joint vers la fin quelque connoissance très - superficielle du Grec; on y explique, tant bien que mal, les auteurs de l'antiquité les plus faciles à entendre; on y apprend aussi, tant bien que mal, à composer en Latin; je ne sache pas qu'on y enseigne autre chose. Il faut pourtant convenir que dans l'université de Paris, où chaque professeur est attaché à une classe particuliere, les Humanités sont plus fortes que dans les colléges de réguliers, où les professeurs montent de classe en classe, & s'instruisent avec leurs disciples, en apprenant avec eux ce qu'ils devroient leur enseigner. Ce n'est point la faute des maîtres, c'est, encore une fois, la faute de l'usage.

Rhétorique. Quand on sait ou qu'on croit savoir assez de Latin, on passe en Rhétorique: c'est alors qu'on commence à produire quelque chose de soi - même; car jusqu'alors on n'a fait que traduire, soit de Latin en François, soit de François en Latin. En Rhétorique on apprend d'abord à étendre une pensée, à circonduire & allonger des périodes, & peu - à - peu l'on en vient enfin à des discours en forme, toûjours, ou presque toûjours, en langue Latine. On donne à ces discours le nom d'amplifications; nom très - convenable en effet, puisqu'ils consistent pour l'ordinaire à noyer dans deux feuilles de verbiage, ce qu'on pourroit & ce qu'on devroit dire en deux lignes. Je ne parle point de ces figures de Rhétorique si cheres à quelques pédans modernes, & dont le nom même est devenu si ridicule, que les professeurs les plus sensés les ont entierement bannies de leurs leçons. Il en est pourtant encore qui en font grand cas, & il est assez ordinaire d'interroger sur ce sujet important ceux qui aspirent à la maîtrise - ès - Arts.

Philosophie. Après avoir passé sept ou huit ans à apprendre des mots, ou à parler sans rien dire, on commence enfin, ou on croit commencer, l'étude des choses; car c'est la vraie définition de la Philosophie. Mais il s'en faut bien que celle des colléges mérite ce nom: elle ouvre pour l'ordinaire par un compendium, qui est, si on peut parler ainsi, le rendez - vous d'une infinité de questions inutiles sur l'éxistence de la Philosophie, sur la philosophie d'Adam, &c. On passe de - là en Logique: celle qu'on enseigne, du moins dans un grand nombre de colléges, est à - peu - près celle que le maître de Philosophie se propose d'apprendre au Bourgeois - gentilhomme: on y enseigne à bien concevoir par le moyen des universaux, à bien juger par le moyen des cathégories, & à bien construire un syllogisme par le moyen des figures, barbara, celarent, darii, ferio, baralipton, &c. On y demande si la Logique est un art ou une science; si la conclusion est de l'essence du Syllogisme, &c. &c. &c. Toutes questions qu'on ne trouvera point dans l'art de penser; ouvrage excellent, mais auquel on a peut - être reproché avec quelque raison d'avoir fait des regles de la Logique un trop gros volume. La Métaphysique est à - peu - près dans le même goût; on y mêle aux plus importantes vérités, les discussions les plus futiles: avant & après avoir démontré l'existence de Dieu, on traite avec le même soin les grandes questions de la distinction formelle ou virtuelle, de l'universel de la part de la chose & une infinité d'autres; n'est - ce pas outrager & blasphémer en quelque sorte la plus grande des vérités, que de lui donner un si ridicule & si misérable voisinage? Enfin dans la Physique on bâtit à sa mode un système du monde; on y explique tout, ou presque tout; on y suit ou on y réfute à tort & à travers Aristote, Descartes, & Newton. On termine ce cours de deux années par quelques pages sur la Morale, qu'on rejette pour l'ordinaire à la fin, sans doute comme la partie la moins importante.

Maurs & Religion. Nous rendrons sur le premier de ces deux articles la justice qui est dûe aux soins de la plûpart des maîtres; mais nous en appellons en même tems à leur témoignage, & nous gémirons d'autant plus volontiers avec eux sur la corruption dont on ne peut justifier la jeunesse des colléges, que cette corruption ne sauroit leur être imputée. A l'égard de la Religion, on tombe sur ce point dans deux excès également à craindre: le premier & le plus commun, est de réduire tout en pratiques extérieures, & d'attacher à ces pratiques une vertu qu'elles n'ont assûrément pas: le second est au contraire de vouloir obliger les enfans à s'occuper uniquement de cet objet, & de leur faire négliger pour cela leurs autres études, par lesquelles ils doivent un jour se rendre utiles à leur patrie. Sous prétexte que Jesus - Christ a dit qu'il faut toûjours prier, quelques maîtres, & sur - tout ceux qui sont dans certains principes de rigorisme, voudroient que presque tout le tems destiné à l'étude se passât en méditations & en catéchismes; comme si le travail & l'exactitude à remplir les devoirs de son état, n'étoit pas la priere la plus agréable à Dieu. Aussi les disciples qui soit par tempérament, soit par paresse, soit par docilité, se conforment sur ce point aux idées de leurs maîtres, sortent pour l'ordinaire du collége avec un degré d'imbécillité & d'ignorance de plus.

Il résulte de ce détail, qu'un jeune homme après avoir passé dans un collége dix années, qu'on doit mettre au nombre des plus précieuses de sa vie, en sort, lorsqu'il a le mieux employé son tems, avec la connoissance très - imparfaite d'une langue morte, avec des préceptes de Rhétorique & des principes de Philosophie qu'il doit tâcher d'oublier; souvent avec une corruption de moeurs dont l'altération de la santé est la moindre suite; quelquefois avec des principes d'une dévotion mal - entendue; mais plus ordinairement avec une connoissance de la Religion si superficielle, qu'elle succombe à la premiere conversation impie, ou à la premiere lecture dangereuse. Voyez Classe.

Je sai que les maîtres les plus sensés déplorent ces abus, avec encore plus de force que nous ne faisons ici; presque tous desirent passionnément qu'on donne à l'éducation des colléges une autre forme: nous ne faisons qu'exposer ici ce qu'ils pensent, & ce que personne d'entre eux n'ose écrire: mais le train une fois établi a sur eux un pouvoir dont ils ne sauroient s'affranchir; & en matiere d'usage, ce

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