ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

COLCHIQUE (Page 3:613)

COLCHIQUE, adj. (Hist. nat. bot.) colchicum, genre de plante à fleur liliacée, monopétale, sortant de la racine sous la forme d'un petit tuyau, qui s'évase peu - à - peu & se divise en six parties. Le pistil sort du fond de la fleur, se termine en petits filamens, & devient dans la suite un fruit oblong, triangulaire, & partagé en trois loges dans lesquelles il y a des semences arrondies. Ajoûtez aux caracteres de ce genre, qu'il y a deux racines tuberculeuses, dont l'une est charnue & l'autre fibreuse; elles sont toutes les deux enveloppées par une membrane. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Colchique, (Page 3:613)

Colchique, (Mat. med.) Tous les Medecins s'accordent assez unanimement à regarder toutes les parties du colchique comme un poison. On doit remédier aux accidens qu'il cause à ceux qui en ont avalé, d'abord par les émétiques, si on est appellé d'assez bonne heure, & ensuite par les adoucissans, comme les mucilages, les émulsions, les huileux, le lait, &c. donnés tant en lavement que par la bouche.

Le bulbe ou la racine de colchique appliquée extérieurement, peut avoir quelqu'utilité, à titre de caustique, contre les poreaux, les verrues, certaines dartres, &c. Sa décoction fait mourir les morpions, selon Jean Bauhin.

Le célebre Wedelius rapporte une vertu bien plus excellente de cette racine, dans une dissertation faite exprès sous ce titre, experimentum curiosum de colchico veneno, & alexipharmaco simplici & composito, dont M. Geoffroy a donné un extrait assez étendu dans sa mat. med. Wedelius raconte qu'il a toûjours porté depuis l'année 1668 jusqu'en 1718, de même que plusieurs autres personnes, cette racine en amulete pendue à son cou avec un heureux succès, non - seulement dans la peste, mais encore dans toutes sortes de maladies épidémiques; & qu'il avoit trouvé ce secret dans une dissertation sur la peste universelle qui avoit régné en 1637, qui lui étoit tombée par hasard entre les mains, lorsqu'il étoit chargé (en 1668), dans une ville de la basse Siléfie où régnoit une dyssenterie cruelle, de quatre cents malades attaqués de symptomes de malignité.

Wedelius & ses compagnons attacherent à leur [p. 614] cou une racine de colchique en amulete, & aucun d'eux ne fut attaqué de la dyssenterie pestilentielle dont nous venons de parler. Cet auteur confirme l'efficacité de son remede par plusieurs observations qu'il rapporte, & entr'autres par l'histoire de deux medecins qui ayant été appellés à Hambourg pendans la peste qui y régnoit, partirent pour cette ville après s'être mis sous la protection de Dieu, & s'être munis de cet amulete. Ces deux medecins réussirent très - bien; & la peste étant cessée, ils s'en retournerent l'un & l'autre en bonne santé. Enfin Wedelius, après avoir éprouvé pendant cinquante ans son remede, qu'il distribuoit sous le nom d'arcanum duplicatum catholicum, n'a pas hésité à le rendre public, comme étant un alexipharmaque contre la peste, les fievres ardentes, les fievres malignes, la petite vérole, la rougeole, le pourpre, la dyssenterie, &c.

Il faut observer que Wedelius ordonnoit, outre ce remede, une diete exacte; qu'il recommandoit d'éviter tout ce qui est nuisible, & de garder la modération dans les six choses que l'on appelle non - naturelles; ce que bien des gens regarderoient aujourd'hui comme une aussi bonne recette contre les maladies épidémiques, que l'arcanum duplicatum catholicum Wedelii. M. Geoffroy finit cet extrait par l'explication très - judicieuse que Quirinus Rivinus a donnée de l'opération de cet amulete, qu'il croit être fort propre à encourager le peuple, & à l'empêcher de craindre la contagion: car il y a long - tems que l'on a observé que dans les maladies épidémiques, un des plus souverains alexipharmaques étoit le courage ou l'insensibilité. (b)

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.