ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"598"> donne la hauteur d'un cylindre dont la base est égale à l'orifice de l'aorte, & la pesanteur à la force absolue du coeur.

L'on sait par expérience que la force de gravité fait parcourir à un corps 30 piés cn une seconde, ce qui est la vîtesse qu'il acquiert en tombant de la hauteur de quinze piés; d'où il suit que cette vîtesse est à celle du sang qui coule sans trouver de la résistance dans l'aorte, comme 30 à 65. Mais comme les espaces qui font acquérir aux corps les vîtesses que nous leur avons données, sont comme les quarrés de ces mêmes vîtesses, c'est - à - dire comme 900 à 4225, il s'ensuit qu'il y a même rapport de 900 à 4225, que de 15 à 074. Cette hauteur étant doublée donne 148, ou 1776 pouces; ce qui est la hauteur d'une colonne de sang dont la base est égale à l'aorte, que nous avons supposée égale à 0 4187; & par conséquent le solide qu'elle contient est 7 436112, dont la force est égale à la force absolue du coeur. Cette force est de cinq onces; d'où il suit que la force du coeur est égale à un poids de cinq onces.

Ce même auteur a trouvé par un calcul fondé sur les lois des corps mis en mouvement, que la force du coeur est presque égale à huit onces; & quoique cette quantité differe quelque peu de la précédente, elle n'est rien eu égard au calcul de Borelli, dont l'erreur ne vient, à ce que prétend le docteur Keill, que de ce qu'il n'a mis aucune différence entre le sang qui est en repos, & celui qui étoit déjà en mouvement. Il est certain que la force du coeur n'est point employée à donner du mouvement au sang qui est en repos, mais seulement à l'entretenir dans le mouvement qu'il avoit déjà: de savoir maintenant d'où il a reçû ce premier mouvement, c'est ce qui n'est pas au pouvoir de l'homme de déterminer. Il est facile de démontrer que le coeur n'a jamais pû mettre le sang en mouvement, supposé que la résistance de ce dernier ait toûjours été telle qu'on la trouve aujourd'hui. Si le sang étoit toûjours mû en - avant avec le mouvement qu'il a d'abord reçû, & que les tuniques des vaisseaux ne fissent aucune résistance, le sang qui le précede ne pourroit le retarder, & sa force seroit toûjours égale à la force absolue du moteur: mais comme il trouve de la résistance de la part dos tuniques des vaisseaux sanguins, & qu'il est obligé d'employer une partie de la force qu'il a reçûe pour les dilater, son mouvement est continuellement retardé, & s'anéantiroit à la fin si le coeur ne lui en communiquoit un nouveau: c'est pourquoi la force du coeur doit nécessairement être égale à la résistance que le sang rencontre lorsqu'il se meut: si elle étoit plus grande, la vîtesse du sang augmenteroit continuellement; & elle diminueroit sans cesse si elle étoit moindre: d'où il suit que si la circulation du sang venoit une fois à cesser, toute la force du coeur seroit incapable de le mettre de nouveau en mouvement.

Mais c'est assez nous arrêter au systême du docteur Keill. Le docteur Jurin ne le trouve pas exempt de défauts, & condamne la supposition qu'il fait, que la pesanteur qui peut donner le mouvement à l'eau qui sort d'un vaisseau, est la cause de ce même mouvement: ce dernier auteur croit que Keill a mal entendu le corollaire de M. Newton, & il prétend que l'eau qui tombe par sa propre pesanteur acquiert son mouvement d'elle - même, & que le poids qui tombe en même tems ne reçoit qu'un mouvement égal à celui qu'a l'eau hors du vaisseau. Il fait encore plusieurs autres objections contre ce système, auxquelles l'auteur a répondu dans les transactions philosophiques. Son antagoniste n'a pas demeuré sans replique; & cette dispute n'en fût pas restée - là, si la mort de l'auteur ne l'eût terminée.

Le docteur Jurin n'a pas laissé que de donner un autre calcul, fondé sur des principes auxquels il n'y a rien à redire; mais son adversaire a pris de - là occasion de rentrer en lice avec lui.

Il considere un des ventricules du coeur qui pousse le sang, comme un corps donné qui en pousse un autre qui est en repos avec une vîtesse donnée, & qui après lui avoir communiqué une partie de son mouvement, marche avec lui avec une vîtesse commune. Sur ce principe la quantité de la force du coeur doit être égale au produit du nombre qui désigne le poids du ventricule, par celui qui désigne sa vìtesse avant qu'il pousse le sang, ou à la somme du mouvement du ventricule & du sang qui en sort, & de celui qu'il communique aux tuniques des arteres & au sang qui le précede.

On peut démontrer 1° que le mouvement de contraction d'une machine creuse qui se contracte inégalement, est égal à la somme ou nombre qui exprime les différentes particules de la machine, multiplié par celui qui marque leurs vîtesses respectives; d'où il suit que le mouvement de la machine est égal au nombre qui désigne la quantité de son poids par quelqu'autre nombre qui indique la vîtesse moyenne entre les particules qui se meuvent avec le plus de vîtesse, & celles qui se meuvent plus lentement. 2°. Que lorsque l'eau comprimée sort par l'orisice d'une telle machine, son mouvement est égal à la somme de chaque section transversale de tous les filets d'ean multipliés par leurs hauteurs & leurs vîtesses respectives; d'où il suit que le mouvement de l'eau est égal à la somme de l'eau qui s'écoule par quelque longueur moyenne entre celle du plus long filet d'eau, & celle du plus court. Supposé donc que l'on ait plusieurs machines semblables pleines d'eau, & pressées de même, soit également ou inégalement, le mouvement de l'eau qui sort par l'orifice d'une d'elles sera en raison composée de la raison quadruplée de tout diametre homologue de la machine, & de la raison réciproque du tems dans lequel la contraction se fait.

Ces principes une fois posés, il est aisé d'en déduire la solution du probleme, dans lequel on demande de trouver la force du coeur. Car, appellant la pesanteur du ventricule gauche, ou la quantité du sang qui lui est égale, p; la surface interne du ventricule, s; la longueur moyenne des filets du sang qui en sortent, l; la section de l'aorte, s; la quantité de sang contenue dans le ventricule gauche, q; le tems que le sang met à sortir du coeur égal à la résistance des arteres, & du sang qui le précede, t; la vîtesse variable avec laquelle le sang sortiroit de l'aorte s'il ne trouvoit aucune résistance, v; la longueur variable de l'aorte que le sang parcourt, x; & le tems pendant lequel cette longueur est parcourue, z; la vîtesse variable moyenne du sang contigu au ventricule, ou la vîtesse moyenne du ventricule même sera = ; le mouvement du ventricule = [omission: formula; to see, consult fac-similé version]; le mouvement du sang qui en sort = [omission: formula; to see, consult fac-similé version]; & leur somme ou la force du ventricule = [omission: formula; to see, consult fac-similé version] Mais v = ; d'où l'cn trouve par la méthode inverse des fluxions, que la force du ventricule est = [omission: formula; to see, consult fac-similé version]: mais puisque [omission: formula; to see, consult fac-similé version], il s'ensuit donc que la force du ventricule = [omission: formula; to see, consult fac-similé version]: on trouve de la même maniere, en se servant de lettres Greques, au lieu de lettres Italiques, la force du ventricule droit = [omission: formula; to see, consult fac-similé version]; de sorte que la force entiere du coeur est = [omission: formula; to see, consult fac-similé version] C. Q. F. D.

Si l'on suppose maintenant que p soit égal à 8 on<pb-> [p. 599] ces, & à 4, S 10 pouces quarrés, & „ = la même quantité; l = 2, & L = 1 1/2 pouce; q = 2 onces; s = 0, 4185 pouces quarrés; S = 0, 583; & t = 1": les forces des ventricules seront égales aux poids ci - dessous: savoir,

                               Lib. One.
Celle du ventricule gauche ......       9     1
Celle du droit ...............          6     3
La force totale du coeur ...... 15    4

Ces poids ont une vîtesse qui leur feroit parcourir un pouce en une seconde.

Coroll. Il suit de là que lorsque le pouls est plus vîte qu'à l'ordinaire, il faut ou que la résistance soit moindre, ou que la force du sang ait augmenté, ou qu'il sorte une moindre quantité de sang à chaque contraction du coeur, & vice versà. Il suit encore, que si la résistance augmente ou diminue, il faut que le pouls ou la quantité de sang que le coeur pousse à chaque contraction, augmente ou diminue respectivement; & que lorsque la force du coeur augmente on diminue, le pouls doit être plus vîte, ou la résistance moins grande. Voyez Pouls.

Le docteur Jurin entreprend de démontrer par ces principes les théorèmes suivans.

1°. Que le mouvement total de résistance que le sang rencontre en sortant du coeur dans chaque systole, ou le mouvement qu'il communique au sang qui le précede, & aux tuniques des arteres, est àpeu - pres égal à la force totale du coeur.

2°. Que le mouvement communiqué au sang qui précede celui qui sort du coeur dans le systole, est au mouvement communiqué aux tuniques des arteres, comme le tems de la systole est à celui de la diastole. Supposons donc, avec M. Keill, que la systole s'acheve dans le tiers de l'intervalle qui s'écoule entre deux pouls, le mouvement communiqué au sang qui devance celui qui sort du coeur, sera le tiers de tout le mouvement du coeur; & celui qui est communiqué aux arteres, les deux tiers de ce même mouvement.

3°. Dans les différens animaux, la force du coeur est en raison composée de la raison quadruplée du diametre de quelque vaisseau homologue que ce soit, & de la raison inverse du tems pendant lequel le coeur se contracte; ou en raison composée de la raison de la pesanteur du coeur, ou de l'animal entier, de la raison soudoublée de la même pesanteur, & de la raison réciproque du tems.

Nous allons finir cet article par une table qui contient le résultat de plusieurs expériences que M. Hales a faites sur la vitesse du sang dans les animaux, & sur d'autres considérations de la même nature. L'appareil de ces expériences est simple. Il faut avoir un tuyau de cuivre recourbé assez court, & d'un 1/4 de pouce de diametre; un tuyau de verre de neuf à dix piés de longueur, & du même diametre que celui de cuivre; un troisieme tuyau de cuivre qui joigne & affermisse ensemble les deux tubes précédens, en les embrassant: quand ils sont adaptés l'un à l'autre, on commence par lier le vaisseau destiné à l'expérience; on le perce, on insere dans l'incision le petit tuyau de cuivre recourbé; on acheve le reste de l'appareil: tous ces tuyaux sont gradués par des divisions très - petites. [omission: table; to see, consult fac-similé version]

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