ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"466"> sont dedans, lesquelles en faisant bien leur devoir, doivent le culbuter dans le fossé.

Supposons qu'il parvienne à faire plier la premiere ligne d'infanterie qui borde la ligne, la cavalerie qui est derriere peut (& elle le doit) tomber sur l'infanterie ennemie qui a pénetré dans la ligne; & comme elle ne pent y entrer qu'en desordre, il est aisé à cette cavalerie de tomber dessus & de la culbuter.

Malgré des avantages si évidens, l'expérience, dit M. le chevalier de Folard, démontre que le soldat est moins brave & moins résolu derriere un retranchement, qu'en rase campagne. Il met toute sa confiance dans ce retranchement; & lorsque l'ennemi, pour éviter d'être trop long - tems exposé au feu de la ligne, se jette brusquement dans le fossé, & qu'il tâche de monter de - là sur le retranchement, le soldat commence à perdre confiance; & il la perd totalement, lorsqu'il le voit pénétrer dans la ligne. « On croit, dit cet auteur, le mal sans remede, lorsqu'il n'y a rien de plus aisé que d'y en apporter, de repousser ceux qui sont entrés, & de les culbuter dans le fossé: car outre qu'ils ne peuvent pénétrer en bon ordre, ils sont dégarnis de tout leur feu; cependant l'on ne fait rien de ce què l'on est en état de faire: l'ennemi entre en foule, se forme, & l'autre se retire; & la terreur courant alors dans le long de la ligne, tout s'en va, tout se débande, sans savoir souvent même où l'on a percé ».

On peut conclure de - là, que lorsque le soldat con noîtra bien tous les avantages que lui procure une bonne ligne, qu'il sera disposé à s'y bien défendre, que toutes les parties pourront également en être soûtenues, & enfin qu'on prendra toutes les précautions nécessaires pour n'y être point surpris, il sera bien difficile à l'ennemi de la forcer.

On en a vû un exemple au siége de Philisbourg en 1734. Les bonnes dispositions de la circonvallation empêcherent le prince Eugene, après qu'il l'eut bien reconnue, d'en faire l'attaque. Il fut simple spectateur de la continuation du siége, & il ne jugea pas à - propos, dit l'historien de sa vie, d'essayer de forcer nos lignes, tant elles lui parurent redoutables & à l'abri de toute insulte. En effet, leur peu d'étendue les mettoit en état d'être également défendues.

Lorsqu'on se trouve dans des situations semblables, on peut donc attendre l'ennemi tranquillement: mais lorsque la grandeur de la circonvallation ne permet pas de la garnir également, le parti le plus sûr est d'aller au - devant de l'ennemi; comme le fit M. le maréchal de Tallard à Landau en 1703, & M. le duc de Vendôme à Barcelone en 1704.

Tout le monde sait qu'au siége de Turin en 1706, feu M. le duc d'Orléans proposa de prendre le même parti; & que pour ne l'avoir pas pris, l'armée Françoise fut obligée de lever le siége, parce que les lignes n'étoient pas également bonnes par tout: l'ennemi pénetra d'un côté qui avoit été négligé; il força les troupes, & secourut la ville.

M. le chevalier de Folard prétend que, sans aller au - devant de l'ennemi, il étoit aisé de l'empêcher de forcer les lignes, en ne se négligeant point sur les attentions nécessaires pour les soûtenir: que pour cela, il falloit envoyer assez de monde pour les défendre du côté que le prince Eugene les attaqua; qu'elles ne valoient absolument rien de ce côté, qui n'avoit pour défense que la seule brigade de la Marine, qui fut obligèe pour le garnir, de se ranger sur deux de hautèur, & qui dans cet état repoussa pourtant l'ennemi: mais que pendant l'attaque, le prince Eugene ayant remarqué une partie de la ligne sur la droite, où il n'y avoit qu'une compagnie de grenadiers, & où on pouvoit aller à couvert d'un rideau ou élévation de terre, il y fit aller cinquante hommes, lesquels entrerent par cet endroit. On s'imagina d'abord qu'il y étoit entré un corps beaucoup plus considérable: ainsi ce poste qui n'étoit pas assez garni de monde pour résister, ayant été emporté, l'épouvante se communiqua par - tout, & fit abandonner la ligne. M. de Folard ajoûte, que si M. d'Albergotti, qui étoit ù portée d'envoyer un secours considérable au poste dont on vient de parler, l'avoit fait, l'entreprise du prince Eugene sur les lignes échouoit infailliblement.

L'exemple de l'attaque des lignes de Turin entendu & expliqué de cette maniere, ne prouve point que des lignes bien défendues soient toûjours forcées indubitablement; il montre seulement que, lorsqu'il y a eû quelque négligencé dans la circonvallation, qu'elle n'est pas également bonne de toute part, & que l'ennemi peut avoir le tems d'y forcer quelques quartiers avant qu'ils puissent être secourus des autres, il ne faut pas s'y renfermer; mais qu'on le peut lorsqu'elle renferme assez de troupes pour l'aborder de toute part. Attaque des places, par M. Leblond. (Q)

CIRCONVOISIN (Page 3:466)

CIRCONVOISIN, adj. on dit, en Physique, les corps circonvoisins, pour désigner les corps qui en environnent un autre, ou qui en sont proches. (O)

CIRCONVOLUTION (Page 3:466)

CIRCONVOLUTION, s. f. l'action de tourner autour, du Latin circumvolvere, tourner à l'entour. Il se dit, en Architecture, de la ligne spirale de la volute ionique. Voy. Volute & Colonne. (P)

CIRCUIT (Page 3:466)

* CIRCUIT, s. m. (Gram.) se dit dans l'usage ordinaire, par opposition au chemin le plus court d'un lieu dans un autre, de toute autre maniere d'y arriver, que par la ligne droite. Ce terme a été transporté par métaphore du physique au moral.

Circuit, (Page 3:466)

Circuit, c'est l'enceinte, le contour, ou le périmetre d'une figure ou d'un corps. Voyez Périmetre. (E)

Circuit, (Page 3:466)

Circuit, en Droit, est une procédure longue & compliquée, qui pourroit être suppléée par une plus simple; comme si dans le cas où il y a lieu à la compensation entre deux personnes qui sont respectivement débiteurs & créanciers l'un de l'autre, on commençoit par condamner celui qui a été actionné le premier, & par faire exécuter la condamnation avant de faire droit sur la demande incidente qu'il forme pour sa défense, tandis qu'on peut par un seul & même jugement, statuer sur les demandes respectives des deux parties. (H)

Circuit, (Page 3:466)

Circuit, (Hist. mod. d'Angl.) on entend par ce mot, en Angleterre, les diverses provinces où les juges vont rendre la justice au peuple deux fois par année.

C'est vers l'an 1175 que Henri II. ce prince qui ne fut jamais rassasié de biens ni d'amour, & qui travailloit continuellement à corrompre le beau sexe & à étendre ses états, partagea l'Angleterre en six parties ou circuits, qui furent assignés à autant de juges, pour y aller en certains tems tenir les assises, c'est - à - dire, rendre la justice au peuple. C'est ce qui se pratique encore aujourd'hui.

Immédiatement après le terme de S. Hilaire & de la Trinité, le chancelier envoye douze juges dans les diverses provinces ou circuits qui leur ont été assignés, pour y rendre la justice. Ces douze juges vont aux circuits deux à deux, d'où les assises qui ne sont tenues que deux fois l'an, sont appellées assises de carême & assises de l'été. Voyez Rapin, Tindal, &c. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

CIRCULAIRE (Page 3:466)

CIRCULAIRE, adj. (Géom. Astron. Navig. &c.) se dit en général de tout ce qui appartient au cercle ou qui y a rapport: ainsi on appelle mouvement circulaire, le mouvement d'un corps dans la circonférence d'un cercle; arc circulaire, un arc on portion [p. 467] de la circonférence d'un cercle. Voyez Cercle, Arc, &c.

Les Astronomes modernes ont prouvé que les corps célestes ne se mouvoient pas d'un mouvement circulaire, mais elliptique. Voyez Orbite, Planete, &c.

Nombres circulaires: ce sont ceux dont les puissances finissent par le caractere même qui marque la racine, comme cinq, dont le quarré est 25, & le cube 125. Voyez Nombre. Chambers.

Navigation circulaire: c'est celle qui se fait dans un arc de grand cercle. Voyez Navigation.

La navigation circulaire est la plus courte de toutes; & cependant il y a tant d'autres avantages à naviger suivant les rhumbs, qu'on préfere généralement cette derniere. Voyez Rhumb.

Vitesse circulaire, en Astronomie, signifie la vîtesse d'une planete ou d'un corps qui tourne, laquelle se mesure par un arc de cercle; par exemple par l'arc A B (Tab. astron. fig. 10.) décrit du centre S, autour duquel le corps est supposé tourner, de sorte que la vîtesse circulaire est d'autant plus grande, que l'arc A B parcouru dans un tems donné par la planete, est plus grand ou contient un plus grand nombre de degrés; ou (ce qui est encore plus exact) que l'angle A S B est plus grand. Car comme les planetes ne décrivent pas réellement des cercles, elles ne parcourent pas, à proprement parler, des arcs de cercle tels que A B, mais elles parcourent ou décrivent les angles A S B mesurés par ces arcs; de sorte que leur vîtesse circulaire pourroit se nommer avec plus de justesse, vítesse angulaire. (O)

Lettre circulaire, est une lettre adressée à plusieurs personnes qui ont intérêt dans une même affaire, comme pour une convocation d'assemblée, &c.

CIRCULATION (Page 3:467)

* CIRCULATION, s. f. (Gram.) se dit en général de tout mouvement périodique ou non, qui ne se fait point en ligne droite: on dit que le sang circule, que l'espece circule, &c.

Circulation du sang, (Page 3:467)

Circulation du sang, (Physiol. La circulation du sang est un mouvement naturel du sang dans un animal vivant, par lequel cette humeur est alternativement portée du coeur à toutes le; parties du corps par les arteres, & rapportée de ces mêmes parties par les veines. Voyez Sang.

Le principal organe de cette fonction vitale est le coeur, qui est un muscle creux aux cavités duquel toutes les veines viennent aboutir, & toutes les arteres prennent leur naissance, & qui a en même tems une action de dilatation ou de diastole, & de contraction ou de sistole. Voyez Coeur, Sistole, & Diastole.

Or l'effet naturel de ce mouvement alternatif, c'est que le coeur reçoive & chasse le sang alternativement: le sang chassé du ventricule droit doit être porté par l'artere pulmonaire qui en sort dans les poumons, d'où il doit être rapporté par les veines pulmonaires à l'oreillette gauche, & de - là au ventricule gauche: après y avoir été rapporté, il est poussé, par la contraction de ce ventricule, dans l'aorte qui le distribue dans tout le reste du corps, d'où il est ramené ensuite dans l'oreillete droite par la veine cave qui acheve la circulation. Voyez Vaisseaux pulmonaires, Veine cave, & Aorte.

On a attribué généralement la découverte de la circulation du sang à Harvey medecin Anglois, & on en place l'invention en 1628. Il y a cependant des auteurs qui la lui disputent. Jansson d'Almeloveen, dans un traité des inventions nouvelles, imprimé en 1684, rapporte plusieurs endroits d'Hippocrate, pour justifier qu'il l'a connue. Walleus, epist. ad Barth. prétend qu'elle n'a pas été seulement connue d'Hippocrate, mais encore de Platon & d'Aristote. On dit encore que les medecins Chinois l'ensei<cb-> gnoient quatre cents ans avant qu'on en parlât en Europe. Il en est qui remontent jusqu'à Salomon, croyant en trouver des vestiges dans le chap. xij. de l'ecclésiast. Bernardin Genga, dans un traité d'Anat. en Italien, rapporte des passages de Réaldus Columbus & d'André Césalpin, par lesquels il prétend montrer qu'ils admettoient la circulation long - tems avant Harvey. Il ajoûte que Fra - Paolo Sarpi, ce fameux Vénitien, ayant exactement considéré la structure des valvules dans les veines, a inféré dans ces derniers tems la circulation, de leur construction & de plusieurs autres expériences. Voyez Aristotelisme, Valvule & Veine.

Léoniceus ajoûte que Fra - Paolo n'osa point publier sa découverte de peur de l'inquisition, & qu'il communiqua seulement son secret à Aquapendente, qui après sa mort mit le livre qu'il en avoit composé dans la bibliotheque de S. Marc, où il fut longtems caché, & que Aquapendente découvrit ce secret à Harvey, qui étudioit sous lui à Padoue, lequel le publia étant de retour en Angleterre, pays de liberté, & s'en attribua la gloire: mais la plûpart de ces prétentions sont autant de fables. M. Georg. Ent a fait voir que le P. Paul reçut la premiere notion qu'il avoit de la circulation du sang, du livre que Harvey avoit fait sur ce sujet, lequel fut apporté à Venise par l'ambassadeur d'Angleterre en cette république, & montré par le même ambassadeur à Fra - Paolo; que celui - ci en ayant fait quelques extraits qui parvinrent après sa mort entre les mains de ses héritiers, cela fit croire à plusieurs personnes que la découverte dont on trouvoit l'histoire dans ses papiers lui appartenoit. Voyez Douglas, bibliogr. anat. spec. p. 227. édit. 1734. & le tr. du coeur de M. Senac. Voyez Anatomie.

La circulation du sang se prouve par les observations suivantes. 1°. Si l'on ouvre une des grandes arteres d'un animal vivant, tout le sang s'en va bien - tôt, & avec beaucoup de force, par la blessure, comme on le voit aux boucheries, &c. il s'ensuit de - là que le sang a un paslage de chaque partie du corps animal dans chaque artere, & que si toute la masse du sang se meut dans cette occasion, il faut évidemment qu'elle se mût aussi auparavant.

2°. La grande quantité de sang que le coeur pousse dans les arteres à chaque pulsation; puisque sans cela il faudroit supposer dans le corps de l'homme une beaucoup plus grande quantité de sang qu'aucune observation ou aucune expérience n'y en fait voir. Voyez Sang.

3°. Telle artere qu'on voudra étant liée avec un fil, s'ensle & bat entre la ligature & le coeur; mais elle s'applatit & devient flasque entre la ligature & les extrémités du corps.

Si l'on coupe ensuite l'artere entre la ligature & le coeur, le sang s'en va jusqu'à la mort; si on la coupe entre la ligature & les extrémités du corps, elle ne rend alors qu'une très - petite quantité de sang.

Le sang vital coule donc dans les arteres, & la direction de son cours est du coeur aux extrémités du corps: ce cours a lieu dans tous les points des corps internes ou externes, & il va toûjours de vaisseaux plus grands à de plus petits, du tronc aux branches. Voyez Artere.

Si on lie avec un fil une des grosses veines, elle s'enslera entre les extrémités du corps & la ligature, mais sans battre, & elle s'affaissera & deviendra flasque entre la ligature & le coeur: si on l'ouvre dans le premier endroit, elle donnera du sang jusqu'à la mort; & dans le second, à peine saignera - t - elle. Le sang coule donc vivement de chaque partie du corps dans cette veine, & la direction de son cours tend des extrémités du corps vers le coeur, des plus pe<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.