ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"535"> qui vivent sous la même température. Cette prérogative de la capitale dépend de plusieurs causes sensibles, entre lesquelles celle qui me paroît la plus particuliere, & par conséquent la plus évidente, c'est que Paris est une espece de foyer de connoissances & de vices: or que la précocité dont nous parlons, la précocité corporelle, puisse être dûe à l'exercice précoce des facultés intellectuelles, c'est une vérité d'expérience. Les écoliers, les petites demoiselles bien élevées, sortent de l'enfance avant les enfans de la campagne & du peuple; c'est un fait: mais que cette adolescence hative puisse être héréditaire, c'est un corollaire de cette observation, que les fonctions animales & l'aptitude à les exercer, se perfectionnent de génération en génération jusqu'à un certain terme, & que les dispositions corporelles & les facultés de l'ame sont entre elles dans un rapport qui peut être transmis par la génération, &c.

2°. Quel est le régime, la maniere de vivre la plus propre à chaque climat? Cette question est fort générale; elle s'étend à l'usage des diverses choses que les Medecins appellent non - naturelles; l'air, les alimens, le sommeil, l'exercice, l'acte vénérien, les affections de l'ame.

Il est fort inutile de donner des préceptes sur les incommodités de l'air; on peut s'en rapporter aux habitans de divers climats du soin de se prémunir contre les injures du froid & du chaud: c'est - là un de ces besoins majeurs, sur lesquels les leçons de la nature la plus brute sont ordinairement suffisantes aux hommes, ou du moins que les premiers progrès de la raison apprennent à satisfaire.

En général on doit moins manger dans les climats chauds que dans les climats froids, & les excès dans le manger sont plus dangereux dans les premiers que dans les derniers. Mais la faim se fait aussi moins sentir lorsqu'on essuie de la chaleur, que lorsqu'on éprouve du froid: ainsi cette regle de diete sera facilement observée.

La medecine rationelle ou théorique qui se trompe si souvent, a dit que la partie aqueuse de notre sang étant dissipée par la chaleur dans les climats chauds, il falloit réparer cette perte par la boisson abondante d'un liquide semblable; & que dans les climats froids, les liqueurs spiritueuses étoient plus salutaires. La medecine pratique ou l'observation dit au contraire que les liqueurs spiritueuses, aromatiques, acides, les épiceries, l'ail, l'oignon, en un mot les alimens & les boissons qui sont directement opposés à la qualité relâchante & inactive (iners) de l'eau, sont d'un excellent usage dans les climats chauds; & que la boisson de l'eau pure, y est très pernicieuse, qu'elle jette les corps accablés de chaleur dans un abattement, une langueur, un épuisement qui les rend incapables des moindres fatigues, & qui peut devenir même dangereux & mortel. Aussi les paysans de nos provinces méridionales, occupés des travaux les plus pénibles de la campagne pendant les plus fortes chaleurs, se gardent bien alors de boire une seule goutte d'eau, boisson qu'ils se permettent pendant leurs travaux de l'hyver. Les boissons aqueuses tiedes, le thé, & autres légeres infusions de quelques feuilles de plantes aromatiques, sont fort usitées dans les climats froids, où elles ne sont pas fort salutaires apparemment, mais où elles ne sont pas à beaucoup près si dangereuses qu'elles le seroient en Espagne, où le chocolat le plus aromatisé & par conséquent le plus échauffant, est d'un usage aussi fréquent que le thé l'est en Angleterre. Quant aux liqueurs fortes que les peuples des pays du nord boivent habituellement, il faudroit que la dose journaliere moyenne d'un manoeuvre ou d'un paysan de ces pays, fût bien forte pour être équivalente à quatre ou cinq pintes de vin très - violent que tout paysan Languedocien ou Provençal boit au moins par jour, sur - tout en été.

Il ne seroit pas difficile de donner de très - bonnes raisons de l'utilité du régime que nous approuvons; mais l'observation susnt, elle est constante. Il n'en est pas moins vrai que les excès de liqueurs fortes sont plus pernicieux dans les climats chauds, que dans les climats froids; c'est encore un fait. Les crapuleux ne font que s'abrutir dans les pays du nord; au lieu que dans nos colonies de la zone torride, l'abus des liqueurs fortes est une des causes qui fait le plus de ravage parmi les colons nouvellement transplantés.

Le juste milieu pour les personnes qui ne sont pas obligées aux travaux pénibles, me paroît consister en ceci: d'abord il faut laisser à chaque peuple le fonds de nourriture auquel il est accoûtumé; le ris à l'Oriental, le macaron à l'ltalien, le boeuf à l'Anglois, &c. Nous ne sommes pas assez avancés sur le bon & le mauvais effet de chaque aliment, pour pouvoir prescrire sur ce point des regles de détail. On peut avancer cependant en général, que les fruits, les légumes, & les viandes légeres, conviennent mieux aux habitans des climats chauds, & qu'on doit animer un peu ceux de ces alimens qui ont besoin de quelque préparation, par l'addition des épiceries & de certaines plantes aromatiques indigenes, comme le thym, le baume, l'hysope, le basilic, le fenouil, &c. Quant aux boissons, on doit faire usage aux repas pendant les grandes chaleurs, des liqueurs vineuses légeres, comme la petite bierre, les vins acidules plus ou moins trempés, les gros vins acerbes de certains climats chauds plus trempés encore. Toutes ces boissons doivent être prises très - fraîches, & même à la glace quand ce degré de froid n'incommode pas sensiblement. Les liqueurs glacées aigrelettes & les glaces bien parfumées prises entre les repas, sont aussi d'une grande ressource dans les climats chauds: la plus grande partie des Medecins en ont condamné l'usage; mais ce sont encore ici des clameurs théoriques. Voyez Glace (Medecine).

Les farineux non - sermentés, les laitages, les grosses viandes, les poissons séchés, fumés, salés, les viandes fumées & salées, sont des alimens qui paroissent propres aux habitans des climats froids; la moutarde, la racine du raifort sauvage, certaines substances végétales & animales à demi putrésiées, comme le sauer - kraut &c. peuvent fournir aux habitans de ces contrées des assaisonnemens utiles. Les liqueurs fortes, c'est - à - dire les liqueurs spiritueuses distillées & dépouillées par cette opération d'une substance tartareuse & extractive, qui est dans les vins un correctif naturel de la partie spiritueuse; ces liqueurs, dis - je, conviennent éminemment aux pays froids: le caffe à grande dose, la boisson abondante du thé & des autres liqueurs aqueuses qui se prennent chaudes, sont aussi très - utiles dans ces climats, sur - tout par la circonstance d'être prises chaudes, & peut - être uniquement par cette qualité.

Les excès avec les femmes sont aussi très - pernicieux dans les climats chauds. Les habitans de nos iles de l'Amérique & de n comptoirs dans les grandes Indes, y succombent fort communément. Les habitans des climats froids n'en sont pas, à beaucoup près, si incommodés; au moins l'excès ne commence - t - il pas si - tôt pour eux, comme nous l'avons déjà observé.

Les exercices doivent être plus modétés dans les climats chauds que dans les climats froids. Cette loi découle tout simplement de l'observation de la moindre vigueur des habitans des premiers.

Le sommeil est fort salutaire aux corps accablés [p. 536] par la chaleur: les habitans des climats froids soûtiennent mieux les veilles.

Pour ce qui regarde la derniere de nos six choses non - naturelles, les affections de l'ame, animi pathemata; quand même la Medecine seroit venue à - bout de déterminer exactement celles qui sont propres à chaque climat, & même qu'elle auroit gradué sur l'échelle du thermometre, ce qui peut s'exécuter très - facilement, l'intensité salutaire de chacune, il resteroit encore à découvrir la facon de les exciter & de les entretenir sous les diverses températures; ce qui est très - possible encore, quoique d'une exécution peu commode: mais la morale medicinale n'en est pas encore là, malgré les progrès qu'elle vient de faire tout récemment. Voyez Passion (Medec.), voyez Régime.

Au reste, la plûpart des observations que nous venons de faire sur le régime propre aux climats, convient à - peu - près dans le même sens aux saisons. Voyez Saison.

3°. Quelles sont les maladies particulieres aux différens climats, & leurs causes? Voyez Maladies endémiques au mot Endémique.

4°. Les maladies générales ou communes à toutes les nations, varient - elles sous les différens climats dans leurs progrès & dans leur terminaison, ou dans l'ordre & la succession de leurs accidens & de leurs crises? en un mot ont - elles un type différent? le traitement de ces maladies doit - il varier aussi dans les divers climats; ou, au contraire, une maladie générale, une pleurésie, une fievre putride, est - elle la même à Londres & à Rome? les descriptions d'Hippocrate peignent - elles exactement une maladie de Paris? &, ce qui est bien plus essentiel, faut - il traiter une même maladie par la même méthode dans tous les climats? Voyez Crise, voy. Type (Medecine.), voyez Methode curative.

Le climat agit plus sensiblement sur les corps qu'il affecte par une impression soudaine, c'est - à - dire que les hommes nouvellement transplantés sont plus exposés aux incommodités qui dépendent du climat, que les naturels de chaque pays, & cela d'autant plus que leur climat naturel differe davantage de la température du nouveau pays qu'ils habitent.

C'est une observation constante & connue généralement, que les habitans des pays chauds peuvent passer avec moins d'inconvéniens dans des régions froides, que les habitans de celles - ci ne peuvent s'habituer dans les climats chauds. (b)

CLIMATÉRIQUE (Page 3:536)

CLIMATÉRIQUE, voyez Climactérique.

CLIMAX (Page 3:536)

CLIMAX, (Belles - lett.) du Grec XLI/MAC, gradation; figure de Rhétorique par laquelle le discours s'éleve ou descend comme par degrés: telle est cette pensée de Cicéron contre Catilina: Nihil. agis, nihil moliris, nihil cogitas, quod ego non audiam, non videam, planeque sentiam; tu ne fais rien, tu n'entreprends rien, tu ne penses rien, que je n'apprenne, que je ne voye, dont je ne sois parfaitement instruit: ou cette invitation à son ami Atticus: Si dormis, expergiscere; si stas, ingredere; si ingrederis, curre; si curris, advola: ou ce trait contre Verrès: C'est un forfait que de mettre aux fers un citoyen Romain; un crime, que de le faire battre de verges; presqu'un parricide, que de le mettre à mort; que dirai - je de le faire crucifier? (G)

CLINCART (Page 3:536)

CLINCART, s. m. (Marine.) on appelle ainsi certains bateaux plats qui sont en usage en Suede & en Danemark. Dict. de Trév. & du Comm.

CLINCHE (Page 3:536)

* CLINCHE, s. m. (Serrur.) c'est dans une serrure une piece appliquée au - dessus du pesle & de sa longueur; elle a une tête qui sort hors du palatre & entre dans le mantonet; elle est arrêtée avec un étochio par l'autre bout au bas du palatre; au - dessus il y a un ressort double qui tient toute la longueur du pa<cb-> latre, & qui sert à faire tomber le clinche dans le mantonet: quand on ouvre la porte, le clinche s'ouvre avec une petite clé, pour éviter de porter la grosse clé: mais quand on ouvre avec la grosse clé, la grosse clé ouvre le clinche, qu'elle attrape par une barbe qu'on y a pratiquée. On pratique un clinche aux serrures des portes - cocheres.

CLINGEN (Page 3:536)

CLINGEN, (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne dans la Thuringe.

CLINGENAW (Page 3:536)

CLINGENAW, (Géog mod.) ville de Suisse dans le canton de Bade, sur l'Aar.

CLINIQUE (Page 3:536)

CLINIQUE, adj. (Medecine.) épithete commune à la Medecine, & aux Medecins, à l'Art & aux Artistes, se donnant également à l'un & à l'autre.

On appelle Medecine clinique, la méthode suivie de voir & de traiter les malades alités; & l'on nomme Medecins cliniques, ceux qui assistent auprès du lit des malades pour traiter leurs maux. C'étoit principalement les medecins des empereurs auxquels on donnoit anciennement ce nom.

On employoit chez les Romains les esclaves au soin de garder les malades, ce qui fit qu'on les appella medici ad matulam; & pour leur faire plus d'honneur, quelques auteurs leur donnerent aussi le nom de medici clinici, parce qu'ils ne bougeoient d'auprès du lit des malades. Mais c'étoit - là détourner ironiquement la signification du mot clinicus, qui désignoit dans son vrai sens un medecin proprement dit, un homme éclairé qui voyoit les malades au lit, & leur prescrivoit des remedes.

Martial, lib. I. epigramm. xxxj. détourne aussi la véritable signification de clinicus, dans une épigramme où il parle d'un pauvre chirurgien, en Latin vespillo, qui faute d'emploi s'étoit mis à porter les morts en terre ou sur le bûcher:

Chirurgus fuerat, nunc est vespillo Diaulus; Cpit quo potuit, clinicus esse modo.

La pointe de cette épigramme consiste dans l'équivoque qui naît du double sens du mot XLINH\, d'où clinicus a été formé, & qui signifie également un lit & une bierre.

Pline fait Hippocrate auteur de la medecine clinique: il n'y a pas toutefois de vraissemblance que l'on ait tardé si long - tems à visiter les malades dans leur lit; mais ce qui distingua si fort à cet égard l'ami de Démocrite, c'est comme le remarquelemême auteur, qu'il a été le premier qui ait clairement enseigné la Medecine. Génie supérieur, il profita des lumieres de son siecle, & fit servir, comme Boerhaave a fait de nos jours, la Philosophie à la Medecine, & la Medecine à la Philosophie. « Il faut, disoit ce grand homme, réunir avec soin ces deux sciences; car un medecin qui est philosophe est égal à un dieu ».

Cependant c'est Esculape qui est le véritable inventeur de la medecine clinique, celui qui le premier l'a pratiquée: les Medecins avant lui ne visitoient point les malades au lit, on les portoit dans les carrefours pour recevoir les avis des passans. Le centaure Chiron se tenoit dans sa grotte, attendant qu'on l'y vînt consulter. Quant aux medecins de moindre importance, il est probable que semblables à nos empyriques modernes, ils couroient les foires pour débiter leurs remedes, sans s'aviser d'aller voir les malades pour observer les changemens qui arrivent dans les maladies, & y apporter les secours nécessaires.

Cette coûtume introduite par Esculape, fit que les Medecins qui l'imiterent furent appellés cliniques, afin de les distinguer des coureurs de marchés. Sa méthode clinique lui réussit au point qu'on ne parla plus que de la Medecine d'Esculape & de ses miracles. Les jumeaux, Castor & Pollux, le voulurent avoir avec eux au fameux voyage des Argonautes; & quelques cures surprenantes qu'il avoit faites de

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.