ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"522"> ques. Dans la république où l'on a pour principe. la vertu, elle est moins nécessaire. Dans l'état despotique où regne la crainte, elle est moins en usage, parce qu'il faut contenir les grands de l'état par des exemples de sévérité. Dans les monarchies où l'on est gouverné par l'honneur, qui souvent exige ce que la loi défend, elle est plus nécessaire. La disgrace y est équivalente à la peine; les formalités même des jugemens y sont des punitions. C'est - là que la honte vient de tous côtés pour former des genres particuliers de peines.

Les grands y sont si fort punis par la disgrace, par la perte souvent imaginaire de leur fortune, de leur crédit, de leurs habitudes, de leurs plaisirs, que la rigueur à leur égard est inutile; elle ne peut servir qu'à ôter aux sujets l'amour qu'ils ont pour la personne du prince, & le respect qu'ils doivent avoir pour les places.

On disputera peut - être aux monarques quelque branche de l'autorité, presque jamais l'autorité entiere; & si quelquefois ils combattent pour la couronne, ils ne combattent point pour la vie.

Ils ont tant à gagner par la clémence, elle est suivie de tant d'amour, ils en tirent tant de gloire, que c'est presque toûjours un bonheur pour eux d'avoir occasion de l'exercer, & ils le peuvent presque toûjours dans nos contrées.»

C'est une heureuse prérogative dont ils joüissent, & le caractere d'une belle ame quand ils en font usage. Cette prérogative leur est utile & honorable, sans énerver leur autorité. Je ne connois point de plus beau trait dans l'oraison de Cicéron pour Ligarius, que celui où il dit à César, pour le porter à la clémence: « Vous n'avezreçûrien de plus grand de la fortune, que le pouvoir de conserver la vie; ni rien de meilleur de la nature, que la volonté de le faire ». Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.»

Clémence, (Page 3:522)

* Clémence, (Myth.) Les anciens en avoient fait une divinité; elle tenoit une branche de laurier d'une main, & une lance de l'autre. Le pié de sa statue fut un asyle dans Athenes. On lui dédia dans Rome un temple & des autels après la mort de Jules César. Sa figure se voit sur les monnoies de Tibere & de Vitellius. Elle est - là bien mal placée.

CLEMENTE (Page 3:522)

CLEMENTE, (St) Géog. mod. ville d'Espagne dans la Manche.

CLEMENTIN (Page 3:522)

CLEMENTIN, s.m. (Hist. eccles.) terme en usage parmi les Augustins, pour désigner un religieux qui après avoir été neuf ans supérieur, cesse de l'être & redevient simple religieux, soûmis comme les autres à l'autorité d'un supérieur.

Ce mot vient de ce qu'un pape, du nom de Clément, défendit par une bulle qu'aucun supérieur des Augustins conservât son emploi plus de neuf ans de suite. Dict. de Trévoux. (G)

CLEMENTINES (Page 3:522)

CLEMENTINES, adj. fém. pris subst. (Jurispr.) On entend ordinairement sous ce nom un recueil des decrétales du pape Clément V. fait par l'autorité du pape Jean XXII. son successeur.

Clément V. avoit fait une compilation, tant des decrets du concile général de Vienne, auquel il avoit préfidé, que de ses épîtres & constitutions; mais sa mort arrivée le 20 Avril 1314, l'ayant empêché de publier cette collection, Jean XXII. son successeur la publia en 1317 sous le nom de clémentines, & l'adressa aux universités.

Elle divisées en cinq livres, où les matieres du droitonique sont distribuées à - peu - près suivant le même plan que les decretales de Grégoire IX. Voyez Decrétales.

Clémentines est aussi le nom que l'on donne quelquefois à un recueil de plusieurs pieces anciennes, qui sont de prétendus canons & constitutions des apôtres, & autres pieces apocryphes attribuées faus<cb-> sement à S. Clément, évêque de Rome. Voyez Cotelier, en son recueil des ouvrages des peres, des tems apostoloques. Dupin, Bibliot. des auteurs ecclésiastiques. Ceillier, kist. des ant. sacr. & ecclés. (A)

CLEMPENOW (Page 3:522)

CLEMPENOW, (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne dans la Poméranie.

CLÉOBIENS (Page 3:522)

CLÉOBIENS, s. m. pl. (Théologie.) fecte des Simoniens dans le premier siecle de l'Eglise. Elle s'éteignit presque dans sa naissance. Hegesippe & Théodoret, qui en parlent, ne spécifient point par quels sentimens les Cléobiens se distinguerent des autres. On croit qu'ils ont eû pour chef un nommé Cléobe, compagnon de Simon, & qu'il avoit composé avec cet hérésiarque divers livres sous le nom de Jesus - Christ, pour tromper les Chrétiens. Hegesippe, apud Euseb. liv. IV. ch. xxij. ant. constit apost. M. Dupin, Bibliot. des aut. ecclés. des trois premiers siecles. Les Did. de la Bible, de Trév. & Chambers.

CLEPSIAMBE (Page 3:522)

CLEPSIAMBE, s. m. (Hist. anc.) instrument de Musique ancien, dont on ne connoit que le nom.

CLEPSYDRE (Page 3:522)

CLEPSYDRE, s. f. (Phisico - Mathémat.) espece d'horloge à eau, ou vase de verre qui sert à mesurer le tems par la chûte d'une certaine quantité d'eau. Voyez Horloge, &c.

Ce mot vient de XLI/PW, condo, je cache; & U/DOR, aqua, eau.

Il y a aussi des clepsydres de mercure. Les Egyptiens mesuroient par cette machine le cours du soleil. Tichobrahé en a fait usage de nos jours pour mesurer le mouvement des étoiles, &c. & Dudley dans toutes les observations qu'il a faites à la mer.

L'usage des clepsydres est fort ancien; elles ont été inventées en Egypte sous le regne des Ptolemées; on s'en servoit sur - tout l'hyver, les cadrans solaires étant plus d'usage l'été. Elles ont deux grands défauts, l'un que l'eau coule avec plus ou moins de facilité, selon que l'air est plus ou moins dense; l'autre, que l'eau s'écoule plus promptement au commencement qu'à la fin.

M. Amontons a proposé une clepsydre qui n'est sujette, selon lui, à aucun de ces deux inconvéniens, & qui a l'avantage de servir d'horloge comme les clepsydres ordinaires, de servir en mer à la découverte des longitudes, & de mesurer les mouvemens des arteres: mais cette clepsydre n'est point en usage.

Construction d'une clepsydre. Il faut pour cela diviser un vaisseau cylindrique en parties qui puissent se vuider dans des divisions de tems marquées; les tems dans lesquels le vaisseau total & chaque partie doivent se vuider étant donnés. Supposons par exemple un vaisseau cylindrique, tel que l'eau totale qu'il contient, doive se vuider en douze heures, & qu'il faille diviser en parties dont chacune mette une heure à se vuider. 1°. Dites: comme la partie du tems 1 est au tems total 12, ainsi le même tems 12 est à une 4° proportionnelle 144. 2°. Divisez la hauteur du vaisseau en 144 parties égales, & la partie supérieure tombera dans la derniere heure, les trois suivantes dans l'avant - derniere, les cinq voisines dans la dixieme, &c. enfin les vingt - trois d'en - bas dans la premiere heure. Car puisque les tems croissent suivant la série des nombres naturels 1, 2, 3, 4, 5, &c. & que les hauteurs sont en raison des quarrés des nombres impairs 1, 3, 5, 7, 9, &c. pris dans un ordre rétrograde depuis la douzieme heure, les hauteurs compées depuis la douzieme heure, seront comme les quarrés des tems 1, 4, 9, 16, 25, &c. d'où il s'ensuit que le quarré 144 du nombre de divisions du tems, doit être égal au nombre de parties de la hauteur du vaisseau qui doit se vuider. Or la liqueur descend d'un mouvement retardé, & l'expérience prouve qu'un fluide qui s'échappe d'un vase cylindrique a une vîtesse qui est à - peu - près comme la racine quarrée de la hauteur du fluide, de sorte [p. 523] que les espaces qu'il parcourt en tems égaux décroissent comme les nombres impairs. Donc, &c.

M. Varignon a généralisé ce problème suivant sa coûtume, & a donné la méthode de diviser ou graduer une clepsydre de figure quelconque, ensorte que les parties du fluide, contenues entre les divisions, s'écoulent dans des tems donnés. L'académie proposa les lois du mouvement des clepsydres, pour le sujet du prix de l'année 1725. Il fut remporté par M. Daniel Bernoulli, & sa piece est imprimée dans le recueil des pieces des prix de l'académie. Quoiqu'<-> elle soit fort ingénieuse, l'académie nous avertit, dans une espece de programme qui est à la tête, qu'il lui a paru que la question proposée n'avoit pas encore été suffisamment approfondie.

Une des grandes difficultés qu'on rencontre dans la théorie des clepsydres, c'est de déterminer avec exactitude la vîtesse du fluide qui sort par le trou de la clepsydre. Lorsque le fluide est en mouvement, & qu'il est encore à une certaine hauteur, cette vîtesse est à - peu - près égale à celle que ce même fluide auroit acquise en tombant par sa pesanteur d'une hauteur égale à celle du fluide. Mais lorsque le fluide commence à se mouvoir, ou lorsqu'il est fort peu élevé au - dessus du trou, cette loi n'a plus lieu, & devient extrèmement fautive.

D'ailleurs il ne suffit pas, comme on le pourroit penser d'abord, de connoître à chaque instant la vîresse du fluide qui s'écoule, pour savoir le tems dans lequel doit se vuider la clepsydre. Car sans parler ici de l'adhérence des particules du fluide, & du frottement contre les parois du vase, les particules du fluide ne sortent point du vase suivant des directions paralleies. M. Nevton a observé que ces particules ont des directions convergentes, & que la veine de fluide qui sort va en diminuant de grosseur jusqu'à une certaine distance de l'ouverture; distance qui est d'autant plus grande, que l'ouverture elle - même est plus grande. De - là il s'ensuit que pour trouver la quantité de fluide qui sort à chaque instant, il ne faut pas prendre le produit de la grandeur de l'ouverture par la vîtesse du fluide, mais le produit de la vîtesse du fluide dans l'endroit où la veine est le plus contractée, par la largeur de la veine en cet endroit. Voyez l'Hydrodynamique de M. Daniel Bernoulli, sect. 3. & l'article Hydrodynamique.

Clepsydre se dit aussi d'un sablier, voyez Sablier. (O)

CLERAC ou CLAIRAC (Page 3:523)

CLERAC ou CLAIRAC, (Géog. mod.) ville de France en Agenois, sur le Lot. Longit. 18. 8. latit. 44. 28.

CLERAGRE (Page 3:523)

CLERAGRE, s. f (Faucon.) espece de goutte qui vient aux aîles des oiseaux de proie.

CLERC (Page 3:523)

CLERC, (Jurisprud.) On comprend sous ce nom tous ceux qui par état sont consacrés au service divin, depuis le simple tonsuré, jusqu'aux prélats du premier ordre.

Ce terme vient du Grec XLH/ROS, qui signifie sort, partage, héritage. Dans l'ancien testament la tribu de Levi est appellée XLH/ROS, c'est - à - dire le partage ou l'héritage du seigneur. Du Grec on en a fait en Latin clerus, & l'on a donné ce nom au clergé, parce que le partage des ecclésiastiques est de servir Dieu. De clerus, on a fait clericus, clerc.

La distinction des clercs d'avec le reste des fideles se trouve établie dès le commencement de l'Eglise, suivant ces paroles de S. Pierre, neque dominantes in cleris. Petri j. v. 3.

Les clercs ou ecclésiastiques considérés tous ensemble, forment un corps qu'on appelle le clergé, & l'état des clercs s'appelle la cléricature.

Il y a parmi eux différens degrés qui les distinguent.

Le premier degré de la cléricature est l'état de simple tonsuré.

Les degrés suivans sont les quatre ordres mineurs, de portiers, lecteurs, exorcistes, & acolytes.

Au - dessus des ordres mineurs, sont les ordres sacrés ou majeurs, de soûdiaconat, diaconat & prêtrise.

L'épiscopat & les autres dignités ecclésiastiques sont encore des degrés au - dessus de la prêtrise.

Ces différens degrés parmi les clercs composent ce que l'on appelle la hierarchie ecclèsiastique.

Autrefois les moines & religieux n'étoient point clercs; ils ne furent appellés à la cléricature qu'en 383 par S. Sirice pape.

Ceux qui se présentent pour recevoir la tonsure, ou quelque ordre majeur ou mineur, doivent recevoir cet état de leur propre évêque, à moins qu'ils n'ayent de lui un démissoire, c'est - à - dire des lettres de permission pour être tonsurés ou ordonnés par un autre évêque. Can. Lugdunens. causâ 9. quast. 2. & conc. Trid. sess. 23. de reform. cap. 8.

Les clercs ont certaines fonctions dans l'Eglise qui leur sont propres; celles des évêques, archevêques, prêtres, & diacres, ne peuvent être remplies par des laïcs, même à défaut de clercs.

Ils joüissent en qualité de clercs de plusieurs exemptions & immunités qu'ils tiennent de la piété de nos rois.

Il leur est défendu de rien faire qui soit contraire à la pureté & à la dignité de leur état, & par conséquent, de faire aucun trafic ou commerce, d'exercer aucun art méchanique, ni de se mêler d'aucunes affaires temporelles. Can. pervenit...credo... Cyprianus, quast. 3.

Leurs habits doivent être simples & modestes, & ils ne peuvent en avoir de couleurs hautes, telles que le rouge. Can. omnis .... nullus ..... episcopi quast. 4.

La chasse à cor & à cri, ou avec armes offensives, leur est défendue. Can. episcopum .... & can. omnibus extra de clerico venatore. Ceux qui contreviennent à ces défenses deviennent irréguliers.

Les clercs ont le privilége de ne pouvoir être traduits en défendant que par - devant le juge d'église, dans les matieres personnelles.

En matiere criminelle, ils sont d'abord jugés par le juge d'église, pour le délit commun; mais ils peuvent encore être jugés par le juge royal, pour le cas privilégié. Voyez ci - après Clergé, Ecclésiastiques, Diacre, Soudiacre, Prêtre, Mineurs, Ordre, Evêque. (A)

Clerc, (Page 3:523)

Clerc, (Jurisprud.) est aussi un titre commun à plusieurs offices, commissions, & fonctions qui ont rapport à l'administration de la justice & police. Nous allons expliquer ce qui concerne ces différentes sortes de clercs, dans la subdivision suivante, par ordre alphabétique.

C'est un abus que l'on a fait du terme clert, qui signifie ecclésiastique. Comme dans les siecles d'ignorance il n'y avoit presque que les clercs ou ecclésiastiques qui eussent conservé la connoissance des lettres, on étoit obligé d'avoir recours à eux pour remplir toutes les fonctions dans lesquelles il falloit savoir lire & écrire, ou être instruit des loix; de sorte qu'alors clerc ou homme savant & lettré étoient des termes synonymes, ainsi qu'il paroît par cette belle réponse de Charles V. roi de France, à quelqu'un qui murmuroit de l'honneur qu'il portoit aux gens de lettres, appellés alors clercs. « Les clercs à sapience l'on ne peut trop honorer, & tant que sapience sera honorée en ce royaume, il continuera à prospérité; mais quand deboutée y sera, il déchéera ». Il est arrivé de cette acception du

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