ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"520">

Enfin quelques - uns disent que le clédonisme pris dans le troisieme sens, étoit la même chose que l'évocation des morts. C'est le sentiment de Glycas: « Nam XLEDON, dit - il, vocari geniorum per excantationes certas attractionem, & è sublimi deductionem. Deductâ voce à XLW, quod idem sit cum XLAW, evoco». Voyez Evocation & Necromancie. (G)

CLEF (Page 3:520)

CLEF, voyez Clé.

CLEIDOMANCIE (Page 3:520)

CLEIDOMANCIE, s. f. (Divinat.) espece de divination qui se pratiquoit par le moyen des clés. Ce mot vient de XLEIS, clé, & de MAITI/A, divination.

On ignore quel nombre & quel mouvement de clés exigeoient les anciens pour la cléidomancie, ni quel genre de connoissance pour l'avenir ils en prétendoient tirer. Delrio, qui sur toutes ces matieres a fait des recherches, ne donne aucune lumiere sur celle - ci, pour ce qui concerne l'antiquité; il nous apprend seulement que cette superstition a eu lieu dans le Christianisme, & qu'on la pratiquoit de la sorte: « Lorsqu'on vouloit, dit - il, découvrir si une personne soupçonnée d'un vol ou de quelqu'autre mauvaise action en étoit coupable, on prenoit une clé autour de laquelle on rouloit un papier, sur lequel étoit écrit le nom de la personne suspecte; ensuite on lioit cette clé à une bible, qu'on donnoit à tenir à une vierge; puis on prononçoit tout bas certaines paroles, entre lesquelles étoit le nom de l'accusé; & à ce nom, l'on voyoit sensiblement le papier se remuer. Delrio, disquisit. magic. lib. IV.» cap. ij. qust. VII. sect. j. pag. 548. (G)

CLÉMATITE (Page 3:520)

CLÉMATITE, s. f. clematitis, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleurs en rose, qui sont composées ordinairement de quatre pétales, & qui n'ont point de calice. Le pistil sort du milieu de la fleur, & devient dans la suite un fruit dans lequel les semences sont rassemblées en bouquet, & sont terminées par un filament semblable en quelque sorte à une petite plume. Tournefort, inst. rei herb. Voy. Plante. (I)

Clématite. (Page 3:520)

Clématite. (Jard.) Il y a quelques especes de clématite, qui ne sont que des plantes vivaces: les autres en plus grand nombre, sont des arbrisseaux grimpans, dont quelques - uns par l'agrément de leurs fleurs, méritent de trouver pìace dans les plus beaux jardins. Ce qui peut encore engager à les y admettre, c'est que tous ces arbrisseaux sont très - robustes, à l'exception d'un seul; qu'ils croissent très promptement, fleurissent très long - tems, & qu'ils réussissent dans les terreins les plus médiocres, & aux expositions les moins favorables. Une autre qualité doit encore leur donner faveur; c'est qu'ils ne sont jamais attaqués des insectes: ce qu'on peut attribuer au suc caustique de leurs feuilles, qui brûlent la bouche lorsqu'on les mâche.

Arbrisseaux grimpans. La clématite commune ou l'herbe aux gueux, est ainsi appellée de ce que les mendians de profession se servent de ces feuilles pour se former des ulceres, & exciter la compassion du peuple: mais dans la basse - Bourgogne on l'appelle viorne, quoique ce nom ne soit propre qu'à un autre arbrisseau qu'on appelle mancienne dans le même pays. Cette espece de clématite est fort commune dans les bois, dans les haies, & dans les anciennes ruines des bâtimens, où ses longues tiges rampent & couvrent tout ce qui l'avoisine. Ses fleurs blanchâtres qui viennent en bouquet au mois de Juin, & qui durent pendant tout l'été, sont plus singulieres que belles, & ont une odeur agréable; les graines qui leur succedent ont des aigrettes barbues, blanches, & rassemblées de maniere à les faire prendre de loin pour des floccons de laine: elles couvrent l'arbrisseau pendant tout l'automne, & une grande partie de l'hyver. La bouture seroit le plus court moyen de multiplier cet arbrisseau, si on lui connoissoit d'autre utilité que d'être propre à faire des liens & des ruches de mouches à miel.

La clématite à feuille entiere; c'est une variété de la précédente, dont elle ne differe que parce que ses feuilles ne sont pas découpées.

La clématite du Canada; c'est encore une variété de notre clématite commune, dont elle n'est différente, qu'en ce que sa feuille n'est constamment composée que de trois lobes; au lieu que dans l'espece commune, les feuilles ont plus souvent cinq lobes que trois.

La clématite du Levant: sa feuille qui est lisse, d'un verd foncé, & fort découpée, a quelque ressemblance avec celle du persil. Sa fleur qui est petite, d'un verd jaunâtre, ne paroît qu'en automne; mais elle n'a nulle beauté. Si on peut tirer quelque agrément de cet arbrisseau, ce n'est que de son feuillage, qui étant bien garni, peut servir à faire des palistades & des portiques de verdure dans les plus mauvaises places, où beaucoup d'autres arbrisseaux ne pourroient réussir. Cette clématite est d'ailleurs très - robuste, se multiplie aisément, & s'éleve moins que les précédentes.

La clématite à fleur bleue: cet arbrisseau de son naturel rampe par terre, ce qui le distingue d'un autre clématite à fleur bleue qui sera rapportée ci - après, & qui n'est qu'une plante vivace.

La clématite à fleur bleue double; c'est l'un des plus beaux arbrisseaux fleurissans que l'on puisse employer dans un jardin pour l'agrément. Son feuillage d'un verd brun & constant, est très - propre à varier les nuances de verdure. Sa fleur, quoique d'un bleu obscur, est très - apparente; on est dédommagé de ne la voir paroître qu'à la fin de Juin, par sa durée qui va souvent à plus de deux mois; & l'arbrisseau en produit une si grande quantité, qu'olles cachent son feuillage: mais elle est si double, que ne pouvant s'épanouir tout - à - la - fois, les pétales extérieurs tombent peu - à - peu, pour laisser aux plus prochaines la liberté de s'ouvrir & de se détacher à leur tour; ensorte que pendant tout l'été, le terrein au - dessous est jonché de fleurs. On peut le multiplier de boutures ou de branches couchées, c'est la plus courte voie & la plus sûre: mais comme l'arbrisseau commence à pousser de très - bonne heure, & souvent dès la fin de Janvier, il faudra coucher ses branches qui feront de bonnes racines dans l'année; au lieu que si l'on couchoit du vieux bois, il feroit rarement des racines, & s'il en produisoit, elles ne seroient suffisantes pour la transplantation qu'au bout de deux ans. Les boutures prises sur les jeunes branches, réussissent beaucoup mieux aussi que celles faites de vieux bois; elles donneront même des fleurs dès la seconde année: mais il vaudra mieux attendre les deux ans révolus pour les transplanter. Comme cet arbrisseau pousse vigoureusement, & qu'il produit de longues tiges qui s'élevent souvent à douze ou quinze piés, la moitié de ces rejettons se desseche, & meurt pendant l'hyver; non - seulement on doit ôter ce bois mort, mais il faut aussi tailler le bois vif au - dessus d'un oeil ou deux, sans craindre de nuire aux fleurs; l'arbrisseau étant si disposé à en donner qu'il en produit toûjours, quoiqu'on ne lui ait laissé que du bois fort vieux; & quand même on en vient jusqu'à retrancher la plus grande partie des jeunes rejettons, lorsqu'il est prêt à fleurir, il pousse de nouvelles tiges, & donne autant de fleurs qu'il auroit fait sans cela, avec cette différence seulement, qu'elles paroissent cinq ou six semaines plus tard, & qu'elles durent tout l'autmne: facilité qui n'est pas sans mérite par l'avantage qu'on en peut tirer pour l'ornement des jardins, dont on n'a à joüir que dans cette saison. Il souffre également le retard de la taille au printems: je l'ai souvent fait couper jusqu'auprès des racines, lorsqu'il avoit déjà poussé des tiges d'un pié de long, sans que cela l'ait em peché de repousser [p. 521] avec vigueur, ni de fleurir à l'ordinaire. Ce bel arbrisseau qui croît promptement, qui résiste aux plus cruels hyvers, qui réussit dans tous les terreins, qui s'accommode des plus mauvaises expositions, qui se multiplie aisément, qui n'est jamais attaqué des insectes, est si traitable à tous égards, qu'il ne demande aucune culture: aussi n'y en a - t - il point de plus convenable pour garnir de grandes palissades, des portiques, des cabinets, des berceaux, & d'autres semblables décorations de jardins, dont il fera l'aspect le plus agréable pendant tout l'été.

La clématite à fleur pourprée, la clématite à fleur double pourprée, la clématite à fleur rouge, la clématite à fleur double incarnate: ces quatre dernieres especes de clématite sont encore de beaux arbrisseaux fleurissans, sur - tout les especes à fleur double, & mieux encore celles qui sont rouges & incarnates: mais elles sont fort rares, même en Angleterre. On peut leur appliquer ce qui a été dit au sujet de la clématite à fleur bleue double; elles ont les mêmes bonnes qualités; elles sont aussi aisées à élever, à conduire, & à cultiver: l'agrément qu'elles ont de plus par la vivacité des couleurs rouges & incarnates de leurs fleurs, devroit bien engager à les tirer d'Angleterre.

La clématite toùjours verte, ou la clématite d'Espagne: cet arbrisseau qui est originaire des pays chauds, se trouvant un peu délicat, il est sujet à être endommagé du froid dans les hyvers rigoureux; ce qui doit engager à le placer aux meilleures expositions, qui ne l'empêchent pas souvent d'être gelé jusqu'aux racines. Mais malgré qu'on vante la beauté de son feuillage, qui est d'un verd tendre & brillant, & plus encore la rare qualité de produire au coeur de l'hyver ses fleus qui sont faites en clochette & d'un verd jaunâtre, ce n'est tout au plus qu'un arbrisseau du ressort des curieux en collections, n'ayant pas assez de tenue ni d'apparence pour être admis dans les jardins d'ornement. On peut aisément le multiplier de branches couchées & de boutures, qui font de bonnes racines dans l'année.

On peut aussi multiplier de graine toutes les especes de clématite qui sont à fleurs simples; mais comme elle est une année en terre sans lever, on ne se sert guere de ce moyen qu'au défaut des autres.

Plantes vivaces.

La clématite à fleur bleue, la clématite à fleur blanche, la petite clématite d'Espagne: ces plantes périssent tous les hyvers jusqu'aux racines, repoussent chaque année de bonne heure au printems, & fleurissent en été. Les deux premieres s'élevent à trois ou quatre piés, & l'autre seulement à un pié & demi; & c'est la seule circonstance qui la distingue de la seconde plante. On peut les élever de graine, ou en divisant leurs racines, qui donnent des fleurs l'année suivante: on ne manque pas de présérer ce dernier moyen comme le plus court & le plus simple, la graine ne levant ordinairement que la seconde année; & il lui en faut encore deux autres, pour donner des fleurs. Du reste ces plantes sont très - robustes, viennent par - tout, & ne demandent aucune culture particuliere. (c)

Clematite, (Page 3:521)

Clematite, ou herbe aux gueux, (mat. Med.) la fleur, la semence, son écorce, & sa racine sont caustiques, & ne doivent pas être employées intérieurement; mais elle est bonne à l'extérieur, pour ronger les chairs baveuses qui empêchent les plaies de se cicatriser. On l'appelle herbe aux gueux, parce que ces sortes de gens se servent du suc caustique de cette plante pour se déchirer les jambes & autres parties du corps, & inspirer par cette manoeuvre la compassion de ceux qui les voyent dans cet état, qui n'est pas de longue durée ni bien fâcheux, car lorsqu'ils veulent faire passer ces marques, ils n'ont besoin que de les étuver avec de l'eau commune.

CLÉMENCE (Page 3:521)

CLÉMENCE, s. f. (Droit polit.) Favorin la définit, un acte par lequel le souverain se relâche à propos de la rigueur du Droit; & Charron l'appelle une vertu qui fait incliner le prince à la douceur, à remettre, & relâcher la rigueur de la justice avec jugement & discrétion. Ces deux définitions renfermant les mêmes idées qu'on doit avoir de la clemerce, sont également bonnes.

En effet, c'est une vertu du souverain qui l'engage à exempter entierement les coupables des peines, ou à les modérer, soit dans l'état de paix, solt dans l'état de guerre.

Dans ce dernier état, la clémence porte plus communément le nom de modération, & est une vertu fondée sur les lois de l'humanité, qui a entr'autres l'avantage d'être la plus propre à gagner les esprits l'histoire nousen fournit quantité d'exemples, comme aussi d'actions contraires, qui ont eû des succès tout opposés.

Dans l'état de paix, la clémence consiste à exempter entierement de la peine, lorsque le bien de l'état peut le permettre, ce qui est même une des regles du Droit Romain; ou à adoucir cette peine, s'il n'y a de très - fortes raisons au contraire, & c'est - là la seconde partie de la clémence.

Il n'est pas nécessaire de punir toûjours sans rémission les crimes d'ailleurs punissables; il y a des cas où le souverain peut faire grace, & c'est dequoi il faut juger par le bien public, qui est le grand but des peines. Si donc il se trouve des circonstances où en faisant grace, on procure autant ou plus d'utillté qu'en puniant, le souverain doit nécessairement user de clémence. Si le crime est caché, s'il n'est connu que de très - peu de gens, s'il y a des inconvéniens à l'ébrüiter, il n'est pas toûjours nécessaire, quelquefois même il seroit dangereux de le publier, en le punissant par quelque peine. Solon n'avoit point fait de loi contre le parricide. L'utilité publique, qui est la mesure des peines, demande encore quelquefois que l'on fasse grace à cause des conjonctures, du grand nombre des coupables, des causes, des motifs qui les ont animés, des tems, des lieux, &c. car il ne faut pas exercer, au détriment de l'état, la justice qui est établie pour la conservation de la société.

S'il n'y a point de fortes & pressantes raisons au souverain de pouvoir faire grace, il doit alors pancher plûtôt à mitiger la peine (à moins que des raisons valables & justes ne s'y opposent entierement, comme quand il s'agit de crimes qui violent les droits de la nature & de la société humaine) parce que toute peine rigoureuse a quelque chose de contraire par elle - même, sinon à la justice, du moins à l'humanité. L'empereur Marc Antonin le pensoit ainsi, & y conformoit sa conduite.

La clémence est contraire à la cruauté, à la trop grande rigueur, non à la justice, de laquelle elle ne s'éloigne pas beaucoup, mais qu'elle adoucit, qu'elle tempere; & la clémence est nécessaire à cause de l'infirmité humaine, & de la facilité de faillir, comme dit Charron.

Suivant les principes généraux qu'on vient d'établir, on peut voir quand le souverain doit punir, quand il doit mitiger la peine, & quand il doit pardonner. D'ailleurs, lorsque la clémence a dangers, ces dangers sont très - visibles; on la distingue aisément de cette foiblesse qui mene le prince au mépris, & à l'impuissance même de punir, comme le remarque l'illustre auteur de l'esprit des lois.

Voici ce qu'il ajoûte sur cette matiere dans cet ouvrage, liv. VI. ch. xxj.

« La clémence est la qualité distinctive des monar<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.