ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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autant de dièses ou de bémols à la clé, que l'échelle
du mode en contient en descendant. Voyez
Mode, & Echelle ou Gamme. (O)
Clé,
(Page 3:518)
Clé, terme de Polygraphie & de Stéganographie,
c'est - à - dire de l'art qui apprend à faire des caracteres
particuliers dont on se sert pour écrire des lettres
qui ne peuvent être lûes que par des personnes
qui ont la connoissance des caracteres dont on s'est
servi pour les écrire; c'est ce qu'on appelle lettres
en chiffres. Voyez
Chiffre & Déchiffrer.
Or les personnes qui s'écrivent de ces sortes de
lettres ont chacune de leur côté un alphabet où la
valeur de chaque caractere convenu est expliquée:
par exemple, si l'on est convenu qu'une étoile signifie
a, l'alphabet porte *,... a; ainsi des autres signes.
Or ces sortes d'alphabets qu'on appelle clés en terme
de Stéganographie, c'est une métaphore prise
des clés qui servent à ouvrir les portes des maisons,
des chambres, des armoires, &c. & nous donnent
ainsi lieu de voir le dedans; de même les clés ou alphabets
dont nous parlons donnent le moyen d'entendre
le sens des lettres & chiffres; elles servent à
déchiffrer la lettre ou quelqu'autre écrit en caracteres
singuliers & convenus.
C'est par une pareille extension ou métaphore qu'on
donne le nom de clé à tout ce qui sert à éclaircir
ce qui a d'abord été présenté sous quelque voile, &
e>n à tout ce qui donne une intelligence qu'on n'avoit
pas sans cela. Par exemple, s'il est vrai que la
Bruyere, par Ménalque, Philémon, &c. ait voulu
parler de telle ou telle personne, la liste où les noms
de ces personnes sont écrits après ceux sous lesquels
la Bruyere les a cachés; cette liste, dis - je, est ce
qu'on appelle la clé de la Bruyere. C'est ainsi qu'on dit
la clé de Rabelais, la clé du Catholicon d'Espagne, &c.
C'est encore par la même figure que l'on dit que
la logique est la clé des Sciences, parce que comme le
but de la Logique est de nous apprendre à raisonner
avec justesse, & à développer les faux raisonnemens,
il est évident qu'elle nous éclaire & nous
conduit dans l'étude des autres Sciences; elle nous
en ouvre, pour ainsi dire, la porte, & nous fait voir
ce qu'elles ont de solide, & ce qu'il peut y avoir de
défectueux ou de moìns exact. (F)
Clé
(Page 3:518)
Clé d'or, (gentilshommes de la) Hist. mod. ce sont
de grands officiers de la cour d'Espagne ou de celle
de l'empereur, qui portent à leur ceinture une clé
d'or, signe du droit qu'ils ont d'entrer dans la chambre
de ces princes.
Clé,
(Page 3:518)
Clé, terme de Blason: on dit clés en pal ou en sautoir,
couchées ou adossées, selon que les pannetons sont
disposées. Diction. de Trév.
Clé,
(Page 3:518)
Clé, (Venerie.) clés de meute; ce sont les meilleurs
& les plus sûrs de la meute.
Clés,
(Page 3:518)
Clés, (Fauconn.) ce sont les ongles des doigts
de derriere de la main d'un oiseau de proie.
Clé,
(Page 3:518)
Clé, terme d'Architecture; clé d'un arc, d'une voûte
ou croisé, plein ceintre, ou autrement, est la derniere
pierre qu'on met au haut pour en fermer le ceintre,
laquelle étant plus étroite par en bas que par
en - haut, presse & affermit toutes les autres. La clé,
selon Vignole, est différente selon les ordres: au
toscan & au dorique, ce n'est qu'une simple pierre
en saillie ou bossage: à l'ionique, la clé est taillée de
nervure en maniere de console avec enroulement:
au corinthien & au composite, c'est une console riche
de sculpture, avec enroulemens & feuillages de
refend. En cela les anciens étoient plus prudens que
nous, & affectoient toûjours de rendre les sculptures
analogues à l'architecture. Voyez l'abus que les
modernes en font, aux articles,
Claveau, Agraffe.
(P)
Clé,
(Page 3:518)
Clé, en terme de Bottier, c'est un morceau de bois
plat, & plus mince en - bas qu'en - haut, que l'on en<cb->
fonce à force dans l'embouchoir pour en faire prendre
la forme à la botte. Voyez la fig. 29. Pl. du Cordonnier - Bottier.
Clé,
(Page 3:518)
Clé, c'est le nom que les Bourreliers, Selliers, &
Carrossiers donnent aux manivelles dont ils se servent
pour démonter les écrous des essieux à vis, ou pour
tourner les roues & pignons à crémaillere, sur lesquels
ils bandent les soûpentes qui portent le corps
des carrosses. Une des extrémités de cette clé est une
ouverture quarrée, & l'autre une ouverture octogone;
elles servent l'une & l'autre pour serrer les écrous
des mêmes formes. Il y en a de différente grandeur.
Voyez la fig. 22. Pl. du Bourrelier.
Clé,
(Page 3:518)
Clé, en termes de Brasserie, est une planche d'un
pié de long sur huit à neuf pouces de large, percée
d'un trou semblable à celui du fond de la cuve, &
de la maîtresse piece du faux - fond; de façon que le
trou de la maîtresse piece & celui de la clé soient un
peu plus grands, pour que la rape puisse passer aisément,
& boucher exactement le trou du fond de la
cuve,
Clés
(Page 3:518)
Clés petites & grandes, outil de Charron; c'est un
morceau de fer qui est plus ou moins gros & long,
selon l'usage de la clé. Par exemple pour une clé à
cric, le fer est de cinq à six piés de long sur deux pouces
d'épaisseur; & pour une clé à vis ordinaire, il y
en a depuis un pié & au - dessus.
C'est un morceau de fer rond par le corps, un peu
applati des deux bouts, & large dans le milieu où il
est percé d'un trou quarré de la grosseur des vis que
l'on veut serrer dans l'écrou.
Cette c>é sert aux Charrons pour serrer les vis
dans les écrous, pour monter & tendre les soûpentes
d'un carrosse sur les crics, & enfin pour visser
tous leurs ouvrages. Voyez la figure 13. Planche du
Charron.
Clés,
(Page 3:518)
Clés, (Grosses forges.) Voyez cet article.
Clé
(Page 3:518)
Clé du trépan, instrument de Chirurgie qui sert à
monter & démonter la pyramide du trépan couronné.
Voyez Trépan.
Clé,
(Page 3:518)
Clé, (Fontainier.) ce sont de grosses barres de
fer ceintrées, dont on fourre la boîte dans le fer d'un
regard pour tourner les robinets. Ce fer est montant
& se divise en parties plates qui embrassent les branches
d'un robinet, au moyen d'un boulon claveté
qui passe à - travers. (K)
Clé,
(Page 3:518)
Clé, en terme de Formier, c'est un morceau de bois
un peu aigu par un bout en forme de coin, qu'on introduit
dans la forme brisée pour l'ouvrir autant
que l'on veut. Voyez Pl. du Cordonnier - Bottier.
Clé
(Page 3:518)
Clé ou Accordoir: les faiseurs d'instrumens
de musique ont des clés pour monter & desserrer les
chevilles, auxquelles sont attachées les cordes des
clavecins, psaltérions, épinettes, &c. Ces clés sont
composées d'une tige de fer ou de cuivre A B, percée
par en - bas d'un trou quarré, dans lequel on
fait entrer la tête des chevilles; & elles sont surmontées
d'un petit marteau de fer ou de cuivre c C qui
tient lieu de poignée, & qui sert à frapper les chevilles
& les affermir quand elles sont montées. Voy.
la fig. 27. Pl. XVII. de Lutherie.
Il y a de plus aux accordoirs, clés, ou marteaux
des clavecins, épinettes, psaltérions, un crochet D
qui sert à faire les anneaux, par le moyen desquels
on accroche à leurs chevilles les cordes de laiton &
d'acier. Pour faire ces anneaux, on commence par
ployer le bout de la corde ensorte qu'elle forme une
anse, que l'on tient avec les doigts pollex & indicator
de la main gauche; on fait passer ensuite le crochet
D du marteau que l'on tient de la main droite, dans
l'anse de la corde, & on tourne la tige du marteau
pour faire entortiller l'extrémité de la corde qui forme
l'anse autour de cette même corde, laquelle se
termine ainsi en un anneau, par le moyen duquel
on peut l'accrocher où l'on veut.
[p. 519]
Clé
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Clé des étains, (Marine.)
« c'est une piece de
bois triangulaire qui se pose sur le bout des étains
& qui les entretient avec l'étambord: on l'appelle
aussi contrefort».
Voyez la forme de cette piece de
bois Pl. VI. Marine, fig. 12.
« La clé des étains a un pouce d'épaisseur moins
que l'étrave; elle est renforcée de deux courts bâtons,
& jointe à l'étrave par quelques chevilles de
for qui passent au - travers dans son milieu; & il y
en a quatre autres à chaque côté ».
(Z)
Clés
(Page 3:519)
Clés du guindas, (Marine.)
« ce sont de petites
pieces de bordage entaillées en rond, qui tiennent
les bouts du guindas sur les cotes.»
(Z)
Clé
(Page 3:519)
Clé de fond de mât, clé de mât de hune, (Marine.)
« c'est le bout d'une barre de fer, ou une grosse cheville
de bois qui entre dans une mortaise, au bout
d'en - bas du mât de hune, & qui sert à le soûtenir
debout, & que l'on ôte chaque fois qu'il faut amener
ce mât; ou bien c'est une cheville quarrée de
fer ou de bois, qui joint un mât avec l'autre vers
les barres de hune, & que l'on ôte quand il faut
amener le mât ».
Dictionn. de Marine. (Z)
Clé,
(Page 3:519)
Clé, (Menuiserie.) c'est un morceau de bois large
& mince, que l'on insere dans des mortaises faites
à des planches, pour les joindre ensemble. Voyez
fig. Pl. IV. de Menuiserie.
Clé,
(Page 3:519)
Clé, se dit aussi de pieces de bois en forme de
coin, que l'on fait entrer dans des mortaises faites
au bout des tenons qui excedent l'épaisseur du bois,
dans lesquels ils sont assemblés; comme on voit aux
tablettes de bibliotheques, &c.
Clé,
(Page 3:519)
Clé, en termes d'Orfevre - Bijoutier, est un morceau
de bois plat, quarré, large par un bout, & qui
va en retrécissant jusqu'à l'autre bout; il arrête les
poupées sur le banc, en passant dans leur tenon.
Voyez Banc.
Clé,
(Page 3:519)
Clé, (Plombier.) ce sont de grosses manivelles de
fer: l'ouverture s'applique aux robinets des regards
quand il s'agit de donner ou de soustraire l'eau aux
fontaines; la queue fait la fonction de levier, & donne
au plombier la facilité de tourner les robinets.
Clé,
(Page 3:519)
Clé, (Relieur.) ces ouvriers en ont une qui leur
sert à desserrer ou à serrer leur couteau. Voyez Pl.
I. du Relieur, fig. 13. voyez aussi l'article Relier. Ils
appellent cette clé, clé du fust; elle doit être de fer.
Clé,
(Page 3:519)
Clé, (Manufact. en soie.) ces ouvriers ont une
clé qui n'a rien de particulier. Voyez son usage à l'article
Velours ciselé.
Clé,
(Page 3:519)
Clé, (Tourneur.) coin de bois placé sous les jumelles
& dans la mortaise pratiquée à la queue des
poupées, qu'il tient fermes & solides. Voyez Tour.
Clés,
(Page 3:519)
Clés, (Jurispr.) mettre ou jetter les clés sur la fosse
du défunt, étoit une formalité extérieure qui se pratiquoit
anciennement par la femme après la mort de
son mari, en signe de renonciation à la communauté.
Chez les Romains, dont nos peres imiterent les
moeurs, la femme avoit le sein des clés: c'est pourquoi,
dans le cas du divorce, le mari ôtoit à la femme
les clés, suivant la loi des douze tables; & la femme
qui se séparoit de son mari, lui renvoyoit ses clés.
En France, il n'y avoit anciennement que les femmes
des nobles qui avoient la faculté de renoncer à
la communauté; ce qui leur fut accordé en considération
des dettes que leurs maris contractoient la
plûpart aux voyages & guerres d'Outremer; & en
signe de cette renonciation, elles jettoient leur ceinture
ou bourse & les clés sur la fosse de leur mari. Cet
usage est remarqué par l'auteur du grand coûtumier,
ch. xlj. Marguerite, veuve de Philippe due de Bourgogne, mit sur la représentation du défunt sa ceinture
avec sa bourse & les clés. Monstrelet, ch. xvij.
Bonne, veuve de Valeran comte de Saint - Pol, renonçant
aux dettes & biens de son mari, mit sur sa
représentation sa courroie & sa bourse. Monstrelet,
chap. cxxxix. Dans la suite, le privilége de renoncer
à la communauté fut étendu aux femmes des roturiers,
& établi par plusieurs coûtumes qui ont
preserit la même formalité, c'est - à - dire de jetter les
clés sur la fosse du défunt en signe que la femme quittoit
l'administration des biens de son mari, & la
ceinture ou bourse, pour marquer qu'elle ne retenoit
rien des biens qui étoient communs. C'est ce
que l'on voit dans la coûtume de Meaux, art. xxxiij.
& lij. Lorraine, tit. 2. art. iij. Malines, art. viij. L'ancienne coûtume de Melun, art. clxxxiij. Chaumont,
vij. Vitri, xcj. Laon, xxvj. Châlons, xxx. Duché
de Bourgogne, art. xlj. Namur, art. ljv.
Présentement la femme, soit noble ou roturiere,
a toûjours la faculté de renoncer à la communauté;
mais on ne pratique plus la vaine cérémonie de
jetter la bourse ni les clés sur la fosse du défunt.
(A)
CLECHÉ
(Page 3:519)
CLECHÉ, (Blason.) On croit que ce mot qui
est François est formé de clé, les extrémités de la
croix ayant quelque ressemblance avec les anneaux
des anciennes clés; il se dit, suivant Guillim, d'une
piece d'armoirie percée à jour ou traversée par une
autre de même figure qu'elle; par exemple, d'une
croix chargée d'une autre, de même couleur que
le champ qui paroît à - travers les ouvertures qu'elle
laisse.
Mais la Colombiere & quelques autres auteurs
prétendent que ces ouvertures ne sont qu'une circonstance
de la croix clechée, qu'ils appellent vuidée;
elle ne mérite, suivant eux, le nom de clechée, que
lorsqu'elle s'élargit du centre vers ses extrémités,
qui sont vuidées & terminées par un angle dans le
milieu.
Le P. Menestrier dit qu'on se sert du mot cleché,
en parlant des arrondissemens de la croix de Toulouse, qui a ses quatre extrémités faites en forme
d'anneaux de clé.
Venasque au comtat d'Avignon, d'azur à la croix
vuidée, clechée & pommettée d'or. Voyez le P. Menestrier; le dict. de Trév. & Chambers. (V)
CLECKUM
(Page 3:519)
CLECKUM, (Géog.) ville du duché de Lithuanie, dans le palatinat de Mcizlaw.
CLEDONISME
(Page 3:519)
CLEDONISME, s. m. cledonismus, (Divinat.)
espece de divination qui étoit en usage parmi les anciens.
Voyez Divination.
On n'est pas d'accord sur l'objet & la maniere de
cette sorte de divination; parce que le mot Grec
XLED>N, duquel est formé clédonisme, se prend en
plusieurs sens: 1° pour un bruit, rumor; 2° pour
un oiseau, avis; & 3° pour un dérivé du verbe
>LAW, & par contraction XLW, qui signific évoquer.
De là les auteurs donnent diverses significations
au mot clédonisme. Les uns prétendent que c'étoit
une espece d'augure ou de présage tiré des paroles
qu'on avoit entendues: car au rapport de Cicéron,
les Pythagoriciens observoient avec une attention
scrupuleuse, non - seulement les paroles des dieux,
mais encore celles des hommes, & étoient persuadés
que certaines paroles portoient malheur, comme
de prononcer le mot incendie dans un repas; ainsi
ils disoient domicile au lieu de prison, & les eumenides
au lieu de furies. Le clédonisme pris en ce sens, revient
à une autre espece de divination nommée onomancie. Voyez Onomancie.
D'autres soûtiennent que par clédonisme, il faut
entendre un augure tiré du chant ou du cri des oiseaux;
& que c'est en ce sens qu'Horace a dit:
Impios parr> recinentis omen.
Et Virgile,
Cava pr>dixit ab ilicç cornix. Eclog.
ce qui ne differe point de la divination appellée ornithomancie, Voyez Ornithomancie.
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