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La circoncision, dans l'antiquité, n'étoit cérémonie religieuse que pour les Juifs; mais lorsque d'autres peuples qui la pratiquoient pour d'autres fins & d'autres raisons, comme nous l'avons dit, vouloient embrasser le Judaïsme, la réitéroit - on? Dom Calmet assûre que quand les Juifs recevoient un prosélyte d'une nation où la circoncision étoit en usage, comme un Samaritain; un Arabe, un Egyptien, s'il avoit déjà reçû la circoncision, on se contentoit de lui tirer quelques gouttes de sang de l'endroit où l'on donne la circoncision, & ce sang s'appelloit le sang de l'alliance. Il ajoûte que trois témoins assistoient à cette cérémonie, afin de la rendre plus authentique, qu'on y bénissoit Dieu, & qu'on y récitoit cette priere: O Dieu, faites - nous trouver dans la loi les bonnes auvres & votre protection, comme vous avez introduit at homme dans votre alliance.
Les Juifs apostats s'efforçoient d'effacer en eux - mêmes la marque de la circoncision. Le texte du premier livre des Macchabées, ch. j. vers. 16. l'insinue clairement: Fecerunt sibi praputia, & recesserunt a testamento sancto; & S. Paul, dans la prem. aux Corinth. ch. vij. vers. 18. semble craindre que les Juifs convertis au Christianisme n'en usassent de même: Circumcisus aliquis vocatus est, non adducat praputium.
S. Jérôme, Rupert, & Haimon, nient la possibilité du fait, & croyent que la marque de la circoncision est tellement ineffaçable, que rien n'est capable de supprimer cette marque dans la chair du circoncis. Selon eux, ce qu'on lit dans les Macchabées doit s'entendre des peres qui ne vouloient pas donner la circoncision à leurs enfans. S. Jérôme donne d'ailleurs une explication forcée du passage de saint Paul, qu'on peut voir dans le P. Lami, introduct. à l'Ecrit. sainte, liv. I. ch. j. p. 7. mais, ajoûte ce dernier auteur, si l'autorité de l'Ecriture & de Josephe, liv. XII. ch. vj. des antiq. Jud. ne suffisoit pas, on
Quoi qu'il en soit, la circoncision telle qu'on la recevoit, avoit pour effet naturel de distinguer les Juifs des autres peuples: mais outre cela elle avoit divers effets moraux; elle servoit à rappeller aux Juifs qu'ils descendoient du pere des croyans, du pere du Messie selon la chair; elle servoit à les rendre imitateurs de la foi de ce grand homme, & à croire au Messie qui lui avoit été promis; elle étoit un symbole de la circoncision du coeur, selon Moyse, deuteron. xxx. vers. 6. & même selon Philon, de circumcisione, elle obligeoit le circoncis à l'observation de toute la loi, Galat. ch. v. vers. 3; enfin elle étoit la figure du baptême. Mais malgré les éloges excessifs que lui donnent les rabbins, M. Fleuri, dans les maurs des Israél. observe que les Juifs n'avoient point de sentiment unanime sur la nécessité de la circoncision; les uns la regardant comme un devoir essentiel, les autres comme un simple devoir de bienséance.
Les Théologiens la considerent comme un sacrement de l'ancienne loi, en ce qu'elle étoit un signe de l'alliance de Dieu avec la postérité d'Abraham: Propter hoc, dit S. Thomas, in lib. IV. sentent. dist. 1. quast. j. art. 2. ad. jv. quast. quia in Abraham fides primò habuit quasi notabilem quantitatem, ut propter fidei religionem ab aliis separaretur; ideo ei signaculum, sive sacramentum fidei determinatum fuit, scilicet circumcisio. Mais quelle grace ce sacrement conféroit - il, & comment la conféroit - il?
S. Augustin a prétendu que la circoncision remettoit le péché originel aux enfans. Voici ses paroles, lib. IV. de nuptiis & concupiscent. cap. ij. Ex quò instituta est circumcisio in populo Dei, quod erat tunc signaculum justiti> fidei ad significationem purgationis valebat, & parvulis originalis veterisque peccati. C'est ce qu'il répete dans ses livres contre Pélage & Cælestius, contre Julien, & contre la lettre de Petilien. S. Grégoire le grand n'est pas moins formel dans ses traités de morale sur Job: Quod apud nos valet gratia baptismatis, dit - il, liv. IV. ch. iij. hoc egit apud veteres vel pro parvulis sola fides, vel pro majoribus virtus sacrificii, vel pro iis qui ex Abrah> stirpe prodierunt mysterium circumcisionis. Le vénérable Bede, S. Fulgence, S. Prosper, embrassent la même doctrine, ainsi que plusieurs théologiens distingués, tels que le maître des sentences, qui dit expressément: Fuit circumcisionis sacramentum idem conferens remedium contra peccatum, quod nunc baptismus pr>stat. Alexandre de Halès, Scot, Durand, S. Bonaventure, & Estius, pensent de même: ces deux derniers ont même été jusqu'à avancer que la circoncision conféroit la grace ex opere operato, comme parle l'école, c'est - à - dire de la même maniere que la conferent les sacremens de la loi nouvelle.
Quelque respectables que soient toutes ces autorités, elles ne sont cependant pas infaillibles; & le sentiment le plus commun des Théologiens est, après S. Thomas, que la circoncision n'avoit point été instituée pour servir de remede au péché originel. 1°. Le texte de la genese cité au commencement de cet article, ne donne la circoncision que comme un signe d'alliance entre Dieu & son peuple, & nullement comme un remede à la tache originelle. 2°. S. Paul écrivant aux Romains, enseigne expressément qu'<-> Abraham reçut le figne de la circoncision, qui étoit comme le sceau de la justice qu'il avoit eue avant [p. 461]
L'autorité de S. Augustin n'est donc ici d'aucun poids: il lisoit ou dans les Septante on dans l'ancienne vulgate: tout enfant mále dont la chair n'aura pas été circoncise le huitieme jour, sera exterminé de son peuple, parce qu'il a violé mon alliance. Mais ces mots, le huitieme jour, ne se lisent ni dans l'Hébreu ni dans notre vulgate qui est faite sur l'Hébreu. 2°. S. Augustin croyoit que ces mots, sera exterminé de son peuple, signifioient sera condamné à l'enfer; & dans l'usage de l'Ecriture, & selon le sentiment commun des interpretes, ils signifient simplement, ou être puni de mort, ou être enlevé de ce monde par une mort précipitée, ou être séparé du corps des Israélites, ou être privé des graces & des prérogatives attachées à l'alliance de Dieu avec Abraham. 3°. C'est de cette derniere alliance qu'il s'agit uniquement dans ces mots, il a violé mon alliance, & non de celle que Dieu avoit faite avec nos premiers peres, & que nous avons tous violée dans la personne d'Adam, comme se le persuadoit S. Augustin, faute d'attention au texte du chap. xvij. de la genes. où le mot pactum, alliance, est répété jusqu'à huit fois, mais toûjours relativement aux engagemens que Dieu imposoit à Abraham.
Quoique la circoncision ne remît pas le péché originel, elle conféroit quelques graces, mais moins abondantes, moins efficaces que les graces de la loi évangélique. Elle ne les conféroit pas néanmoins par sa propre force, mais par les mérites & les bonnes dispositions de ceux qui la recevoient ou qui l'administroient, ex opere operantis, comme on parle dans l'école, & non pas ex opere operato, ainsi que ceux de la loi nouvelle; c'est la doctrine du concile de Florence & du concile de Trente. Voyez la dissert. de dom Calmet sur les effets de la circoncision, à la tête de son commentaire sur l'épître aux Romains.
L'origine & l'usage de la circoncision chez d'autres peuples que les Hébreux, est facile à démontrer; mais tous l'ont tirée d'Abraham & de ses descen<cb->
Les Tures ont une maniere de circoncire différente de celle des Juifs; car après avoir coupé la peau du prépuce ils n'y touchent plus, au lieu que les Juifs déchirent en plusieurs endroits les bords de la peau qui restent après la circoncision: c'est pourquoi les Juifs circoncis guérissent plus facilement que les Turcs. Ceux - ci avant la circoncision pressent aussi la peau à plusieurs reprises avec de petites pinces, pour l'engourdir & diminuer la douleur: ils la coupent ensuite avec un rasoir, puis ils mettent sur la plaie quelques poudres qui la guérissent. Mais comme ils ne croyent pas cette cérémonie nécessaire au salut, ils ne la font à leurs enfans que quand ceux - ci ont atteint l'âge de 7 ou 8 ans. On voit dans les mémoires de l'Etoile sous l'année 1581, qu'Amurat III. voulant faire circoncire son fils aîné âgé d'environ quatorze ans, envoya un ambassadeur à Henri III. pour le prier d'assister à cette cérémonie, qui devoit se célébrer à Constantinople au mois de Mai de l'année suivante. Les ligueurs, & sur - tout leurs prédicateurs, prenoient occasion de cette ambassade d'appeller Henri III le roi Turc, & lui reprochoient qu'il étoit parrain du fils du grand - seigneur.
Les Persans ne circoncisent leurs enfans qu'à treize ans; ainsi que les Arabes, en mémoire d'Ismael qui ne fut circoncis qu'à cet âge. Ceux de Madagascar coupent la chair à trois différentes reprises, & font beaucoup souffrir les enfans: celui des parens qui se saisit le premier du prépuce coupé, l'avale. Herrera parle d'une espece de circoncision en usage chez les Mexicains, quoiqu'ils n'eussent aucune connoissance du Judaïsme ni du Mahométisme: elle consistoit à couper le prépuce & les oreilles aux enfans si - tôt qu'ils étoient nés. En réchappoit - il beaucoup de cette opération?
A l'égard de la circoncision des femmes, elle n'a
jamais été en usage chez les anciens Hébreux, non
plus que chez les Juifs modernes, mais seulement
chez les Egyptiens, & dans quelques endroits de
l'Arabie & de la Perse. S. Ambroise, lib. II. de Abraham. cap. xj. avance indéfiniment que les Egyptiens
donnent la circoncision aux hommes & aux femmes
au commencement de la quinzieme année; & Strabon, liv. XVII. dit aussi que les femmes Egyptiennes reçoivent la circoncision. M. Huet dit à ce sujet
des choses assez curieuses, dans une note Latine sur
Origene que nous transcrirons ici: Circumcisio saminarum
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