ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"510"> extrémités. A ces tringles en communiquent d'autres encore plus menues, 1, 2, 3, 4, &c. aucune de ces tringles, soit grandes, soit petites, ne doit être mise ni en long, selon le fil du bois, ni même exactement en travers; le moins qu'on en peut employer est toûjours le meilleur; il suffit qu'il y en ait assez pour empêcher la table de voiler, & pour servir de lien aux pieces qui la composent.

On place ensuite sur le dessus de la table les deux chevalets a c, d b, fig. 1. savoir le chevalet a c, qui est le plus bas, du côté du sommier, à quatre piés ou quatre piés & demi ou environ de distance; l'autre, b d, qui est le plus haut, & qu'on appelle la grande S, comme l'autre la petite s, doit être collé à environ quatre ou cinq pouces loin de l'eclisse concave B D C, dont il doit suivre la courbure. Les chevalets doivent avoir une arrête fort aiguë du côté de la partie vibrante des cordes; ils sont garnis sur cette arrête de pointes de laiton ou de fer, coutre lesquelles appuient les cordes; on perce ensuite un trou R pour la rose. La rose est un petit ouvrage de carton très - délié, fait en forme de cuvette ou d'étoile, du fond de laquelle s'éleve une petite pyramide de même matiere: tout cet ouvrage peint & doré, est percé à jour, & ne sert que d'ornement, aussi bien que la couronne de fleurs, peinte en détrempe, dont on l'entoure. Entre les deux chevalets a c, b d, est un rang de pointes e d, enfoncées obliquement dans la table: ces pointes servent à accrocher les anneaux des cordes de la petite octave; de même que des pointes fichées dans la moulure, qui regne le long de l'éclisse concave B D C, servent à retenir celles des deux unissons. Toutes les cordes, après avoir passé sur deux chevalets, un de la table, & l'autre du sommier, vont se tortiller autour de ces chevilles, au moyen desquelles on leur donne un degré de tension convenable, pour les faire arriver au ton qu'elles doivent rendre.

On colle ensuite la table sur les tringles r, s, t, u, fig. 2. & la barre E F; il faut prendre un grand soin qu'elle soit bien appliquée & collée. Sur la table & autour des éclisses, on colle de petites moulures de bois de tilleul: ces moulures servent à la fois d'ornement, & affermissent la table sur les tringles.

On fait ensuite les claviers, que l'on place à la partie antérieure du clavecin, comme on voit dans la fig. 1. Les queues des touches doivent passer par - dessous le sommier, & répondre au - dessous de l'ouverture xy, fig. 2. par où les sautereaux (Voy. Sautereau) descendent sur les queues des touches qui les font lever lorsqu'on abaisse leur partie antérieure b, d, & pincer la corde qui leur répond par le moyen de la plume de corbeau dont leurs languettes sont armées. Voyez Clavier de clavecin, & Double clavier. Un des deux claviers est mobile dans la figure 1. c'est le clavier inférieur qui se tire en - devant par le moyen des pommelles X, fixées dans les bras ou côtés: sa marche est terminée par la rencontre de la barre M K, qui termine la partie antérieure du clavecin. Les touches du clavier inférieur font hausser les touches du second clavier (fig. 2.) par le moyen des pilotes 2 qui répondent, lorsque le clavier est tiré, sous les talons qui sont au - dessous des queues des touches du second clavier. Elles cessent de les mouvoir, lorsque le clavier est poussé; parce que la pilote passe au - delà du talon, ou de l'extrémité de la touche du second clavier aux touches duquel répond le premier rang de sautereaux, après avoir traversé le registre immobile & le guide. Les registres sont des barres de bois vêtues de cuir, percées d'autant de trous, avec un emporte - piece, qu'il y a de sautereaux & de touches au clavier. Voy. Registre de clavecin. Les registres sont placés parallelement au sommier entre lui & la barre E F; ils ont environ une ligne & demie ou deux lignes de je sur leur longueur. Le guide est placé à trois ou quatre pouces au - dessous des registres, & sert à conduire les sautereaux sur les touches. Voyez Guide de clavecin. Les sautereaux sont chiffrés, à commencer de E vers F, selon la suite des nombres 1, 2, 3, 4, 5, &c. pour servir de repaires & les mettre dans les mêmes places.

Par - dessus la tête des sautereaux on pose, à une distance convenable, une barre A B, fig. 1. qu'on appelle chapiteau, ou simplement barre, doublée de plusieurs doubles de lisiere de laine, contre lesquels les sautereaux vont heurter sans faire de bruit: cette barre peut s'ôter & se remette facilement, par le moyen de deux pointes qui sont à l'extrémité A, & d'un crochet qui est en B.

Des trois registres, il y en a un immobile: c'est le premier du côté du clavier, par lequel passent les sautereaux du second clavier. Les deux autres sont mobiles par deux leviers de fer qui les prennent par leurs extrémités: ces leviers qu'on appelle mouvemens, à cause qu'ils font mouvoir les registres, ont des pomelles S, T, qui passent au - travers des mortaises pratiquées à cet effet à la planche de devant du sommier; ils sont fixés à leur milieu par une vis qui entre dans le sommier, autour de laquelle ils peuvent se mouvoir librement: l'extrémité, qui passe sous la barre A B, a une pointe qui entre dans un trou qui est à l'extrémité du registre, que ce levier doit faire mouvoir; ensorte que, lorsque l'on pousse la pommelle S du côté de T, le registre attaché à l'extrémité A du levier S A, se meut en sens contraire de B vers A. L'usage des registres est d'approcher ou d'éloigner à volonté les sautereaux des cordes, pour que les plumes de leurs languettes touchent ou ne touchent point sur ces cordes.

Le clavecin étant ainsi achevé, on lui fait un couvercle, qui est une planche de bois de chêne ou de noyer, de même forme que la table de dessous: ce couvercle est de deux pieces; la plus grande qui couvre les cordes, & qui a la même forme que la table A B D C de l'instrument, s'assemble à charniere avec l'éclisse A C; l'autre piece, qui est un parallélogramme rectangle L A B I, & qui couvre les claviers & le sommier, est assemblée avec la premiere à charniere selon la ligne A B, ensorte qu'elle peut se renverser sur la grande piece. On leve les deux pieces ensemble, & on les soûtient en cet état par une barre de bois qui appuie d'un bout obliquement contre l'éclisse B, & de l'autre perpendiculairement au - dessous du couvercle.

On fait ensuite le pié P P P P, &c. (fig. 1. & 4.) composé de plusieurs piés B, P, P, assemblés & collés dans un chassis c l k g: ce chassis qui est de champ, est couvert par un autre C K L G qui est à plat, & autour duquel on fait quelque moulure; il est traversé par plusieurs barres H, F, E, B, qui servent à rendre l'ouvrage plus solide. On ménage dans la partie qui répond sous les claviers & le sommier, une place pour un tiroir N O N, fig. 1. & T, fig. 4. dans lequel on serre les livres de musique, les cordes, & autres choses concernant le clavecin, même le pupitre, lorsqu'il est fait de façon à pouvoir se ployer. On fait ensuite une planche qui ferme le devant des claviers M L I K, fig. 1. c'est dans le milieu de cette planche qu'est la serrure qui ferme tout l'instrument.

Il faut avoir un pupitre (fig. 5.) dont les côtés l a, i b, se posent sur les côtés L A, I B, (fig. 2.) du clavecin: ils sont assemblés par une traverse de longueur convenable, pour que les tringles f, a, g, h, prennent extérieurement les éclisses L A, I B. Sur le milieu de la traverse est un pivot qui entre dans le trou du talon du pupitre e, qui peut ainsi [p. 511] ourner de tous côtés: c'est sur le pupitre que l'on pose le livre qui contient la piece de musique que l'on veut joüer. Il y a aussi à la partie antérieure f g deux platines c, d, garnies de leurs bobeches & de bras ployans, dans lesquelles on met les bougies allumées, qui éclairent le elaveciniste lorsqu'il veut joüer la nuit.

On monte ensuite le clavecin de cordes, partie jaunes, partie blanches, c'est - à - dire de cuivre & d'acier: celles de cuivre servent pour les basses, & les autres pour les dessus. Les cordes jaunes & blanches sont de plusieurs numéros ou grosseurs: le numéro moindre marque les plus grosses cordes; le numéro premier en jaune est pour le c - sol - ut des basses à la double octave, au - dessous de celui de la clé d'ut, lequel doit sonner l'unisson de huit piés. Voyez Diapason. Lorsque le clavecin est à ravalement, comme celui représenté dans la Planche, on met en descendant des cordes jaunes encore plus grosses que le numéro premier, & qui sont marquées par 0, 00, 000; la corde 0 0 0 est la plus grosse qu'on employe jusqu'à présent, elle sert pour f - ut - fa du seize pié: on se sert aussi quelquefois pour le ravalement de cordes de cuivre rouge, marquées de même 0 0 0, 0 0, 0, 1, 2; ces cordes sont plus touchantes & plus harmonieuses que les cordes jaunes.

Table des numeros des cordes, & du nombre qu'on doit mettre de chacune, en commençant par les basses, & en montant selon la suite des sautereaux : la premiere colonne contient les numeros des cordes, & la seconde le nombre de cordes qu'on doit mettre à chaque numero. [omission: table; to see, consult fac-similé version]

12. Le numero 12 sert pour la petite octave à la place du numere 11; de même le numero 11 sert à la place du numero 10, ainsi des autres.

Pour la tablature de cet instrument, voyez la table du rapport de l'étendue des instrumens de musique, où les notes & les clés de musique sont placés au - dessous des touches d'un clavier, qui y est représenté par l'accord, voyez Partition; & remarquez que l'ut du milieu du clavecin doit être à l'unisson d'un tuyau de prestant de deux piés ouvert, & que la petite octave a c doit être accordée à l'octave au - dessus des grandes cordes b d, & à l'unisson du prestant. On se sert pour tourner les chevilles d'une clé appellée accordoir. Voyez Accordoir de Clavecin.

Clavecin oculaire, (Page 3:511)

* Clavecin oculaire, (Musiq. & Opt.) instrument à touches analogue au clavecin auriculaire, composé d'autant d'octaves de couleurs par tons & demi - tons, que le clavecin auriculaire a d'octaves de sons par tons & demi - tons, destiné à donner à l'ame par les yeux les mêmes sensations agréables de mélodie & d'harmonie de couleurs, que celles de mélodie & d'harmonie de sons que le clavecin ordinaire lui communique par l'oreille.

Que faut - il pour faire un clavecin ordinaire? des cordes diapasonnées selon un certain système de Musique, & le moyen de faire resonner ces cordes. Que faudra - t - il pour un elavecin oculaire? des couleurs diapasonnées selon le même système que les sons, & le moyen de les produire aux yeux: mais l'un est aussi possible que l'autre.

Aux cinq toniques de sons, ut, ré, mi, sol, la, correspondront les cinq toniques de couleurs, bleu, verd, jaune, rouge, & violet; aux sept diatoniques de sons, ut, ré, mi, fa, sol, la, si, ut. les sept diatoniques de couleurs, bleu, verd, jaune, aurore, rouge, violet, turquin, bleu clair; aux douze chromatiques ou sémi - diatoniques de sons, ut, ut, , ré, ré, , mi, fa, fa, , sol, sol, , la, la, , si, ut; les douze chromatiques ou sémi - diatoniques de couleurs, bleu, céladon, verd, olive, jaune, aurore, orangé, rouge, cramoisi, violet, agate, turquin, bleu, &c. d'où l'on voit naître en couleurs tout ce que nous avons en sons; modes majeur & mineur; genres diatonique, chromatique, enharmonique; enchaînemens de modulations; consonnances, dissonnances, mélodie, harmonie, ensorte que si l'on prend un bon rudiment de musique auriculaire, tel que celui de M. d'Alembert, & qu'on substitue par - tout le mot couleur au mot son, on aura des élémens complets de musique oculaire, des chants colorés à plusieurs parties, une basse fondamentale, une basse continue, des chiffres, des accords de toute espece, même par supposition & par suspension, une loi de liaison, des renversemens d'harmonie, &c.

Les regles de la musique auriculaire ont toutes pour fondement la production naturelle & primitive de l'accord parfait par un corps sonore quelconque: soit ce corps ut; il donne les sons ut, sol, mi, auxquels correspondront le bleu, le rouge, le jaune, que plusieurs artistes & physiciens regardent comme trois couleurs primitives. La musique oculaire a donc dans ses principes un fondement analogue à la musique auriculaire. Voyez Couleur.

Qu'est - ce que joüer? C'est, pour le clavecin ordinaire, sonner & se taire, ou paroître & disparoître à l'oreille. Que sera - ce que joüer pour le clavecin oculaire? se montrer & se tenir caché, ou paroître & disparoître à l'oeil: & comme la musique auriculaire a vingt ou trente façons de produire les sons, par des cordes, des tuyaux, des voix, des violons, des basses, des lyres, des guitarres, des clavecins, des épinettes, des hautbois, des flûtes, des fifres, des flageolets, des bassons, des serpens, des trompettes, des orgues, &c. la musique oculaire aura autant de façons correspondantes de produire les couleurs, des boîtes, des éventails, des soleils, des étoiles, des tableaux, des lumieres naturelles, artificielles, &c. voilà la pratique.

Les objections qu'on a faites contre la musique & l'instrument oculaires se présentent si naturellement, qu'il est inutile de les rapporter; nous osons seulement assûrer qu'elles sont si parfaitement, sinon détruites, au moins balancées par les réponses tirées de la comparaison des deux musiques, qu'il n'y a plus que l'expérience qui puisse décider la question.

La seule différence importante entre les deux clavecins qui nous ait frappés, c'est que quoiqu'il y ait sur le clavecin ordinaire un grand intervalle entre sa premiere & sa derniere touche, l'oreille n'apperçoit point de discontinuité entre les sons; ils sont liés pour elle comme si les touches étoient toutes voisines; au lieu que les couleurs seront distantes & disjointes à la vûe. Pour remédier à cet inconvénient dans la mélodie & l'harmonie oculaires, il faudroit

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