ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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ACMELLA (Page 1:108)

* ACMELLA, subst. plante qui vient de l'Isle de Ceylan où elle est commune. Voici son caractere selon P. Hotton, Professeur de Botanique à Leyde. Les fleurs de cette plante sortent de l'extrémité des tiges, & sont composées d'un grand nombre de petites fleurs jaunes, radiées, qui forment en s'unissant une tête portée sur un calice à cinq feuilles. Lorsque ces fleurs sont tombées, il leur succede des semences d'un gris obscur, longues & lisses, excepté celles qui sont au sommet: elles sont garnies d'une double barbe qui les rend fourchues; la tige est quarrée & couverte de feuilles posées par paires, semblables à celles de l'ortie morte, mais plus longues & plus pointues.

La vertu qu'elle a ou qu'on lui attribue de guérir de la pierre, en la dissolvant, l'a rendue célebre. En 1690 un Officier Hollandois assûra à la Compagnie des Indes Orientales qu'il avoit guéri plus de cent personnes de la néphrétique, & même de la pierre, par l'usage seul de cette plante. Ce témoignage fut confirmé par celui du Gouverneur de Ceylan. En 1699, le Chirurgien de l'Hôpital de la ville de Colombo écrivit les mêmes choses de l'Acmella à P. Hotton. Ce Chirurgien distinguoit dans sa Lettre trois sortes d'acmella différentes entr'elles, principalement par la couleur des feuilles; il recommandoit sur - tout celle à seinences noires & à grandes feuilles.

On cueille les feuilles avant que les fleurs paroissent; on les fait sécher au soleil, & on les prend en poudre dans du thé, ou quelqu'autre véhicule convenable: ou l'on fait infuser la racine, les tiges, & les branches dans de l'esprit - de - vin que l'on distille ensuite; l'on se sert des fleurs, de l'extrait, de la racine & de sels de cette plante dans la pleurésie, les coliques, & les fievres.

Comme une plante aussi importante ne peut être trop bien connue, j'ajoûterai à la description précédente celle de Breyn. Cet Auteur dit que sa racine est fibreuse & blanche, sa tige quarrée & haute d'environ un pié; qu'elle se divise en plusieurs branches; que ses feuilles sont longues, pointues, raboteuses, & un peu découpées, & que ses fleurs naissent aux extrémités des branches.

Le même Auteur ajoûte qu'on peut prendre deux ou trois fois par jour de la teinture d'acmella faite avec l'esprit - de - vin dans un verre de vin de France ou du Rhin, ou dans quelque décoction antinéphrétique, pour faciliter la sortie du gravier & des pierres.

Nous ne pouvons trop inviter les Naturalistes à rechercher les propriétés de cette plante. Quel bonheur pour le genre humain, si on lui découvroit par hasard celles qu'on lui attribue, & quel homme mériteroit mieux l'immortalité que celui qui se seroit livré à ce travail? Peut - être faudroit - il faire le voyage de Ceylan. Les substances animales prennent des qualités singulieres par l'usage que font les animaux de certains alimens plûtôt que d'autres; pourquoi n'en seroit - il pas de même des substances végétales? [p. 109] Mais si cette induction est raisonnable, il s'ensuit que telle plante cueillie d'un côté de cette montagne aura une vertu qu'on ne retrouvera pas dans la même plante cueillie de l'autre côté; que telle plante avoit jadis une propriété qu'elle n'a plus aujourd'hui, & qu'elle ne recouvrera peut - être jamais; que les fruits, les végétaux, les animaux sont dans une vicissitude perpétuelle par rapport à leurs qualités, à leurs formes, à leurs élémens; qu'un ancien d'il y a quatre mille ans, ou plûtôt que nos neveux dans dix mille ans ne reconnoîtront peut - être aucun des fruits que nous avons aujourd'hui, en les comparant avec les descriptions les plus exactes que nous en faisons; & que par conséquent il faut être extrèmement réservé dans les jugemens qu'on porte sur les endroits où les anciens Historiens & Naturalistes nous entretiennent de la forme, des vertus, & des autres qualités d'êtres qui sont dans un mouvement perpétuel d'altération. Mais, dira - t - on, si les alimens salubres dégénerent en poison, de quoi vivront les animaux? Il y a deux réponses à cette objection: la premiere, e'est que la forme, la constitution des animaux s'altérant en même proportion & par les mêmes degrés insensibles, les uns seront toûjours convenables aux autres; la seconde, c'est que s'il arrivoit qu'une substance dégénérât avec trop de rapidité, les animaux en abandonneroient l'usage. On dit que le malum persicum ou la pêche nous est venue de Perse comme un poison; c'est pourtant dans notre climat un excellent fruit, & un aliment fort sain.

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