ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"205"> font le négoce des aiguilles; il est considérable on les tire de Rouen & d'Evreux. L'Allemagne en fabrique beaucoup; il en vient sur - tout d'Aix - la - Chapelle. On n'en fabrique plus guere à Paris; si on y trouve encore quelques Aiguilliers, ce sont de ceux qui font de grandes aiguilles à broder, pour la tapisserie, pour les métiers à bas; en un mot des seules sortes qui se font à peu de frais, & qui se vendent cher. Il y a des aiguilles à tapisserie qu'on vend jusqu'à six sols la piece. Il n'étoit guere possible qu'une Communauté d'ouvriers fabriquant l'aiguille à coudre, qui demande tant de préparations, & qui se donne à si bon marché, se formât & se soûtînt dans une ville capitale où les vivres sont chers, à moins qu'elle n'en eût eu le privilége exclusif: mais il me semble qu'il n'y a qu'un seul cas où les priviléges exclusifs puissent être accordés sans injustice; c'est celui ou c'est l'inventeur d'une chose utile qui le demande. Il faut récompenser les inventeurs, afin d'exciter entre les sujets d'un état l'esprit de recherche & d'invention: mais accorder à une Compagnie le privilége exclusif de la fabrication d'un ouvrage que beaucoup de gens peuvent faire, c'est vouloir que cet ouvrage, au lieu de se perfectionner, aille toûjours en dégénérant, & soit toûjours vendu plus cher; le fabriquant privilégié sûr de vendre, met à ce qu'il fait le moins d'étoffe & de perfection qu'il peut; & le Marchand est contraint d'acheter sans mot dire. Dans l'impossibilité de se mieux pourvoir ailleurs, il faut qu'il se contente de ce qu'il trouve.

Les aiguilles à Tailleur se distribuent en aiguilles à boutons, à galons, & à boutonnieres, & en aiguilles à rabattre, à coudre, & à rentraire. L'aiguille dont le Tailleur se sert pour coudre, rentraire, & rabattre, est la même: mais entre les Tailleurs, les uns font ces manoeuvres avec une aiguille fine, les autres avec une aiguille un peu plus grosse. Il en est de même des aiguilles à boutons, à galons, & à boutonnieres; il ne seroit pourtant pas mal de prendre l'aiguille à boutons & à galons, un peu plus forte que l'aiguille à boutonnieres, parce qu'elle a plus de résistance à vaincre.

Les Chirurgiens se servent d'aiguilles ordinaires pour coudre les bandes, & autres pieces d'appareils. Il y en a de particulieres pour différentes opérations. On se sert d'aiguilles pour la réunion des plaies & pour la ligature des vaisseaux. Ces aiguilles sont courbes (V. les figures 6 & 7. Pl. III.) on y considere trois parties, la tête, le corps, & la pointe. La tête doit avoir moins de volume que le corps; elle est percée d'une ouverture longuette entre deux rainures latérales plus ou moins profondes, suivant la dimension de l'aiguille. L'usage de ces rainures est de contenir une partie des fils qui traversent l'oeil, afin qu'ils passent facilement dans les chairs. Les rainures & l'oeil doivent se trouver du côté des tranchans. Le corps de l'aiguille commence où finissent les rainures; il doit être rond, & commencer un triangle en approchant de la pointe. La pointe est la partie la plus large de l'aiguille: elle doit en comprendre le tiers. Elle forme un triangle dont la base est plate en - dehors; les angles qui terminent cette surface sont tranchans, & par conséquent très - aigus. Le commencement de cette pointe est large, & diminue insensiblement jusqu'à l'extrémité qui doit être assez fine pour faire le moins de douleur qu'il est possible, mais en même tems assez solide pour ne point s'émousser en perçant le tissu de la peau. La base du triangle dont nous avons parlé forme le ds ou la convexité de l'aiguille; la surface concave est double: ce sont deux biseaux séparés par une vive arrête. Par cette constraction, le corps & la tête armée des fils passent facilement par l'ouverture que la pointe a faite; & le Chirurgien ne risque point de se blesser, le corps de l'aiguille n'étant point tranchant; condition que la plûpart des Couteliers négligent. La courbure mal faite donne une grande imperfection aux aiguilles; & cette imperfection est commune. Il ne faut pas que la courbure soit particulierement affectée à la pointe; tout le corps de l'aiguille doit contribuer à former un arc; car l'aiguille en pénétrant à une certaine distance d'une levre de la plaie pour passer par son fond, & sortir à pareille distance de l'autre levre, doit décrire une ligne courbe dans toute son étendue; & si toute l'aiguille ne contribue pas également à la formation de sa courbure, l'opération sera très - douloureuse, & sujette à accidens; parce que la tête & le corps formant unc ligne droite, ne pourroient traverser les chairs qu'en froissant considérablement le passage. Il y a des aiguilles de différentes grandeurs & de différens degrés de courbure, selon la profondeur des plaies; on proportionne toûjours le volume du fil à celui des aiguilles, comme l'aiguille à la plaie. Voyez Plaie.

Les aiguilles pour la suture des tendons (Voyez fig. 8. Pl. III.) ont le corps rond; la pointe ne coupe point sur les côtés: elles sont plates par cette extrémité où il n'y a qu'un tranchant dans la concavité, la partie convexe étant arrondie & mousse; cette construction a été imaginée pour que l'aiguille ne fasse qu'écarter les fibres tendineuses qui sont disposées parallelement. L'oeil de cette aiguille doit par la même raison répondre à son tranchant & à son dos, afin que le fil passe plus facilement, & n'écarte pas la plaie. Les habiles Chirurgiens ne se servent pas de suture pour la réunion des tendons, ce qui supprime l'usage de ces aiguilles. Voyez Plaie des tendons.

Les aiguilles pour le bec de lievre (fig. 9. Pl. III.) sont toutes droites; leur corps est exactement cylindrique, & elles n'ont point d'oeil. Leur pointe est applatie, tranchante sur les côtés, & a la forme d'une langue de vipere, afin de couper en perçant, & de faire une voie large au reste de l'aiguille. Quelques Praticiens veulent que ces aiguilles soient d'or, pour ne se point rouiller dans la plaie.

M. Petit a imaginé des épingles d'or ou d'argent à deux têtes pour l'opération du bec de lievre. (fig. 11. Pl. III.) Les aiguilles qui sont destinées à les conduire sont en forme de lardoires. (fig. 10. Pl. III.) Leur corps est cylindrique; leur tête est fendue pour loger une extrémité des épingles: la pointe est un peu courbe, triangulaire, & tranchante sur les côtés. Voyez Bec de lievre.

Il y a une aiguille particuliere pour la ligature de l'artere intercostale. On en doit l'invention à M. Goulard, Chirurgien de Montpellier, & de la Société Royale des Sciences de cette ville. Elle ressemble à une petite algalie; sa tête est en plaque, son corps qui a trois pouces de longueur, est cylindrique: sa pointe qui est tranchante sur les côtés, & percée de deux trous, est à l'extrémité d'un demi - cercle capable d'embrasser une côte. Il y a une rainure sur la convexité pour loger les fils. Nous parlerons de ce moyen en parlant de la ligature de l'artere intercostale.

Les aiguilles à abattre la cataracte (fig. 12. Planche XXIII.) sont montées sur un manche d'ivoire, de bois, ou de métal, de trois pouces de long: elles sont droites, & la pointe est à langue de serpent bien tranchante. Il faut en avoir qui aient une petite rainure le long de leur corps pour conduire une lancette en cas de besoin. Ces aiguilles doivent être d'un acier bien pur & bien trempé; leur longueur au - delà du manche est d'un pouce trois ou quatre lignes; le manche peut leur servir d'étui. Voyez Cataracte.

L'aiguille à anevrisme (fig. 18. Pl. III.) a le corps cylindrique, sa tête est une petite palette qui sert à la tenir avec plus de sûreté; sa courbure est grande, & forme une panse pour donner plus de jeu à l'ins<pb-> [p. 206] trument. La pointe au lieu d'être triangulaire, comme aux autres aiguilles, est un cylindre applati dont les côtés sont obtus. L'extrémité de la pointe ne pique point; elle a un oeil à quelques lignes de sa pointe. On trouve une aiguille de cette forme, mais un peu plus matérielle, dans Ambroise Paré à l'article du point doré pour les hernies. Je n'ai pas pû découvrir à qui l'on devoit la perfection & l'application de cet instrument à l'opération de l'anevrisme. Saviard, Obs. 7. décrit cette aiguille dans l'appareil préparé pour l'opération d'un anevrisme en 1691, & en parle comme d'un instrument d'usage ordinaire. Voyez Anevrisme.

M. Petit a imaginé une aiguille pour l'anevrisme (Pl. XIX. fig. 3.) elle est plate, large, & un peu courbée en S. Elle a vers sa pointe qui est mousse deux ouvertures dans lesquelles on fait passer les deux bouts d'un ruban composé de trois ou quatre brins de fil. Lorsque cette aiguille est passée sous l'artere; on coupe l'anse du fil qu'elle portoit, & les deux bouts se trouvent d'un seul coup d'aiguille placés aux endroits où il faut faire la ligature. Cette aiguille convient aux anevrismes faux; on ne peut pas s'en servir aux anevrismes par dilatation, parce qu'il faudroit que la pointe de cette aiguille fût plus large que la poche, afin de porter d'un seul coup les fils au lieu où il le faut; & en outre il faudroit autant d'aiguilles qu'il peut y avoir de degrés différens de dilatation.

Il y a une aiguille pout l'opération de la fistule à l'anus; (Pl. XXVI. fig. 13.) cette aiguille doit être d'un argent mou & fort pliant: elle est longue de sept pouces, épaisse d'une demi - ligne, large de deux lignes à l'endroit de sa tête, & diminuant doucement pour se terminer en pointe. Il y a une ouverture ou chas de sept lignes de longueur à la tête de cet instrument; & on pratique sur une de ses surfaces une rainure qui commence à quelques lignes de son ouverture, & finit à quelques lignes de sa pointe. L'ouverture sert en cas de besoin à passer un séton, & la rainure à conduire un bistouri pour ouvrir un sinus, si on le juge à propos.

Il faut aussi que le Chirurgien porte dans son étui une aiguille à sétons. Je ne désigne pas par - là un mauvais instrument piquant & tranchant en forme de carrelet, pour percer la peau dans l'opération du séton, mais j'entends un stylet d'argent boutonné par une de ses extrémités, & avant à l'autre un oeil ou chas propre à porter une bandelette de linge effilée qu'on nomme séton, pour entretenir la communication de deux plaies. Voyez Séton & Opération du séton.

Comme il peut se trouver des plaies qui percent la cuisse de part en part, il faut que ie Chirurgien ait une aiguille fort longue; on la fait de deux pieces qui ont chacune environ cinq pouces de longueur. Une de ces pieces peut être appellée mâle, & l'autre femelle: celle - là a son extrémité antérieure boutonnée, & son autre extrémité est en vis. La piece femelle a un écrou dans son extrémité antérieure, & un oeil ou chas à son autre bout qui sert de tête à l'instrument. (Y)

* Ce sont les Couteliers qui font ces aiguilles; elles se forgent, s'émoulent, & se polissent comme les autres ouvrages de ces ouvriers. Voyez l'article Coutelier.

Aiguille (Page 1:206)

Aiguille, instrument de blanchisseurs de cire; c'est un morceau de fer long dont ils se servent pour déboucher les trous de la greloüoire, lorsque la cire s'y arrête.

Aiguille (Page 1:206)

Aiguille, terme & outil de Guainier; cette aiguille est de la longueur d'un pouce; elle se met dans le porte - aiguille, & sert à l'ouvrier à faire les trous dans ses ouvrages pour y poser les petits clous d'ornement. Du reste elle n'a rien de particulier dans sa forme, sinon que pointue par un bout, comme la plûpart des autres aiguilles, elle n'est pas ouverte ou percée par l'autre.

Il y a une petite aiguille de Gantier qui n'est proprement, ni à cul rond, ni à cul long, mais dont la pointe est en tiers point; de maniere pourtant qu'une des faces est plus large que les deux autres. La raison de cette forme, c'est que cette aiguille destinée à coudre des peaux extrèmement fines, qui doivent être cousues à points imperceptibles, étant faite proprement en langue, fend plûtôt ces peaux qu'elle n'y fait des trous, & permet une couture si fine qu'on le veut.

Aiguille (Page 1:206)

Aiguille à tête ou à cheveux; c'est un morceau d'acier, fer, léton, argent, or, &c. poli & menu, de quatre pouces de longueur, ou environ, dont les femmes se servent pour arranger leurs cheveux quand elles se coëffent. Ces aiguilles ont la tête plate & percée en longueur, & la pointe peu piquante. Il n'est pas nécessaire de rendre raison de cette forme.

Aiguille (Page 1:206)

Aiguille à réseau; c'est un morceau de fer fendu par les deux extrémités, dont on se sert pour faire les réseaux sur lesquels les Perruquiers appliquent les tresses de cheveux pour monter leurs perruques. V. Réseau.

Aiguille (Page 1:206)

Aiguille à emballer, grosse aiguille de fer ou d'acier, longue de cinq ou six pouces, ronde par la tête, tranchante & à trois quarres par la pointe.

Aiguille (Page 1:206)

Aiguille à matelas, autre espece d'aiguille de douze ou quinze pouces de longueur; les Tapissiers s'en servent pour piquer de ficelle leurs matelas, & autres ouvrages.

Aiguille (Page 1:206)

Aiguille à empointer; especes de carrelets assez longs dont les Marchands se servent pour arrêter avec du gros fil ou de la ficelle les plis des pieces d'étoffe.

Aiguille (Page 1:206)

Aiguille servant à faire les filets ou reseaux de ficelle, corde, cordonet, & dont on se sert pour pêcher, chasser, & fermer les baies des jeux de paulme, est pour les grands ouvrages à mailles larges, une piece de bois, & pour les petits une piece de fer terminée en pointe obtuse par une de ses extrémités A (fig. 1. Planche du Paumier.) & par l'autre en fourchette sur laquelle on monte la ficelle ou le fil dont le filet doit être composé. Cette aiguille a une ouverture vers sa pointe dont les deux tiers sont occupés par une languette cylindrique qui se termine en pointe. Cette languette doit être dans le même plan que l'aiguille qui est plate. On attache en D extrémité insérieure de la languette un bout de la ficelle dont on veut garnir l'aiguille. Cette ficelle ainsi attachée est conduite dans la fourchette C, & revient par l'autre côté de l'aiguille embrasser la languette B; elle retourne ensuite dans la fourchette d'où elle revient encore embrasser la languette, mais du côté opposé à son premier tour, ainsi de suite jusqu'à ce que l'aiguille en soit suffisamment garnie. Voyez à l'article Filet l'usage de cette aiguille & comment on fabrique les filets par son moyen.

Aiguille (Page 1:206)

Aiguille, chez les Piqueurs d'étuis, de tabatieres, &c. est une espece de petit poinçon dont on se sert pour forer les pieces qu'on veut piquer. Elle est trop petite pour être tenue entre les doigts; c'est pour cela qu'elle est montée sur une espece de manche ou porteaiguille. Si la matiere à piquer est dure, on supplée à l'aiguille par le foret ou le perçoir. Voyez Perçoir.

Aiguille (Page 1:206)

Aiguille à Sellier; c'est une aiguille à quatre quarres, dont les Selliers se servent pour coudre leurs ouvrages; on l'appelle aussi carrelet à cause de sa figure qui est quarrée: il y en a de grosses, de moyennes & de fines, suivant la délicatesse de l'ouvrage auquel on veut les employer.

Aiguille (Page 1:206)

Aiguille de chasse, morceau de fer (N fig. 11. Planche de Draperie.) ouvert d'un côté, d'un pié de longueur, & tarodé de l'autre de la même longueur,

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