ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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qui étoit presque une fois plus grand que les autres.
Descript. des Anim. vol. III. part. 2. page 89. & suiv.
Joignons à cette description d'un jeune aigle quelque
chose de ce qu'Aldrovande a dit d'un aigle royal,
qui avoit pris tout son accroissement; il pesoit douze
livres; il avoit trois piés neuf pouces de longueur
depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémité de la
queue, qui n'excédoit les pattes étendues que d'environ
quatre pouces; l'envergure étoit de six piés, le
bec avoit une palme & un pouce de longueur, &
deux pouces de largeur au milieu; l'extrémité crochue
de la partie supérieure du bec étoit longue
d'un pouce & de couleur noire; le reste étoit de couleur
de corne, tirant sur le bleu pâle, taché de brun;
la langue ressembloit assez à celle de l'homme; les
yeux étoient fort enfoncés sous une prééminence de
l'os du front; l'iris brilloit comme du feu, & étoit
légerement teinte de vert; la prunelle étoit fort noire;
les plumes du cou étoient fermes & de couleur
de fer; les aîles & la queue étoient brunes, & cette
couleur étoit d'autant plus foncée, que les plumes
étoient plus grandes; les petites plumes du reste du
corps étoient d'un brun roux ou châtain, & parsemées
de taches blanches, plus fréquentes sur le dos
que sur le ventre de l'oiseau. Toutes ces plumes
étoient blanches à leur racine; il y avoit six grandes
plumes dans chaque aile: les tuyaux étoient forts,
plus courts que ceux des plumes d'oie, & très - bons
pour écrire. Les jambes étoient revêtues de plumes
jusqu'aux piés, dont la couleur étoit jaunâtre; les
doigts étoient couverts d'écailles; les griffes avoient
depuis deux jusqu'à six pouces de longueur.
Willughbi a vû trois aigles dont la queue étoit
blanche en partie, & il les rapporte à l'espece de l'aigle
royal. Chryseoetos, Ornit. page 28.
Petit Aigle noir
(Page 1:195)
Petit Aigle noir, Willughbi a décrit un aigle
de cette espece, qui étoit de moitié plus gros que le
corbeau, mais plus petit que l'aigle à queue blanche;
il avoit les mâchoires & les paupieres dégarnies de
plumes & rougeâtres: la tête, le cou, & la poitrine
étoient noires; on voyoit au milieu du dos, ou plûtôt
entre les épaules, une grande tache de figure
triangulaire, & d'un blanc roussâtre le croupion
étoit roux; les petites plumes des ailes étoient de la
couleur de la buse; les grandes plumes étoient traversées
par une bande noire qui joignoit une autre
bande blanche: enfin ce qui restoit des plumes jusqu'à
leur extrémité étoit d'une couleur cendrée très - foncée; le bec étoit moins gros que celui de l'aigle
blanc; sa pointe étoit noire, & le gros bout de couleur
jaunâtre, auprès de la peau qui étoit rouge vers
les narines; l'iris des yeux étoit de couleur de noisette;
il y avoit des plumes qui couvroient le dessus
des pattes, qui étoient rouges au - dessous des p>mes:
enfin les ongles étoient fort longs.
Aigle a queue blanche
(Page 1:195)
Aigle a queue blanche. Cet oiseau tire son
nom de la couleur blanche qu'il a sur la queue, selon
la description que Willughby a faite d'un mâle
de cette espece dans son Ornithologie, page 31. Il
pese huit livres & demie; il a environ deux piés &
demi depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémité de
la queue, & seulement vingt - six à vingt - sept pouces
si on ne prend la longueur que jusqu'au bout des pattes;
l'envergure est de six piés quatre pouces. Le bec
a presque deux pouces de longueur depuis la pointe
jusqu'aux narines, & trois jusqu'aux angles de la bouche,
& presque trois jusqu'aux yeux. Le bec a près
d'un pouce un quart de largeur; l'extrémité crochue
de la partie supérieure du bec excede presque d'un
pouce la partie inférieure: l'ouverture des narines
est longue d'un demi - pouce, & se trouve dans une
direction oblique. Le bec est d'un jaune clair, de même
que la peau qui recouvre sa base & qui environne
les narines. La langue est large, charnue, & noire
par le bout; son impression est marquée sur le palais
par une cavité; il a de grands yeux enfoncés sous une
prééminence de l'os du front. Ses yeux sont de couleur
de noisette pâle. Willughbi en avoit vû d'autres
de la même espece avec des yeux jaunes & rouges;
celui - ci a les piés d'une couleur jaune claire avec de
grands ongles crochus; celui de derriere, qui est le
plus grand, a un pouce de longueur; le doigt du milieu
a deux pouces. La tête de l'oiseau est blanchâtre;
la côte des petites plumes pointues est noire: il
n'y a point de plumes entre les yeux & les narines,
mais cet espace est couvert de soies cotoneuses par
le bas. Les plumes du cou sont fort étroites, & les
premieres un peu roussâtres. Le croupion est noirâtre,
& tout le reste du corps de couleur de fer. Il y a
environ vingt - sept grandes plumes dans chaque aile,
qui sont très - bonnes pour écrire; la troisieme & la
quatrieme sont les plus longues; la seconde a un demi - pouce de moins que la troisieme, & la premiere
environ trois pouces & demi moins que la seconde.
Toutes les grandes plumes des ailes sont noirâtres,
& les plus petites sont de couleur cendrée par le
bord. Les ailes repliées ne vont pas jusqu'au bout de
la queue. La queue est composée de douze plumes,
& longue de près de onze pouces; la partie supérieure
des plumes est blanchâtre, & l'inférieure noire.
Willughbi avoit vû un autre oiseau de cette espece,
dont la queue étoit blanche à son origine, &
noire par le bout. Dans celui - ci les plumes extérieures
de la queue sont moins longues que celles
du milieu, & leur longueur diminue par degrés à
mesure qu'elles en sont éloignées.
Willughby trouva cet aigle à Venise, & il le
rapporta à l'espece dont il s'agit à cause du blanc
de la queue. La couleur de la tête & du bec de
cet oiseau suffit, selon l'auteur qui vient d'être
cité, pour le distinguer de l'aigle royal, dont la
queue est traversée par une bande blanche.
Cette description de l'aigle à queue blanche,
n'est pas d'accord avec celle d'Aldrovande dans son
Ornithologie, liv. 11. cap. 5.
Il y a des aigles sur le mont Caucase, sur le Taurus, au Pérou, en Angleterre, en Allemagne, en
Pologne, en Suede, en Danemarc, en Prusse,
en Russie, & en général dans tout le Séptentrion,
où ils trouvent des oiseaux aquatiques qui sont aisés
à prendre parce - qu'ils volent difficilement, &
quantité d'animaux, &c. Ils habitent les rochers
les plus escarpés, & les arbres les plus élevés.
Ils se plaisent dans les lieux les plus reculés & les
plus solitaires, fuyant non - seulement les hommes
& leurs habitations, mais aussi le voisinage des
autres oiseaux de proie. Il y a deux especes d'aigles
qui semblent être plus familiers: l'aigle à queue
blanche, qui approche des villes & qui séjourne
dans les bois & dans les plaines; & le huard qui
reste sur les lacs & les étangs. En général ils se
nourrissent de la chair des poissons, des crabes,
des tortues, des serpens, des oiseaux, tels que les
pigeons, les oies, les cygnes, les poules, & beaucoup
d'autres. Ils n'épargnent pas même ceux de leur
espece, lorsqu'ils sont affamés. Ils enlevent les lievres;
ils attaquent & ils déchirent les brebis, les
daims, les chevres, les cerfs, & même les taureaux;
enfin ils tombent sur toute sorte d'animaux,
& quelquefois le berger n'est pas en sûreté contr'eux auprès de son troupeau. L'aigle est très - chaud.
On a prétendu qu'il s'approchoit jusqu'à trente fois
au moins de sa femelle en un seul jour; & on a
ajoûté que la femelle ne refusoit jamais le mâle
même après l'avoir reçu tant de fois. Les aigles
font leur aire sur les rochers les plus escarpés ou
sur le sommet des arbres les plus élevés. Quelquefois les bâtons dont l'aire est composée tien>
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nent d'un côté à un rocher & de l'autre à des arbres.
On a vû des aires qui avoient jusqu'à six piés
en quarré; elles sont revêtues de morceaux de
peaux de renard ou de lievre & d'autres pelleteries
pour tenir les oeufs chauds. La ponte est ordinairement
de deux oeufs, & rarement de trois: ils les
couvent pendant vingt ou trente jours; la chaleur
de l'incubation est très - grande: on croît qu'il n'éclôt
ordinairement qu'un seul aiglon: le pere &
la mere ont grand soin de leurs petits; ils leur apportent
dans leur bec le sang des animaux qu'ils
ont tués, & ils leur fournissent des alimens en abondance,
souvent même des animaux, comme des lievres,
ou des agneaux encore vivans sur lesquels les
aiglons commencent à exercer leur férocité naturelle.
Lorsqu'on peut aborder une aire, on y trouve
différentes parties d'animaux, & même des animaux
entiers bons à manger, du gibier, des oiseaux.
&c. On les enleve à mesure que l'aigle les apporte,
& on retient l'aiglon en l'enchaînant pour
faire durer cet approvisionnement: mais il faut éviter la présence de l'aigle; cet oiseau seroit furieux,
& on auroit beaucoup à craindre de sa rencontre;
car on dit que sans être irrité, il attaque les enfans.
On dit aussi que l'aigle porte son petit sur
ses ailes, & que lorsqu'il est assez fort pour se soûtenir,
il l'éprouve en l'abandonnant en l'air, mais
qu'il le soûtient à l'instant où les forces lui manquent.
On ajoûte que dès qu'il peut se passer de
secours étrangers, le pere & la mere le chassent
au loin, & ne le souffrent pas dans leur voisinage
non plus qu'aucun autre oiseau de proie. Mais la plûpart
de ces faits n'ont peut - être jamais été bien observés;
il faudroit au moins tâcher de les confirmer. Je ne
parlerai pas de ceux qui sont démentis par l'expérience,
ou absurdes par eux - mêmes: par exemple,
la pierre d'aigle qui tempere la chaleur de l'incubation,
& qui fait éclorre les petits: Voyez Pierre
d'Aigle: l'épreuve qu'ils font de leurs petits en
les exposant aux rayons du Soleil, & en les abandonnant
s'ils ferment la paupiere: la maniere dont
les vieux aigles se rajeunissent; & tant d'autres faits
qu'il est inutile de rapporter.
Les Naturalistes assûrent que l'aigle vit longtems,
& peut - être plus qu'aucun autre oiseau. On
prétend que lorsqu'il est bien vieux, son bec se courbe
au point qu'il ne peut plus prendre de nourriture.
Cet oiseau est un des plus rapides au vol &
des plus forts pour saisir sa proie. Il est doüé à un
degré éminent de qualités, qui lui sont communes
avec les autres oiseaux de proie, comme la vûe
perçante, la férocité, la voracité, la force du bec
& des serres, &c. Voyez Oiseau de proie. (I)
*l'Aigle est un oiseau consacré à Jupiter, du jour
où ce Dieu ayant consulté les augures dans l'isle de
Naxos, sur le succès de la guerre qu'il alloit entreprendre
contre les Titans, il parut un aigle qui lui
fut d'un heureux présage. On dit encore que l'aigle
lui fournit de l'ambroisie pendant son enfance,
& que ce fut pour le récompenser de ce soin qu'il
le plaça dans la suite parmi les astres. L'aigle se
voit dans les images de Jupiter, tantôt aux piés
du Dieu, tantôt à ses côtés, & presque toûjours
portant la foudre entre ses se>es. Il y a bien de
l'apparence que toute cette fable n'est fondée que
sur l'observation du vol de l'aigle qui aime à s'élever
dans les nuages les plus hauts, & à se tenir
dans la région du tonnerre. C'en fut là tout autant
qu'il en falloit pour en faire l'oiseau du Dieu
du ciel & des airs, & pour lui donner la foudre
à porter. Il n'y avoit qu'à mettre les Payens en
train, quand il falloit honorer leurs Dieux: la superstition
imagine plûtôt les visions les plus extravagates
& les plus grossieres, que de rester en
repos. Ces visions sont ensuite consacrées par le
tems & la crédulité des peuples, & malheur à celui
qui sans être appellé par Dieu au grand & périlleux
état de missionnaire, aimera assez peu son repos
& connoîtra assez peu les hommes, pour se
charger de les instruire. Si vous introduisez un
rayon de lumiere dans un nid de hibous, vous ne
ferez que blesser leurs yeux & exciter leurs cris.
Heureux cent fois le peuple à quila religion ne
propose à croire que des choses vraies, sublimes &
saintes, & à imiter que des actions vertueuses;
telle est la nôtre, où le Philosophe n'a qu'à suivre
sa raison pour arriver aux piés de nos Autels.
Aigle
(Page 1:196)
Aigle, s. m. en Astronomie, est le nom d'une des
constellations de l'hémisphere septentrional; son aile
droite touche à la ligne équinoctiale; son aile gauche
est voisine de la tête du serpent; son bec est séparé
du reste du corps par le cercle qui va du cancer
au capricorne.
L'aigle & Antinoüs ne font communément qu'une
même constellation. Voyez Constellation.
Ptolomée dans son catalogue ne compte que 15
étoiles dans la constellation de l'aigle & d'Antinoüs,
Tycho - Brahé en compte 17: le catalogue Britannique en compte 70. Hevelius a donné les longitudes,
latitudes, grandeurs, &c. des étoiles qui
sont nommées par les deux premiers Auteurs; on
peut voir le calcul du catalogue Britannique sur
cette constellation dans l'Histoire Celeste de Flamstéed.
(O)
Aigle
(Page 1:196)
Aigle, s. f. en Blason, est le symbole de la royauté,
parce qu'il est, selon Philostrate, le roi des oiseaux;
c'est aussi la >aison pour laquelle les anciens l'avoient
dédié à Jupiter.
L'Empereur, le Roi de Pologne, &c. portent
l'aigle dans leurs armes: on l'estime une des parties
les plus nobles du Blason; & suivant les connoisseurs
dans cet art, elle ne devroit jamais être donnée
qu'en récompense d'une bravoure ou d'une générosité
extraordinaire. Dans ces occasions, on peut
permettre de porter ou une aigle entiere, ou une
aigle naissante, ou bien seulement une tête d'aigle.
On représente l'aigle quelquefois avec une tête,
quelquefois avec deux, quoiqu'elle n'ait jamais
qu'un corps, deux jambes, & deux ailes ouvertes
& étendues, & en ce cas on dit qu'elle est éployée:
telle est l'aigle de l'Empire, qu'on blasonne ainsi;
une aigle éployée, sable, couronnée; languée, becquée & membrée de gueule.
La raison pour laquelle on a coûtume de donner
dans le Blason des aigles avec les ailes ouvertes &
étendues, est que dans cette attitude elles remplissent
mieux l'écusson, & qu'on s'imagine que
cette attitude est naturelle à l'aigle lorsqu'elle arrange
son plumage, ou qu'elle regarde le Soleil. On
voit cependant dans les armoiries, des aigles dans
d'autres attitudes; il y en a de monstrueuses, à
tête d'homme, de loup, &c.
Les Auteurs modernes se servent du mot éployée,
pour désigner une aigle qui a deux têtes; & l'appellent
simplement aigle, sans ajoûter d'épithete,
lorsqu'elle n'en a qu'une. Le Royaume de Pologne
porte gueule, une aigle argent, couronnée & membrée, or.
L'aigle a servi d'étendart à plusieurs nations. Les
premiers peuples qui l'ont portée en leurs enseignes
sont les Perses, selon le témoignage de Xénophon.
Les Romains, après avoir porté diverses autres enseignes,
s'arrêterent enfin à l'aigle, la seconde année
du Consulat de Marius: avant cette époque, ils
portoient indifféremment des loups, des léopards
& des aigles, selon la fantaisie de celui qui les commandoit.
Voyez Étendart.
Plusieurs d'entre les Savans soûtiennent que les
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