RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
ADVOUÉ (Page 1:152)
ADVOUÉ, adj. (Jurisprud.) signifioit anciennement l'Advocat, c'est - à - dire, le Patron ou Protecteur d'une Eglise ou Communauté Religieuse.
Ce mot vient, ou du Latin Advocatus, appellé à l'aide, ou de advotare, donner son suffrage pour une chose.
Les Cathédrales, les Abbayes, les Monasteres, & autres Communautés ecclésiastiques, avoient leurs Advoüés. Ainsi Charlemagne prenoit le titre d'Advoüé de Saint Pierre; le Roi Hugues, de Saint Riquier: & Bollandus fait mention de quelques Lettres du Pape Nicolas, par lesquelles il établissoit le saint Roi Edouard & ses successeurs Advoüés du Monastere de Westminster, & de toutes les Eglises d'Angleterre.
Ces Advoüés étoient les Gardiens, les Protecteurs,
& en quelque sorte les Administrateurs du temporel
des Eglises; & c'étoit sous leur autorité que se faisoient
tous les contrats concernant ces Eglises. Voyez
Il paroît même par d'anciennes chartres que les donations qu'on faisoit aux Eglises étoient conférées en la personne des Advoüés.
C'étoient eux qui se présentoient en jugement pour les Eglises dans toutes leurs causes, & qui rendoient la justice pour elles dans tous les lieux où elles avoient jurisdiction.
C'étoient eux qui commandoient les troupes des
Eglises en guerre, & qui leur servoient de champions
& de duellistes. Voyez
On prétend que cet office fut introduit dès le tems de Stilicon dans le IV. siecle: mais les Bénédictins n'en font remonter l'origine qu'au VIII. act. S. Bened. S. III. P. I. Proef. p. 9. &c.
Dans la suite, les plus grands Seigneurs même firent
les fonctions d'Advoüés, & en prirent la qualité,
lorsqu'il fallut défendre les Eglises par leurs armes,
& les protéger par leur autorité. Ceux de quelques
Monasteres prenoient le titre de Conservateurs: mais
ce n'étoit autre chose que des Advoüés sous un autre
nom. Voyez
Il y eut aussi quelquefois plusieurs Sous - advoüés ou Sous - advocats dans chaque Monastere, ce qui néanmoins sit grand tort aux Monasteres, ces Officiers inférieurs y introduisant de dangereux abus; aussi furent - ils supprimés au Concile de Rheims en 1148.
A l'exemple de ces Advoüés de l'Eglise, on appella aussi du même nom les maris, les tuteurs, ou au<pb-> [p. 153]
Les Vidames prenoient aussi la qualité d'Advoüés;
& c'est ce qui fait que plusieurs Historiens du VIII.
siecle confondent ces deux qualités. Voyez
Et c'est aussi pourquoi plusieurs grands Seigneurs
d'Allemagne, quoique séculiers, portent des mitres
en cimier sur leur écu, parce que leurs peres ont
porté la qualité d'Advoüés de grandes Eglises. Voyez
Spelman distingue deux sortes d'Advoüés ecclésiastiques en Angleterre: les uns pour les causes ou procès, qu'il appelle Advocati causarum; & les autres pour l'administration des domaines, qu'il appelle Advocati soli.
Les premiers étoient nommés par le Roi, & étoient ordinairement des Advocats de profession, intelligens dans les matieres ecclésiastiques.
Les autres qui subsistent encore, & qu'on appelle
quelquefois de leur nom primitif Advoüés, mais plus
souvent Patrons, étoient & sont encore héréditaires,
étant ceux - mêmes qui avoient fondé des Eglises, ou
leurs héritiers. Voyez
Il y a eu aussi des femmes qui ont porté la qualité d'Advoüées, Advocatissoe; & en effet le Droit canonique fait mention de quelques - unes qui avoient même droit de présentation dans leurs Eglises que les Advoüés; & même encore à présent, si le droit de Patronage leur est transmis par succession, elles l'exercent comme les mâles.
Dans un Edit d'Edouard III. Roi d'Angleterre, on trouve le terme d'Advoüé en chef, c'est - à - dire, Patron souverain qui s'entend du Roi, qualité qu'il prend encore à présent, comme le Roi de France la prend dans ses Etats.
Il y a eu aussi des Advoüés de contrées & de provinces. Dans une chartre de 1187, Berthold Duc de Zeringhem est appellé Advoüé de Thuringe; & dans la notice des Eglises Belgiques publiée par Miraeus, le Comte de Louvain est qualifié Advoüé de Brabant. Dans l'onzieme & douzieme siecle, on trouve aussi des Advoüés d'Alsace, de Souabe, &c.
Raymond d'Agiles rapporte qu'après qu'on eut repris
Jérusalem sur les Sarrasins, sur la proposition
qu'on sit d'élire un Roi, les Evêques soûtinrent,
The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.