ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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AGA (Page 1:165)

AGA, s. m. (Hist. mod.) dans le langage du Mogol, est un grand Seigneur ou un Commandant.

Les Turcs se servent de ce mot dans ce dernier sens; ainsi chez eux l'Aga des Janissaires est le Colonel de cette troupe. Le Capi - Aga est le Capitaine de la porte du Serrail. Voyez Janissaire, Capi - Aga.

Ils donnent aussi quelquefois le titre d'Aga par politesse à des personnes de distinction, sans qu'elles ayent de charge ni de commandement. Mais aux personnes revêtues du titre d'Aga, par honneur & par respect pour leur dignité, on emploie le mot d'Agarat, terme pluriel, au lieu de celui d'Aga qui est singulier. Ainsi parmi nous, au lieu de vous, nous disons à certaines personnes votre Grandeur; & au lieu de je, un Ministre ou Officier Général écrit nous, &c.

En quelques occasions, au lieu d'Aga, ils disent Agasi ou Agassi: ainsi ils appellent l'Aga ou Commandant général de la Cavalerie, Spahilar Agassi. Voyez Page, Oda, Spahi , &c.

Aga (Page 1:165)

Aga des Janissaires, Voyez Janissaire - Aga.

Aga (Page 1:165)

Aga des Spahis, Voyez Spahilar - Aga. (G)

AGACE (Page 1:165)

AGACE, s. f. (Hist. nat.) oiseau plus connu sous le nom de Pie. Voyez Pie. (I)

AGADES (Page 1:165)

* AGADES, (Géog.) Royaume & Ville de même nom, dans la Nigritie en Afrique. Long. 20. 15. lat. 19. 10.

AGANIPPIDES (Page 1:165)

* AGANIPPIDES, (Myt.) Les Muses furent ainsi surnommées de la fontaine Aganippe qui leur étoit consacrée.

AGANTE (Page 1:165)

AGANTE, (Marine.) terme qui n'est employé que par quelques Matelots pour prends. (Z)

AGAPES (Page 1:165)

AGAPES, s. f. termes de l'Hist. ecclesiast. Ce mot est tiré du Grec A'GAW=H\, amour, & on l'employoit pour signifier ces repas de charité que faisoient entr'eux les premiers Chrétiens dans les Eglises, pour cimenter de plus en plus la concorde & l'union mutuelle des membres du même corps.

Dans les commencemens ces agapis se passoient sans désordre & sans scandale, au moins les en bannissoit - on séverement, comme il paroît par ce que S. Paul en écrivit aux Corinthiens. Epit. I. ch. XI. Les Payens qui n'en connoissoient ni la police ni la fin, en prirent occasion de faire aux premiers Fideles les reproches les plus odieux. Quelque peu fondés qu'ils fussent, les Pasteurs, pour en bannir toute ombre de licence, défendirent que le baiser de paix par où finissoit cette assemblée se donnât entre les personnes de sexe différent, ni qu'on dresât des lits dans les Eglises pour y manger plus commodément: mais divers autres abus engagerent insensiblement à supprimer les agapes. S. Ambroise & S. Augustin y travaillerent si essicacement, que dans l'Eglise de Milan l'usage en cessa entierement, & que dans celle d'Afrique il ne subsista plus qu'en faveur des Clercs, & pour exercer l'hospitalité envers les étrangers, comme il paroît par le troisieme Concile de Carthage. Thomass. Discip. de l'Eglise, part. IIIe ch. XLVII. n° I.

Quelques Critiques pensent, & avec raison, que c'est de ces agapes que parle S. Paul dans l'endroit que nous avons déjà cité. Ce qu'ils ajoûtent n'est pas moins vrai; savoir, que la perception de l'Eucharistie ne se faisoit pas dans les agapes mêmes, mais immédiatement après, & qu'on les faisoit en mémoire de la derniere cene que Jesus - Christ célébra avec ses Apôtres, & dans laquellle il institua l'Eucharistie: mais depuis qu'on eut réglé qu'on recevroit ce Sacrement à jeun, les agapes précéderent la communion.

D'autres Ecrivains prétendent que ces agapes n'é<cb-> toient point une commémoration de la derniere cene de Jesus - Christ, mais une coûtume que les nouveaux Chrétiens avoient empruntée du paganisme. Mos vero ille, ut referunt, dit Sédulius sur le chap. XI. de la premiere Epit. aux Corinth. de gentili adhuc superstitione veniebat. Et S. Augustin rapporte que Fauste le Manichéen reprochoit aux Fideles qu'ils avoient converti les sacrifices des Payens en agapes: Christianos sacrificia Paganorum convertisse in agapas.

Mais outre que le témoignage de Fauste, ennemi des Catholiques, n'est pas d'un grand poids, son objection & celle de Sédulius ne sont d'aucune force, dès qu'on fait attention que les Juifs étoient dans l'usage de manger des victimes qu'ils immoloient au vrai Dieu, & qu'en ces occasions ils rassembloient leurs parens & leurs amis. Le Christianisme qui avoit pris naissance parmi eux, en prit cette coûtume, indifférente en elle - même, mais bonne & loüable par le motif qui la dirigeoit. Les premiers fideles d'abord en petit nombre, se considéroient comme une famille de freres, vivoient en commun: l'esprit de charité institua ces repas, où régnoit la tempérance: multipliés par la suite, ils voulurent conserver cet usage des premiers tems; les abus s'y glisserent, & l'Eglise fut obligée de les interdire.

On trouve dans les Epitres de S. Grégoire le Grand que ce Pape permit aux Anglois nouvellement convertis de faire des festins sous des tentes ou des feuillages, au jour de la dédicace de leurs églises ou des fêtes des Martyrs, auprés des églises, mais non pas dans leur enceinte. On rencontre aussi quelques traces des agapes dans l'usage où sont plusieurs Eglises Cathédrales & Collégiales de faire, le Jeudi - saint, après le lavement des piés & celui des autels, une collation dans le Chapitre, le Vestiaire, & même dans l'Eglise. Tertull. orig. Clem. Alex. Minut. Felix. S. Aug. S. Chrysost. S. Greg. Ep. 71. L. IX. Baronius, ad ann. 57. 377. 384. Fleury, Hist. eccles. tome I. page 94. Liv. I.

AGAPETES (Page 1:165)

AGAPETES, s. f. terme de l'Histoire ecclésiastique, c'étoient dans la primitive Eglise des Vierges qui vivoient en communauté, & qui servoient les Ecclésiastiques par pur motif de piété & de charité.

Ce mot signifie bien aimées, & comme le précédent il est dérivé du grec A'GAPAW.

Dans la premiere ferveur de l'Eglise naissante, ces pieuses sociétés, loin d'avoir rien de criminel, étoient nécessaires à bien des égards. Car le petit nombre de Vierges, qui faisoient avec la Mere du Sauveur partie de l'Eglise, & dont la plûpart étoient parentes de Jesus - Christ ou de ses Apôtres, ont vécu n commun avec eux comme avec tous les autres fideles. Il en fut de même de celles que quelques Apôtres prirent avec eux en allant prêcher l'Évangile aux Nations; outre qu'elles étoient probablement leurs proches parentes, & d'ailleurs d'un âge & d'une vertu hors de tout soupçon, ils ne les retinrent auprès de leurs personnes que pour le seul intérêt de l'Évangile, afin de pouvoir par leur moyen, comme dit Saint Clement d'Alexandrie, introduire la foi dans certaines maisons, dont l'accès n'étoit permis qu'aux femmes; car on sait que chez les Grecs surtout, le gynecée ou appartement des femmes étoit séparé, & qu'elles avoient rarement communication avec les hommes du dehors. On peut dire la même chose des Vierges dont le pere étoit promu aux Ordres sacrés, comme des quatre filles de Saint Philippe Diacre, & de plusieurs autres: mais hors de ces cas privilégiés & de nécessité, il ne paroît pas que l'Eglise ait jamais souffert que des Vierges, sous quelque prétexte que ce fû, vécussent avec des Ecclésiastiques autres que leurs plus proches parens. On voit par ses plus anciens monumens qu'elle a toûjours interdit ces sortes de sociétés. Car Tertullien, dans [p. 166] son livre sur le voile des Vierges, peint leur état comme un engagement indispensable à vivre éloignées des regards des hommes; à plus forte raison, à fuir toute cohabitation avec eux. Saint Cyprien, dans une de ses Epîtres, assûre aux Vierges de son tems, que l'Eglise ne sauroit souffrir non - seulement qu'on les vît loger sous le même toît avec des hommes, mais encore manger à la même table: nec pati Virgines cum masculis habitare, non dico simul dormire, sed nec simul vivere. Le même saint Evêque, instruit qu'un de ses collegues venoit d'excommunier un Diacre pour avoir logé plusieurs fois avec une Vierge, félicite ce Prélat de cette action comme d'un trait digne de la prudence & de la fermeté épiscopale: consultè & cum vigore fecisti, abstinendo Diaconum qui cum virgine soepè mansit. Enfin les Peres du Concile de Nicée défendent expressément à tout Écclésiastique d'avoir chez eux de ces femmes qu'on appelloit subintroductoe, si ce n'étoit leur mere, leur loeur ou leur tante paternelle, à l'égard desquelles, disent - ils, ce seroit une horreur de penser que des Ministres du Seigneur sussent capables de violer les lois de la nature, de quibus nominibus nefas est aliud quam natura constituit suspicari.

Par cette doctrine des Peres, & par les précautions prises par le Concile de Nicée, il est probable que la fréquentation des Agapetes & des Ecclésiastiques avoit occasionné des désordres & des scandales. Et c'est ce que semble insinuer Saint Jérôme quand il demande avec une sorte d'indignation: unde Agapetarum pestis in Ecclesiâ introüt? C'est à cette même fin que Saint Jean Chrysostome, après sa promotion au Siége de Constantinople, écrivit deux petits traités sur le danger de ces sociétés; & enfin le Concile général de Latran, sous Innocent III. en 1139. les abolit entierement.

M. Chambers avoit brouillé tout cet article, confondu les Diaconesses avec les Agapetes, donné une même cause à la suppression des unes & des autres, & autorisé par des faits mal exposés le concubinage des Prêtres. Il est certain que l'Eglise n'a jamais toléré cet abus en tolérant les Agapetes, & il n'est pas moins certain que ce n'est point à raison des desordres qu'elle a aboli les onctions de Diaconesses. Voyez Diaconesse. (G)

AGARÉENS (Page 1:166)

* AGARÉENS, (Géog. Hist. anc.) peuples ainsi nommés d'Agar mere d'Ismael, dont ils descendoient; & depuis appellés Sarrasins.

AGARIC (Page 1:166)

AGARIC, minéral (Hist. nat.) matiere de la nature des pierres à chaux, qui se trouve dans les carrieres de ces pierres. L'agaric minéral est mieux nommé moelle de pierre. Voyez Moelle de Pierre. (I)

Agaric (Page 1:166)

Agaric, s. m. (Hist. nat.) en latin Agaricus, herbe, dit M. Tournefort, dont on ne connoît ni les fleurs ni les graines, qui croît ordinairement contre le tronc des arbres, & qui ressemble en quelque façon au champignon. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Mais M. Micheli prétend avoir vû des fleurs dans l'agaric; & conséquemment voici comment il décrit genre. « L'agaric est un genre de plante dont les caracteres dependent principalement de la forme de ses différentes feuilles; elles sont composées de deux parties différentes: il y en a qui sont poreuses en dessous, d'autres sont dentelées en forme de peigne, d'autres sont en lames, d'autres enfin sont unies. Les fleurs sont sans petales, & n'ont qu'un seul filet; elles sont stériles, elles n'ont ni calice, ni pistil, ni étamines. Elles naissent dans des enfoncemens, ou à l'orifice de certains petits trous. Les semences sont rondes ou arrondies; elles sont placées dans différents endroits comme il est expliqué dans les soûdivisions de ce genre, & dans » le détail des especes qu'a donné M. Micheli. No<cb-> va plant. genera, pag. 117. & suivantes. Voyez Plan te. (I).

* M. Bouldtic, continuant l'histoire des purgatifs répandue dans les Mémoires de l'Académie, en est venu à l'agaric, & il lui paroît (Mém. 1714. p. 27.) que ce purgatif a été fort estimé des Anciens, quoiqu'il le soit peu aujourd'hui & avec raison; car il est très - lent dans son opération, & par le long séjour qu'il fait dans l'estomac, il excite des vomissemens, ou tout au moins des nausées insupportables, suivies de sueurs, de syncopes, & de langueurs qui durent beaucoup; il laisse aussi un long dégoût pour les alimens. Les Anciens qui n'avoient pas tant de purgatifs à choisir que nous, n'y étoient apparemment pas si délicats; ou bien, auroit pû ajoûter M. Boulduc, l'agaric n'a plus les mêmes propriétés qu'il avoit.

C'est, dit cet Académicien, une espece de champignon qui vient sur le larix ou melese. Quelques-uns croyent que c'est une excroissance, une tumeur produite par une maladie de l'arbre: mais M. Tournefort le range sans difficulté parmi les plantes & avec les autres champignons. On croit que celui qui nous est apporté du Levant, vient de la Tartarie, & qu'il est le meilleur. Il en vient aussi des Alpes & des montagnes du Dauphiné & de Trentin. Il y a un mauvais agaric qui ne croît pas sur le larix, mais sur les vieux chênes, les hêtres, &c. dont l'usage seroit très pernicieux.

On divise l'agaric en mâle & femelle; le premier a la superficie rude & raboteuse, & la substance intérieure fibreuse, ligneuse, difficile à diviser, de diverses couleurs, hormis la blanche; il est pesant. Le second au contraire à la superficie fine, lisse, brune; il est intérieurement blanc, friable, & se met aisément en farine, & par conséquent il est léger: tous deux se font d'abord sentir au goût sur la langue, & ensuite ils sont amers & acres; mais le mâle a plus d'amertume & d'acreté. Celui - ci ne s'emploie point en Medecine, & peut - être est - ce le même que celui qui ne croît pas sur le larix.

M. Boulduc a employé sur l'agaric les deux grandes especes de dissolvans, les sulphureux & les aqueux. Il a tiré par l'esprit de vin une teinture résineuse d'un goût & d'une odeur insupportable: une goutte mise sur la la langue faisoit vomir, & donnoit un dégout de tout pour la journée entiere. De deux onces d'agaric, il est venu six dragmes & demie de teinture: le marc qui ne pesoit plus que neuf dragmes, ne contenoit plus rien, & n'étoit qu'un mucilage ou une espece de boue.

Sur cela, M. Boulduc soupçonna que ce mucilage inutile qui étoit en si grande quantité, pouvoit venir de la partie farineuse de l'agaric, détrempée & amollie; & la teinture résineuse, de la seule partie superficielle ou corticale. Il s'en assûra par l'expérience; car ayant séparé les deux parties, il ne tira de la teinture que de l'extérieur, & presque point de l'intérieur; ce qui fait voir que la premiere est la seule purgative, & la seule à employer, si cependant on l'emploie; car elle est toûjours très - desagréable, & cause beaucoup de nausées & de dégoût. Pour diminuer ses mauvais effets, il faudroit la mêler avec d'autres purgatifs.

Les dissolvants aqueux n'ont pas non plus trop bien réussi sur l'agaric; l'eau seule n'en tire rien: on n'a par son moyen qu'un mucilage épais, une boue, & nul extrait. L'eau aidée du sel de tartre, parce que les sels alkalis des plantes dissolvent ordinairement les parties résineuses, donne encore un mucilage, dont, après quelques jours de repos, la partie supérieure est transparente, en forme de gelée, & fort différente du fond, qui est très - épais. De cette partie supérieure séparée de l'autre, M. Boulduc a tiré par évaporation à chaleur lente un extrait d'assez bonne

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