ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"153"> tres personnes en général qui prenoient en main la défense d'un autre. Plusieurs villes ont eu aussi leurs Advoüés. On trouve dans l'Histoire les Advoués d'Ausbourg, d'Arras, &c.

Les Vidames prenoient aussi la qualité d'Advoüés; & c'est ce qui fait que plusieurs Historiens du VIII. siecle confondent ces deux qualités. Voyez Vidame.

Et c'est aussi pourquoi plusieurs grands Seigneurs d'Allemagne, quoique séculiers, portent des mitres en cimier sur leur écu, parce que leurs peres ont porté la qualité d'Advoüés de grandes Eglises. Voyez Mitre & Cimier.

Spelman distingue deux sortes d'Advoüés ecclésiastiques en Angleterre: les uns pour les causes ou procès, qu'il appelle Advocati causarum; & les autres pour l'administration des domaines, qu'il appelle Advocati soli.

Les premiers étoient nommés par le Roi, & étoient ordinairement des Advocats de profession, intelligens dans les matieres ecclésiastiques.

Les autres qui subsistent encore, & qu'on appelle quelquefois de leur nom primitif Advoüés, mais plus souvent Patrons, étoient & sont encore héréditaires, étant ceux - mêmes qui avoient fondé des Eglises, ou leurs héritiers. Voyez Patrons.

Il y a eu aussi des femmes qui ont porté la qualité d'Advoüées, Advocatissoe; & en effet le Droit canonique fait mention de quelques - unes qui avoient même droit de présentation dans leurs Eglises que les Advoüés; & même encore à présent, si le droit de Patronage leur est transmis par succession, elles l'exercent comme les mâles.

Dans un Edit d'Edouard III. Roi d'Angleterre, on trouve le terme d'Advoüé en chef, c'est - à - dire, Patron souverain qui s'entend du Roi, qualité qu'il prend encore à présent, comme le Roi de France la prend dans ses Etats.

Il y a eu aussi des Advoüés de contrées & de provinces. Dans une chartre de 1187, Berthold Duc de Zeringhem est appellé Advoüé de Thuringe; & dans la notice des Eglises Belgiques publiée par Miraeus, le Comte de Louvain est qualifié Advoüé de Brabant. Dans l'onzieme & douzieme siecle, on trouve aussi des Advoüés d'Alsace, de Souabe, &c.

Raymond d'Agiles rapporte qu'après qu'on eut repris Jérusalem sur les Sarrasins, sur la proposition qu'on sit d'élire un Roi, les Evêques soûtinrent, « qu'on ne devoit pas créer un Roi pour une ville où un Dieu avoit souffert & avoit été couronné », non debere ibi eligi Regem ubi Deus & coronatus est, &c. « que c'étoit assez d'élire un Advoüé pour gouverner la Place, &c.». Et en effet, Dodechin, Abbé Allemand, qui a écrit le voyage à la Terre - sainte du XII. siecle, appelle Godefroy de Bouillon, Advoüé du saint Sépulchre. (H)

ADVOUERIE (Page 1:153)

ADVOUERIE. s. f. (Jurisprud.) qualité d'Advoüé. Voyez Advoué.

Advouerie (Page 1:153)

Advouerie signifie entr'autres choses le droit de présenter à un Bénésice vacant. Voyez Présentation.

En ce sens, il est synonyme à patronage. Voyez Patronage.

La raison pourquoi on a donné au patronage le nom d'advoüerie, c'est qu'anciennement ceux qui avoient droit de présenter à une Eglise, en étoient les Protecteurs & les Bienfaiteurs, ce qu'on exprimoit par le mot Advoüés, Advocati.

Advoüerie pris pour synonyme à patronage, est le droit qu'a un Evêque, un Doyen, ou un Chapitre, ou un Patron laïque, de présenter qui ils veulent à un Bénésice vacant. V. Vacance & Bénéfice, &c.

L'advoüerie est de deux sortes; ou personnelle, ou réelle; personnelle, quand elle suit la personne & est transmissible à ses enfans & à sa famille, sans être an<cb-> nexée à aucun fonds; réelle, quand elle est attachée à la glebe & à un certain héritage.

On acquiert l'advoüerie ou patronage, en bâtissant une Eglise, ou en la dotant.

Lorsque c'est un laïque qui la bâti ou la dote, elle est en patronage laïque. Si c'est un Ecclésiastique, il faut encore distinguer; car s'il l'a fondée ou dotée de son propre patrimoine, c'est un patronage laïque: mais si c'est du bien de l'Eglise qu'elle a été fondée, c'est un patronage ecclésiastique.

Si la famille du fondateur est éteinte, le patronage en appartient au Roi, comme Patron de tous les Bénésices de ses Etats, si ce n'est les Cures, & autres Bénéfices à charge d'ames qui tombent dans la nomination de l'Ordinaire.

Si le Patron est retranché de l'Eglise, ou par l'excommunication, ou par l'hérésie, le patronage dort & n'est pas perdu pour le Patron, qui recommencera à en exercer les droits dès qu'il sera rentré dans le sein de l'Eglise. En attendant, c'est le Roi ou l'Ordinaire qui pourvoient aux Bénéfices vacans à sa présentation. Voyez Patron.

ADUSTE (Page 1:153)

ADUSTE, adj. en Medecine, s'applique aux humeurs qui, pour avoir été long - tems échauffées, sont devenues comme brûlées. (Ce mot vient du Latin adustus, brûlé). On met la bile au rang de ces humeurs adustes; & la mélancholie n'est à ce que l'on croit qu'une bile noire & aduste. Voyez Bile, Mélancholie, &c.

On dit que le sang est aduste, lorsqu'ayant été extraordinairement échauffé, ses parties les plus subtiles se sont dissipées, & n'ont laissé que les plus grossieres à demi brûlées pour ainsi dire, & avec toutes leurs impuretés: la chaleur raréfiant le sang, ses parties aqueuses & séreuses s'atténuent & s'envolent, & il ne reste que la partie fibreuse avec la globuleuse, concentrée & dépouillée de son véhicule; c'est alors que se forme tantôt cette couenne, tantôt ce rouge brillant que l'on remarque au sang qui est dans une palette. Cet état des humeurs se rencontre dans les fievres & les inflammations, & demande par conséquent que l'on ôte la cause en restituant au sang le véhicule dont il a besoin pour circuler. Le remede le plus efficace alors est l'usage des délayans ou aqueux, tempérés par les adoucissans. Voyez Sang & Humeur, &c. (N)

ADY (Page 1:153)

* ADY. Voyez Palmier.

ADYTUM (Page 1:153)

ADYTUM, s. A'DUTON, (Hist. anc.) terme dont les Anciens se servoient pour désigner un endroit au fond de leurs Temples, où il n'étoit permis qu'aux Prêtres d'entrer; c'étoit le lieu d'où partoient les Oracles.

Ce mot est Grec d'origine, & signifie inaccessible: il est composé d'A' privatif & de DUW ou DUNW, entrer.

Parmi les Juifs, le tabernacle où reposoit l'Arche d'Alliance, & dans le Temple de Salomon le Saint des Saints, étoient les lieux où Dieu manifestoit particulierement sa volonté: il n'étoit permis qu'au Grand - Prêtre d'y entrer, & cela une seule fois l'année. (G)

AE A E

AE (Page 1:153)

AE. (Gramm.) Cette figure n'est aujourd'hui qu'une diphthongue aux yeux, parce que quoiqu'elle soit composée de a & de e, on ne lui donne dans la prononciation que le son de l'e simple ou commun, & même on ne l'a pas conservée dans l'orthographe Françoise: ainsi on écrit César, Enée, Enéide, Equateur, Equinoxe, Eole, Préfet, Préposition, &c.

Comme on ne fait point entendre dans la prononciation le son de l'a & de l'e en une seule syllabe, on ne doit pas dire que cette figure soit une diphthongue.

On prononce a - éré, exposé à l'air, & de même [p. 154] a - érien: ainsi a - é ne sont point une diphthongue en ces mots, puisque l'a & l'e y sont prononcés chacun séparément en syllabes particulieres.

Nos anciens Auteurs ont écrit par oe le son de l'ai prononcé comme un ê ouvert: ainsi on trouve dans plusieurs anciens Poëtes l'oer au lieu de l'air, aer, & de même oeles pour aîles; ce qui est bien plus raisonnable que la pratique de ceux qui écrivent par ai le son de l'é ouvert, Français, connaître. On a écrit connoître dans le tems que l'on prononçoit connoître; la prononciation a changé, l'orthographe est demeurée dans les Livres; si vous voulez réformer cette orthographe & la rapprocher de la prononciation présente, ne réformez pas un abus par un autre encore plus grand: car ai n'est point fait pour représenter ê. Par exemple, l'interjection hai, hai, hai, bail, mail, &c. est la prononciation du Grec TAI=, MOUSAI.

Que sion prononce par ê la diphthongue oculaire ai en palais, &c. c'est qu'autrefois on prononçoit l'a & l'i en ces mots - là; usage qui se conserve encore dans nos Provinces méridionales: de sorte que je ne vois pas plus de raison de réformer François par Français, qu'il y en auroit à réformer palais par palois.

En Latin oe & ai étoient de véritables diphthongues, où l'a conservoit toûjours un son plein & entier, comme Plutarque l'a remarqué dans son Traité des Festins, ainsi ai que nous entendons le son de l'a dans notre interjection, hai, hai, hai! Le son de l'e ou de l'i étoit alors très - foible, & c'est à cause de cela qu'on écrivoit autrefois par ai ce que depuis on a écrit par oe, Musai ensuite Musoe, Kaisar & Coesar. Voyez la Méthode Latine de P. R. (F)

AEDES (Page 1:154)

AEDES, f. (Hist. anc.) chez les anciens Romains, pris dans un sens général, signifioit un bâtiment, une maison, l'intérieur du logis, l'endroit même où l'on mangeoit, si l'on adopte cette étymologie de Valafridus Strabon: potest enim fieri ut oedes ad edendum in eis, ut coenacula ad coenandum primo sint factoe.

Le même mot dans un sens plus étroit, signifie une Chapelle ou sorte de Temple du second ordre, non consacré par les augures comme l'étoient les grands édifices proprement appellés Temples. On trouve dans les anciennes descriptions de Rome, & dans les Auteurs de la pure Latinité: AEdes Fortunoe, AEdes Herculis, AEdes Juturnoe. Peut - être ces Temples n'étoient - ils affectés qu'aux dieux du second ordre ou demi - dieux. Le fond des Temples où se rencontroit l'autel & la statue du dieu, se nommoit proprement AEdicula, diminutif d'AEdes.

AEGILOPS (Page 1:154)

AEGILOPS, terme de Chirurgie, signifie un ulcere au grand angle de l'oeil. La cause de cette maladie est une tumeur inflammatoire qui a suppuré & qui s'est ouverte d'elle - même. On confond mal - à - propos l'oegilops avec la fistule lachrymale. L'oegilops n'attaquant point le sac ou reservoir des larmes, n'est point une maladie lachrymale. Voyez Anchilops.

La cure de l'oegilops ne differe point de celle des ulceres. Voyez Ulcere. (Y)

AEgilops (Page 1:154)

* AEgilops. Voyez Yeuse.

AEGIUCHUS (Page 1:154)

* AEGIUCHUS, (Myth.) surnom de Jupiter, sous lequel les Romains l'honoroient quelquefois en mémoire de ce qu'il avoit été nourri par une chevre.

AEGOCEROS (Page 1:154)

* AEGOCEROS, (Myth.) Pan mis par les dieux au rang des astres, se métamorphosa lui - même en chevre, ce qui le fit surnommer oegoceros.

AEGOLETHRON (Page 1:154)

AEGOLETHRON, plante décrite par Pline. Il paroît que c'est celle que Tournefort a décrit sous le nom de chamoerododendros Pontica maxima mespili folio, flore luteo.

Cette plante croît dans la Colchide, & les abeilles sucent sa fleur: mais le miel qu'elles en tirent rend furieux ou ivres ceux qui en mangent, comme il arriva à l'armée des dix mille à l'approche de Tre<cb-> bisonde, au rapport de Xenophon; ces soldats ayant mangé de ce miel, il leur prit un vomissement & une diarrhée suivis de rêveries, de sorte que les moins malades ressembloient à des ivrognes ou à des furieux, & les autres à des moribonds: cependant personne n'en mourut, quoique la terre parût jonchée de corps comme après une bataille; & le mal cessa le lendemain, environ à l'heure qu'il avoit commenc; de sorte que les soldats se leverent le troisieme & le quatrieme jour, mais en l'état que l'on est après avoir pris une forte medecine. La fleur de cet arbrisseau est comme celle du chevrefeuille, mais bien plus forte, au rapport du Pere Lamberti, Missionnaire Théatin. Mémoires de l'Académie Royale des Sciences 1704. (N)

* Voici les caracteres de cette plante. Elle s'éleve à cinq ou six piés: son tronc est accompagné de plusieurs tiges menues, divisées en branches inégales, foibles & cassantes, blanches en dedans, couvertes d'une écorce grisâtre & lisse, excepté à leurs extrémités où elles sont velues. Elles portent des touffes de feuilles assez semblables à celles du néflier des bois. Ces feuilles sont longues de quatre pouces, sur un pouce & demi de largeur vers le milieu, aiguës par les deux bouts, mais sur - tout par celui d'embas, de couleur verd gai, & légerement velues, excepté sur les bords où leurs poils forment une espece de sourcil. Elles ont la côte assez forte, & cette côte se distribue en nervures sur toute leur surface. Elle n'est qu'un prolongement de la queue des feuilles, qui n'a le plus souvent que trois ou quatre lignes de longueur sur une ligne d'épaisseur. Les fleurs naissent rassemblées au nombre de dix - huit ou vingt. Elles forment des bouquets à l'extrémité des branches, où elles sont soûtenues par des pédicules d'un pouce de long, velus, & naissans des aisselles de petites feuilles membraneuses, blanchâtres, longues de sept à huit lignes sur trois de large. Chaque fleur est un tube de deux lignes & demie de diametre, légerement canelé, velu, jaune, tirant sur le verd. Il s'évase au - delà d'un pouce de diametre, & se divise en cinq portions dont celle du milieu a plus d'un pouce de long sur presqu'autant de largeur: elle est refleurie en arriere ainsi que les autres, & terminée en arcade gothique. Sa couleur est le jaune pâle, doré vers le milieu; les autres portions sont plus étroites & plus courtes, mais pareillement jaunes pâles. La fleur entiere est ouverte par derriere, & s'articule avec un pistil pyramidal, cannelé, long de deux lignes, verd blanchâtre, légerement velu, garni d'un filet courbe, long de deux pouces, & terminé par un bouton verd pâle. Des environs de l'ouverture de la fleur sortent cinq étamines plus courtes que le pistil, inégales, courbes, chargées de sommets longs d'une ligne & demie, & chargés d'une poussiere jaunâtre. Les étamines sont aussi de cette couleur: elles sont velues depuis leur origine jusques vers leur milieu, & toutes les fleurs sont inclinées comme celles de la fraxinelle. Le pistil devient dans la suite un fruit d'environ quinze lignes de long, sur six ou sept lignes de diametre. Il est relevé de cinq côtés, dur, brun & pointu. Il s'ouvre de l'une à l'autre extrémité en sept ou huit endroits creusés en gouttieres; ces goutieres vont se terminer sur un axe qui traverse le fruit dont il occupe le milieu; cet axe est cannelé, & distribue l'intérieur du fruit en autant de loges qu'il y a de gouttieres à l'extérieur.

C'est ainsi que M. Tournefort caractérise cette plante, dont les Anciens ont connu les propriétés dangereuses.

AEGOPHAGE (Page 1:154)

* AEGOPHAGE, (Myth.) Junon fut ainsi surnommée des chevres qu'on lui sacrifioit.

AEGYPTE (Page 1:154)

AEGYPTE. Voyez Egypte.

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