ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"92"> fixe la signification de ante. J'ai dit qu'en ces occasions ce n'étoit que par un usage arbitraire que l'on donnoit au nom déterminant la terminaison de l'accusatif; car au fond ce n'est que la valeur du nom qui détermine la préposition: & comme les noms Latins & les noms Grecs ont différentes terminaisons, il falloit bien qu'alors ils en eussent une; or l'usage a consacré la terminaison de l'accusatif après certaines prépositions, & celle de l'ablatif après d'autres; & en Grec il y a des prépositions qui se construisent aussi avec le génitif.

Le troisieme usage de l'accusatif est d'être le suppôt de l'infinitif, comme le nominatif l'est avec les modes finis; ainsi comme on dit à l'indicatif Petrus legit, Pierre lit, on dit à l'infinitif Petrum legere, Pierre lire, ou Petrum legisse, Pierre avoir lû. Ainsi la construction de l'infinitif se trouve distinguée de la construction d'un nom avec quelqu'un des autres modes; car avec ces modes le nom se met au nominatif.

Que si l'on trouve quelquefois au nominatif un nom construit avec un infinitif, comme quand Horace a dit patiens vocari Casaris ultor, au lieu de patiens te vocari ultorem; c'est ou par imitation des Grecs qui construisent indifféremment l'infinitif, ou avec un nominatif, ou avec un accusatif, ou bien c'est par attraction; car dans ce passage d'Horace, ultor est attiré par patiens, qui est au même cas que filius Maioe: tout cela se fait par le rapport d'identité. Voyez Construction.

Pour épargner bien des peines, & pour abreger bien des regles de la méthode ordinaire au sujet de l'accusatif, observez:

1°. Que lorsqu'un accusatif est construit avec un infinitif, ces deux mots forment un sens particulier équivalent à un nom, c'est - à - dire, que ce sens seroit exprimé en un seul mot par un nom, si un tel nom avoit été introduit & autorisé par l'usage. Par exemple, pour dire Herum esse semper lenem, mon maître est toûjours doux, Terence a dit heri semper lenitas.

2°. D'où il suit que comme un nom peut être le sujet d'une proposition, de même ce sens total exprimé par un accusatif avec un infinitif, peut aussi être, & est souvent le sujet d'une proposition.

En second lieu, comme un nom est souvent le terme de l'action qu'un verbe actif transitif signifie, de même le sens total énoncé par un nom avec un infinitif est aussi le terme ou objet de l'action que ces sortes de verbes expriment. Voici des exemples de l'un & de l'autre, & premierement du sens total qui est le sujet de la proposition, ce qui, ce me semble, n'est pas assez remarqué. Humanam rationem proecipitationi & proejudicio esse obnoxiam satis compertum est. Cailly, Phil. Mot à mot, l'entendement humain être sujet à la précipitation & au préjugé est une chose assez connue. Ainsi la construction est: hoc, nempe humanam rationem esse obnoxiam proecipitationi & proejudicio, est XRHMA seu negotium satis compertum. Humanam rationem esse obnoxiam proecipitationi & proejudicio, voilà le sens total qui est le sujet de la proposition; est satis compertum en est l'attribut.

Caton dans Lucain, Liv. II. v. 288. dit que s'il est coupable de prendre le parti de la République, ce sera la faute des Dieux. Crimen erit Superis & me fecisse nocentem. Hoc, nempe Deos fecisse me nocentem, de m'avoir fait coupable, voilà le sujet dont l'attribut est erit crimen Superis. Plaute, Miles gl. act. III. scen. j. v. 109. dit que c'est une conduite loüable pour un homme de condition qui est riche, de prendre soin lui - même de l'éducation de ses enfans; que c'est élever un monument à sa maison & à lui - même. Laus est magno in genere & in divitiis maximis liberos, hominem educare, generi monumentum & sibi. Construisez, hominem constitutum magno in genere & divitiis maximis educare liberos, monumentum generi & sibi, hoc, inquam, est laus; ainsi est laus est l'attribut, & les mots qui précédent font un sens total, qui est le sujet de la proposition.

Il y a en François & dans toutes les langues un grand nombre d'exemples pareils; on en doit faire la construction suivant le même procédé. Il est doux de trouver dans un amant qu'on aime, un époux que l'on doit aimer, Quinault. Il, illud, à savoir l'avantage, le bonheur de trouver dans un amant qu'on aime un époux que l'on doit aimer. Voilà un sens total, qui est le sujet de la proposition; on dit de ce sens total, de ce bonheur, de ce il, qu'il est doux; ainsi est doux, c'est l'attribut.

Quàm bonum est correptum manifestare poenitentiam! est negotium quàm bonum. Eccli, c. xx. v. 4. construisez: Hoc, nempe hominem correptum manifestare poenitentiam, est negotium quàm bonum! Il est beau pour celui qu'on reprend de quelque faute, de faire connoître son repentir. Il vaut mieux pour un esclave d'être instruit que de parler, plus scire satius est quàm loqui hominem servum. Plaute, act. I.scen. j. v. 57. construisez: Hoc, nempe hominem servum plus scire, est satius quam hominem servum loqui. Homines esse amicos Dei, quanta est dignitas! Qu'il est glorieux pour les hommes, dit Saint Grégoire le Grand, d'être les amis de Dieu! où vous voyez que le sujet de la proposition est ce sens total, homines esse amicos Dei. Le même procédé peut faire la construction en François, & dans quelqu'autre Langue que ce puisse être. Il, illud, à savoir d'être les amis de Dieu, est combien glorieux pour les hommes! Mihi semper placuit non Rege solum, sed regno liherari Rempublicam. Lett. VII. de Brutus à Ciceron. Hoc, scilicet Rempublicam liberari non solum, à Rege, sed regno, placuit mihi. J'ai toûjours souhaité que la République fût délivrée non - seulement du Roi, mais même de l'autorité royale.

Je pourrois rapporter un bien plus grand nombre d'exemples pareils d'accusatifs qui forment avec un infinitif un sens qui est le sujet d'une proposition: passons à quelques exemples où le sens formé par un accusa & un infinitif, est le terme de l'action d'un verbe actif transitif.

A l'égard du sens total, qui est le terme de l'action d'un verbe actif, les exemples en sont plus communs. Puto te esse doctum; mot à mot, je crois toi être sçavant; & selon notre construction usuelle, je crois que vous êtes savant. Sperat se palmam esse relaturum, il espere soi être celùi qui doit remporter la victoire, il espere qu'il remportera la victoire.

La raison de ces accusatifs Latins est donc qu'ils forment un sens qui est le terme de l'action d'un verbe actif; c'est donc par l'idiotisme de l'une & de l'autre Langue qu'il faut expliquer ces facons de parler, & non par les regles ridicules du que retranché.

A l'égard du François, nous n'avons ni déclinaison ni cas; nous ne faisons usage que de la simple dénomination des noms, qui ne varient leur terminaison que pour distinguer le pluriel du singulier. Les rapports ou vûes de l'esprit que les Latins font connoître par la différence de la terminaison d'un même nom, nous les marquons, ou par la place du mot, ou par le secours des prépositions. C'est ainsi que nous marquons le rapport de l'accusatif en plaçant le nom après le verbe. Auguste vainquit Antoine, le travail surpassoit la matiere. Il n'y a sur ce point que quelques observations à faire par rapport aux pronoms. Voyez Article, Cas, Construction . (F)

ACCUSATION (Page 1:92)

ACCUSATION, s. f. en Droit, est la délation d'un crime ou délit faite en Justice, ou par une partie privée, ou par la Partie Publique, c'est - à - dire, le Procureur Général ou son Substitut. Voyez Action & Information. Ce mot vient du Latin accusatio, qui signifie la même chose.

Chez les Romains il n'y avoit point d'accusateur [p. 93]

public pour les crimes publics: chaque particulier, soit qu'il y fût intéressé ou non, en pouvoit poursuivre la vindicte: mais l'accusation des crimes privés n'étoit recevable qu'en la bouche de ceux qui y avoient intérêt. Personne, par exemple, ne pouvoit accuser une femme d'adultere que son mari; & cette loi s'observe encore parmi nous, au moins dans ce cas particulier. Voyez Adultere.

Le terme d'accusation n'avoit lieu même qu'à l'égard des crimes publics: la poursuite d'un crime ou délit particulier s'appelloit simplement action. Voyez Action.

Caton le plus honnête homme de son siecle fut accusé quarante - deux fois, & absous autant de fois. Voyez Absolution.

Quand l'accusé accuse son accusateur, cela s'appelle récrimination, laquelle n'est point admise que l'accusé n'ait commencé par se purger. Voyez Récrimination.

Les lois cruelles de l'inquisition exigent de l'accusé qu'il s'accuse lui - même du crime qu'on lui impute. Voyez Inquisition.

C'étoit autrefois la coûtume dans quelques parties de l'Europe, lorsque l'accusation étoit grave, qu'on la décidât par le combat, ou qu'on obligeât l'accusé à se purger par serment; serment qui néanmoins ne suffisoit pas pour le purger, à moins qu'un certain nombre de ses voisins ou de ses connoissances ne jurassent conjointement avec lui. Voyez Duel, Combat, Serment, Purgation , &c.

C'est sans doute par une suite de cet usage qui a été long - tems en vigueur en Angleterre, qu'on y appelle encore celui qui s'intéressant à la personne d'un mort, se porte accusateur du meurtrier, appellant, & l'accusé appellé. (H)

ACCUSÉ (Page 1:93)

ACCUSÉ, en Droit, est celui qu'on poursuit en Justice pour la réparation d'un crime qu'on lui impute. Il est de l'essence de la procédure criminelle, qu'il soit entendu avant que d'être jugé, si ce n'est qu'il soit contumax ou refuse de répondre; auxquels cas, après l'avoir sommé de se représenter ou de répondre, on passe outre au jugement du procès. Il doit répondre présent & en personne, & non pas par Procureur, si ce n'est qu'il ne st pas le François, auquel cas on lui adjoindroit un Interprete qui expliqueroit ses réponses au Juge. Voyez Interprete, Muet, & Contumax.

Il n'est point reçu à user de récrimination, qu'il n'ait purgé l'accusation contre lui intentée.

L'accusé meurt integri statûs, c'est - à - dire, sans flétrissure, lorsqu'il meurt avant le jugement de son procès, nonobstant que les informations fussent achevées & qu'elles fussent concluantes contre lui; nonobstant même qu'il fût déja condamné par les premiers Juges, pourvu que l'appel n'ait point encore été confirmé par des Juges souverains, si ce n'est que l'accusation ait pour objet un crime de lese - Majesté. Et par conséquent ses biens ne sont pas sujets en ce cas à confiscation: ce qui n'empêche pourtant pas que la Partie civile ne puisse répéter ses dommages & interêts contre les héritiers; lesquels n'ont d'autre moyen de s'en faire décharger, que de purger la mémoire du défunt. Voyez Mémoire.

Un Ecclésiastique accusé ne peut point résigner, quand le crime emporte la privation de son bénéfice. (H).

ACCUTS (Page 1:93)

ACCUTS, terme de Chasse, se dit des endroits les plus réculés des terriers des renards & des blereaux; & aussi des lieux les plus enfoncés, où l'on oblige le gibier de se retirer.

Accuts (Page 1:93)

Accuts, sont aussi les bouts des forêts & des grands pays de bois.

ACE (Page 1:93)

ACE, s. f. (Geog. anc.) ville de Phénicie. Voyez Ptolemais.

ACENSE (Page 1:93)

ACENSE, s. f. terme de Coûtumes, est un héritage ou ferme qu'on tient d'un Seigneur, moyennant un cens ou autre pareille redevance annuelle à perpétuité ou à longues années, comme en vertu d'un bail emphitéotique ou d'un bail à tente. (H)

ACENSEMENT (Page 1:93)

ACENSEMENT, s. m. terme de Coûtumes, tenue ou tenure d'un fonds ou d'un héritage à titre d'acense. Voyez ci - dessus Acense. (H)

ACEPHALE (Page 1:93)

ACEPHALE, s. m. AXEFALO, qui n'a point de chef ou de tête, mot formé du grec, savoir d'A' privatif & de XEFALH\, tête. On l'emploie dans le sens propre pour exprimer des êtres vivans sans tête, s'il en existe; car il paroît que c'est sans fondement que les anciens Naturalistes ont avancé qu'il y avoit des peuples entiers agissans sans cette partie du corps humain. Pline les nomme les Blemmyes. Borel, savant Medecin, a refuté cette fable, sur la relation d'un Voyageur, son parent. Mais on trouve souvent des insectes & des vers qui vivent sans tête. V. Vers.

Acéphale se dit plus ordinairement dans un sens figuré d'un corps sans chef. Ainsi l'on appelle acephales des Prêtres qui se soustrayent à la discipline & à la jurisdiction de leur Evêque, & des Evêques qui refusent de se soûmettre à celle de leur Patriarche. Voyez Exemption & Privilége.

On a encore donné ce nom aux Monasteres ou Chapitres indépendans de la jurisdiction des Evêques; sur quoi Geoffroi, Abbé de Vendome, fit cette réponse au commencement du XII. siecle: « Nous ne sommes point acéphales, puisque nous avons Jesus - Christ pour chef, & après lui le Pape ». Raison illusoire, puisque non - seulement tout le Clergé, mais encore les Laïcs auroient pû la prétexter pour se soustraire à la jurisdiction des Ordinaires. Aussi les Conciles & les Capitulaires de nos Rois prononcent - ils des peines très - grieves contre les Clercs acéphales.

L'Histoire Ecclésiastique fait mention de plusieurs Sectes désignées par le nom d'acéphales. De ce nombre sont, 1°. ceux qui ne voulurent adhérer ni à Jean, Patriarche d'Antioche, ni à S. Cyrille d'Alexandrie, dans la dispute qu'ils eurent après l'Assemblée du Concile d'Ephese: 2°. certains Hérétiques du cinquieme siecle, qui suivirent d'abord les erreurs de Pierre Mongus, Evêque d'Alexandrie, puis l'abandonnerent, parce qu'il avoit feint de souscrire aux décisions du Concile de Chalcedoine; ils soûtenoient les erreurs d'Eutychés: (V. Eutychien) 3°. les Sectateurs de Severe, Evêque d'Antioche, & généralement tous ceux qui refusoient d'admettre le Concile de Chalcedoine. Voyez Severiens.

Quelques Jurisconsultes appellent aussi acéphales les pauvres gens qui n'ont aucun Seigneur propre, parce qu'ils ne possedent aucun héritage, à raison duquel ils puissent relever du Roi, d'un Baron, d'un Evêque, ou autre Seigneur féodal. Ainsi dans les lois d'Henri I. Roi d'Angleterre, on entend par acéphales, les citoyens qui, ne possédant aucun domaine, ne relevent d'aucun Seigneur en qualité de vassaux. Du Cange, Glossar. Latinit (G)

ACERBE (Page 1:93)

ACERBE, adj. espece de saveur mixte qui consiste en un goût sûr, avec une pointe piquante & astringente. Voyez Goust.

Tel est le goût des poires, du raisin & de la plûpart des autres fruits avant leur maturité. Voyez Fruit, &c.

Les Medecins entendent ordinairement par acerbe une saveur intermédiaire entre l'acide & l'amer. Voyez Acide & Astringent.

ACERENZA ou CIRENZA (Page 1:93)

* ACERENZA ou CIRENZA, s. ville du Royaume de Naples, capitale de la Basilicate sur le Branduno, au pié de l'Apennin. Longit. 33. 40. latit. 40. 48.

ACERER (Page 1:93)

ACERER, v. adj. (Serrurerie & Taillanderie) c'est

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