ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"448"> communiquent de chaque côté dans la grande cavité où sont les miroirs. On trouve dans chacun de ces réduits une membrane plissée, raboteuse, & contournée en forme de timbale. Elles sont placées de chaque côté, sous une partie triangulaire du premier anneau de la cigale, qui est plus élevée que le reste; si on enleve cette partie, on met la membrane à découvert. Dès qu'on la touche elle resonne comme un parchemin sec, & même comme une membrane, encore plus sonore; celle dont il s'agit rend des sons, lorsqu'après avoir été enfoncée dans quelques endroits elle se releve par son ressort. Les muscles dont on vient de parler aboutissent à la surface concave de ces membranes, & en l'attirant en - dedans par leur contraction, ils la mettent en état de resonner, lorsqu'elles se rétablissent par leur élasticité, en même tems que le muscle se relâche. Ce son passe au - dehors par les orifices de deux réduits qui communiquent dans la grande cavité, & peut être modifié par les volets écailleux, les miroirs, & toutes les différentes parties qui se trouvent dans les cavités. Les cigales de la petite espece & de l'espece moyenne ont à - peu - près les mêmes organes & font presque le même bruit.

Le dernier anneau du corps des cigales femelles est plus allongé que dans les mâles, & il renferme une partie à laquelle on a donné le nom de tariere, parce queles cigales s'en servent pour faire des trous dans de petits morceaux de bois où elles déposent leurs oeufs. Les mâles n'ont pas cette tariere, qui est fort apparente dans les femelles, puisqu'elle a environ cinq lignes de longueur dans celles de la grande espece. Elle est renfermée dans un étui dont on peut la faire sortir en comprimant légerement le ventre de l'insecte; elle est à - peu - près de même grosseur sur toute sa longueur, & terminée à son extrémité par une pointe angulaire qui ressemble à un fer de pique dont les bords seroient dentelés. La substance de cette partie est de la nature de l'écaille ou de la corne, aussi solide & aussi dure qu'aucune autre qui se trouve dans les insectes. En l'examinant de près on reconnoît qu'elle est composée de trois parties, c'est pourquoi on a été tenté de changer le nom de tariere que l'on avoit donné à cette partie, & on a mieux aimé dire qu'elle est composée de deux limes & d'un support, limes ou tariere, n'importe du nom. La partie dont il s'agit est composée de trois pieces, dont deux sont posées à côté de la troisieme, & sont engrenées en façon de coulisse avec cette piece du milieu, de maniere qu'elles glissent tout le long sans s'en écarter, & elles peuvent être mûes alternativement; par ce moyen, les deux rangs de dents qui sont sur les bords de la pointe angulaire, dont nous avons déjà parlé, avancent & reculent, parce qu'ils tiennent à chacune des pieces des côtés. Ce qui cause ce déplacement, c'est qu'elles sont repliées en - dehors & en - avant par leur extrémité antérieure, relativement à l'insecte. Des muscles, en augmentant ou en diminuant cette courbure par leur contraction ou leur relâchement, font glisser en - avant ou en - arriere la piece latérale, & par conséquent mettent en jeu les dents qui sont à chaque côté de la pointe, qui est faite en forme de fer de lance, & composée de trois pieces. Les dents sont posées obliquement, & dirigées du côté de la pointe du fer de lance, de sorte qu'elles déchirent ce qui leur fait obstacle dans leur mouvement, lorsque la cigale se sert de cette partie pour faire des trous dans le bois où elle depose ses oeufs.

Les cigales femelles font toûjours ces trous dans de très - petites branches de bois qui est sec & qui a de la moëlle. On les reconnoit par des fibres qui ont été soûlevées à l'endroit de ces trous; ils sont rangés par files assez régulierement pour l'ordinaire; ils ont chacun trois lignes & demie ou quatre lignes de longueur. Ses trous peuvent contenir huit à dix oeufs, & il y en au moins quatre ou cinq dans chacun; ils sont blancs, oblongs, & pointus par les deux bouts. La ponte est fort abondante, puisqu'on a compté jusqu'à sept cents oeufs dans les ovaires. Il sort de chaque oeuf un ver blanc qui a six longues jambes, & qui ressemble en quelque façon à une puce pour la figure. Lorsqu'ils ont abandonné le trou où ils sont éclos, ils se logent dans la terre, & ensuite ils se transforment en nymphes, qui marchent & qui prennent des alimens & de l'accroissement. Aristote les a nommées tettigometres ou meres cigales; elles ne different pas beaucoup du ver qui est sorti de l'oeuf. Ces nymphes peuvent pénetrer dans la terre jusqu'à deux ou trois piés de profondeur. On les trouve ordinairement auprès des racines des arbres. Lorsque le tems de leur métamorphose approche, elles sortent de terre, montent sur les arbres, & s'y accrochent pendant les chaleurs de l'été. C'est dans cet état qu'elles parviennent à quitter leur fourreau de nymphe ou de chrysalide, pour paroître sous la forme de cigale. Mémoires pour servir à l'hist. des insect. tom. V. (I)

Cigales, (Page 3:448)

Cigales, s. f. (Hist. mod.) Les Espagnols de l'Amérique nomment ainsi un petit rouleau de tabac de la grosseur du petit doigt au plus, & long de cinq à six pouces au moins. Ce rouleau est composé de plusieurs brins de tabac parallélement disposés à côté les uns des autres, & assujettis ensemble par une large feuille qui leur sert de robe ou d'enveloppe. On allume une des extrémités de ce rouleau, & l'autre se met dans la bouche, au moyen de quoi on fume sans pipe. Nos insulaires, qui font un grand usage de ces cigales, les nomment simplement bouts de tabac.

Il n'est pas hors de propos d'ajoûter ici que les Caraïbes des îles Antilles ont une singuliere façon de fumer: ils enveloppent des brins de tabac dans certaines écorces d'arbre très - unies, flexibles, & minces comme du papier; ils en forment un rouleau, l'allument, en attirent la fumée dans leur bouche, serrent les levres, & d'un mouvement de langue contre le palais, font passer la fumée par les narines. Art. comm. par M. de Saint - Romain.

CIGOGNE (Page 3:448)

CIGOGNE, s. f. ciconia, (Hist. nat. Ornithol.) oiseau dont les pattes, le cou, & le bec sont fort longs. La cigogne dont M. Perrault a donné la description dans le recueil de l'acad. royale des Sciences, avoit quatre piés de longueur depuis de bout du bec jusqu'à l'extrémité des piés. Celle du bec étoit de quatre trentiemes parties de celle de tout le corps; les piés n'avoient que trois trentiemes, le cou cinq trentiemes, & les jambes onze depuis le ventre jusqu'à terre. Le cou étoit beaucoup plus gros par le bas que par le haut. Cet oiseau avoit cinq piés d'envergure. Le plumage étoit d'un blanc sale & un peu roussâtre presque par - tout le corps, & noir au bout des aîles. Il y avoit aussi des plumes noires, longues, & larges sur les deux côtés du dos & à la racine des aîles. Le cou étoit revêtu sur sa partie inférieure, jusqu'au tiers de sa longueur, par des plumes longues de six pouces, larges de dix lignes, & terminées en pointe. Elles étoient entourées à leur racine par un duvet très - blanc, dont chaque petite plume avoit un tuyau de la grosseur d'une petite épingle, qui se partageoit en cinquante ou soixante autres plus petits que des cheveux, dont chacun étoit encore garni des deux côtés de petites fibres presqu'imperceptibles. Cette cigogne n'avoit sur le haut de la véritable jambe que de petits filets de plumes fort rares. L'alentour des yeux étoit dégarni de plumes, on n'y voyoit qu'une peau fort noire. Cet oiseau avoit le bec droit, pointu, & d'un rouge pâle, tirant sur la couleur de chair. Le bas des veritables [p. 449] jambes étoit rouge, & avoit plus de quatre pouces de longueur; la partie du pié, qui s'étend depuis le talon jusqu'aux doigts, étoit de couleur grise, & le reste des piés, & la jambe, de couleur rouge. Il avoit des écailles en forme de table sur les extrémités des doigts. Les trois de devant étoient joints ensemble à leur commencement par des peaux courtes & épaisses. Il avoit le doigt de derriere gros & court, les ongles blancs, larges, & courts à - peu - près comme ceux de l'homme. La cigogne se nourrit de lézards, de serpens, de grenouilles, & n'a point de ventricule comme les oiseaux de proie, mais seulement un gésier. Elle mange aussi des vers, des araignées, & d'autres insectes. Mémoires pour servir à l'histoire des animaux, tome III. troisieme partie. (I)

Cigogne noire, (Page 3:449)

Cigogne noire, ciconia nigra, oiseau de la grosseur de la cigogne ordinaire, ou même un peu plus petit. Le cou, la tête, le dos, & les aîles, sont d'un noir luisant ou mêlé de vert; le ventre, la poitrine & les côtés sont blancs; le bec est vert; les pattes sont de cette couleur, & dégarnies de plumes jusqu'à l'articulation du genou; la membrane qui tient les doigts unis ensemble s'étend jusqu'à la moitié de la longueur du doigt du milieu, seulement du côté extérieur. Voyez Villughby, Ornith. Voyez Oiseau. (I)

Cigogne, (Page 3:449)

Cigogne, (Matiere med.) Les parties de cet oiseau dont on se sert en Medecine sont, outre l'oiseau entier, la vésicule du fiel, le fiel, la graisse, la fiente & le jabot. Cet animal est un grand alexipharmaque, & passe pour un excellent remede contre toutes sortes de poisons, & sur - tout contre la peste; on en use aussi dans les affections des nerfs & des jointures. Son fiel est recommandé dans les maladies des yeux; sa graisse en liniment dans les affections goutteuses & le tremblement des articulations; sa fiente prise dans de l'eau, dans l'épilepsie & dans les maladies de la tête; son ventricule ou son jabot desseché & puivérisé passe pour un spécifique admirable contre plusieurs poisons. Diction. de Med. Dale, Schroeder, &c. (b)

CIGUATEO (Page 3:449)

CIGUATEO, (Géog.) île de l'Amérique septentrionale, dans la mer du nord, l'une des Lucayes ou de Bahama.

CIGUE (Page 3:449)

CIGUE, s. f. cicuta, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleurs en rose, disposées en ombelle, composées de plusieurs pétales en forme de coeur, inégales, & soûtenues par un calice qui devient un fruit presque rond, dans lequel il y a deux petites semences renflées & cannelées d'un côté, & plates de l'autre. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

La cicuta major C. B. est une de celles qu'on range parmi les venimeuses, & la plus renommée de son genre. La mort de Socrate a seule suffi pour en immortaliser les effets.

Comme on ne lit point sans attendrissement dans le Phédon de Platon, l'histoire circonstanciée de ce qui précéda la mort de ce philosophe, qui avoit passé sa vie à être utile à sa patrie, & à la servir de tous ses talens; qui ne se démentit jamais dans sa conduite; qui témoigna jusqu'au dernier soupir une grandeur héroïque, émanée de la fermeté de son ame & de la confiance dans son innocence: il résulte nécessairement de cette lecture, que tout ce qui regarde la fin tragique d'un homme si respectable, devient intéressant, jusqu'à la plante même qui finit ses jours. Le nom de cette plante se joint dans notre esprit avec celui de Socrate. Nous la cherchons dans nos climats, nous voulons la connoître par nos yeux, ou du moins nous en lisons la description avec avidité.

Description de notre ciguë. Sa racine est longue d'un pié, grosse comme le doigt, partagée en plusieurs branches solides. Avant que de pousser sa tige, cette racine est couverte d'une écorce mince, jaunâtre, blanche intérieurement, fongueuse, d'une odeur forte, d'une saveur douçâtre; de plus, cette racine est creuse en - dedans quand elle pousse sa tige. Cette tige est fistuleuse, cannelée, haute de trois coudées, lisse, d'un verd gai, parsemée cependant de quelques taches rougeâtres comme la peau des serpens. Ses feuilles sont aîlées, partagées en plusieurs lobes, lisses, d'un verd noirâtre, d'une odeur puante, approchant de celle du persil. Ses fleurs sont en parasol au sommet des tiges, en roses composées de cinq pétales blancs en forme de coeur, inégaux, placés en rond, & portés sur un calice qui se change, comme on l'a dit, en un fruit presque sphérique, composé de deux petites graines convexes & cannelées d'un côté, applaties de l'autre, d'un verd pâle. Elle croît dans les lieux ombrageux, dans les champs, au bord des haies, dans les décombres, & fleurit en été. Elle vient dans les environs de Paris à l'ombre.

Toute cette plante a une saveur d'herbe salée, & une odeur narcotique & foetide; son suc rougit très peu le papier bleu; d'où l'on peut conclure qu'elle contient un sel ammoniacal enveloppé de beaucoup d'huile & de terre. Ces principes se trouvent à - peu - près dans l'opium.

Elle n'est point aussi venimeuse qu'en Grece. Presque tout le monde convient que cette plante prise intérieurement est un poison, & personne n'ignore que c'étoit celui des Athéniens; mais quelles que fussent les qualites mortelles de la ciguë dont ils se servoient, il est certain que celle qui croît dans nos contrées n'a point ce même degré de malignité. On a vû dans nos pays des personnes qui ont mangé une certaine quantité de sa racine & de ses tiges sans en mourir. Ray rapporte dans son histoire des plantes, d'après les observations de Bowle, que la poudre des racines de ciguë, donnée à la dose de vingt grains dans la fievre quarte, avant le paroxisme, est au - dessus de tous les diaphorétiques. M. Reneaume, medecin de Blois (Observat. 3. & 4.), dit en avoir fait prendre, avec beaucoup de succes, une demi-dragme en poudre dans du vin, & jusqu'à deux dragmes en infusion pour les skirrhes du foie & du pancréas; mais ce medecin n'a jamais guéri des kirrhes, & si son observation étoit vraie, elle prouveroit seulement que la racine de ciguë n'est pas toûjours nuisible.

Nous croyons cependant avec les plus sages Medecins, que le plus prudent est de s'abstenir dans nos climats de l'usage interne de cette plante. Elle y est assez venimeuse pour se garder de la donner intérieurement; car elle cause des stupeurs, & autres accidens fâcheux. Son meilleur antidote est le vinaigre en guise de vomitif, avec de l'oximel tiede en quantité suffisante pour procurer & faciliter le vomissement.

Elle ne passoit point pour venimeuse à Rome. Ce qui est néanmoins singulier, & dont il faut convenir, c'est que la ciguë ne passoit point à Rome pour un poison, tandis qu'à Athenes on n'en pouvoit douter; à Rome au contraire on la regardoit comme un remede propre à modérer & à tempérer la bile. Perse, satyre V. vers 146. dit là - dessus: bilis Intumuit, quam non extinxerit urna cicut.

Horace en parle aussi comme d'un remede, dans sa seconde épître, liv. II. vers 53.

sed quod non desit, habentem Qu poterunt unquam satis expurgare cicus? Ni melius dormire putem quam scribere versus.

« Présentement que j'ai plus de bien qu'il ne m'co

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