ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"446"> de cette maniere les vieilles plantes fourniront toûjours de nouveaux jets.

Comme les cierges du Pérou sont pleins de suc, ils peuvent se conserver hors de terre. Ceux donc qui voudront en apporter des Indes occidentales, n'ont autre chose à faire que de les couper, de les laisser sécher quelques jours, les renfermer ensuite dans une boîte avec du foin sec ou de la paille, les empêcher de se toucher de peur qu'ils ne s'entre - déchirent par leurs épines, & les préserver de l'humidité: de cette maniere, ils soûtiendront deux ou trois mois de voyage. Article communiqué par M. le Chevalier de Jaucourt.

Cierge, (Page 3:446)

Cierge, s. m. chandelle de cire que l'on place sur un chandelier, & que l'on brûle sur les autels aux enterremens & autres cérémonies religieuses. Voyez Chandelle.

On fait des cierges de différentes grandeurs & figures. En Italie, ils sont cylindriques; dans la plûpart des autres pays, en France, en Angleterre, &c. ils sont coniques: l'une & l'autre espece sont creux à la partie inférieure; c'est - là qu'est reçue la pointe du chandelier. Voyez Chandelier.

L'usage des cierges dans les cérémonies de religion est fort ancien. Nous savons que les Payens se servoient de flambeaux dans leurs sacrifices, sur - tout dans la célébration des mysteres de Cérès, & ils mettoient des cierges devant les statues de leurs dieux.

Quelques - uns croyent que c'est à l'imitation de cette cérémonie payenne, que les cierges ont été introduits dans l'église Chrétienne; d'autres soûtiennent que les Chrétiens ont suivi en cela l'usage des Juifs. Mais pour en trouver l'origine, il est inutile d'avoir recours aux sentimens des uns & des autres.

Il n'est pas douteux que les premiers Chrétiens ne pouvant s'assembler que dans des lieux soûterreins, ne fussent obligés de se servir de cierges & de flambeaux: ils en eurent même besoin depuis qu'on leur eut permis de bâtir des églises; car elles étoient construites de façon qu'elles ne recevoient que très - peu de jour, afin d'inspirer plus de respect par l'obscurité.

C'est - là l'origine la plus naturelle qu'on puisse donner à l'usage des cierges dans les églises. Mais il y a déjà long - tems que cet usage, introduit par la nécessité, est devenu une pure cérémonie. S. Paulin, qui vivoit au commencement du cinquieme siecle, observe que les Chrétiens de son tems aimoient si fort les cierges, qu'ils en représentoient en peinture dans leurs églises.

Ceux qui ont écrit des cérémonies de l'église, ont remarqué que l'usage d'allumer des cierges même en plein jour, a une signification mystique, qui est d'exprimer la joie, la charité, & la lumiere même de la vérité, découverté aux hommes par la prédication de l'Evangile. C'est le sentiment de S. Jerôme contre l'hérétique Vigilance: Per totas Orientis ecclesias, dit ce pere, accenduntur luminaria, sole jam rutilante, non utique ad fugandas tenebras, sed ad signum latitia demonstrandum.... Ut sub typo luminis corporalis illa lux ostendatur de quâ in psalterio legimus: lucerna pedibus meis verbum tuum, & lumen semitis meis. S. Jerôme, tom. IV. part. I. pag. 284.

Il y a deux manieres de faire des cierges; l'une à la cuillere, & l'autre à la main.

Voici la premiere. Les brins des meches que l'on fait ordinairement moitié coton & moitié filasse, ayant été bien commis & coupés de la longueur dont on veut faire les cierges, on en pend une douzaine à distances égales, autour d'un cerceau de fer, perpendiculairement au - dessus d'un grand bassin de cuivre plein de cire fondue: alors on prend une cuil <cb-> lere de fer qu'on emplit de cette cire; on la verse doucement sur les meches, un peu au - dessous de leur extrémité supérieure, & on les arrose ainsi l'une après l'autre: de sorte que la cire coulant du haut en - bas sur les meches, elles en deviennent entierement couvertes, & le surplus de la cire retombe dans le bassin, au - dessous duquel est un brasier pour tenir la cire en fusion, ou pour empêcher qu'elle ne se fige.

On continue ainsi d'arroser les meches dix ou douze fois de suite, jusqu'à ce que les cierges ayent pris l'épaisseur qu'on veut leur donner. Le premier arrosement ne fait que tremper la meche; le second commence à la couvrir, & les autres lui donnent la forme & l'épaisseur. Pour cet effet, on a soin que chaque arrosement qui suit le quatrieme, se fasse de plus bas en plus bas, afin que le cierge prenne une figure conique. Les cierges étant ainsi formés, on les pose pendant qu'ils sont encore chauds, dans un lit de plume pour les tenir moux: on les en tire l'un après l'autre, pour les rouler sur une table longue & unie avec un instrument oblong de boüis, dont le bout inférieur est poli, & dont l'autre est garni d'une anse.

Après que l'on a ainsi roulé & poli les cierges, on en coupe un morceau du côté du bout épais, dans lequel on perce un trou conique avec un instrument de boüis, afin que les cierges puissent entrer dans la pointe des chandeliers.

Pendant que la broche de boüis est encore dans le trou, on a coûtume d'empreindre sur le côté extérieur le nom de l'ouvrier & le poids du cierge, par le moyen d'une regle de boüis sur laquelle on a gravé les caracteres qui expriment ces deux choses. Enfin on pend les cierges à des cerceaux, pour les secher, durcir, & exposer en vente.

Maniere de faire des cierges à la main. Les meches étant disposées comme ci - dessus, on commence par amollir la cire dans de l'eau chaude, & dans un vaisseau de cuivre étroit & profond: ensuite on prend une poignée de cette cire, & on l'applique par degrés à la meche qui est attachée à un crochet dans le mur par le bout opposé au collet, de sorte que l'on commence à former le cierge par son gros bout: on continue cette opération en le faisant toûjours moins fort à mesure que l'on avance vers le collet.

Le reste se fait de la maniere ci - dessus expliquée, si ce n'est qu'au lieu de les mettre dans un lit de plumes, on les roule sur la table aussi - tôt qu'ils sont formés.

Il y a deux choses à observer par rapport aux deux especes de cierges; la premiere, est que pendant toute l'opération des cierges faits à la cuillere, on se sert d'eau pour mouiller la table, & d'autres instrumens, pour empêcher que la cire ne s'y attache: & la seconde, que dans l'opération des cierges faits à la main, on se sert d'huile d'olive, pour prévenir le même inconvénient.

Cierge paschal, (Page 3:446)

Cierge paschal, dans l'église Romaine, est un gros cierge auquel un diacre applique cinq grains d'encens, dans autant de trous que l'on y a faits en forme de croix; il allume ce cierge avec du feu nouveau, pendant les cérémonies du samedisaint.

Le pontifical dit que le pape Zosime a institué cette cérémonie; mais Baronius prétend que cet usage est plus ancien; & pour le prouver, il cite une hymne de Prudence. Il croit que ce pape en a établi seulement l'usage dans les églises paroissiales, & qu'auparavant l'on ne s'en servoit que dans les grandes églises.

Le pere Papebroch parle plus distinctement de l'origine du cierge paschal, dans son conatus chronicohistoricus. Quoique le concile de Nicée eût reglé le [p. 447] jour auquel il falloit célebrer la fête de Pâques, il semble qu'il chargea le patriarche d'Alexandrie d'en faire un canon annuel & de l'envoyer au pape. Comme toutes les fêtes mobiles se reglent par celle de Paques, on en faisoit tous les ans un catalogue que l'on écrivoit sur un cierge, & on benissoit ce cierge dans l'église avec beaucoup de cérémonie.

Ce cierge, selon l'abbé Châtelain, n'étoit pas de cire, ni fait pour brûler; il n'avoit point de meche, & ce n'étoit qu'une espece de colomne de cire, faite pour écrire dessus la liste des fêtes mobiles, cette liste ne devant subsister que l'espace d'un an: car lorsqu'on écrivoit quelque chose dont on vouloit perpétuer la mémoire, les anciens avoient coûtume de le faire graver sur du marbre ou sur de l'acier: quand c'étoit pour longtems, on l'écrivoit sur du papier d'Egypte; & quand ce n'étoit que pour peu de tems, on se contentoit de le tracer sur de la cire. Par succession de tems, on commença à écrire la liste des fêtes mobiles sur du papier, mais on l'attachoit toûjours au cierge paschal, & cette coûtume s'observe encore de nos jours dans l'église de Notre - Dame de Roüen, & dans toutes les églises de l'ordre de Cluni. Telle est l'origine de la bénédiction du cierge paschal. V. sur l'article Cierge les Dict. de Trévoux, du Commerce, & Chambers.

Cierges, (Page 3:447)

Cierges, (Hydraulique.) Ce sont des jets élevés & perpendiculaires, fournis sur la même ligne par le même tuyau, qui étant bien proportionné à leur quantité, à leur souche, & à leur sortie, leur conserve toute leur hauteur. On a un bel exemple des cierges ou grilles d'eau au haut de l'orangerie de Saint - Cloud.

On prétend que les cierges d'eau sont plus éloignés les uns des autres que les grilles. (K)

CIFUENTES (Page 3:447)

CIFUENTES, (Géog.) ville d'Espagne dans la Castille vieille, dans un comté de même nom.

CIGALE (Page 3:447)

CIGALE, s. f. cicada (Hist. nat. insect.) espece de mouche très - connue par le bruit qu'elle fait dans la campagne, & que l'on prend communément, mais mal - à - props, pour une sorte de chant. La tête de cet insecte est large & courte; il a deux yeux à réseaux, qui sont placés l'un à droite & l'autre à gauche, près du bout postérieur de la tête, & qui ont un grand nombre de facettes; entre ces deux yeux, il s'en trouve trois autres qui sont lisses & rangés en triangle. Les cigales ont un corcelet composé de deux pieces, ou plûtôt deux corcelets presque aussi larges que la tête; ils sont pour ainsi dire sculptés, principalement l'antérieur, sur lequel on voit, entr'autres figures, une sorte de triangle. Les aîles sont au nombre de quatre, posées en talus comme les deux pans d'un toit, transparentes, & attachées au second corcelet; les deux du dessus sont placées fort près du premier leur étendue est plus grande que celle des deux autres ailes; elles ont de fortes nervures qui soûtiennent un tissu mince. Le corps est composé de huit anneaux écailleux, y compris la partie oblongue & conique qui le termine, & qui est d'une seule piece dans les femelles; le premier anneau est le plus large, chacun des autres diminue de largeur jusqu'au septieme, qui est au moins aussi large que le second. Les cinq premiers ont chacun à - peu - près le même diametre; le reste du corps forme une pointe qui est plus allongée dans la femelle que dans le mâle.

On distingue des cigales de trois grandeurs différentes; les grandes, les moyennes, & les petites. Celles de la grande espece, étant vûes par - dessus, sont les plus brunes; elles ont le corps d'un brun luisant presque noir; la couleur des corcelets, sur - tout du premier, est mêlée d'une teinte de jaune. Les cigales de l'espece moyenne ont plus de jaune; celles de la petite espece, que l'on no mme ci - galons aux environs d'Avignon, ont moins de jaune que celles de l'espece moyenne, & on voit sur quelques - unes une teinte rougeâtre. Toutes les petites cigales ont les aîles jaunâtres, tandis que celles des autres sont d'une couleur argentée. Les grandes cigales ont le ventre d'une couleur jaunâtre, sale, & pâle, excepté deux bandes brunes qui sont près des bords; ces bandes sont formées par les extrémités des arcs écailleux qui recouvrent le dessus du corps, & qui se replient de chaque côté sous le ventre, ou ils aboutissent chacun à une lame écailleuse au moyen de laquelle chaque anneau est complet. En écartant ces lames les unes des autres autant qu'on le peut, en allongeant le ventre de l'insecte, on découvre des stigmates; il y en a deux entre deux lames, un de chaque côté, placé tout - près de la jonction d'une lame, avec l'arc écailleux qui lui correspond.

En regardant les cigales par - dessous, on apperçoit deux petites antennes qui n'ont que quelques lignes de longueur, & qui sont posées près des yeux à réseaux. Il y a au bout de la tête une piece triangulaire qui ressemble en quelque façon à un menton, qui recouvre le dessus de la tête, & qui s'étend plus loin; la base est en - avant, & le sommet en - arriere; il forme une pointe dont sort la trompe avec laquelle la cigale tire le suc des feuilles & des branches d'arbres. Le fourreau de la trompe tient à des parties membraneuses qui se trouvent au - dessous du menton, vis - à - vis son milieu. Ce fourreau s'étend au - delà de la pointe du menton, comme un fil de la grosseur & de la longueur d'une petite épingle. Lorsqu'on leve la pointe du menton, la trompe sort de son étui, & elle y rentre lorsque cette pointe se remet dans sa position naturelle; quelquefois la trompe entraîne son fourreau, lorsque l'insecte le fait mouvoir. Il est fait en forme de gouttiere, le long de laquelle on voit une legere fente, lorsqu'on regarde la cigale par - Jessous. Cette fente s'élargit quand la trompe sort: on peut la tirer de son fourreau avec la pointe d'une épingle, & la diviser en trois filets écailleux. Les organes dont vient le bruit que l'on appelle le chant de la cigale, sont placés dans son ventre; on ne les trouve que dans les mâles, car les femelles ne font aucun bruit. Il y a sur le ventre des cigales mâles de la grande espece, deux plaques écailleuses qui sont assez grandes, qui tiennent au second corcelet, & qui s'étendent presque jusqu'au troisieme anneau; elles sont posées de façon que l'une recouvre un peu l'autre. On peut soûlever ces plaques par leur extrémité supérieure, mais elles sont arrêtées par une espece de cheville faite en forme d'épines, dont chacune tient par l'une de ses extrémités à la partie de la jambe postérieure qui s'articule avec le corcelet, & appuie par l'autre extrémité sur l'une des plaques. Ces épines empêchent que les plaques ne soient trop soûlevées, & les remettent en situation. Lorsqu'on a relevé les plaques, on trouve dans la partie antérieure du ventre une cavité qui est partagée en deux loges; le fond de chacune de ces loges est luisant comme un miroir; il y a une membrane tendue & transparente comme le verre, sur laquelle on voit toutes les couleurs de l'arc - en - ciel, lorsqu'on la regarde obliquement.

Si on enleve la partie supérieure du premier & du second anneau, & si on met à découvert du côté du dos l'endroit qui correspond à la cavité où sont les miroirs, on y trouve deux muscles qui sont composés d'un grand nombre de fibres droites; ils forment; en s'approchant, un angle aigu sur les revers de la piece triangulaire dont il a déjà été fait mention. Ces muscles aboutissent aux organes qui produisent le bruit de la cigale; ils sont situés dans deux réduits dont les deux orifices

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