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Une liste d'arcanes non expliqués, & dont l'existence est seulement annoncée à la fin de ses fourneaux philosophiques, présente aux Chimistes une ample matiere de travail, & la plûpart de ces arcanes ont un caractere de possibilité, qui rend l'entreprise de ces travaux très - raisonnable.
M. Stahl lui a reproché avec raison d'avoir obscurci
des notions sort claires que ses expériences fournissent,
par la manie de les diriger aux vûes chimériques
de l'Alchimie, dont il a été autant entêté que
personne; aussi bien que de la confiance aux vertus
des astres, des signatures, des noms, &c. qu'il
a défendu dans des traités faits exprès; & de n'avoir
tiré aucun parti de ces expériences pour les
progrès de la science positive, des curiosités physico - chimiques, & d'être par conséquent (en comptant
ces vûes & ces explications alchimiques pour rien)
très - versé in
On lui a reproché encore, avec la même justice, d'avoir vanté avec la plus grande emphase, & sans la moindre circonspection, tous ses prétendus arcanes; ce qui a attiré du mépris sur l'art, ses promesses n'étant pas toûjours suivies de l'esset. Glauber est bien effectivement le plus inconsidéré prometteur & le plus outré loüangeur de ses secrets, de tous les charlatans qui sont ou qui furent: cette manie paroît sur - tout dans les titres de ses ouvrages, toûjours écrits pour le salut du genre humain, pour la consolation de plusieurs milliers d'affligés, pour le soulagement des souffrans, la prospérité de sa patrie, qui seront comme une chandelle allumée mise sur le chandelier, &c. C'est dans ces défauts que les chimistes ses contemporains les plus illustres, tels que Becher, Borrichius, & le célebre Stahl qui a commencé à courir la même carriere peu de tems après la mort de Glauber, ont trouvé des prétextes pour le déprimer; quoique Stahl lui - même, qui parle toûjours de Glauber comme d'un manoeuvre, n'ait pas dédaigné de se parer de quelques - unes de ses idées philosophiques, que véritablement Glauber n'avoit jamais été en état de mettre en oeuvre comme Stahl.
Glauber a beaucoup célébré une medecine universelle
(Voyez
Glauber a continué d'écrire jusqu'en 1669.
Une époque considérable pour la Chimie, c'est la
conquête qu'elle fit vers le milieu du dernier siecle,
de la théorie de la Medecine, ou la naissance de la
secte chimique des Medecins, dont les chefs & les
propagateurs les plus connus sont le célebre professeur
François Deleboe Sylvius, Otto Tachenius qui
s'est fait un nom dans la Chimie pratique par quelques
procédés particuliers sur la préparation des sels, &
l'ingénieux Thomas Willis, auteur d'un traité sur la
fermentation fort estimable, & inventeur des deux
principes passifs, ajoûtés au ternaire de Paracelse.
Voyez
Il n'est pas aisé de décider si cette conquête fut plus funeste à la Medecine qu'à la Chimie: car si d'un côté la Chimie medicinale devenue physiologique & pathologique, remplit bientôt d'hypotheses monstrueuses la théorie de la Medecine, dont elle avoit enrichi la pratique tant qu'elle n'avoit été que pharmaceutique, on peut avancer aussi que ses nouveaux sujets (les Medecins théoriciens) qui bientôt donnerent le ton, traiterent la Chimie avec cette licence de raisonnement, cette exondance d'explications qu'on leur a tant reprochée & à si juste titre, & qu'entre leurs mains la théorie chimique fut bientôt aussi gratuite que celle de la Medecine. La doctrine qu'on enseigna dans les chaires qui furent établies après dans les plus fameuses universités, se ressent de cette maniere arbitraire de philosopher, & a subsisté dans les écoles pendant tout le regne de la secte chimique des Medecins, & long - tems même après sa proscription chez plusieurs nations, cultivant d'ailleurs les sciences avec succès; notamment chez nous, où le Stahlianisme n'a pénétré que long - tems après la réforme de Stahl, & où il faut même convenir qu'il n'est pas encore assez généralement répandu.
Enfin dans le tems même où la Chimie essuyoit l'espece d'éclipse dont nous venons de parler, parut l'illustre Jean Joachim Becher, né à Spire vers l'an 1625; d'abord professeur de Medecine & medecin de l'électeur de Mayence, ensuite medecin de l'électeur de Baviere, dans le laboratoire duquel il travailla beaucoup; après cela fixé auprès de l'empereur, de la cour duquel il fut obligé de s'éloigner par des maneges de courtisans, enfin voyageur en Hollande & en Angleterre, &c. Homme d'un génic véritablement grand, d'un jugement exquis, & très versé dans presque toutes les sciences; le vrai Hermès de la Chimie philosophique; le pere, le créateur du dogme chimique de cette Chimie, que j'ai donné au commencement de cet article comme la base de l'étude de la nature. Sa physique soûterraine, que malheureusement nous n'avons pas complete, contient au moins le germe de toutes les vérités chimiques & du système qui les rassemble en corps de doctrine, & elle a (la Chimie) dans cet ouvrage tous les caracteres par lesquels nous l'avons opposée à la physique ordinaire. Il faut avoüer cependant que Becher en cela plus heureux qu'Aristote, a l'obligation à Stahl son commentateur, d'avoir expliqué & peut - être rectifié plusieurs de ces dogmes, & que c'est dans le specimen Becherianum de Stahl, que la physique de Becher mérite les éloges les plus éclatans, dont tout connoisseur ne peut s'empêcher de la combler. Ce specimen est le code de la Chimie, l'Euclide des Chimistes, &c. Les éloges de Stahl, le meilleur juge qu'on puisse trouver sur ces matieres, nous tiendront lieu du jugement que nous avons à porter sur cet auteur: Illud nostrum facimus, dit - il dans la préface qu'il a faite pour la physique soùterraine de Becher, Becherum in physicâ hâc sub> - [p. 435]
Le célebre physicien Robert Boyle, contemporain & ami de Becher, est ordinairement compté parmi les Chimistes; & il a effectivement beaucoup écrit sur la Chimie: mais il est trop exactement phy<cb->
Boyle paroît avoir jugé Vanhelmont, par exemple, sur le simple titre que ce chimiste se donnoit de philosophe par le feu, lorsqu'il l'a accusé d'être un des chimistes qui avoient mal estimé l'action du feu dans la décomposition des corps, & d'avoir adopté la doctrine des principes dans le sens où Boyle la prend, & où elle est réellement vicieuse; car Vanhelmont est directement opposé à cette opinion.
Son chymista scepticus où l'auteur n'a point douté,
(ce que Becher lui a reproché dans le même
endroit de sa Physique soûterraine, où il tourne
en ridicule la forme spirale des particules de
l'air, par laquelle Boyle expliquoit le ressort de
ce fluide; ce que je remarque en passant, pour
faire voir que les Chimistes ont avant les Newtoniens senti l'insuffisance de ce méchanisme), &
où on ne trouve point les paradoxes annoncés par
le titre de la derniere partie de cet ouvrage, est
exactement caractérisé par l'idée que nous venons
de donner de la maniere générale de Boyle. Il
s'est peint de la même façon dans son ouvrage
intitulé de impersectà chimicorum circa qualitates doctrinâ.
L'on voit d'ailleurs évidemment en Boyle
l'étranger dans les choses chimiques, par le manque
absolu de l'art d'élaguer l'exposé de ses expériences,
qu'il charge souvent de circonstances inutiles,
tandis qu'il évalue fort mal les essentielles;
notamment dans son essai sur les parties du nitre, où
il paroît croire que l'air libre opere matériellement
dans les crystallisations des sels, soit par sa propre
substance, soit par des exhalaisons terrestres ou même
célestes, & où il a connu si peu l'effet de l'évaporation
dans la production de ce phénomene,
qu'il témoigne à - propos des mêmes expériences
beaucoup de regret de n'avoir pas tenté si une dissolution
de nitre enfermée dans un vaisseau exactement
bouché, ne fourniroit pas aussi bien des crystaux
qu'une pareille dissolution exposée à l'air libre.
L'inconsequence ou l'inutilité de ses expériences
pour les points à l'appui desquels il les rapporte,
est frappante dans son livre de producibilitate principiorum
chimicorum, où l'on trouve pourtant des
faits importans en soi, la production d'un soufre artificiel,
par exemple, mais qui avoit déjà été exécutée
par Glauber qui ne se trompoit pas plus que
Boyle, lorsqu'il croyoit l'extraire des charbons, au
lieu que le physicien croyoit le séparer de l'huile de
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