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Les chimistes employent dans leurs opérations divers
instrumens: fourneaux, vaisseaux, luts, intermedes,
& autres ustenciles, qui tous ensemble font
le suppellex chimica, les meubles d'un laboratoire.
Voy.
Nous n'admettons pas l'inutile distinction de ces
instrumens appellés particuliers & artificiels par la
plûpart des chimistes; de ces instrumens, dis - je, &
des instrumens appellés par les mêmes chimistes naturels & généraux, savoir le feu, l'air, l'eau, & la terre:
1°. parce que lorsque ces derniers corps agissent par
leurs qualités intérieures, & qu'ils éprouvent matériellement
les changemens chimiques, ils ne sont
plus des instrumens, mais des menstrues; l'air agit
comme menstrue dans la calcination, le feu dans
la réduction, l'eau dans la fermentation, & la terre
dans certaines fixations; voy.
L'explication suffisamment détaillée de l'action de nos deux grands agens, du secours que nous tirons
Malgré l'utilité & la nécessité de ces connoissances
particulieres, le chimiste qui les possédera ne sera
encore qu'un manoeuvre, s'il ne les a combinées
sous la forme scientifique d'un système; forme sous
laquelle nous achevrons de les présenter dans ce
Dictionnaire. Voy. les différens articles, tels que
Les trois regnes de la nature dont nous venons de
faire mention, sont trois grandes divisions dans lesquelles
nous avons distribué les sujets chimiques;
les minéraux, les végétaux, les animaux, remplissent
ces divisions. Voyez
Les corps de chacun de ces trois regnes sont distingués
entre eux par leur simplicité, ou par leur ordre
de mixtion; ils sont des corps simples, des mixtes,
des composés, des surcomposés, &c. caractere
essentiel relativement aux moyens par lesquels le chimiste
doit procéder à leur examen. V.
L'analyse de tous les corps composés nous a appris que chacun de ces corps pouvoit se résoudre immédiatement en d'autres substances essentiellement différentes; qu'on pouvoit diviser celles - ci en d'autres substances différentes aussi entr'elles, qui pouvoient être encore ou simples ou composées, & ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on fût arrivé par ordre jusqu'aux élémens qui ne constituoient eux - mêmes le premier ordre de composition que réunis plusieurs ensemble, & différens en nature.
Ces différens corps dont nous venons de parler,
considérés comme matériaux d'autres corps plus
composés, les Chimistes les ont appellés en général
principes, & ils ont donné le nom de premiers
principes aux corps simples, qu'ils ont appellés aussi
élémens; & celui de principes secondaires ou principes
principiés, à ceux qu'ils pouvoient décomposer ultérieurement.
Voyez la doctrine des principes des Chimistes, l'histoire des erreurs sur cette matiere de plusieurs
d'entr'eux, & celle des erreurs plus grossieres encore des
Physiciens qui les ont combattues, au mot
Si le Chimiste réussit à réunit par ordre tous les
principes qu'il a séparés par ordre, & à recomposer
le corps qu'il avoit analysé, il parvient au complément
de la démonstration chimique: or l'art a atteint
ce degré de perfection sur plusieurs objects essentiels.
Voyez
L'usage, l'emploi des menstrues dans les opérations
chimiques, nous a découvert dans les petits
corps une propriété que je généralise sous le nom de
solubilist ou miscibilité (voyez
Je puis démontrer aussi que cette solubilité en acte,
ou l'union chimique (aussi - bien que l'union aggrégative
ou l'attraction physique) est sans cesse
contre - balancée par la chaleur, & non pas alternée
par la répulsion. Ainsi je differe des Newtoniens sur
ce point à deux égards; 1° parce que je connois la
cause de la répulsion, qui est toûjours le feu; 2°
parce que je considere la cohésibilité & la chaleur
comme deux agens qui se contre - balancent & qui
peuvent se surmonter réciproquement; au lieu que
les Newtoniens considerent l'attraction & la repulsion
comme deux phénomenes isolés, dont l'un commence
quand l'autre finit. Voy.
Les rapports & la chaleur que nous avons substitués à l'attraction & à la repulsion des Physiciens modernes, sont les deux grands principes de tous les phénomenes de la Chimie.
Voilà les premiers linéamens de ce qu'on peut appeller sapientia chimica. Quelques demi - philosophes seront peut - être tentés de croire que nous nous sommes élevés aux généralités les plus hautes; mais nous savons bien au contraire, que nous nous en sommes tenus aux notions qui découlent le plus immédiatement des faits & des connoissances particulieres, & qui peuvent éclairer de plus près la pratique.
En effet il ne seroit pas impossible de faire disparoître toutes ces distinctions que nous avons tant multipliées; tous ces aspects différens sous lesquels nous avons considéré les corps, en jettant là - dessus un de ces coups d'oeil supérieurs, dans lesquels on montre d'autant plus d'étendue dans le génie, qu on identifie davantage les causes & les effets. Mais ces efforts nuiroient à la science - pratique dans tous ceux qui n'auroient, ni cette capacité de vûe qui sait embrasser & les plus grandes choses & les plus petites, ni cette aptitude qu'ont certains hommes extraordinaires, de concentrer dans les méditations les plus abstraites toutes leurs facultés intellectuelles, & de sortir de cette espece de léthargie philosophique où tous leurs sens sont pour ainsi dire suspendus, pour en reprendre l'usage avec plus de vivacité, les disperser avec avidité sur tous les objets qui les environnent, & se passionner de l'importante & curieuse minutie des détails.
Ce qui peut avoir quelque rèssemblance éloignée avec ces hautes contemplations, dans ce que nous avons exposé plus haut, n'est qu'un simple résumé de réflexions suggérées par l'exercice immédiat des sens; ce n'est que l'expérience de l'ouvrier décorée du vernis de la science. Exemple: dans une opération chimique on a toûjours l'aggrégation à rompre, & quelquefois la mixtion de certains corps à ménager; donc une des premieres distinctions indiquées par l'habitude du laboratoire, c'est celle qui établit les caracteres respectifs de l'aggrégation & de la mixtion; deux expressions premieres & fondamentales dans l'idiome chimique, qui fourniront seules dequoi énoncer scientifiquement, c'est - à - dire par leurs causes prochaines, tous les effets de la chaleur employée dans le traitement des différens corps. Ainsi la manoeuvre dit: un certain degré de feu fond l'or, dissipe l'eau, calcine le plomb, fixe le nitre, analyse le tartre, le savon, un extrait, un animal,
La Métaphysique n'a rien dit d'une maniere abstraite dans tous les principes que nous avons posés plus haut, qui ne puisse être traduit pour les objets particuliers en langage de manoeuvre, comme nous venons de l'exécuter dans ces exemples, & réciproquement, &c.
Mais si la Chimie a dans son propre corps la double langue, la populaire & la scientifique, elle a entre les autres sciences naturelles sa maniere de concevoir, comme il est évident par ce que nous avons exposé ailleurs fort au long, & par ce que nous nous étions réservé d'ajoûter ici pour achever le tableau de la Chimie par ce qu'elle a de plus distingué; c'est que la plûpart des qualités des corps que la Physique regarde comme des modes, sont des substances réelles que le chimiste sait en séparer, & qu'il sait ou y remettre, ou porter dans d'autres; tels sont entre autres, la couleur, le principe de l'inflammabilité, de la saveur, de l'odeur, &c.
Qu'est - ce que le feu, dit le physicien? n'est - ce pas un corps échauffé à un tel point qu'il jette de la lumiere en abondance? car un fer rouge & brûlant, qu'est - ce autre chose que du feu? & qu'est - ce qu'un charbon ardent, si ce n'est du bois rouge & brûlant? Newton, Opt. qu>st. 9. Cependant un charbon embrasé est aussi peu du feu, qu'une éponge imbibée d'eau est de l'eau; car le chimiste peut aussi bien enlever au charbon, & montrer à part le principe de l'inflammabilité, c'est - à - dire le feu, qu'exprimer l'eau d'une éponge & la recevoir dans un vaisseau.
La couleur considérée dans le corps coloré est, pour le physicien, une certaine disposition de la surface de ce corps, qui le rend propre à renvoyer tel ou tel rayon; mais pour le chimiste, la verdure d'une plante est inhérente à un certain corps résineux verd, qu'il sait enlever à cette plante; la couleur bleue de l'argille est dûe à une matiere métallique qu'il en sait aussi séparer; celle du jaspe, qui semble si parfaitement une avec cette substance fossile, en a pourtant été tirée & retenue, selon la fameuse expérience de Becher.
Une observation qu'il est à propos de faire, c'est
que dans l'exposition des phénomenes de la couleur,
le physicien & le chimiste disent seulement des choses
différentes, mais non contradictoires. Le chimiste
fait seuiement un pas de plus; & il en fera un
second, si, quand vous lui demanderez en quoi consiste
la couleur dans cette résine verte de la plante,
ou dans cette substance métallique de l'argille, il
n'en est pas encore réduit dans sa réponse à recourir
à une certaine disposition occulte, & s'il connoît
un corps, un être physique, une substance particuliere
qu'il puisse assigner comme le sujet ou la
cause de la couleur: or il connoît ce corps, savoir
le phlogistique; en un mot, tant qu'il est question
des propriétés des mixtes, le chimiste en trouve
la raison dans leurs principes ou dans la mixtion mê<pb->
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