ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"400"> a souvent diminué le nombre des personnâges; leur différence qui les a multipliées plus souvent encore; les fables présentées comme des vérités; les vérités métamorphosées en fables; la diversité des langues; celle des mesures du tems, & une infinité d'autres circonstances qui concourent toutes à former des ténebres: s'ils avoient, dis - je, considéré mûrement ces choses, ils seroient surpris, non qu'il se soit trouvé des différences entre les systèmes chronologiques qu'on a inventés, mais qu'on en ait jamais pû inventer aucum.

CHRONOLOGIQUE (Page 3:400)

CHRONOLOGIQUE, adj. se dit de ce qui a rapport à la chronologie.

Caracteres chronologiques, sont des marques par lesquelles on distingue les tems.

Les uns sont naturels, ou astronomiques; les autres, artificiels, ou d'institution; les autres enfin historiques.

Les caracteres astronomiques sont ceux qui dépendent du mouvement des astres, comme les éclipses, les solstices, les équinoxes, les différens aspects des planetes, &c. Les caracteres d'institution sont ceux que les hommes ont établis, comme le cycle solaire, le cycle lunaire, &c. Voyez Cycle.

Les caracteres historiques sont ceux qui sont appuyés sur le témoignage des historiens, lorsqu'ils fixent certains faits à certaine année d'une époque, ou qu'ils rapportent au même tems deux faits différens. Wolf, élém. de chronologie.

Tables chronologiques, sont des tables où les principales époques & les principaux faits sont marqués par ordre & simplement indiqués. On peut les faire plus ou moins étendues, universelles ou particulieres, &c. Voyez celles de M. l'abbé Lenglet.

Abregé chronologique, se dit d'une histoire abregée, où les faits principaux sont rapportés avec leurs circonstances les plus essentielles, & suivant l'ordre chronologique. Voyez Annales. Nous avons dans notre langue plusieurs bons abregés chronologiques, dont les plus connus sont, celui de l'histoire de France, par M. le président Henault; celui de l'hist. ecclèsiastique, en deux volumes in - 12, par M. Macquer, avocat, frere de M. Macquer, de l'académie des Sciences; l'art de vérifier les dates, dont nous avons parlé à l'article Chronologie, & quelques autres. (O)

Chronologique (machine.) (Page 3:400)

* Chronologique (machine.) Chronologie, Imaginez un assemblage de plusieurs cartes partielles qui n'en forment qu'une grande. La hauteur de cette grande carte n'est guere que d'un pié; sa longueur ne peut manquer d'être très - considérable. Quelle qu'elle soit, elle est divisée en petites parties égales, alternativement blanches & noires, telles que celles qui marquent les degrés sur un grand cercle de la sphere. Il y a autant de ces parties, qu'il s'est écoulé d'années depuis la création du monde jusqu'aujourd'hui. Chacune de ces parties marque une année de la durée du monde. Cette échelle chronologique est formée de la réunion de trois grandes époques; la premiere comprend depuis la création du monde jusqu'à la fondation de Rome; la seconde, depuis la fondation de Rome jusqu'à la naissance de Jesus - Christ; la troisieme, depuis la naissance de Jesus - Christ jusqu'à nos jours.

Cette échelle ou ligne chronologique est coupée de dix ans en dix ans, par des perpendiculaires qui traversent la hauteur de la carte. Il part des divisions de l'échelle, comprises entre deux de ces lignes, d'autres perpendiculaires ponctuées. De chacun des points de ces perpendiculaires à l'échelle chronologique, ponctuées ou non ponctuées, il s'en éleve d'autres ponctuées ou continues, paralleles entre elles & à l'échelle chronologique, s'étendant selon toute la longueur de la carte, & divisant toute sa hauteur. Les perpendiculaires à l'échelle chronologique sont des li<cb-> gnes de contemporaneité; les paralelles à l'échelle chronologique sont des lignes de durée.

Tous les évenemens placés sur une des perpendiculaires à l'échelle, sont arrivés au même point de la durée; tous les évenemens placés sur une autre perpendiculaire à l'échelle plus voisine de nos tems, ont duré ou fini ensemble. Les lignes paralleles à l'échelle, comprises entre ces deux perpendiculaires, marquent la durée de ces évenemens; & l'extrémité de ces deux perpendiculaires aboutissant en - haut, à deux points de l'échelle, on voit en quel tems de la durée du monde les faits contemporains ont commencé & fini. A l'aide d'autres perpendiculaires & d'autres paralleles, on est instruit de combien de tems les faits non contemporains ont commencé & fini plûtôt les uns que les autres; & selon l'endroit que ces paralleles occupent sur les perpendiculaires, on connoit les endoits du monde où les évenemens se sont passés.

Quant à la multitude & à la variété des faits, elle est immense; elle comprend tous ceux de quelque importance, dont il est fait mention dans l'histoire, depuis la fondation d'un empire jusqu'à l'invention d'une machine; depuis la naissance d'un potentat jusqu'à celle d'un habile ouvrier. Des caracteres symboliques, clairs, & en assez petit nombre, indiquent sans aucune peine l'état de la personne, & quelquefois une qualité morale bonne ou mauvaise.

Il nous a semblé que cette carte pouvoit épargner bien du tems à celui qui sait, & bien du travail à celui qui apprend. On en a fait une machine très - commode, en la plaçant, comme nous l'allons expliquer, sur deux cylindres paralleles, sur l'un desquels elle se roule à mesure qu'elle se développe de dessus l'autre, exposant à la fois un assez grand intervalle de tems, & successivement toute la suite des tems & des évenemens, soit en descendant depuis la création du monde jusqu'à nous, soit en montant depuis nos tems jusqu'à celui de la création.

Description de la machine chronologique. Parties essentielles. La machine chronologique est formée de deux moitiés parfaitement semblables, & chacune de ces moitiés est composée de deux planches A (voyez parmi nos Planches de Sciences & d'Arts, la Planche de chronologie) d'une ligne & demie ou deux lignes d'épaisseur: il faut considérer deux parties à chacune de ces planches; l'une formant un cercle de quatre pouces de diametre; l'autre prolongée en forme de tangente à ce cercle, de la longueur de six pouces, sur un pouce de hauteur, dans laquelle sont pratiquées à quatre lignes du bord supérieur, deux mortaises d'un pouce & demi chacune, pour recevoir les tenons de la planche B suivante.

Une planche B de seize pouces de long, non compris les deux tenons qui sont à chaque bout, & cinq pouces & demi de large, & de la même épaisseur que les planches A.

Deux petits rouleaux ou bâtons cylindriques, de quatre lignes de diametre sur seize pouces de long.

L'un desquels C est terminé par deux pointes de fild'archal qui lui servent d'axe.

L'autre D a pour axe, d'une part, une semblable pointe, & de l'autre la manivelle ci - après.

Une manivelle composée de trois pieces. Une poignée E de bois tourné, de deux pouces de long, sur une grosseur proportionnée. Un fil - d'archal F d'une ligne & demie d'épaisseur, dont un bout sert d'axe à la poignée qu'il ensile dans toute sa longueur; l'autre est inséré dans une des extrémités du rouleau D, pour achever son axe, & la partie mitoyenne est tournée en demi - cercle pour faciliter le jeu de la manivelle. Et un petit bouton G, servant à arrêter la poignée sur son axe, où elle est mobile.

Deux petits crochets de métal H, dont un placé [p. 401] au haut de la partie circulaire d'une des planches A, sert à fixer la machine fermée; l'autre, placé sous l'arrête du prolongement de la même planche A, sert à fixer la machine ouverte.

Deux petits pitons I, faits avec du fil - d'archal, placés au même endroit de l'autre planche A, servent à recevoir les crochets H.

Enfin quatre petites plaques de cuivre mince L, d'environ deux lignes de large sur sept à huit de long, servent à attacher librement les deux moitiés de cette machine.

Construction de la machine. Les deux planches A, posées de champ, reçoivent dans leurs mortaises les tenons de la planche B, qui est posée horisontalement, & arrêtée avec de la colle forte.

Des trous pratiqués dans les planches A, au haut de la partie circulaire, sur la même ligne que les mortaises, reçoivent les pointes de l'axe du rouleau C, qui se trouve ainsi place à côté de la planche B, à deux lignes de distance, & excédant son niveau d'une ligne.

Un autre trou pratiqué au milieu de la partie circulaire de l'une des planches A, reçoit la pointe de l'axe du rouleau D; & un pareil trou, semblablement pratiqué au centre de l'autre planche A, est traverse par le bout du sil d'archal F, qui fait l'axe de la manivelle, & termine celui du même rouleau D, ce qui forme la moitié de la machine: l'autre se construit de la même maniere, & tous deux sont assemblés par le moyen des plaques L, clouées deux - à - deux, l'une en - dedans, & l'autre en - dehors du bod supérieur du prolongement des planches A, avec deux petits clous qui traversent les planches, & sont rivés des deux côtés, de maniere cependant que ces petites plaques puissent se mouvoir sur ces clous qui leur servent d'axes. On a arrondi l'angle superieur des planches A, pour que les deux moities puissent se plier l'une sur l'autre, quand on veut fermer la machine.

Les deux extrémités de la carte chronographique sont collées sur les rouleaux D, autour desquels elles forment leurs circonvolutions, de sorte qu'en tournant une des manivelles, on a toute la facilité possible de faire passer alternativement la carte entiere d'un rouleau sur l'autre. Les rouleaux C, en tournant sur leurs axes, diminuent le frottement de la carte, & en facilitent le jeu. Les planches B servent de table pour étaler sous les yeux une portion de la carte comprenant au moins cent quarante ans. Un carton de grandeur convenable, attaché tout - autour de la bordure de la partie circulaire des planches A, forme à chacun des rouleaux D, une enveloppe cylindrique qui ser à conserver la carte; & ce carton, replié sur lui - même à son extrémité supérienre, à un pouce de distance des rouleaux C, renferme une petite verge de fer clouée par ses deux bouts sur le bord des planches A, & lui donne de la solidité.

Cette machine étant pliée sur elle - même & fermée, la carte se trouve à couvert de toutes parts, & fort en sureté.

L'auteur de cette machine est M. Barbeu du Bourg, docteur en Medecine, & professeur de Pharmacie dans l'université de Paris. On verra bien par le prix qu'il a mis à son invention, que l'utilité publique a été son principal motif. La carte est de trente - cinq feuilles gravées. Afin d'encourager les gens de lettres à l'aider dans le degré de perfection auquel il se propose de porter sa carte, il offre de donner un exemplaire gratis à toutes personnes tenant un rang dans la république des lettres, tels qu'auteurs, académiciens, docteurs, journalistes, professeurs, bibliothéquaires, principaux de collége, préfets, &c. qui daigneront lui en rendre un premier avec les remar<cb-> ques, avis, corrections, observations, & autres ratures dont ils l'auront chargé.

CHRONOMETRE (Page 3:401)

CHRONOMETRE, s. m. (Musique.) nom générique pour marquer les instrumens qui servent à mesurer le tems. Ce mot est composé de XRO/NOS2, tems, & de ME/TRON, mesure.

On dit en ce sens que les montres, les horloges, &c. sont des chronometres. Voyez plus bas.

Il y a néanmoins quelques instrumens qu'on a appellés en particulier chronometres, & nommément un que M. Sauveur décrit dans ses principes d'Acoustique. C'étoit un pendule particulier qu'il destinoit à déterminer exactement les mouvemens en Musique. Laffilard, dans ses principes dédies aux Dames religieuses, avoit mis à la tête de tous les airs des chiffres qui exprimoient le nombre des vibrations de ce pendule pendant la durée de chaque mesure.

Il y a une douzaine d'années qu'on vit reparoître le projet d'un instrument semblable, sous le nom de métrometre, qui battoit la mesure tout seul; mais tour cela n'a pas réussi. Plusieurs prétendent cependant qu'il seroit fort à souhaiter qu'on eût un tel instrument pour déterminer le tems de chaque mesure dans une piece de Musique. On conserveroit par ce moyen plus facilement le vrai mouvement des airs, sans lequel ils perdent toûjours de leur prix, & qu'on ne peut connoître apres la mort des auteurs que par une espece de tradition fort sujette à s'effacer. On se plaint déjà que nous avons oublié le mouvement d'un grand nombre d'airs de Lulli. Si l'on eût pris la précaution dont je parle, & à laquelle on ne voit pas d'inconvéniens, on entendroit aujourd'hui ces mêmes airs tels que l'auteur les faisoit exécuter.

A cela, les connoisseurs en Musique ne demeurent pas sans réponse, Ils objecteront, dit M. Diderot (Mémoires sur différens sujets de Math.) qu'il n'y a peut - être pas dans un air quatre mesures qui soient exactement de la même durée, deux choses contribuant nécessairement à ralentir les unes & à précipiter les autres, le goût & l'harmonie dans les pieces à plusieurs parties, le goût & le pressentiment de l'harmonie dans les solo. Un musicien qui sait son art, n'a pas joüé quatre mesures d'un air, qu'il en saisit le caractere & qu'il s'y abandonne. Il n'y a que le plaisir de l'harmonie qui le suspend; il veut ici que les accords soient frappés; là qu'ils soient dérobés, c'est - à - dire qu'il chante ou joue plus ou moins lentement d'une mesure à une autre, & même d'un tems & d'un quart de tems à celui qui le suit.

A la vérité cette objection qui est d'une grande force pour la Musique Françoise, n'en auroit aucune pour la Musique Italienne, soûmise irrémissiblement à la plus exacte mesure: rien même ne montre mieux l'opposition parfaite de ces deux sortes de Musiques; car si la Musique Italienne tire son énergie de cet asservissement à la rigueur de la mesure, la Françoise met toute la sienne à maîtriser à son gré cette même mesure, à la presser & à la ralentir selon que l'exige le goût du chant, ou le dégré de flexibilité des organes du chanteur.

Mais quand on admettroit l'utilité d'un chronometre, il faut toûjours, continue M. Diderot, commencer par rejetter tous ceux qu'on a proposés jusqu'à présent, parce qu'on y a sait du Musicien & du chronemetre deux machines distinctes, dont l'une ne peut jamais assujettir l'autre. Cela n'a presque pas besoin d'être démontré: il n'est pas possible que le musicien ait pendant toute sa piece l'oeil au mouvement ou l'oreille au bruit du pendule; & s'il s'oublie un moment, adieu le frein qu'on a prétendu lui donner.

J'ajoûterai que quelque instrument qu'on pût trouver pour regler la durée de la mesure, il seroit impossible, quand même l'exécution en seroit de la derniere facilité, qu'il fût admis dans la pratique, Les

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