ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"329"> leur rendre la tête plus belle. En général on ôte les oreilles à tous les chiens à poil ras, excepté les chiens de chasse.

Le Danois de la petite espece a le nez un peu pointu & effilé, la tête ronde, les yeux gros, les pattes fines & seches, le corps court & bien pris; il porte bien sa queue. Les petits Danois sont fort amsans, faciles à instruire & à dresser.

L'arlequin est une variété du petit Danois; mais au lieu que les Danois sont presque d'une seule couleur, les arlequins sont mouchetés, les uns blancs & noirs, les autres blancs & cannelés, les autres d'autre couleur.

Le roquet est une espece de Danois ou d'arlequin, qui a le nez court & retroussé.

L'Artois ou le quatre - vingt a le nez camard & refrogné, de gros yeux, des oreilles longues & pendantes comme le braque: son poil est de toute sorte de couleurs, mais plus souvent brun & blanc. On pourroit dresser cette espece de chiens.

Le grand levrier à poil ras est presque aussi grand que le Danois de carrosse; il a les os menus, le dos voûté, le ventre creusé, les pattes seches, le museau très - allongé, les oreilles longues & ëtroites, couchées sur le cou lorsqu'il court, & relevées au moindre bruit. On le dresse pour la chasse: il a très bon oeil, mais il n'a point de sentiment.

Le grand levrier à poil long est un metis provenu d'un grand levrier à poil ras & d'une épagneule de la grande espece. Il a à - peu - près les mêmes qualités que le levrier à poil ras, mais il a un peu plus de sentiment.

Le levrier de la moyenne espece a la même figure & les mêmes qualités que le grand.

Le levrier de la petite espece ne sert que d'amusement. Il est extrèmement rare, & le plus cher de tous les chiens. On ne le recherche que pour sa figure; car il n'a pas seulement l'instinct de s'attacher à son maître.

Le braque ou chien couchant est ordinairement à fond c taché de brun ou de noir; la tête est presque toujours marquée symmiquement; il a l'oeil de perdrix, les oreilles plates, larges, longues, & pendantes, & le museau un peu gros & un peu long.

Le limier est plus grand que le braque; il a la tête plus grosse, les oreilles plus épaisses, & la queue courte.

Le basset est un chien courant; il est long & bas sur ses pattes; ses oreilles sont longues, plates, & pen dantes.

Chiens à poil long. L'épagneul de la grande espece a le poil lisse & de moyenne longueur, les oreilles longues & garnies de belle soie, de même que la culote & le derriere des pattes; la tête est marquée symmétriquement, c'est - à - dire que le museau & le milieu du front sont blancs, & le reste de la tête d'une autre couleur.

L'épagneul de la petite espece a le nez plus court que le grand à proportion de la grosseur du corps: les yeux sont gros & à fleur de tête, & la cravate est garnie de soie blanche. C'est de tous les chiens celui qui a la plus belle tête: plus il a les soies des oreilles & de la queue longues & douces, plus il est estimé: il est fidele & careslant. Les épagneuls noirs & blancs sont ordinairement marqués de feu sur les yeux.

L'épagneul noir ou gredin est tout noir, & à - peu - près de même service que l'autre épagneul, mais il est beaucoup moins docile.

On appelle pyrames les gredins qui ont les sourcils marqués de feu. On a observé que les chiens qui ont ces sortes de marques ne valent pas les autres.

Le bichon boussé, ou chien - lion, tient du barbet & de l'épagneul; il a le nez court, de gros yeux, de grandes foies lisses; sa queue forme un beau pana<cb-> che, le poitrail est garni de soie comme le derriere des pattes, & les oreilles sont petites.

Le chien - loup, ou chien de Sibérie, est de tous les chiens celui dont la figure est la plus singuliere: il y en a de trois sortes de couleurs, mais uniformes; ils sont ou tout blancs, ou tout noirs, ou tout gris: leur grosseur est médiocre; ils ont les yeux assez petits, la tête longue, le museau pointu, les oreilles courtes, pointues, & dressées en cornet; le poil court sur les oreilles, sur toute la tête, & aux quatre pattes; le reste du corps est garni d'un poil lisse, doux, soyeux, long d'environ un demi - pié. Ils sont extrèmement doux & caressans.

Le barbet de la grande espece a le poil long, cotonneux, & frisé; les oreilles charnues, & couvertes d'un poil moins frisé & plus long que celui du reste du corps. Il a la tête ronde, les yeux beaux, le museau court, & le corps trapu. Les barbets sont ordinairement très - aisés à dresser: ils vont à l'eau: on leur coupe le bout de la queue, & on les tond symmétriquement pour les rendre plus beaux & plus propres: ce sont de tous les chiens ceux qui demandent le plus de soin.

Le barbet de la petite espece ressemble au grand, mais on ne le dresse pas; il ne va pas à l'eau: il est très - attaché à son maître. Les barbets en général sont les plus attachés de tous les chiens: on a des exemples surprenans de leur fidélité & de leur instinct.

Chiens sans poil. Le chien Turc est le seul que nous connoissions qui n'ait point de poil: il ressemble beaucoup au petit Danois; sa peau est huileuse.

Il y a des chiens qui n'ont le poil ni ras ni long; ce sont ceux qu'on appelle chiens de forte race: ils sont de moyenne grosseur; ils ont la tête grosse, les levres larges, le corps un peu allongé, les oreilles courtes & pendantes. Ces chiens, qui sont les plus communs à la campagne, n'ont rien de beau, mais ils sont excellens pour l'usage, pour garder les cours, les maisons, les écuries, & pour défendre du loup les chevaux, les boeufs, &c. on leur met des colliers de fer garnis de pointes pour les défendre du loup.

Enfin on appelle mâtins ou chiens des rues, tous les chiens qui proviennent de deux especes différentes, sans qu'on ait pris soin de les métiser exprès: on ne les recherche pas pour leur beauté; mais ils sont excellens pour garder, & quelquefois même pour la chasse; d'autres pour les troupeaux de moutons, selon le mêlange dont ils proviennent. Voyez Quadrupede. (I)

Chiens, (Page 3:329)

* Chiens, (OEconom. rustiq.) On peut encore distribuer les chiens relativement à leur usage, & l'on aura les chiens de basse - cour, les chiens de chasse, & les chiens de berger.

Chiens de basse - cour. Ce sont ceux qu'on employe à la garde des maisons, sur - tout à la campagne: on leur pratique une loge dans un coin d'une cour d'entrée; on les y tient enchaînés le jour, la nuit on les lâche. Il faut que ces chiens soient grands, vigoureux, & hardis; qu'ils ayent le poil noir, & l'abboi effrayant; & qu'ils soient médiocrement cruels.

Chiens de chasse. On employe à la chasse des bassets, des braques, des chiens couchans, des épagneuls, des chiens courans, des limiers, des barbets, des levriers, &c.

Les bassets viennent de Flandre & d'Artois; ils chassent le lievre & le lapin, mais sur - tout les animaux qui s'enterrent, comme les blaireaux, les renards, les putois, les foüines, &c. ils sont ordinairement noirs ou roux, & à demi - poil; ils ont la queue en trompe, les pattes de devant concaves en - dedans: on les appelle aussi chiens de terre. Ils [p. 330] donnent de la voix, & quêtent bien. Ils sont longs de corsage, très - bas, & assez bien coeffés.

Les braques sont de toute taille, bien coupés, vigoureux, legers, hardis, infatigables, & ras de poil: ils ont le nez excellent: ils chassent le lievre sans donner de la voix, & arrêtent fort bien la perdrix, la caille, &c.

Les chiens couchans chassent de haut nez, & arrêtent tout, à moins qu'ils n'ayent été autrement élevés. Ils sont grands, forts, legers: les meilleurs viennent d'Espagne. Ils sont tous sujets à courir après l'oiseau, ce qu'on appelle piquer la sonnette.

Les épagneuls sont plus fournis de poil que les braques, & conviennent mieux dans les pays couverts. Ils donnent de la voix; ils chassent le lievre & le lapin, & arrêtent aussi quelquefois la plume. Ils sont assez ordinairement foibles. Ils ont le nez excellent, & beaucoup d'ardeur & de courage. On range dans cette classe une espece de chiens qui vient d'Italie & de Piémont, à poil hérissé droit, assez haut, & chassant tout, & qu'on appelle chien grison.

Les barbets sont fort vigoureux, intelligens, hardis, ont le poil frisé, & vont à l'eau.

Les limiers sont hauts, vigoureux, & muets; ils servent à quêter & à détourner le cerf.

Les dogues servent quelquefois à assaillir les bêtes dangereuses. On met les mâtins dans le vautrait pour le sanglier.

Les levriers sont hauts de jambes, chassent de vîtesse & à l'oeil, le lievre, le loup, le sanglier, le renard, &c. mais sur - tout le lievre. On donne le nom de charnaigres à ceux qui vont en bondissant, soit qu'ils soient francs soit qu'ils soient métifs; de harpés, à ceux qui ont les côtes ovales & peu de ventre; de gigotés, à ceux qui ont les gigots courts & gros, & les os éloignés; de nobles, à ceux qui ont la tête petite & longue, l'encolure longue & déliée, le rable large & bien fait; d'uvrés, à ceux qui ont le palais noir, &c.

Les chiens courans chassent le cerf, le chevreuil, le lievre, &c. On dit que ceux qui chassent la grande bête sont de race royale; ceux qui chassent le chevreuil, le loup, le sanglier, sont de race commune; & que ceux qui chassent le lievre, le renard, le lapin, le sanglier, sont chiens baubis ou bigles.

On a quelque égard au poil pour les chiens: on estime les blancs pour le cerf; après eux les noirs; on néglige les gris & les fauves: au reste de quelque poil qu'on les prenne, il faut qu'il soit doux, délié, & touffu.

Quant à la forme, il faut que les chiens courans ayent les naseaux ouverts; le corps long de la tête à la queue; la tête legere & nerveuse; le museau pointu; l'oeil grand, élevé, net, luisant, plein de feu; l'oreille grande, souple, pendante, & comme digitée; le cou long, rond, & flexible; la poitrine large; les épaules éloignées; la jambe ronde, droite, & bien formée; les côtés forts; le rein large, nerveux, peu charnu; le ventre avalé; la cuisse détachée; le flanc sec & écharné; la queue forte à son origine, mobile, sans poil à l'extrémité, velue; le dessous du ventre rude; la patte seche, & l'ongle gros.

Pour avoir de bons chiens, il faut choisir des lices de bonne race, & les faire couvrir par des chiens beaux, bons, & jeunes. Quand les lices sont pleines, il ne faut plus les mener à la chasse, & leur donner de la soupe au moins une fois le jour. On ne châtrera que celles qui n'ont point encore porté, ou l'on attendra qu'elles ne soient plus en amour, & que les petits commencent à se former. On fera couvrir les lices en Décembre & Janvier, afin que les petits viennent en bonne saison. Quand les lices ne sont pas alors en chaleur, on les y mettra par la compagnie d'une chienne chaude, & on les y laissera trois jours avant que de les faire couvrir. On tient sur la paille dans un endroit chaud ceux qui viennent en hyver; on nourrit bien la mere: on coupe le bout de la queue aux petits au bout de quinze jours, & le tendon qui est en - dessous de l'oreille, pour qu'elle tombe bien, & au bout d'un mois le filet. On les laisse avec la mere jusqu'à trois mois; on les sevre alors; on ne les met au chenil qu'à dix: alors on les rendra dociles; on les accouplera les uns avec les autres; on les promenera; on leur sonnera du cors; on leur apprendra la langue de la chasse: on ne les menera au cerf qu'à seize ou dix - huit mois, & l'on observera de leur faire distinguer le cerf de la biche, de ne les point instruire dans les toiles, & de ne les point faire courir le matin.

Le jour choisi pour la leçon des jeunes chiens, on place les relais; on met à la tête de la jeune meute quelques vieux chiens bien instruits, & cette harde se place au dernier relais; quand le cerf en est là, on découple les vieux pour dresser aux jeunes les voies; on lâche les jeunes, & les piqueurs armés de foüets les dirigent, foüettant les paresseux, les indociles, les vagabonds: lorsque le cerf est tué, on leur en donne la curée comme aux autres. Les essais se réiterent autant qu'il le faut. Cette éducation a aussi sa diffic ulté.

Il faut qu'un chenil soit proportionné à la meute, que les chiens y soient bien tenus & bien pansés: il est bon qu'il y ait un ruisseau d'eau vive. Les valets de chiens doivent être logés dans le voisinage. Il y aura une cheminée dans chaque chambrée de chiens; car ces animaux ont besoin de feu pour les sécher quand ils ont chassé dans des tems froids & humides, & pour les délasser. Il ne faut pas que l'exposition du chenil soit chaude; la chaleur est dangereuse pour les chiens; il faut qu'il soit bien airé.

L'éducation du chien couchant consiste à bien quêter, à obéir, à arrêter ferme. On commence à lui faire connoître son gibier: quand il le cont, on le lui fait chercher; quand il le sait trouver, on l'empêche de le poursuivre; quand il a cette docilité, on lui forme tel arrêt qu'on veut; quand il sait cela, il est élevé, car il a appris la langue de la chasse en faisant ces exercices. La docilité, la sagacité, l'attachement, & les autres qualités de ces animaux, sont surprenantes.

On leur montre encore à rapporter, ce qu'ils exécutent très - facilement; on les accoûtume à aller en trousse, & on les enhardit à l'eau.

Leurs allures & leurs défauts leur ont fait donner différens noms. On nomme chiens allans, de gros chiens employés à détourner le gibier; chiens trouvans, ceux d'un odorat singulier, sur - tout pour le renard, dont ils reconnoissent la piste au bout d'un long tems; chiens batteurs, ceux qui parcourent beaucoup de terrein en peu de tems; ils sont bons pour le chevreuil; chiens babillards, ceux qui crient hors la voie; chiens menteurs, ceux qui celent la voie pour gagner le devant; chiens vicieux, ceux qui s'écartent en chassant tout; chiens sages, ceux qui vont juste; chiens de tête & d'entreprise, ceux qui sont vigoureux & hardis; chiens corneaux, les métifs d'un chien courant & d'une mâtine, ou d'un mâtin & d'une lice courante; clabauds, ceux à qui les oreilles passent le nez de beaucoup; chiens de change, celui qui maintient & garde le change; d'aigail, qui chassent bien le matin seulement; étoussé, qui boite d'une cuisse, qui ne se nourrit plus; épointé, qui a les os des cuisses rompus; allongé, qui a les doigts du pié distendus par quelque blessure; armé, qui est couvert pour attaquer le sanglier; à belle gorge, qui

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