ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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CHEVALET
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* CHEVALET, s. m. nom qu'on a donné à une
infinité d'instrumens différens, dont nous parlerons
dans la suite de cet article. Le chevalet ordinaire est
une longue piece de bois soûtenue horisontale par
quatre piés, dont deux sont assemblés entre eux &
avec la piece à chacun de ses bouts; d'où il s'ensuit
que cet assemblage a la forme d'un triangle dont
les côtés sont les piés, où la piece de bois soûtenue
est au sommet, & dont la base est une barre
de bois qui empêche les piés de s'écarter. Les deux
triangles sont paralleles l'un à l'autre; & la piece
qu'ils soûtiennent projettée sur les bases des triangles,
leur seroit perpendiculaire, & les diviseroit
en deux parties égales.
Chevalet,
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Chevalet, (Hist. anc.) c'étoit dans les anciens
tems une sorte de supplice ou d'instrument de torture,
pour tirer la vérité des coupables. Mais l'usage
de ces sortes de supplices a été reprouvé par d'habiles
jurisconsultes; & de nos jours, le roi de Prusse
en a par ses lois aboli l'asage dans ses états. Il est souvent
arrivé qu'un criminel qui avoit de la force & de
la résolution, soûtcnoit les tortures sans rien avoüer;
& souvent aussi l'innocent s'avoüoit coupable, ou
dans la crainte des supplices, ou parce qu'il ne se
sentoit pas assez de force pour les soûtenir. Le chevalet fut d'abord un supplice qui ne s'employoit que
pour des esclaves: c'étoit une espece de table percée
sur les côtés de rangées de trous, par lesquels
passoient des cordes qui se rouloient ensuite sur un
tourniquet. Le patient étoit appliqué à cette table.
Mais par la suite on s'en servit pour tourmenter les
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Chrétiens. Les mains & les jambes du patient étant
attachées sur le chevalet avec des cordes, on l'enlevoit
& on l'étendoit de telle sorte que tous ses os en étoient
disloqués: dans cet état on lui appliquoit sur le corps
des plaques de fer rouge, & on lui déchiroit les còtés
avec des peignes de fer qu'on nommoit ungula;
pour rendre ces plaies plus sensibles, on les frottoit
quelquefois de sel & de vinaigre, & on les r'ouvroit
lorsqu'elles commençoient à se refermer. Les auteurs
qui ont traité des tourmens des martyrs, en ont donné
la figure, qui fait frémir l'humanité.
Cet instrument barbare n'a pas été inconnu aux
modernes, non plus que la coûtume de mettre les
accusés à la torture, pour tirer d'eux l'aveu de leurs
crimes. Le duc d'Exeter, gouverneur de la Tour sous
le regne d'Henri VI. avec le duc de Sussolk & d'autres,
voulant introduire en Angleterre les lois civiles,
commencerent par faire apporter dans la tour
un chevalet, qui est un supplice que la loi civile ordonne
en beaucoup de cas; & on l'y voit encore: on
appella dans ce tems - là cet instrument, la fille du duc
d'Exeter. (G) (a)
Chevalet,
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Chevalet, outil d'Arquebusier; c'est un instrument
de fer ou d'acier long de six pouces, épais de
deux, & large d'un, surmonté de deux petits piliers
quarrés, qui y sont arrêtés à demeure en - dessous
avec vis & écrou, longs aussi de six pouces, & larges
& épais d'un demi - pouce; le pilier à gauche est
perce par en - haut d'un trou rond, dans lequel se
passe la broche d'une boite; l'autre pilier est coupé
en deux, & les deux moitiés sont assemblées par une
charniere perdue: un peu au - dessous de la charniere
est un trou qui répond à l'autre trou de la branche
gauche, & qui sert pour soûtenir l'autre côté de la
broche qui traverse le chevalet. Cette branche fendue
est fermée par en - bas avec une vis: au milieu
de cette broche est la boite; cette broche sort un
peu en - dehors du côté droit, & l'on y monte une
fraise pour abattre les inégalités que l'on a faites dans
le bassinet en les creusant avec la gouge. Les Arquebusiers posent ce chevalet dans l'étau, & font tourner
la fraise dans le bassinet par le moyen de la boîte
& de l'archet, à - peu - près comme les forets.
Chevalet,
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Chevalet, barre à chevalet, joue de chevalet, chevalet
à platine; voyez l'article
Bas au métier.
Chevalet,
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Chevalet, terme de Passementier - Boutonnier;
c'est un pieu de bois d'environ quatre piés de hauteur,
enfoncé en terre, qui a à son extrémité supérieure
une poulie; à cette poulie est attaché un petit
morceau de bois fait en forme de sifflet, qui à
chacun de ses bouts a un crochet de fer tournant. Les
Boutonniers s'en servent pour couvrir la cartisanne,
& pour retordre la guipure.
Chevalet,
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Chevalet, en termes de Cardeur, est une espece
de prié - dieu qui porte une grosse droussette, sur laquelle
l'ouvrier brise la laine ou le coton avec une
autre qu'il tient dans sa main: ce qui rend cette opération
aussi aisée que s'il falloit tenir les deux droussettes.
Voyez
Drapier, Droussette.
Chevalet,
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Chevalet, (Chamoiseur.) représenté Planche du
Chamoiseur, fig. 1. est composé de deux montans de
bois de cinq piés de haut, sur lesquels est assemblée
une traverse de même longucur. Cette traverse a une
gouttiere dans toute sa longueur pour recevoir une
regle de bois aussi longue, qui s'y ajuste parfaitement.
C'est entre cette regle qui est mobile & la piece
de bois à gouttiere fixe, qu'on fait passer une peau
pour la travailler. La regle est tenue serrée par un
coin qui entre dans un des montans.
Chevalet,
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Chevalet, se dit, en Charpenterie, d'une piece
de bois couchée en - travers sur deux autres pieces,
auxquelles elle est perpendiculaire. Ce chevalet, le
plus simple de tous, sert en une infinité d'occasions,
mais sur - tout à soûtenir les planches qui servent de
pont aux petites rivieres.
Chevalet,
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Chevalet, en termes de Chauderonnier, est un ban>
garni de deux gros anneaux à chaque bout, où pasle
& est retenue une sorte de bigorne à table & à boule,
ou autre, par le moyen des coins dont on la serre autant
qu'on veut. Voyez Pl.I. du Chauderonnier, fig. 13.
& la fig. 7. qui représente un ouvrier qui travaille sur
le chevalet.
Chevalet,
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Chevalet, (Corderie.) il y en a de deux sortes,
ceux des espadeurs & ceux des commetteurs, qui
sont très - différens les uns des autres. Le premier est
une simple planche assemblée verticalement au bout
d'une piece de bois couchée par terre, qui lui sert
de pié; le bout d'en - haut de cette planche est échancré demi - circulairement. Le second est un treteau,
sur lequel il y a des chevilles de bois; il sert à supporter
les torons & les cordons, pour les empêcher de
porter à terre. Voyez l'article Corderif.
Chevalet,
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Chevalet, terme de Corroyeur, e'est un instrument
de bois sur lequel les Corroyeurs étendent leurs
cuirs pour les drayer. Le chevalet est une planche assujettie
obliquement sur un pié; ce pié est un assemblage
de neut ou onze pieces de bois, dont deux ont
trois piés de longueur, trois pouces de haut, & quatre
de largeur. Ces deux pieces de bois sont posées
par terre, & sont éloignées l'une de l'autre par quatre
ou six petites traverses qui entrent dans l'une &
dans l'autre. Au milieu de ces jumelles sont des mortoises,
dans lesquelles on place deux montans de
même grosseur & d'un pie de haut, qui sont joints
par en - haut par une traverse aussi de même grosseur.
La planche qui forme le chevalet se met entre deux
des petits barreaux de bois par un bout, son milieu
est appuyé sur la traverse d'en - haut, & le haut de la
planche sert pour y étendre la peau ou cuir à drayer.
Voyez la figure B. Planc. du Corroyeur, qui représente
un ouvrier qui draye une peau sur le chevalet. Voyez
l'article Corroyeur.
Chevalet,
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Chevalet, est une machine dont se servent les
Couvreurs pour soûtenir leurs échaffauds lorsqu'ils
font des entablemens aux editices couverts en ardoise,
& pour continuer de couvrir le reste du comble
de même matiere; car pour la tuile ils n'en font
point usage. Ils donnent encore le même nom à des
paquets de natte de paille, qu'ils mettent sous leurs
échelles lorsqu'ils les couchent sur les combles, &
sur - tout sur ceux en ardoise.
Chevalet,
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Chevalet, en termes de Doreur sur bois; espece
d'échelle sur laquelle les Doreurs placent leurs quadres
pour les dorer. Le chevalet est composé de trois
branches, dont l'une joüe à volonté entre les deux
autres, & se nomme queue; & les deux de devant sont
retenues ensemble par deux traverses, dont celle du
bas est plus large que celle d'en - haut. Ces deux derniers
piés ou branches du chevalet sont percés presque
dans toute leur longueur de plusieurs trous, où
l'on fiche des chevilles qui retiennent les pieces, selon
leur grandeur, devant le chevalet. Voyez les fig. 3.
& 12. Planc. du Doreur.
Chevalet,
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Chevalet, (Hydr.) en terme de Méchanique,
est un treteau qui sert à échassauder, scier de long,
& porter des tringles de ser dans une machine hydraulique.
(K)
Chevalet du tympan,
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Chevalet du tympan, terme d'Imprimerie;
c'est une petite barre de bois aussi longue que le tympan
est large, assemblée en - travers sur deux petites
barres de bois qui sont enchassées à plomb dans des
mortoises derriere le tympan, sur la planche du cosfre.
Ce chevalet sert à soûtenir & reçoit le tympan,
étant un peu courbé en forme de pupitre, lorsque
l'ouvrier est occupé à y poser sa feuille, ou qu'au
sortir dé dessous la platine, il releve le tympan sur
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lequel est margée la feuille qui vient d'être imprimee.
Voyez l'article
Imprimerie en lettres.
Chevalet,
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Chevalet, dans les instrumens de Musique, piece
de bois qu'on pose à - plomb au bas de la table des instrumens
pour en soûtenir les cordes, & leur donner
plus de son en les tenant élevées en l'air. Il y a des
instrumens où les chevalets sont mobiles comme les
violons, violes, &c. d'autres où ils sont immobiles
& collés sur la table même de l'instrument, comme
dans les luths, théorbes, guitarres, &c. Les clavecins
ont aussi des chevalets, qui sont les regles de bois garnies
de pointes, sur letquelles passent les cordes. Voy.
Clavecin, & la figure du clavecin, Pl. XIV & XV.
& l'article Violon, pour ce qui concerne les instrumens
à cordes.
Chevalet,
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Chevalet, dont se servent les Tanneurs, Mégissiers, Pelletiers, &c. est un petit banc de bois de
chêne de trois piés & demi de longueur sur un pié
trois pouces de largeur, arrondi d'un côté & plat de
l'autre, touchant à terre par un bout, & soûtenu de
l'autre sur un treteau d'environ deux piés & demi
de haut. C'est sur cette machine que les ouvriers
mettent les peaux pour en tirer l'ordure, le poil,
la chair. Voyez
Tanner, Chamois,
&c. & la fig.
C. dans la vignette du Mégissier.
Chevalet,
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Chevalet, (Peintre.) nom de l'instrument qui
soûtient le tableau d'un peintre pendant qu'il le travaille.
Le chevalet est composé de deux tringles de
bois assez fortes qui en font les montans, & qui
sont assemblées par deux traverses, l'une vers le bas,
l'autre vers le haut; ces deux montans sont fort écartés par le bas, & rapprochés par le haut. On arrête
à ces deux montans vers le haut, qu'on appelle le
derriere du chevalet, deux tasseaux qui sont percés
horisontalement d'un trou rond chacun, dans lesquels
tournent les deux bouts d'une traverse qui est
assujettie au - haut de la queue du chevalet. Cette
queue est une autre tringle plus longue que celles
qui sont les montans; par ce moyen le chevalet est
posé sur trois piés, ce qui lui donne beaucoup de
solidité; & l'on peut incliner la face des montans
autant qu'on le veut en arriere, en recuiant la quene.
Les montans ont plusieurs trous environ de la grosseur
du doigt, percés à égales distances pour y pouvoir
mettre des chevilles qui soient saillantes, &
qui puissent porter le tableau à la hauteur que l'on
veut.
Lorsque le chevalet est trop grand pour le tableau,
c'est - à - dire, lorsque les deux montans du chevalet
sont trop éloignés l'un de l'autre, pour que le tableau
puisse poser sur les chevilles des montans;
alors on place sur ces chevilles une planche mince,
longue d'environ trois ou quatre piés, de la largeur
de trois pouces environ, sur quatre lignes d'épaisseur;
& sur cette planche ainsi posée, on assied par
bas le tableau qui se trouve appuyé par le haut sur
les montans du chevalet qui vont en se rapprochant.
Il y en a de différentes grandeurs. Les Sculpteurs
en ont aussi de beaucoup plus solides, pour présenter
& poser leurs bas - reliefs. Dictionn. de Peinture.
Chevalet,
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Chevalet, (Ruban.) est une petite planchette
étroite & percée de quatre petits trous, pour être
suspendue par deux ficelles aux grandes traverses
d'en - haut du métier, entre le bandage & le battant.
Il sert à tenir l'ouvrage stable sous le pas de l'ouvrier.
Chevalet
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* Chevalet ou Machine à forer, (Serrur.)
elle est composée de trois pieces, la palette, la vis,
& l'écrou. La queue de la palette entre dans un trou
pratiqué à l'établi dans son épaisseur; elle peut y rouler.
La palette répond à la hauteur & à l'ouverture
des machoires de l'étau. Vers le milieu de la queue,
à la hauteur de la boîte de l'étau, est un trou rond
dans lequel passe la vis recourbée en crochet; ce
crochet embrasse la boîte de l'étau: quant à l'autre
extrémité de la vis, elle traverse la queue, & est reçue
dans un écrou. Lorsque l'ouvrier a une piece à
forer, il met l'extremité de la queue du foret dans
un des trous de la palette, & il applique la tête contre
l'ouvrage à percer, qui est dans les machoires
de l'étau: puis il monte son arçon sur la boîte du foret,
& travaille. A mesure que le foret avance dans
l'ouvrage & que le trou se fait, l'ouvrier le tient
toûjours serré contre l'ouvrage par le moyen de l'écrou,
qui fait mouvoir la palette du côté de l'étau.
Il peut arriver trois cas: ou que la palette sera
perpendiculaire à l'etabli & parallele à l'étau, ou
inclinée vers l'étau, ou renversée par rapport à lui.
Il est évident quil n'y a que le premier cas où le
foret perce droit. Dans le second, la palette fait
lever la queue du foret, & par conséquent baisser
la pointe: & dans le troisieme, au contraire, baisser
la queue & lever la pointe. Pour éviter l'inconvénient
de ces deux dernieres positions, on descend
ou on monte d'un trou la queue du foret, à mesure
que le trou se fait, pour que la forure se fasse toûjours
bien horisontalement.
Chevalet
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Chevalet à tirer la soie, voyez à l'article Soie,
la description de cette machine.
Chevalet,
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Chevalet, terme de Tonnelier; c'est un banc à
quatre piés, qui a à son extrémité deux morceaux
de bois qui se serrent l'un dessus l'autre, & entre lesquels
on pose les douves que l'on veut travailler
avec la plane plate.
Il y a encore beaucoup d'autres chevalets dont il
sera fait mention à l'article des Arts où ils sont employés.
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