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CHEVAL (Page 3:300)
* CHEVAL, s. m. equus, (Hist. nat. Manege &
Maréchallerie.) animal quadrupede, domestique, ou
sauvage, du genre des solipedes, plus grand que
l'âne, mais à plus petites oreilles, à queue garnie
de crins depuis son origine, & à cou garni en - dessus d'un pareil poil. Voyez l'article
Cheval sauvage. La domesticité du cheval est si ancienne & si universelle, qu'on ne le voit que rarement dans son état naturel. Quand cet animal n'a pas été brisé par les travaux, ou abâtardi par une mauvaise éducation, il a du feu dans les yeux, de la vivacité dans les mouvemens, de la noblesse dans le port; cependant l'âne a cet avantage sur lui, qu'il ne paroît pas fier de porter l'homme.
Hérodote dit que sur les bords de l'Hispanis en Scythie, il y avoit des chevaux sauvages blancs; & que dans la partie septentrionale de la Thrace au - delà du Danube, il y en avoit d'autres qui avoient le poil long de cinq doigts sur tout le corps. Aristote assûre la même chose de la Scythie; Pline, des pays du nord; & Strabon, de l'Espagne & des Alpes.
Parmi les modernes, Cardan prétend qu'il y a eu des chevaux sauvages aux Orcades & en Ecosse; Olaüs, dans la Moscovie; Dapper, dans l'île de Chypre; Struis, dans l'île de May au Cap verd; Léon l'Africain, dans les deserts de l'Afrique & de l'Arabie, & dans les solitudes de Numidie, où cet auteur & Marmol disent qu'il y a des chevaux à poil blanc & à criniere crêpue. Voyez les lettres édifiantes & curieuses.
Il n'y a plus de chevaux sauvages en Europe. Ceux de l'Amérique sont des chevaux domestiques & Européens d'origine, que les Espagnols y ont transportés, & qui se sont multipliés dans les deserts de ces contrées, où il y a quelque apparence que ces animaux étoient inconnus. Les auteurs parlent très - diversement de ces chevaux de l'Amérique, devenus sauvages de domestiques. Il y en a qui assûrent que ces affranchis sont plus forts, plus legers, plus nerveux que la plûpart de nos chevaux esclaves; qu'ils ne sont pas féroces; qu'ils sont seulement fiers & sauvages; qu'ils n'attaquent pas les autres animaux; qu'ils les repoussent seulement quand ils en sont attaqués; qu'ils vont par troupe; que l'herbe leur suffit, & qu'ils n'ont aucun goût pour la chair des ani<cb->
Cheval domestique. Il paroît que le caractere des chevaux sauvages varie selon les contrées qu'ils habitent: la même variété se remarque dans les chevaux domestiques, mais augmentée par une infinité de causes différentes. Pour juger plus sûrement des occasions où les défauts sont où ne sont pas compensés par les qualités, il est à - propos d'avoir dans l'esprit le modele d'un cheval parfait, auquel on puisse rapporter les autres chevaux. La nécessité d'un modele idéal s'étend à tout, même à la critique vétérinaire. Voici l'esquisse de ce modele.
Le cheval est de tous les animaux celui qui avec une grande taille a le plus de proportion & d'elégance dans les parties de son corps. En lui comparant les animaux qui sont immédiatement au - dessus & au - dessous, on trouve que l'âne est mal fait, que le lion a la tête trop grosse, que le boeuf a la jambe trop menue, que le chameau est difforme, & que le rhinoceros & l'éléphant ne sont, pour ainsi dire, que des masses. Dans le cheval bien fait, la partie supérieure de l'encolure dont sort la criniere, doit s'élever d'abord en ligne droite en sortant du garrot, & former ensuite en approchant de la tête, une courbure à - peu - près semblable à celle du cou d'un cygne. La partie inférieure de l'encolure ne doit former aucune courbure; il faut que sa direction soit en ligne droite, depuis le poitrail jusqu'à la ganache, & un peu panchée en - devant: si elle étoit perpendiculaire, l'encolure seroit fausse. Il faut que la partie supérieure du cou soit mince, & qu'il y ait peu de chair auprès de la criniere, qui doit être médiocrement garnie de crins longs & déliés. Une belle encolure [p. 301]
Chevaux Arabes. Les chevaux Arabes sont de tous ceux qu'on connoisse en Europe, les plus beaux & les plus conformes à ce modele; ils sont plus grands & plus étoffes que les Barbes, & sont aussi bien faits. Si ce que les voyageurs nous racontent est vrai, ces chevaux sont très - chers même dans le pays, & il n'y a aucune sorte de précautions qu'on ne prenne pour en conserver la race également belle.
Chevaux Barbes. Les chevaux Barbes sont plus communs que les Arabes; ils ont l'encolure longue, fine, peu chargée de crins, & bien sortie du garrot; la tête belle, petite, & assez ordinairement moutonnée; l'oreille belle & bien placée; les épaules légeres & plates; le garrot menu & bien relevé; les reins court, & droits; le flanc & les côtes rondes, sans trop de ventre; les hanches bien effacées; la croupe un peu longue; la queue placée un peu haut; la cuisse bien formée & rarement plate; les jambes belles, bien faites & sans poil; le nerf bien détaché; le pié bien fait, mais souvent le paturon long. Il y en a de tous poils, mais communément de gris. Ils ont un peu de négligence dans leurs allures; ils ont besoin d'être recherchés; on leur trouve beaucoup de vîtesse & de nerf; ils sont legers & propres à la course. Ils paroissent être très - bons pour en tirer race; il seroit à souhaiter qu'ils fussent de plus grande taille; les plus grands ont quatre piés huit pouces, très - rarement quatre piés neuf pouces. En France, en Angleterre, &c. ils font plus grands qu'eux. Ceux du royaume de Maroc passent pour les meilleurs.
Chevaux Turcs. Les chevaux Turcs ne sont pas si bien proportionnés que les Barbes; ils ont pour l'ordinaire l'encolure éfilée, le corps long, les jambes trop menues: mais ils sont grands travailleurs, & de longue haleine. Quoiqu'ils ayent le canon plus menu que ceux de ce pays, cependant ils ont plus de force dans les jambes.
Chevaux d'Espagne. Les chevaux d'Espagne qui tiennent le second rang après les Barbes, ont l'encolure longue, épaisse, beaucoup de crins, la tête un peu grosse, quelquefois moutonnée; les oreilles longues, mais bien placées; les yeux pleins de feu; l'air noble & fier; les épaules épaisses; le poitrail large; les reins assez souvent un peu bas; la tête ronde; quelquefois un peu trop de ventre; la croupe ordinairement ronde & large, quelquefois un peu lon<cb->
Chevaux Anglois. Les chevaux Anglois, quand ils sont beaux, sont pour la conformation assez semblables aux Arabes & aux Barbes, dont ils sortent en effet; ils ont cependant la tête plus grande, mais bien faite & moutonnée; les oreilles plus longues, mais bien placées: par les oreilles seules, on pourroit distinguer un Anglois d'un Barbe; mais la grande différence est dans la taille. Les Anglois sont bien etoffés & beaucoup plus grands: on en trouve communément de quatre piés dix pouces, & même de cinq piés. Ils sont généralement forts, vigoureux, hardis, capables d'ure grande fatigue, excellens pour la chasse & pour la course; mais il leur manque de la grace & de la souplesse: ils sont durs, & ont peu de liberté dans les épaules.
Chevaux d'Itqlie. Les chevaux d'Italie ne sont plus distingués, si l'on en excepte les Napolitains; on en fait cas sur - tout pour les attelages. Ils ont en général la tête grosse, l'encolure épaisse, sont indociles & difficiles à dresser; mais ils ont la taille riche & les mouvemens beaux: ils sont tiers, excellens pour l'appareil, & ont de la disposition à piaffer.
Chevaux Danois. Les chevaux Danois sont de si beile taille & si étoffés, qu'on les prefere à tous les autres pour l'attelage; il y en a de parfaitement bien moulés: mais ils sont rares, & ont ordinairement la conformation irréguliere, l'encolure épaisse, les épaules grosses, les reins un peu longs & bas, la croupe trop étroite pour l'épaisseur du devant; mais ils ont les mouvemens beaux: ils sont de tous poils, pie, tigre, &c. Ils sont aussi bons pour l'appareil & la guerre.
Chevaux d'Allemagne. Les chevaux d'Allemagne sont en général pesans, & ont peu d'haleine, quoique descendans de chevaux Turcs & Barbes. Ils sont peu propres à la chasse & à la course. Les Transilvains, les Hongrois, &c. sont au contraire bons coureurs. Les Housards & les Hongrois leur fendent les naseaux pour leur donner, dit - on, plus d'haleine & les empêcher de hennir à la guerre. Les Hongrois, Cravates, & Polonois, sont sujets à être beguts.
Chevaux de Hollande. Les chevaux Hollandois sont bons pour le carosse; les meilleurs viennent de la province de Frise: les Flamands leur sont fort inférieurs; ils ont presque tous la taille grosse, les piés plats, & les jambes sujettes aux eaux.
Chevaux de France. Il y a en France des chevaux de toute espece; mais les beaux n'y sont pas communs. Les meilleurs chevaux de selle viennent du Limosin; ils ressemblent assez aux Barbes, sont excellens pour la chasse, mais lents dans leur accroissement: on ne peut guere s'en servir qu'à huit ans. Les Normands ne sont pas si bons coureurs que les Limo<pb-> [p. 302]
Des haras. La beauté & la bonté des chevaux répondront toûjours aux soins qu'on prendra des haras. S'ils sont négligés, les races s'abâtardiront, & les chevaux cesseront d'être distingués. Quand on a un haras à établir, il faut choisir un bon terrein & un lieu convenable; il faut que ce lieu soit proportionné à la quantité de jumens & d'étalons qu'on veut employer. On le partagera en plusieurs parties, qu'on fermera de palis ou de fossés, avec de bonnes haies; on mettra les jumens pleines & celles qui alaitent leurs poulains, dans la partie où le pâturage sera le plus gras; on séparera celles qui n'ont pas conçu ou qui n'ont pas encore été couvertes; on les mêlera avec les jumens poulines dans un autre parquet où le pâturage soit moins gras, parce que si elles prenoient beaucoup d'embonpoint, elles en seroient moins propres à la génération; on tiendra les jeunes poulains entiers ou hongres dans la partie du terrein la plus seche & la plus inégale, pour les accoûtumer à l'exercice & à la sobriété. Il seroit à désirer que le terrein fût assez étendu, pour que chaque parquet pût être divisé en deux, où l'on enfermeroit alternativement d'année en année des chevaux & des boeufs; le boeuf répareroit le pâturage que le cheval amaigrit. Il faut qu'il y ait des mares dans chaque parquet, les eaux dormantes sont meilleures pour les chevaux que les eaux vives; il faut y laisser quelques arbres, ce sera pour eux une ombre qu'ils aimeront dans les grandes chaleurs. Il faudra faire arracher les troncs & les chicots, & combler les trous: ces pâturages nourriront les chevaux en été. Ils passeront l'hyver dans les écuries, sur - tout les jumens & les poulains. On ne sortira les chevaux que dans les beaux jours seulement. On les nourrira avec le foin; on donnera de la paille & du foin aux étalons; on exercera ceux - ci modérément jusqu'au tems de la monte, qui les fatiguera assez. Alors on les nourrira largement.
Des étalons & des jumens poulinieres. Dès l'âge de deux ans ou deux ans & demi, le cheval peut engendrer. Les jumens, ainsi que toutes les autres femelles, sont encore plus précoces: mais on ne doit permettre au cheval de trait l'usage de la jument, qu'à quatre ans ou quatre ans & demi, & qu'à six ou sept ans aux chevaux fins. Les jumens peuvent avoir un an de moins. Elles sont en chaleur au printems, depuis la fin de Mars jusqu'à la fin de Juin; le tems de la plus forte chaleur ne dure guere que quinze jours ou trois semaines. L'étalon qu'il faut avoir alors à ieur donner, doit être bien choisi, beau, bien fait, relevé du devant, vigoureux, sain par tout le corps, de bon pays.
Si l'on veut avoir des chevaux de selle fins & bien faits, il faut prendre des étalons étrangers, comme Arabes, Turcs, Barbes, chevaux d'Andalousie; ou à leur défaut, chevaux Anglois ou Napolitains: ils donneront des chevaux fins avec des jumens fines, & des chevaux de carrosse avec des jumens étoffées. On pourra prendre encore pour étalons des Danois, des chevaux de Holstein, de Frise: on les choisira de belle taille; il faut qu'ils ayent quatre piés huit, neuf, dix pouces, pour les chevaux de selle, & cinq piés pour le carrosse. Quant au poil, on préférera le noir de jais, le beau gris, le bai, l'alsan, l'isabelle doré, avec la raie de mulet, les crins & les extrémités noires: tous les poils mal teints & d'une couleur lavée doivent être bannis des haras, ainsi que les chevaux à extrémités blanches.
Outre les qualités extérieures, il ne faut pas né<cb->
On prendra les jumens bonnes nourrices; il faut
qu'elles ayent du corps & du ventre. On donnera à
l'étalon des jumens Italiennes & Espagnoles, pour
avoir des chevaux fins; on les lui donnera Normandes ou Angloises, pour avoir des chevaux de carrosse.
Il n'est pas inutile de savoir, 1°. que dans les chevaux, on croit que le mâle contribue plus à la génération
que la femelle, & que les poulains ressemblent
plus au pere qu'à la mere: 2°. que les haras
établis dans des terreins secs & legers, donnent des
chevaux sobres, legers, vigoureux, à jambe nerveuse,
à corne dure; au lieu que dans les pâturages gras
& humides, ils ont la tête grosse, le corps épais, les
jambes chargées, la corne mauvaise, le pié plat:
3°. que de même qu'on change les graines de terreins
pour avoir de belles fleurs, il faut pour avoir
de bons chiens & de beaux chevaux, donner aux semelles
des mâles étrangers; sans quoi la race s'abatardira.
Dans ce croisement des races, il faut corriger les
défauts les uns par les autres; quand je dis les defauts,
j'entens ceux de la conformation exterieure, ceux du
caractere, ceux du climat, & les autres, & donner
à la femelle qui peche par un défaut, un étalon qui
peche par l'excès. L'usage de croiser les races, même
dans l'espece humaine, qu'on ne fonde que sur des
vûes politiques, a peut - être une origine beaucoup
plus certaine & plus raisonnable. Quand on voit
chez les peuples les plus grossiers & les plus sauvages,
les mariages entre proches parens si rarement
permis, ne seroit - ce pas que, par une expérience
dont on a perdu toute mémoire, les hommes auroient
connu de très - bonne heure le mauvais effet qui résulteroit
nécessairement à la longue de la perpétuité des
alliances du même sang? Voyez, dans le 3
Quoique la chaleur soit depuis le commencement d'Avril jusqu'à la fin de Juin, cependant il y a des jumens qui avancent & d'autres qui reculent. Il ne faut point exposer le poulain à naître ou dans les grands froids, ou dans les grandes chaleurs.
Lorsque l'étalon & les jumens seront choisies, on aura un autre cheval entier qui ne servira qu'à faire connoître les jumens qui seront en chaleur, ou qui contribuera seulement à les y faire entrer; on sera passer les jumens les unes après les autres devant ce cheval; il voudra les attaquer toutes; celles qui ne seront pas en chaleur, se défendront; les autres se laisseront approcher: alors on lui substituera l'étalon. Cette épreuve est bonne, sur - tout pour connoître la chaleur des jumens qui n'ont pas encore produit.
Quand on menera l'étalon à la jument, on commencera par le panser: il faudra que la jument soit propre & déferrée des piés de derriere, de peur qu'étant chatouilleuse, elle ne rue: un homme la tiendra par un licol; deux autres conduiront l'étalon par des [p. 303]
On lui présentera donc dans les sept premiers jours
quatre jumens différentes. Le neuvieme jour on lui
ramenera la premiere; & ainsi des autres, tant qu'elles
set ont en chaleur. Il y en a qui retiennent des la premiere,
la seconde, ou la troisieme fois. On compte
qu'un étalon ainsi conduit, peut couvrir quinze ou
dix - huit jumens, & produire dix à douze poulains
dans les trois mois de cet exercice. Dans ces animaux
la quantité & l'émission de la liqueur séminale
est très - grande. Il s'en fait aussi une émission ou stillation
dans les jumens. Elles jettent au - dehors une
liqueur gluante & blanchâtre qu'on appelle des chaleurs, & qui disparoit dès qu'elles sont pleines. C'est
à cette liqueur que les Grecs donnoient le nom
d'hippomane de la jument, & dont ils faisoient des
filtres. Voyez
Au lieu de conduire la jument à l'étalon, il y en a qui lâchent l'éralon dans le parquet, & l'y laissent choisir celles qui ont besoin de lui: cette maniere est bonne pour les jumens, mais elle ruine l'étalon.
Quand la jument a été couverte par l'étalon, on la remene au pàturage sans autre précaution; peut - être retiendroit - elle mieux, si on lui jettoit de l'eau fraiche, comme c'est l'usage de quelques peuples. Il faut donner la premiere fois à une jument un gros étalon; parce que sans cela, son premier poulain sera petit: il faut aussi avoir égard à la réciprocité des figures, corriger les défauts de l'étalon ou de la jument par le contraste, comme nous avons dit, & ne point faire d'accouplemens disproportionnés.
Quand les jumens sont pleines, & que le ventre commence à s'appesantir, il faut les séparer des autres qui pourroient les blesser; elles portent ordinairement onze mois, & quelques jours; elles accouchent debout, au contraire de presque tous les autres quadrupedes. On les aide en mettant le poulain en situation; & quelquefois même, quand il est mort, on le tire avec des cordes. Le poulain se présente la tête la premiere, comme dans toutes les especes d'animaux; il rompt ses enveloppes en sortant; les eaux s'ecoulent; il tombe en même tems plusieurs morceaux solides qu'on appelle l'hippomane du poulain: la jument lêche le poulain, mais ne touche point à l'hippomane.
Quand on veut tirer de son haras tout le produit possible, on peut faire couvrir la jument neuf jours après qu'elle a pouliné; cependant nourrissant son poulain né & son poulain à naître dans le même tems, ses forces seront partagées; & il vaudroit mieux ne laisser couvrir les jumens que de deux années l'une.
Elles souffrent l'accouplement, quoique pleines; mais il n'y a jamais de superfétation. Elles portent jusqu'à l'âge de quatorze ou quinze ans; les plus vigoureuses sont fécondes jusqu'au - delà de dix - huit; les chevaux jusqu'à vingt, & même au - delà. Ceux qui ont commencé de bonne heure, finissent plûtôt.
Des poulains. Des le tems du premier âge, on sépare les poulains de leurs meres: on les laisse teter cinq, six, ou tout au plus sept mois. Ceux qu'on ne sevre qu'à dix ou onze mois ne sont pas si bons, quoiqu'ils prennent plus de chair & de corps. Apres les mois de lait, on leur donne du son deux fois par jour avec un peu de foin, dont on augmente la quantité à mesure qu'ils avancent en âge. On les tient dans l'écurie tant qu'on leur remarque de l'inquiétude pour leurs meres. Quand cette inquiétude est passée, & qu'il fait beau, on les conduit aux pâturages. Il ne faut pas les laisser paître à jeun; il faut leur avoir donné le son, & les avoir abreuvés une heure avant que de les mettre à l'herbe, & ne les exposer ni à la pluie, ni au grand froid.
Ils passeront de cette maniere le premier hyver. Au mois de Mai suivant, on leur permettra tous les jours les pâturages; on les y laissera coucher pendant l'été jusqu'à la fin d'Octobre, observant de les écarter des regains, de peur qu'ils ne s'accoûtument à cette herbe trop fine, & ne se dégoûtent du foin. Le foin sera leur nourriture principale pendant le second hyver, avec du son mêlé d'orge ou d'avoine moulus. On les dirigera de cette maniere, les laissant paître le jour pendant l'hyver, la nuit pendant l'été, jusqu'à l'âge de quatre an, qu'on les tirera du pâturage pour les nourrir à l'herbe seche. Ce changement de nourriture demande quelque précaution. On ne leur donnera pendant les huit premiers jours que de la paille; d'autres y ajoûtent quelques breuvages contre les vers. Mais à tout âge & dans tous les tems, l'estomac de tous les chevaux est farci d'une si prodigieuse quantité de vers, qu'ils semblent faire partie de leur constitution. Ils sont dans les che - vaux sains comme dans les chevaux malades; dans ceux qui paîssent l'herbe comme dans ceux qui ne mangent que de l'avoine & du foin. Les ânes ont aussi cette prodigieuse quantité de vers, & n'en sont pas plus incommodés. Ainsi peut - être ne faut - il pas regarder ces vers comme une maladie accidentelle, comme une suite des mauvaises digestions, mais plûtôt comme un effet dépendant de la nourriture & de la digestion ordinaire de ces animaux.
C'est à deux ou trois ans, sclon l'usage général,
& dans certaines provinces, à un an ou dix - huit
mois qu'on hongre les poulains. Pour cette opération,
on leur lie les jambes; on les renverse sur le
dos; on ouvre les bourses avec un bistouri; on en
tire les testicules; on coupe les vaisseaux qui y
aboutissent, & les ligamens qui les soûtiennent; on
referme la plaie; on fait baigner le cheval deux fois
par jour pendant quinze jours; on l'étuve souvent
avec de l'eau fraîche, & on le nourrit avec du son
détrempé dans beaucoup d'eau: on ne hongre qu'au
printems & en automne. On n'hongre point en Perse, en Arabie, & autres lieux du Levant. Cette opération
ôte aux chevaux la force, le courage, la fierté,
&c. mais leur donne de la douceur, de la tranquillité,
de la docilité. L'hongre peut s'accoupler,
mais non engendrer. Voyez l'article
Quand on a sevré les jeunes poulains, il faut les mettre dans une écurie qui ne soit pas trop chaude, de peur de les rendre trop sensibles aux impressions de l'air; leur donner souvent de la litiere fraìche, les bouchonner de tems en tems, mais ne les attacher & panser à la main, qu'à l'âge de deux ans & demi ou trois ans; un frottement trop rude les feroit dépérir. Il ne faut pas leur mettre le ratelier trop haut, de peur qu'ils n'en contractent l'habitude de tenir mal leur tête. On leur tondra la queue à un an ou dix - huit mois; on les séparera à l'âge de deux ans; on mettra les femelles avec les jumens, & les mâles avec les chevaux.
Dresser un cheval. C'est à l'âge de trois ans ou [p. 304]
Quand le cheval de carrosse sera accoûtumé au harnois, on l'attelera avec un autre cheval fait, en lui mettant une bride, & on le conduira avec une longe passée dans la bride jusqu'à ce qu'il commence à être sage au trait; alors le cocher essayera de le faire reculer, ayant pour aide un homme devant, qui le poussera en arriere avec douceur, & même lui donnera de petits coups. Tout cela se fera avant que les chevaux ayent changé de nourriture; car quand une fois ils sont engrainés, ou au grain ou à la paille, ils deviennent plus difficiles à dresser.
Monter un cheval. Nous commandons aux chevaux par le mors & par l'éperon: le mors rend les mouvemens plus précis, l'éperon les rend plus vîtes. La bouche est si sensible dans le cheval, que la moindre pression du mors l'avertit & le détermine: la grande sensibilité de cet organe veut être ménagée; quand on en abuse, on la détruit. On ne parle point au cheval au manege: tirer la bride, & donner de l'éperon en même tems, c'est produire deux effets contraires, dont la combinaison est de cabrer le cheval. Quand un cheval est bien dressé, la moindre pression des cuisses, le moindre mouvement du mors, suffisent pour le diriger, l'éperon devient presque inutile.
Les anciens surent très - bien se faire entendre à leurs chevaux, sans la bride & sans l'éperon, quand ils les monterent; ce qui n'arriva que tard. Il n'y a presque pas un seul vestige d'équitation dans Homere: on ne voit dans les bas - reliefs, du moins pour la plûpart, ni bride ni éperon, il n'est point parlé d'étriers dans les auteurs Grecs & Latins. Un Grec, du tems de Xénophon, pour monter à cheval, prenoit de la main droite la criniere avec les renes; & quand li étoit trop pesant, un écuyer l'aidoit à monter, à la mode des Perses. Les Perses avoient appris aux chevaux à s'accroupir. Les Romains s'apprenoient à monter sur des chevaux de bois; ils montoient à droite, à gauche, sans armes d'abord, puis armés. L'usage de ferrer les chevaux est ancien, mais il fut peu fréquent jadis; les mules & les mulets l'ont été de tout tems. Le luxe fut porté sous Néron jusqu'à ferrer les chevaux d'argent & d'or. Il paroît qu'on ne les ferroit pas chez les Grecs, puisque Xénophon prescrit la maniere dont on durcira la corne aux chevaux: cependant il est parlé d'un fer à cheval dans Homere, liv. II. iliad. vers 151.
Les chevaux bridés à la Romaine ont un mors sans renes. Les Romains montoient aussi à nud, sans bride & sans selle. Les Massagetes couvroient de fer la poitrine de leurs chevaux. Les Numides couroient à nud, & étoient obéis de leurs chevaux comme nous le sommes de nos chiens. Les Perses les couvroient aussi de fer au front & à la poitrine. Les chevaux de
On donne à la tête du cheval, par le moyen de la bride, un air avantageux; on la place comme elle doit être; & le signe le plus leger fait prendre sur le champ au cheval ses différentes allures, qu'on s'applique à perfectionner.
Monter à cheval. Pour monter à cheval, il faut s'approcher assez près de l'épaule du cheval, raccourcir les renes avec la main droite jusqu'au point d'appuyer le mors sur la barre, saisir alors une poignée de la criniere avec les renes de la main gauche, porter la main droite à l'endroit où l'étriviere joint l'étrier, pour tourner l'étrier du bon côté afin d'y passer le pié gauche; porter ensuite la main droite au trousquin de la selle, élever le corps, & passer la jambe droite, de façon qu'en passant elle chasse la main droite, sans tomber à coup sur la selle.
Descendre de cheval. Pour descendre de cheval, il faut se soulever sur la selle, en appuyant la main droite sur la bâte droite du devant de la selle, dégager auparavant le pié de l'étrier, passer ensuite la jambe par - dessus la croupe, en la faisant suivre par la main droite qui s'appuiera sur le trousquin de la selle, comme on avoit fait en montant, & donnera la facilité de poser doucement le pié droit par terre. Au reste il paroît utile d'avoir un cheval de bois sur lequel on mette une selle parcille à celles dont on se sert ordinairement, & d'apprendre sur ce cheval à monter & descendre dans les regles: on y placera aussi facilement le corps, les cuisses & les jambes du cavalier, dans la meilleure situation où elles puissent être: ce cheval ne remuant ni ne dérangeant le cavalier, il restera dans la meilleure attitude aussi longtems qu'il lui sera possible, & en prendra ainsi plus aisément l'habitude. S'il s'agissoit d'instruire un régiment de cavalerie, il faudroit absolument choisir un certain nombre de cavaliers qui auroient le plus de disposition & d'intelligence, & après leur avoir appris, leur ordonner de montrer aux autres; observant dans les commencemens que cet exercice s'exécutât devant soi, afin de s'assûrer que ceux qu'on a instruits rendent bien aux autres ce qu'ils ont appris.
Se tenir à cheval, ou posture du corps à cheval: Dans la posture du corps à cheval, il faut le considérer comme divisé en trois parties; le tronc, les cuisses, & les jambes.
Il faut que le tronc soit assis perpendiculairement sur le cheval, de maniere que la ligne qui tomberoit du derriere de la tête tout le long des reins soit perpendiculaire au cheval. Comme il faut prendre cette position sans avoir égard aux cuisses, le moyen de savoir si on l'a bien prise, c'est de soulever les deux cuisses en même tems; si l'on exécute aisément ce mouvement, on peut en inférer que le tronc est bien assis.
On laisse descendre les cuisses aussi bas qu'elles peuvent aller, sans déranger l'assiette du tronc. Il ne faut pas s'opiniâtrer à les faire descendre à tous [p. 305]
Pour les jambes, auxquelles il ne faut passer qu'après l'arrangement du tronc & des cuisses, il faut les laisser descendre naturellement suivant leur propre poids. Lorsqu'on dit qu'il saut qu'elles soient sur la ligne du corps, on ne veut pas dire qu'elles doivent faire partie de la ligne du corps, cela est impossible en conservant l'assiette du corps telle qu'on l'a prescrite; ce qu'il faut entendre, c'est qu'en les laissant descendre sans conserver aucune roideur dans le genou, elles doivent former deux lignes paralleles à la ligne du tronc.
C'est à l'extrémité de ces paralleles qu'il faut fixer les étriers, qui ne doivent que supporter simplement les piés à plat, & dans la situation où ils se trouvent, sans les tourner, sans peser sur les ctriers: ces actions mettroient de la roideur dans le genou & dans la jambe, fatigueroient & empêcheroient le liant qui doit être dans les différens mouvemens qu'on est obligé de faire des jambes pour conduire le cheval.
En général, quand on est obligé de serrer les cuisses, il faut que ce soit sans déranger l'assiette du corps, & sans mettre de roideur dans les jambes; & quand on est obligé d'approcher les jambes, il faut que ce soit doucement, sans déranger ni les cuisses ni le corps en aucune façon.
Faire partir le cheval. Pour faire partir le cheval, il faut employer les jambes & la main en même tems. Si c'est pour aller droit devant soi, on approche également les deux jambes, & on rend un peu la main; s'il faut tourner, on tire un peu la rene du côté qu'on vent tourner, afin d'y porter la tête du cheval, & on approche les deux jambes en même tems, observant d'approcher plus ferme celle du côté qu'on veut tourner le cheval: si on n'en approchoit qu'une, le derriere du cheval se rangeroit trop à coup du côté opposé. La main en dirigeant la tête du cheval, en conduit les épaules, & les deux jambes en conduisent les hanches & le derriere. Quand ces deux actions ne sont pas d'accord, le corps du cheval se met en contorsion, & n'est pas ensemble. Quand il s'agit de reculer, on leve doucement la main, & on tient les deux jambes à égale distance, ceperdant assez pres du cheval pour qu'il ne dérange pas ses hanches, & ne recule pas de travers.
Voilà les principaux mouvemens, les plus essentiels: nous ne finirions jamais si nous entrions dans
le détail de tout ce qu'on exige du cheval & du cavalier
dans un manege; on le trouvera distribué aux
différens articles de ce Dictionnaire. Voyez les articles
Des allures du cheval. Du pas. Le pas est la plus lente; cependant il doit être assez prompt; il ne le faut ni allongé ni raccourci. La légereté de la démarche du cheval dépend de la liberté des épaules, & se reconnoît au port de la tête: s'il la tient haute & ferme, il est vigoureux & léger; si le mouvement des épaules n'est pas libre, la jambe ne se leve pas assez, & le cheval est sujet à heurter du pié contre le terrein: si les épaules sont encore plus serrées, & que le mouvement des jambes en paroisse indépendant, le cheval se fatigue, fait des chûtes, & n'est capable d'aucun service, Le cheval doit être sur la han<cb->
Quand le cheval leve la jambe de devant pour marcher, il faut que ce mouvement soit facile & hardi, & que le genou soit assez plié: la jambe pliée doit paroître comme soûtenue en l'air, mais peu; sans quoi elle retomberoit trop lentement, & le cheval ne seroit pas leger. Quand la jambe retombe, le pié doit être ferme, & appuyer également sur la terre, sans que la tête soit ébranlée: si la tête baisse quand la jambe retombe, c'est ordinairement afin de soulager l'autre jambe qui n'est pas assez forte pour soûtenir le poids du corps; défaut considérable, aussi bien que celui de porter le pié en - dehors ou en - dedans. Quand le pié appuie sur le talon, c'est inarque de soiblesse; s'il pose sur la pince, l'attitude est forcée & fatigante pour le cheval.
Mais il ne suffit pas que les mouvemens du cheval soient fermes & legers, il faut qu'ils soient égaux & uniformes dans le train de devant & celui de derriere. Le cavalier sentira des secousses si la croupe balance, tandis que les épaules se soûtiennent; il en arrivera de même s'il porte le pié de derriere au - delà de l'endroit où le pié de devant a posé. Les chevaux qur ont le corps court sont sujets à ce défaut: ceux dont les jambes se croisent ou s'atteignent, n'ont pas la démarche sûre: en général ceux dont le corps est long sont plus commodes pour le cavalier, parce qu'il se trouve plus eloigné des centres du mouvement.
Les quadrupedes marchent ordinairement en portant à la fois en avant une jambe de devant & une jambe de derriere: lortque la jambe droite de devant a parti, la jambe gauche de derriere suit & avance: ce pas étant fait, la jambe gauche de devant part à sen tour, puis la jambe droite de derriere, & ainsi le suite. Comme leur corps porte sur quatre points d'appui qui seroient aux angles d'un quarré long, la maniere la plus commode de se mouvoir est d'en changer deux en diagonale, de façon que le centre de gravité du corps de l'animal ne fasse qu'un petit mouvement, & reste toûjours àpeu - près dans la direction des deux points d'appui qui ne sont pas en mouvement.
Cette regle s'observe dans les trois allures naturelles du cheval, le pas, le trot, & le galop: dans le pas, le mouvement est à quatro tems & à trois intervalles, dont le premier & le dernier sont plus courts que celui du milieu; si la jambe droite de devant a parti la premiere, l'instant suivant partira la jambe gauche de derriere, le troisieme instant la jambe gauche de devant, & le quatrieme instant la jambe droite de derriere: ainsi le pié droit de devant posera à terre le premier; le pié gauche de derriere le second; le pié gauche de devant le troisieme; & le pié droit de derriere le quatrieme & le dernier.
Du trot. Dans le trot il n'y a que deux tems & qu'un intervalle: si la jambe droite de devant part, la jambe gauche de derriere part en même tems, sans aucun intervalle; ensuite la jambe gauche de devant, & la jambe droite de derriere en même tems: ainsi le pié droit de devant & le pié gauche de derriere posent à terre ensemble, & le pié gauche de devant avec le pié droit de derriere en même tems.
Du gaiop. Dans le galop il y a ordinairement trois tems & deux intervalles: comme c'est une espece de saut où les parties antérieures du cheval sont chassées par les parties postérieures, si des deux jambes de devant la droite doit avancer plus que la gauche, le pié gauche de derriere posera à terre pour servir de point d'appui à l'élancement: ce fera le pié gauche de derriere qui fera le premier tems du mouvement, [p. 306]
Les chevaux galopent ordinairement sur le pié droit, de la même maniere qu'ils partent de la jambe droite de devant pour marcher & pour troter: ils entament aussi le chemin en galopant par la jambe droite de devant; cette jambe de devant est plus avancée que la gauche; de même la jambe droite de derriere qui suit immédiatement la droite de devant, est aussi plus avancée que la gauche de derriere, & cela constamment tant que le galop dure: d'où il résulte que la jambe gauche qui porte tout le poids, & qui pousse les autres en avant, est la plus fatiguée. Il seroit donc à propos d'exercer les chevaux à galoper indifféremment des deux piés de derriere, & c'est aussi ce que l'on fait au manege.
Les jambes du cheval s'élevent peu dans le pas; au trot elles s'élevent davantage; elles sont encore plus élevées dans le galop. Le pas pour être bon doit être prompt, leger, & sûr; le trot, prompt, ferme, & soûtenu; le galop, prompt, sûr, & doux.
De l'amble. On donne le nom d'allures non naturelles aux suivantes, dont la premiere est l'amble. Dans cette allure, les deux jambes du même côté partent en même tems pour faire un pas, & les deux jambes de l'autre côté en même tems, pour faire un second pas; mouvement progressif, qui revient à - peu - près à celui des bipedes. Deux jambes d'un côté manquent alternativement d'appui, & la jambe de derriere d'un côté avance à un pié ou un pié & demi au - delà de la jambe du devant du même côté. Plus cet espace, dont le pié de derriere d'un côté gagne sur celui de devant du même côté, est grand, meilleur est l'amble. Il n'y a dans l'amble que deux tems & un intervalle. Cette allure est très fatiguante pour le cheval, & très - douce pour le cavalier. Les poulains qui sont trop foibles pour galoper la prennent naturellement, de même que les chevaux usés, quand on les force à un mouvement plus prompt que le pas. Elle peut donc être regardée comme défectueuse.
De l'entrepas & de l'aubin. Ces deux allures sont mauvaises; on les appelle trains rompus ou desunis. L'entrepas tient du pas & de l'amble, & l'aubin du trot & du galop. L'un & l'autre viennent d'excès de fatigue ou de foiblesse des reins. Les chevaux de messagerie prennent l'entrepas au lieu du trot; & les chevaux de poste, l'aubin au lieu du galop, à mesure qu'ils se ruinent.
Quelques observations sur la connoissance des chevaux; âge, accroissement, vie, &c. On juge assez bien du naturel & de l'état actuel d'un cheval par le mouvement des oreilles. Il doit, quand il marche, avoir la pointe des oreilles en avant; > est fatigué, il a l'oreille
La durée de la vie des chevaux, ainsi que des autres animaux, est proportionnée à la durée de l'accroissement. Le cheval, dont l'accroissement se fait en quatre ans, peut vivre six ou sept fois autant, vingt - cinq ou trente ans. Les gros chevaux vivent moins que les fins, aussi s'accroissent - ils plus vîte.
Les chevaux, de quelque poil qu'ils soient, muent une sois l'an, ordinairement au printems, quelquefois en automne. Il faut alors les ménager; il y en a qui muent de corne.
On appelle hennissement le cri du cheval, & l'on reconnoit assez distinctement cinq sortes de hennissemens, relatifs à cinq passions différentes.
Le cheval leche, mais rarement; il dort moins que l'homme. Quand il se porte bien, il ne demeurc guere que trois heures de suite couché sans se relever; il y en a qui ne se couchent point. En général, les chevaux ne dorment que trois ou quatre heures sur vingt - quatre. Ils boivent par le seul mouvement de déglutition, en ensonçant profondément le nez dans l'eau. Il y a des auteurs qui pensent que la morve, qui a son siége dans la membrane pituitaire, est la suite d'un rhûme occasionné par la fraîcheur de l'eau.
De toutes les matieres tirées du cheval, & célebrées
par les anciens comme ayant de grandes vertus
médicinales, il n'y en a pas une qui soit en usage
dans la medecine moderne, excepté le lait de jument.
Voyez
Les principales marchandises que le cheval fournit après sa mort, sont le crin, le poil, la corne, & le cuir. On fait du crin, des boutons, des tamis, des toiles, & des archets d'instrumens à corde; on en rembourie les selles & les meubles, & on le commet en cordes. Les Tabletiers - Peigners font quelques ouvrages de corne de cheval. Le cuir passe chez les Tanneurs & les Selliers - Bourreliers.
Le cheval, chez les anciens, étoit consacré à Mars; c'étoit un signe de guerre. Les Poëtes suppòsent quatre chevaux au soleil, qu'ils ont appellés Eoüs, Pyroïs, Aëton & Phlegon. Le cheval est le symbo'e de Carthage dans les médailles Puniques. On désigne la paix par des chevaux paissans en liberté. Le cheval bondissant sert d'emblème à l'Espagne. Le coursier étoit celle des victorieux aux jeux olympiques. Bucéphale servoit de symbole aux rois de Macédoine. Le cheval étoit l'empreinte presque ordinaire des monnoies Gauloises. Les Germains avoient des chevaux sacrés qui rendoient des oracles par le hennissement; ils étoient entretenus aux dépens du public, & il n'y avoit que les prêtres & le roi qui en approchassent.
Il y a peu d'animaux qu'on ait autant étudié que
le cheval. La Maréchallerie, qui pourroit très - bien
faire une science d'observations & de connoissances
utiles relatives à cet animal, sans avoir sa nomenclature
particuliere, n'a pas négligé cette petite
charlatannerie. Il n'y a presque pas une partie du
cheval qui n'ait un nom particulier, quoiqu'il n'y ait
presque pas une de ces parties qui n'ait sa correspondante
dans l'homme, & qui ne pût être nommée
du même nom dans ces deux animaux. On trouvera
aux différens articles de ce Dictionnaire l'explication
de ces noms. Voyez
La différence des poils a considérablement augmenté cette nomenclature; chaque couleur & chaque teinte a son nom. Un cheval est ou aubere, ou alzan ou zain, &c. Voyez ces articles.
Il en est de même des exercices du manege, relatifs soit à l'homme, soit au cheval. On trouvera ces exercices à leurs mots.
Après l'homme, il n'y a point d'animal à qui l'on
Cheval de rencontre, (Page 3:307)
Cheval de service, (Page 3:307)
Il est parlé du cheval de service dans plusieurs coûtumes,
telles que Montargis, Orléans, Poitou,
grand Perche, Meaux, Anjou, Maine, Châteauneuf, Chartres, Dreux, Dunois, Hainaut. Quelques - unes l'appellent roucin de service. V.
Le cheval de service est dû en nature, ou du moins l'estimation; c'est ce que Bouthillier entend dans sa somme rurale, lorsqu'il dit qu'aucuns fiefs doivent cheval par prix.
Dans les coûtumes d'Orléans & de Montargis, il est estimé à 60 sols, & est levé par le seigneur une fois en sa vie; & n'est pas dû, si le fief ne vaut par an au moins dix livres tournois de revenu.
La coûtume de Hainaut, ch. lxxjx. dit que quand le vassal qui tenoit un fief - lige, est décédé, le seigneur ou son bailli prend le meilleur cheval à son choix, dont le défunt s'aidoit, & quelques armures; & qu'au défaut de cheval le seigneur doit avoir 60 sols.
Dans les coûtumes d'Anjou & du Maine il est dû à toute mutation de seigneur & de vassal, & est estimé cent sols.
Dans celle du grand Perche, il est dû à chaque mutation d'homme; le vassal n'est tenu de le payer qu'après la foi & hommage, & il est estimé à 60 sols [p. 308]
Erifin, par les coûtumes de Château - neuf, Chartres, & Dreux, le cheval de service se leve à proportion de la valeur du fief. Quand le fief est entier, c'est - à - dire quand il vaut 60 sols de rachat, le cheval est dû; & le cheval entier vaut 60 sols. Si le fief vaut moins de 60 s. de revenu, le cheval se paye à proportion; il se demande par action, & ne peut se lever qu'une seule fois en la vic du vassal, lorsqu'il doit rachat & profit de fief.
Anciennement le cheval de service devoit être essayé avec le hautbert en croupe, qui étoit l'armure des chevaliers; il falloit qu'il fût ferré des quatre piés; & si le cheval étoit en état de faire douze lieues en un jour, & autant le lendemain, le seigneur ne pouvoit pas le refuser sous prétexte qu'il etoit trop foible. Voyez le chap. 129. des établissemens de France. Voy. aussi la Bibliot. du droit Fr. par Bouchel; & le gloss. de M. de Lauriere, au mot cheval de service. (A)
Cheval traversant, (Page 3:308)
Lorsque la mutation arrive de la part du vassal dont le fief est tenu par hommage plein, l'héritier du vassal, suivant l'article 165 de la même coûtume, doit dans les mêmes endroits du Poitou, au seigneur féodal immédiat, à la fin de l'année de la mutation, un cheval de service, si dans l'an de la mutation du vassal qui tient par hommage plein, le seigneur féodal immédiat vient à déceder; & si son fief tenu à hommage lige court en rachat, l'héritier du vassal dont le fief est tenu à hommage plein, par l'article 168. de la coûtume de Poitou, est obligé de payer ce cheval de service non à l'héritier du seigneur féodal décedé, mais au seigneur suserain & médiat qui leve le rachat du fief - lige; & ce cheval passant ainsi au seigneur médiat à l'exclusion de l'héritier du seigneur immédiat, il semble qu'on pourroit l'appeller aussi cheval traversant comme le premier dont on a parlé; cependant on n'appelle proprement cheval traversant que celui qui est dû pour la mutation du seigneur féodal par le vassal qui tient à hommage plein. Voy. le glossaire de M. de Lauriere, au mot cheval traversant. (A)
Cheval marin, (Page 3:308)
Cheval marin, (Page 3:308)
Cheval, petit Cheval, (Page 3:308)
Cheval de bois, (Page 3:308)
Cheval de frise, (Page 3:308)
Le cheval de frise a ordinairement douze ou quatorze
piés de long & six pouces de diametre. Les
chevilles ou pointes de bois dont il est hérissé ou garni,
ont cinq ou six piés de long; elles sont quelquefois
armées de fer. Voyez
Cheval de terre, (Page 3:308)
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