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Au reste, il y a apparence que c'est à cette propriété
de précipiter les sels ammoniacaux dont jouit
la chaux, qu'est dûe l'élevation des alkalis volatils,
dès le commencement de la distillation des substances
animales exécutées avec cet intermede, qu'il ne
saut regarder par conséquent que comme la suite
d'un simple dégagement, contre l'opinion de plusieurs
Chimistes, qui pensent que ce produit de l'analyse
animale est réellement formé, qu'il est une
créature du feu. Voyez
Les propriétés communes à la chaux & aux alkalis
fixes salins sont: la saveur vive & br>ante,
l'attraction de l'eau de l'atmosphere, la vertu caustique,
ou la propriété d'attaquer les matieres animales,
voyez
Les qualités spéciales de la chaux, sont son effervescence avec l'eau; la propriété d'animer les alkalis salins, dont jouissent aussi quelques chaux métalli -
Ce sont sur - tout ces propriétés spéciales qui méritent une considération particuliere, & sur lesquelles nous allons entrer dans quelque détail.
Extinction de la chaux. 1°. La chaux fait avec l'eau une effervescence violente, accompagnée d'un sifflement considérable, d'une fumée épaisse, de l'éruption d'un principe actif & volatil, sensible par une odeur piquante, & par l'impression vive qu'il fait sur les yeux, & d'une chaleur si grande qu'elle est capable de mettre le feu à des corps combustibles, comme cela est arrivé à des bateaux chargés de chaux.
La chaux se réduit avec l'eau, lorsqu'on n'en a employée que ce qu'il faut pour la saturer, en un état pulvérulent, parfaitement friable, ou sans la moindre liaison de parties. Elle attire de l'air paisiblement & sans effervescence la quantité d'eau suffisante pour la réduire précisément dans le même état. La chaux ainsi unie à l'eau est connue sous le nom de chaux éteinte.
Si l'on employe à l'extinction de la chaux une quantité d'eau plus que suffisante pour opérer cette extinction, ou qu'on verse une certaine quantité de nouvelle eau sur de la chaux simplement éteinte, cette eau surabondante réduit la chaux en une consistance pultacée, ou en une espece de boue que quelques Chimistes appellent chaux fondue.
Lait de chaux. Une quantité d'eau plus considérable encore est capable de dissoudre les parties les plus tenues de la chaux, d'en tenir quelques autres suspendues, mais sans dissolution, & de former avec ces parties une liqueur blanche & opaque, appellée lait de chaux.
Eau de chaux. Le lait de chaux débarrassé par la résidence ou par le filtre des parties grossieres & non dissoutes qui causoient son opacité, & chargé seulement de celles qui sont réellement dissoutes, est connu dans les laboratoires des Chimistes & dans les boutiques des Apoticaires, sous le nom d'eau de chaux; & la résidence du lait de chaux, sous le nom de chaux lavée.
L'union que les parties les plus subtiles de la chaux ont subi avec l'eau, dans la formation de l'eau de chaux, doit être regardée comme une mixtion vraiment saline; cette union est si intime qu'elle ne se dérange pas par l'évaporation, & que le mixte entier est volatil. L'eau de chaux a d'ailleurs tous les caracteres d'une dissolution saline; cette dissolution est transparénte, elle découvre plus particulierement son caractere salin par son action corrosive sur le soufre, les graisses, les huiles, &c. & même par son goût. Sthal, spec. becher. part. I. sect. 11. memb. 11. thes. 11. 8.
Ce mixte terro - aqueux, dont M. Stahl a reconnu la volatilité, peut pourtant être concentré selon lui sous la forme de crystaux salins. Si ces crystaux étoient formés par le mixte salin essentiel à l'eau de chaux, ils seroient évidemment le véritable sel de chaux, sur l'existence & la nature duquel les Chimistes ont tant disputé; mais on va voir que M. Stahl s'en est laissé imposer par ce résdu crystallisé de l'eau de chaux.
Le fond du problème sur le fameux sel de chaux, exactement déterminé, a roulé sur ce point; savoir, si la chaux produisoit ses effets d'alkali par un sel, par conséquent alkali, ou par sa substance terreuse. [p. 265]
Quant aux sels acides admis dans la chaux par plusieurs Chimistes, & tout récemment même par M. Pott, cont. de sa Lithogeognosie, p. 215. ne peut - on pas très - raisonnablement soupçonner que c'est une portion de l'acide de ces sels neutres dont nous avons parlé, que ces auteurs ont dégagé par quelque manoeuvre particuliere; & qu'ainsi leurs découvertes concourent exactement à établir le sentiment que nous venons d'embrasser sur le sel de chaux.
Nous n'entrerons point ici dans la discussion des prétentions d'un grand nombre de Chimistes, qui, comme Vanhelmont & Kunckel, n'ont supposé divers sels dans la chaux que pour en déduire plus commodément la théorie de ses principaux phénomenes: ces suppositions, qui ne doivent leur naissance qu'au besoin que ces auteurs croyent en avoir, sont comptées pour si peu dans la méthode moderne, qu'elles ne sont pas même censées mériter le moindre examen, & qu'elles tombent de plein droit, par la seule circonstance d'avoir devancé les faits.
Lorsqu'on laisse le lait de chaux s'éclaircir par le repos, il se forme après un certain tems à la surface de la liqueur une pellicule crystalline, blanche, & demi - opaque, qui se reproduit un grand nombre de fois, si après l'avoir enlevée on a soin de mêler de nouveau la liqueur éclaircie avec sa résidence; car sans cette manoeuvre, l'eau de chaux est bientôt épuisée, par la formation successive de quelques pellicules, de la matiere propre à en produire de nouvelles; ces pellicules portent le nom de creme de chaux.
Creme de chaux. La vraie composition de la creme de chaux étoit fort peu connue des Chimistes, lorsque M. Malouin curieux de connoître la nature du sel de chaux, s'est attaché à l'examen de la creme dont il s'agit, qu'il a crû être le vrai sel de chaux, cet être qui se refusoit depuis si long - tems aux recherches de tant d'habiles Chimistes. M. Malouin a apperçu dans la creme de chaux quelques indices d'acide vitriolique; il a fait du tartre vitriolé & du sel de Glauber en précipitant la creme de chaux par l'un & l'autre sel alkali fixe, & du soufre artificiel en traitant cette creme avec des substances phlogistiques; il a donc pû conclure légitimement de ces moyens qui sont très chimiques, que la creme de chaux étoit un vrai sel neutre de la nature de la sélénite.
Il nous resteroit pourtant à savoir, pour avoir une connoissance complete sur cette matiere, en quelle proportion les deux ingrédiens de la creme de chaux concourent à sa formation, ou du moins sont annoncés par les experiences; car l'absolu ne suffit pas ici, & il est telle quantité de tartre vitriolé, de sel de Glauber, ou de soufre artificiel, qui ne prouveroit rien en faveur de l'acide vitriolique soupçonné dans la creme de chaux.
Mais cet acide vitriolique, s'il existe dans la creme de chaux, d'où tire - t - il son origine? préexistoit - il
Effervescence avec chaleur de la chaux & de l'eau.
L'effervescence qui s'excite par l'action réciproque
de la chaux & de l'eau, & plus encore la chaleur
dont cette effervescence est accompagnée, exercent
depuis long - tems la sagacité des Chimistes. La
théorie générale de l'effervescence, prise simplement
pour le gonflement & le bouillonnement de la
masse qui la subit, s'applique cependant d'une façon
assez naturelle à ce phénomene considéré dans la
chaux, voyez
La théorie chimique de la chaleur des effervescences
nous manque absolument, depuis que notre
maniere de philosopher ne nous permet pas de nous
contenter des explications purement ingénieuses,
telles que celles de Sylvius de Leboë, de Willis,
& de toute l'école chimique du dernier siecle, que
M. Lemery le pere a répandue chez nous, & qui est
encore parmi les Physiciens l'hypothese dominante.
Ces Chimistes prétendoient rendre raison de ce phénomene
singulier par le dégagement des particules du
feu enfermces dans les pores de l'un des deux corps,
qui s'unissent avec effervescence comme dans autant
de petites prisons. Cette théorie convenoit à
l'effervescence de la chaux d'une façon toute particuliere;
& l'on pourroit croire même que c'est de
l'explication de ce phénomene particulier, déduite
depuis long - tems de ce méchanisme (Voy. Vitruve,
liv. II. c. v.), que les Chimistes ont emptunté leur
théorie générale de la chaleur des effervescences.
Rien ne paroît si simple en effet que de concevoir
comment la calcination a pû former dans la chaux
ces pores nombreux dont on la suppose criblée, &
les remplir de particules de feu; & comment l'eau
entrant avec rapidité dans cette terre seche, ouverte,
& avide de la recevoir, dégage ces particules
de feu de leur prison, &c. Quelques Chimistés,
comme M. Homberg, ont ensuite appellé au secours
de ce méchanisme le frottement causé dans toutes
les parties de la chaux, par le mouvement impétueux
avec lequel l'eau se porte dans ses pores, &c.
mais cette cause, peut - être très - réelle, & qui est
la seule que la Chimie raisonnée moderne ait retenu,
n'est pas plus évidente ou plus prouvée que la
premiere, entierement abandonnée aujourd'hui.
Voyez
Chaux éteinte. La chaux perd par son union à l'eau quelques - unes de ses propriétés chimiques, ou du moins elle ne les possede dans cet état qu'en un moindre degré d'efficacité; c'est - à - dire proprement, que la chaux a plus d'affinité avec l'eau, qu'avec quelques - unes des autres substances auxquelles elle est miscible; ou du moins que son union à l'eau châtre beaucoup son activité.
Ce principe vif & pénétrant qui s'éleve de la
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