ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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CHEF
(Page 3:271)
* CHEF, s. m. c'est proprement la partie de la
tête qui seroit coupée par un plan horisontal qui passeroit
au - dessus des sourcils. C'est dans l'homme la
plus élevée; aussi le chef a - t - il différentes acceptions
figurées, relatives à la forme de cette partie, à sa
situation, à sa fonction dans le corps humain. Ainsi
on dit le chef d'une troupe; le ches d'une piece d'étoffe,
&c. Voyez ci - après les principales de ces acceptions.
Chef,
(Page 3:271)
Chef, (Jurisprud.) Ce terme a dans cette matiere
plusieurs significations différentes, selon les
autres termes auxquels il se trouve joint. Nous allons
les expliquer par ordre alphabétique.
Chef d'accusation,
(Page 3:271)
Chef d'accusation, c'est un des objets de la
plainte. On compte autant de chefs d'accusation que la
plainte contient d'objets ou de délits différens imputés
à l'accusé.
Chef
(Page 3:271)
Chef d'un arrêt, sentence, ou autre jugement, est
une des parties du dispositis du jugement qui ordonne
quelque chose que l'on peut considérer séparément
du reste du dispositif. On dit ordinairement tot
capita tot judicia, c'est - à - dire que chaque chef est
considéré en particulier comme si c'étoit un jugement
séparé des autres chefs; de sorte que l'on peut
exécuter un ou plusieurs chefs d'un jugement, & appeller
des autres du même jugement, pourvû qu'en
exécutant le jugement en certains chefs, on se soit
réservé d'en appeller aux chefs qui font préjudice.
Chef - cens,
(Page 3:271)
Chef - cens, est le premier & principal cens imposé
par le seigneur direct & censier de l'héritage, lors
de la premiere concession qu'il en a faite, & qui se
paye en signe & reconnoissance de la directe seigneuric.
On l'appelle chef - cens, quasi capitalis census,
pour le distinguer du sur - cens & des rentes seigneuriales
qui ont été imposées en sus du cens, soit lors
de la même concession, ou dans une nouvelle concession,
lorsque l'héritage est rentré dans la main du
seigneur.
Le chef - cens emporte lods & ventes; au lieu que
le surcens, ni les rentes seigneuriales, n'emportent
point lods & ventes, lorsqu'il est dû un chef - cens,
la directe seigneurie de l'héritage étant en ce cas attachée
particulierement au chef - cens.
La coûtume de Paris, art. 357. en parlant du premier
cens l'appelle chef - cens, & dit que pour tel cens
il n'est besoin de s'opposer au decret; & la raison
est, que comme il n'y a point de terre sans seigneur,
on n'est point présumé ignorer que l'héritage doit
être chargé du cens ordinaire, qui est le chef - cens.
Dans tous les anciens titres & praticiens, le cens
ordinaire n'est pas nommé autrement que chef - cens,
capitalis census. Voyez in donat. belgic. lib. I. cap. xviij.
Il est dit dans un titre de l'évêché de Paris de l'an
1306, chart. 2. fol. 99. & 100. sub retentione omnis
capitalis census. La charte d'Enguerrand de Coucy,
sur la paix de la Fere, de l'an 1207, dit de fundo terr> & capitali. Dans plusieurs chartulaires, on trouve
chevage pour chef cens. Et à la sin des coûtumes de
Montdidier, Roye, & Peronne, on trouve aussi quevage, qui signifie la même chose, ce qui vient de
quief ou kief, qui en idiome picard signifie seigneur
censier. Voyez Brodeau, sur le tit. ij. de la coûtume de
Paris, n. 15.
Chef de contestation,
(Page 3:271)
Chef de contestation, se dit de ce qui fait
un des objets de contestation.
Chef,
(Page 3:271)
Chef, crime de lese - majesté au premier chef, est
celui qui attaque la Majeste divine; du second chef,
c'est le crime de celui qui attente quelque ch> contre
la vie du Roi; & au troisieme chef, c'est lorsqu'on attente quelque chose contre l'etat, comme
une conspiration; tel est aussi le crime de fausse
monnoie. On distingue ces crimes par premier, second,
& troisieme chef, parce que les peines en sont
reglées par différens chefs des reglemens. L'ordonnance de 1670, tit. j. art: 11. a consacré ce terme,
en disant que le crime de lese - majesté en tous ses
chefs est un cas royal. Voyez la consér. de Guénois,
dans ses notes sur le titre du crime de lese - majesté.
Chef de demande,
(Page 3:271)
Chef de demande, signifie un des objets d'une
demande déjà formée en justice, ou que l'on se propose
de former. Chaque chef de demande fait ordinairement
un article séparé dans les conclusions
de l'exploit ou de la requête; cependant quelquefois
les conclusions englobent à la fois plusieurs objets.
Les affaires qu'on appelle de petits commissaires, font
celles où il y a trois chefs de demande; & les affaires
de grands commissaires, celles où il y a au moins
six chefs de demande au fond.
Chef de l'edit,
(Page 3:271)
Chef de l'edit, premier & second chef de l'édit ou
de l'édit des présidiaux: on entend par - là les deux dispositions
de l'édit du mois de Janvier 1551, portant
création des présidiaux. Le premier chef de cet édit
est que les présidiaux peuvent juger définitivement
par jûgement dernier & sans appel, jusqu'à la somme
de 250 liv. pour une fois payer, & jusqu'à dix liv.
de rente ou revenu annuel, & aux dépens à quelque
somme qu'ils puissent monter. Le deuxieme chef
de l'édit est qu'ils peuvent juger par provision en
baillant caution, jusqu'à 500 livres en principal, &
jusqu'à 20 livres de rente ou revenu annuel, & aux
dépens à quelque somme qu'ils puissent monter, &
en ce dernier cas l'appel peut être interjetté en la
cour; de sorte néanmoins qu'il n'a aucun effet suspensif,
mais seulement dévolutif. On appelle une sentence
au premier ou au second chef de l'édit, celle qui
est dans le cas du premier ou second chef de l'édit. V.
Edit des Présidiaux,
& l'article Présidiaux.
On se sert aussi des termes de premier & second
chef, pour exprimer les deux dispositions de l'édit
des secondes nôces. Voyez
Edit des secondes noces, & l'article
Secondes noces.
Chef,
(Page 3:271)
Chef, (greffier en) voyez Greffier en chef.
Chef d'hommage,
(Page 3:271)
Chef d'hommage, en Poitou, est la même chose
que principal manoir ou chef - lieu, c'est - à - dire le
lieu où les vassaux sont tenus d'aller porter la foi.
Voy. la cout. de Poitou, art. 130 & 142. & Boucheul,
ibid. Gloss. de Lauriere, au mot chef.
Chef d'hosties
(Page 3:271)
Chef d'hosties ou hostises, que l'on a dit
aussi par corruption ostizes & ostiches, ne signifie pas
un seigneur chef d'hotel ou chef de sa maison, comme
on le suppose dans le dictionnaire de Trevoux au
mot chef; il signifie seigneur censier ou soncier, du
mot chef qui signifie seigneur, & d'hostizes qui signifie
habitation, tenement, terte tenue en censive. On en
trouve plusieurs exemples dans les anciens titres &
dans les anciens auteurs. Beaumanoir, chap. iij. des
contremans, art. 26. dit que ostiches sont terres tenues
en censive: c'est austi de - là qu'a été nommé le
droit d'ostize ou hostize, dont il est, l'>ric en l'art 40.
de la coùtume de Blois; & c'est ainsi qu'on le trouve
expliqué dans le traite du franc - aleu de Galland,
ch. vj. de l'origine des droits seigneuraux, p. 86. &
87. & dans le gloss. de M. de Lauriere, aux mots
hostes & ostizes. Pontanus, art. 40. de la coûtume de
Blois, verbo ostizi>, p. 219. dit que c'est le devoir
annuel d'une poule due par l'hôte ou le sujet au seigneur,
pourson soüage & tenement; car anciennement
on comptoit quelquefois le nombre de feux
par hostes ou chefs de famille, hospites, & du terme
hoste on a fait hostize. Dans le petit cartulaire de l'evéche
de Paris, qui etoit ci - devant en la bibliotheque
de MM. Dupuy, & est presentement en celle du
Roi; on trouve sol. 51., un titre de Odo évêque de
Paris, de l'an 1199, qui porte Terram nost>ain de
[p. 272]
Marnâ, in quâ nemus olim fuisse dignoscitue, ad hostisias
dedimus & ad censum, tali modo quod qualibet hostisia
habebit octo arpennos terra cultibilis, & unum arpennum
ad herbergagium faciendum; de illo autem arpenno
in quo erit herbergagium, reddetur annuatim nobis,
vel episcopò Parisiensi qui pro tempore fuerit, in
nativitate beat> Mari>, unus sextarius aven>; in festo
sancti Remigii, sex denarii Parisienses censuales; & de
singulis verò arpennis, in pradicto festo sancti Remigii,
sex denarii censuales. Dans un autre titre du même
Odo de l'an 1203, fol. 60. il est dit: Pro hostisia qu>
fuit Guillelmi de Moudon, &c. V. Brodeau sur Paris,
tit. des censives, n. 8.
Chef - lieu,
(Page 3:272)
Chef - lieu, est le principal lieu d'une seigneurie,
où les vassaux sont obligés d'aller rendre la foi
& hommage, & de porter leur aveu & dénombrement,
& où les censitaires sont obligés d'aller porter
les cens & passer déclaration. Le chef - lieu est ordinairement
le château & principal manoir de la seigneurie: mais dans des endroits où il n'y a point de
château, c'est quelquefois une ferme qui est le cheflieu; quelquefois c'est seulement une vieille tour
ruinée: dans quelques seigneuries où il n'y a aucun
château ni manoir, le chef - lieu est seulement une
piece de terre choisie à cet effet, sur laquelle les vassaux
sont obligés de se transporter pour faire la foi
& hommage. Le chef - lieu appartient à l'aîné par préciput,
comme tenant lieu du château & principal
manoir. Voyez
Aînesse, Préciput, principal Manoir. Voyez l'auteur des notes sur Artois, pp. 86.
353. 362. Dans la coûtume du comté de Hainaut,
la ville de Mons qui en est la capitale est appellée le
chef - lieu. A Valenciennes, & dans quelques autres
coûtumes des Pays - bas, ce terme de chef - lieu se prend
pour la banlieue. Voyez Doutreman, en son hist. de
Valencien. part. II. ch. jv. p. 279. & 280. Enfin il signifie
encore la principale maison d'un ordre régulier
ou hospitalier, ou autre ordre composé de plusieurs
maisons: par exemple, la commanderie magistrale de
Boigny près Orléans, est le chef - lieu de l'ordre royal,
militaire & hospitalier de S. Lazare.
Chef - mets
(Page 3:272)
Chef - mets ou Chef - mois, (Jurispr.) en quelques
coûtumes, est le principal manoir de la succession,
comme en Normandie. Voyez aussi la coûtume
de Surene, art. iij. Voyez le mot Mex. (A)
Chef
(Page 3:272)
Chef du nom & armes, dans les familles nobles,
est l'aîné ou descendant de l'aîné, qui a droit de porter
les armes pleines, & de conserver les titres d'honneur
qui concernent sa maison.
Chef - d'ordre,
(Page 3:272)
Chef - d'ordre, est la principale maison d'un ordre
régulier ou hospitalier, celle dont toutes les autres
maisons du même ordre dépendent, & où se
tient le chapitre général de l'ordre. Les abbayes
chefs - d'ordre sont toutes régulieres, telles que Cluny, Prémontré, Citeaux, &c. L'art. 3. de l'ordonnance
de Blois veut qu'à l'égard des abbayes & monasteres
qui sont chefs - d'ordre, comme Cluny, Citeaux, Prémontré, Grammont, le Val - des - Ecoliers,
S. Antoine de Viennois, la Trinité dite des Mathurins, le Val - des - Choux, & ceux auxquels le droit
& privilége d'élection a été conservé, & semblablement
ès abbayes de Pontigny, la Ferté, Clairvaux,
& Morimont, qu'on appelle les quatre premieres filles
de Citeaux; il y soit pourvû par élection des religieux
profès desdits monasteres, suivant la forme des saints
decrets & constitutions canoniques. Voyez ci - dev.
au mot Chef - lieu, vers la fin.
Chef - seigneur,
(Page 3:272)
Chef - seigneur, (Jurisp.) ce terme a différenrentes
significations, selon les coutumes; dans quelques - unés il signifie le seigneur suzerain; dans d'autres
il signifie tout seigneur féodal, soit suzerain ou
simple seigneur censier ou foncier. Par l'art. 166. de
la coûtume de Normandie, le chef - seigneur est celui
seulement qui possede par foi & par hommage, &
qui à cause dudit fief tombe en garde; & comme tout
fief noble est tenu par foi & hommage & tombe en
garde, il s'ensuit que quiconque possede un fief noble
est chef - seigneur, à l'exception des gens d'église,
parce qu'ils ne tombent point en garde à cause de
leurs fiefs nobles. Il suit aussi de cet article que tout
chef - seigneur ne releve pas immédiatement du Roi,
parce que cet article ne demande pas que le possesseur
de fief tombe en garde royale, mais seulement
en garde; ce qui peut convenir à la garde seigneuriale
comme à la garde royale. Voyez les coûtumes
de Ponthicu, art. 110. Anjou, 201. & suiv. Maine,
216. & suiv. Norman. anc. ch. xjv. xxxjv. xxxvj.
Et liv. I. de l'établissem. pour les prevotes de Paris &
d'Orléans. Le grand coûtum. liv. il. ch. xxvj. & liv.
IV. ch. v. Galland, du franc - aleu, p. 78. Gloss. de Lauriete, au mot chef - seigneur.
Chef de sens,
(Page 3:272)
Chef de sens, se dit d'une ville principale qui
est en droit de donner avis aux autres villes & lieux
d'un ordre inférieur qui lui sont soûmises: par exemple,
la ville de Valenciennes est chef de sens de son
territoire. Voyez les articles 145. & 146. de cette coûtume.
Chef
(Page 3:272)
Chef d'une sentence, voyez ci - devant Chef d'un
arrêt, sentence, &c. (A)
Chef d'escadre,
(Page 3:272)
Chef d'escadre, (Marine.) c'est un officier général
de la Marine, qui commande une eseadre ou
une division dans une armée navale: son rang répond
à celui de maréchal de camp sur terre, avec
lequel il roule lorsqu'ils se trouvent ensémble. La
marque distinctive du chef d'eseadre à la mer, est la
cornette qui lui sert de pavillon. Voy. Cornette.
Le chef d'escadre, en l'absence du lieutenant général
de la Marine, fait les mêmes fonctions, soit à
la mer soit dans les ports. Voyez à l'article
Lieutinant général.
Les chefs d'escadre ont séance & voix délibérative
dans le conseil de guerre, chacun suivant leur ancienneté.
Autrefois en France on divisoit la marine da roi
en six escadres, sous les titres de Poitou, de Normandie, de Picardie, de Provence, de Guienne, &
de Languedoc; mais cette division n'a plus lieu, &
le nombre des chefs d'escadre n'est pas limité: actuellement
il y en a quatorze en France. (Z)
Chef d'Académie,
(Page 3:272)
Chef d'Académie, (Manege.) est un écuyer
qui tient une académie, où il enseigne à monter à
cheval. Voyez Académie. (V)
Chef,
(Page 3:272)
* Chef, s. m. (Blason.) se dit de la partie supérieure
de l'écu, mais plus ordinairement d'une de
ses parties honorables, celle qui se place au haut, &
qui doit avoir le tiers de sa hauteur: elle peut etre
ou échiquetée, ou emmanchée, ou dentée, ou heiminée,
ou losangée, &c. Voyez ces mots.
Le chef est abaissé, quand la couleur du champ le
détache du bord iupérieur de l'écu, le surmonte &
le retrécit; surmonté, quand il est détaché par une
autre couleur que celle du champ; bandé, quand il
a une bande; chevronné, quand il a un chevron; palé, quand il a un pal, &c. (Voyez
Bande, Chevron, Pal,
&c.); couju, quand il est de couleur;
retrait, quand il a perdu une partie de sa hauteur;
soûtenu, quand il n'y a que les deux tiers de sa hauteur
au - dessus de l'écu, & que le tiers inférieur est
d'un autre émail. Voy. le Dictionn. de T>
Chef,
(Page 3:272)
* Chef, coupèr en chef, expression: sitee dans les
carrieres d'ardoise Voyez l'article Ardoise.
Chef,
(Page 3:272)
* Chef, (Boulang.) se dit du moreeau de levain
plus ou moins gros, selon le besoin qu'on prévoit,
pris sur celui de la derniere tournée, pour servir à
la sournée suivante. Voyez Pain.
Chef,
(Page 3:272)
* Chef, (Coffret.) ce terme est, chez ces ouvriers,
synonyme à brin ou à bout: ainsi quand il
leur est ordonné de coudre les ourlets & trépomtes
[p. 273]
des malles & autres semblables ouvrages à deux
chefs de ficelle neuve & poissée, cela signifie à deux
bouts ou à deux brins de ficelle, &c. Ainsi le chef n'est
ni la ficelle simple, ni la double ficelle; c'est un brin
ou un bout de la ficelle double.
Chef,
(Page 3:273)
* Chef, (Manufact. en soie, en laine, & en toile.)
c'est la premere partie ourdie, celle qui s'enveloppe
immédiatement sur l'ensuple de devant, & qui
servira de manteau à la piece entiere quand elle sera
finie. Le chef des pieces en toile est plus gros que
le reste; celui des ouvrages en laine & en soie ne
doit être ni plus mauvais ni meilleur, à moins que
l'espece d'étoffe qu'on travaille ne demande qu'on
trame plus gros, afin d'avoir en commençant plus
de corps, & de résister mieux à la premiere fatigue
de l'ourdissage. Les pieces de toile, de laine & de
soie, s'entament par la queue, & le chef est toûjours
le dernier morceau que l'on vend: la raison en est
simple; c'est que c'est au chef que sont placées les
marques, qui indiquant le fabriquant, la qualité de
la marchandise, celle de la teinture, la visite des
gardes & inspecteurs, l'aunage, &c. ne doivent jamais
disparoître.
Chef,
(Page 3:273)
* Chef, (OEconom. rustiq.) terme synonyme à
piece; ainsi on dit cent chefs de volaille, pour dire
cent pieces de volaille. Il s'applique aussi aux bêtes
à cornes & à laine, quand on fait le dénombrement
de ce qu'on en a ou de ce qu'on en vend; cent chefs
de bétes à cornes, cent chefs de bétes à laine. Le mot
chef ne s'employe cependant guere que quand la collection
est un peu considérable, & l'on ne dira jamais
deux chefs de bêtes à cornes.
Chef,
(Page 3:273)
Chef, terme de riviere; c'est ainsi qu'on appelle la
partie du devant d'un bateau foncet.
Chef - d'oeuvre,
(Page 3:273)
* Chef - d'oeuvre, (Arts & Mét.) c'est un des
ouvrages les plus difficiles de la profession, qu'on
propose à exécuter à celui qui se présente à un corps
de communauté pour en être reçû membre, apres
avoir subi les tems prescrits de compagnonage &
d'apprentissage par les reglemens de la communauré.
Chaque corps de communauté a son chef - d'oeuvre;
il se fait en présence des doyens, syndics, anciens,
& autres officiers & dignitaires de la communauté;
il se présente à la communauté, qui l'examine; il est
déposé. Il y a des communautés ou l'on donne le
choix entre plusieurs chefs - d'oeuvre à l'aspirant à la
maìtrise; il y en a d'autres où l'on exige plusieurs
chefs - d'oeuvre. Voyez dans les reglemens de ces communautés,
ce qui se pratique à la réception des maîtres.
Le chef - d'oeuvre de l'Architecture est une piece
de trait, telle qu'une descente biaise par tête & en
talud qui rachete un berceau: celui des Charpentiers, est la courbe rampante d'un escalier: celui
des ouvriers en soie, soit pour être reçùs compagnons,
soit pour être reçus maìtres, est la restitution
du métier dans l'état qui convient au travail, après
que les maîtres & syndics y ont apporte tel dérangement
qu'il leur a plù, comme de détacher des cordages,
casser des fils de chaìne par courses interrompues.
On ne voit guere quelle peut être l'utilité des
chefs - d'oeuvre: si celui qui se présente à la maîtrise
sait très - bien son metier, il est inutile de l'examiner;
s'il ne le sait pas, cela ne doit pas l'empêcher d'être
reçû, il ne fera tort qu'à lui - même; bien - tôt il sera
connu pour mauvais ouvrier, & forcé de cesser un
travail ou ne réussissant pas, il est necessaire qu'il se
ruine. Pour être convaincu de la vérite de ces observations,
il n'y a qu'a savoir un peu comment les
choses se passent aux receptions. Un homme ne se
présente point à la maîtrise qu'il n'ait passé par les
préliminaires; il est impossible qu'il n'ait appris
quelque chose de son métier pendant les quatre à
cinq ans que durent ces preiiminaires. S'il est fils de
maitre, assez ordinairement il est dispense dé chef -
d'oeuvre; s'il ne l'est pas, fût - il le plus habile ouvrier
d'une ville, il a bien de la peine à faire un chef - d'oeuvre qui soit agréé de la communauté, quand il est
odieux à cette communauté: s'il est agréable au contraire,
ou qu'il ait de l'argent, fût - il le plus ignorant
de tous les ouvriers, il corrompra ceux qui doivent
veiller sur lui tandis qu'il fait son chef - d'oeuvre;
ou il exécutera un mauvais ouvrage qu'on recevra
comme un chef - d'oeuvre; ou il en présentera un excellent
qu'il n'aura pas fait. On voit que toutes ces
manoeuvres anéantissent absolument les avantages
qu'on prétend retirer des chefs - d'oeuvre & des communautés,
& que les corps de communauté & de
manufacture n'en subsistent pas moins.
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