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CHAUX (Page 3:261)
CHAUX, s. f. (Chimie.) on a donné en Chimie le
nom de chaux à plusieurs matieres très - différentes;
comme nous l'avons déjà remarqué au commencement
de l'article calcinmion. Voyez
Ces produits sont les cendres vraies, voyez
On appelle chaux commune, chaux vive, chaux,
&c. le produit de la calcination des pierres & des
terres calcaires; des parties dures des animaux,
comme os, arrêtes, cornes, coquilles, lithophytes,
&c. avec lesquelles les fossiles calcaires non métalliques,
ont en général l'analogie la plus intime,
& desquelles elles paroissent évidemment tirer leur
origine. Voyez
Chaux commune. (Page 3:262)
Lorsqu'on se sera assûré de la présence des pierres
calcaires dans une contrée (voy. à l'article
Le four ainsi construit, il s'agit d'y arranger les pierres qu'on se propose de convertir en chaux. On aura de ces pierres amassées en tas autour du four, on choisira les plus grosses & les plus dures, & l'on en formera au centre de la tourelle une espece de
Les choses ainsi disposées, on brûlera un quarteron
ou deux de bruyeres, pour ressuyer la pierre.
Cinq ou six heures après, on commencera à chauffer
en regle: pour cet effet, le chauffournier dispose
avec sa fourche, sur l'atre de la tourelle, une douzaine
de bottes de bruyere; ce qu'il fait
Alors on laisse refroidir le four: pour cet effet, on monte sur la plate - forme, on étend des gaules sur le débouchement, & on répand sur ces gaules quelques bourées. Lorsque le four est froid, on tire la chaux du four; on la met dans des tonneaux sous une voûte contiguë au four, de peur d'incendie, & on la transporte par charrois aux lieux de fa destination.
Observations. 1°. Que quand il fait un peude vent, que l'air est un peu humide, la chaux se fait mieux que dans les grands vents & par les pluies; apparemment la chaleur se conserve mieux alors, la flamme se répand par - tout plus uniformément, ne s'éleve point au débouchement avec tant de violence, ou peut - être même par quelqu'autre cause plus secrette.
2°. Que les bourées trop vertes, nuisent & à la cuisson & à la qualité de la chaux.
3°. Que le chauffeur doit avoir la plus grande attention
à élancer de la bouche du four au milieu de
l'atre sa bourée enflammée, & de l'éparpiller avec
un grand fourgon, qu'on lui voit à la main
4°. Que le feu qu'on entretient dans le four est très - violent; que le soin qu'on a de boucher la bouche du four avec une bourée, le concentre & le porte en - haut; qu'il blanchit le fer du fourgon en quatre à cinq secondes; & qu'il écarteroit avec fracas les murs du fourneau, s'ils étoient trop légers.
5°. Qu'il faut que ce feu soit poussé sans intermission, sans quoi la fournée entiere seroit perdue, du moins au témoignage de Palissi, qui raconte que passant dans les Ardennes il trouva sur son chemin un four à chaux, dont l'ouvrier s'étoit endormi au milieu de la calcination; & que, comme il travailloit à son reveil à le rallumer, Palissi lui dit qu'il brûleroit toute la forêt d'Ardennes, avant que de remettre en chaux la pierre à demi - calcinée.
6°. Que la chaux sera bien cuite, si la pierre est
devenue d'un tiers plus légere après la calcination
qu'auparavant, si elle est sonore quand on la frappe,
& si elle bouillonne immédiatement après avoir été
arrosée; & qu'on l'aura d'autant meilleure, que les
pierres qu'on aura calcinées seront dures: les anciens
calcinoient les fragmens de marbre, & prenoient,
quand il étoit question de la mêler au ciment
& de l'éteindre, toutes les précautions imaginables.
Voyez
7°. Que la maniere de faire la chaux, que nous venons de décrire, n'est pas la senle en usage. Au lieu de fourneaux, il y a des endroits où l'on se contente de pratiquer des trous en terre, où l'on arrange les pierres à calciner, les unes à côté des autres; on y pratique une bouche & une cheminée; on recouvre les trous & les pierres avec de la terre glaise; on allume au centre un feu qu'on entretient sept à huit jours, & lorsqu'il ne sort plus ni fumée ni vapeurs, on présume que la pierre est cuite.
8°. Qu'il faut creuser un puits aux environs du four à chaux, 1° pour le besoin des ouvriers: 2° pour la petite maçonnerie qu'on fait à l'entrée de la tourelle: 3° en cas d'incendie; car il peut arriver qu'un grand vent rabatte le cone de feu sur les bourées, & les enflamme.
9°. Que pour transporter la chaux dans des voitures, il faut avoir grand soin de les bien couvrir de bannes tendues sur des cerceaux; que les chaufourniers allument du feu avec la chaux assez commodément: ils en prennent une pierre grosse comme le poing, la trempent dans l'eau, & quand elle commence à fumer, ils la couvrent légerement de poussiere de bruyere, & soufflent sur la fumée jusqu'à ce que le feu paroisse; & qu'on ne fait guere de chaux pendant l'hyver.
Quant à l'emploi de la chaux dans la maçonnerie, voici la méthode que Philibert de Lorme prescrit. Amassez dans une fosse la quantité de chaux que vous croyez devoir employer; couvrez - la également partout d'un pié ou deux de bon sable; jettez de l'eau sur ce sable, autant qu'il en faut pour qu'il soit suffisamment abreuvé, & que la chaux qui est dessous puisse fuser sans se brûler; si le sable se fend, & donne passage à la fumée, recouvrez aussi - tôt les crevasses; cela fait, laissez reposer deux ou trois ans; au bout de ce tems vous aurez une matiere blanche, douce, grasse, & d'un usage admirable tant pour la maçonnerie que pour le stuc.
Les particuliers ne pouvant prendre tant de précautions, il seroit à souhaiter que ceux qui veulent bâtir trouvassent de la chaux toute préparée, & vieille, & que quelqu'un se chargeât de ce commer<cb->
Qualités extérieures de la chaux. Les qualités extérieures & sensibles de la chaux vive, par lesquelles on peut définir cette substance à la façon des naturalistes, sont celles - ci: la chaux vive est friable, blanche, ou grisâtre, légere, seche, d'un goût acre & caustique. & d'une odeur qu'on pourroit appeller de feu, empyreumatique, ou phlogistique.
Propriétés physiques de la chaux. Les propriétés physiques générales de la chaux sont, 1° toutes les propriétés communes des alkalis fixes, soit salins, soit terreux; 2° quelques - unes des qualités particulieres aux alkalis terreux; 3° quelques - unes de celles qui ne se rencontrent que dans les alkalis fixessalins; 4° enfin quelques propriétés spéciales & caractéristiques.
Les propriétés communes aux alkalis fixes que
possede la chaux, sont; la fixité, voyez
Les propriétés des alkalis terreux qui se rencontrent
dans la chaux, sont: l'infusibilité, ou ce degré
de difficile fusibilité, par le secours des fondans,
que les Chimistes prennent pour l'infusibilité absolue,
voyez
Au reste, il y a apparence que c'est à cette propriété
de précipiter les sels ammoniacaux dont jouit
la chaux, qu'est dûe l'élevation des alkalis volatils,
dès le commencement de la distillation des substances
animales exécutées avec cet intermede, qu'il ne
saut regarder par conséquent que comme la suite
d'un simple dégagement, contre l'opinion de plusieurs
Chimistes, qui pensent que ce produit de l'analyse
animale est réellement formé, qu'il est une
créature du feu. Voyez
Les propriétés communes à la chaux & aux alkalis
fixes salins sont: la saveur vive & br>ante,
l'attraction de l'eau de l'atmosphere, la vertu caustique,
ou la propriété d'attaquer les matieres animales,
voyez
Les qualités spéciales de la chaux, sont son effervescence avec l'eau; la propriété d'animer les alkalis salins, dont jouissent aussi quelques chaux métalli -
Ce sont sur - tout ces propriétés spéciales qui méritent une considération particuliere, & sur lesquelles nous allons entrer dans quelque détail.
Extinction de la chaux. 1°. La chaux fait avec l'eau une effervescence violente, accompagnée d'un sifflement considérable, d'une fumée épaisse, de l'éruption d'un principe actif & volatil, sensible par une odeur piquante, & par l'impression vive qu'il fait sur les yeux, & d'une chaleur si grande qu'elle est capable de mettre le feu à des corps combustibles, comme cela est arrivé à des bateaux chargés de chaux.
La chaux se réduit avec l'eau, lorsqu'on n'en a employée que ce qu'il faut pour la saturer, en un état pulvérulent, parfaitement friable, ou sans la moindre liaison de parties. Elle attire de l'air paisiblement & sans effervescence la quantité d'eau suffisante pour la réduire précisément dans le même état. La chaux ainsi unie à l'eau est connue sous le nom de chaux éteinte.
Si l'on employe à l'extinction de la chaux une quantité d'eau plus que suffisante pour opérer cette extinction, ou qu'on verse une certaine quantité de nouvelle eau sur de la chaux simplement éteinte, cette eau surabondante réduit la chaux en une consistance pultacée, ou en une espece de boue que quelques Chimistes appellent chaux fondue.
Lait de chaux. Une quantité d'eau plus considérable encore est capable de dissoudre les parties les plus tenues de la chaux, d'en tenir quelques autres suspendues, mais sans dissolution, & de former avec ces parties une liqueur blanche & opaque, appellée lait de chaux.
Eau de chaux. Le lait de chaux débarrassé par la résidence ou par le filtre des parties grossieres & non dissoutes qui causoient son opacité, & chargé seulement de celles qui sont réellement dissoutes, est connu dans les laboratoires des Chimistes & dans les boutiques des Apoticaires, sous le nom d'eau de chaux; & la résidence du lait de chaux, sous le nom de chaux lavée.
L'union que les parties les plus subtiles de la chaux ont subi avec l'eau, dans la formation de l'eau de chaux, doit être regardée comme une mixtion vraiment saline; cette union est si intime qu'elle ne se dérange pas par l'évaporation, & que le mixte entier est volatil. L'eau de chaux a d'ailleurs tous les caracteres d'une dissolution saline; cette dissolution est transparénte, elle découvre plus particulierement son caractere salin par son action corrosive sur le soufre, les graisses, les huiles, &c. & même par son goût. Sthal, spec. becher. part. I. sect. 11. memb. 11. thes. 11. 8.
Ce mixte terro - aqueux, dont M. Stahl a reconnu la volatilité, peut pourtant être concentré selon lui sous la forme de crystaux salins. Si ces crystaux étoient formés par le mixte salin essentiel à l'eau de chaux, ils seroient évidemment le véritable sel de chaux, sur l'existence & la nature duquel les Chimistes ont tant disputé; mais on va voir que M. Stahl s'en est laissé imposer par ce résdu crystallisé de l'eau de chaux.
Le fond du problème sur le fameux sel de chaux, exactement déterminé, a roulé sur ce point; savoir, si la chaux produisoit ses effets d'alkali par un sel, par conséquent alkali, ou par sa substance terreuse. [p. 265]
Quant aux sels acides admis dans la chaux par plusieurs Chimistes, & tout récemment même par M. Pott, cont. de sa Lithogeognosie, p. 215. ne peut - on pas très - raisonnablement soupçonner que c'est une portion de l'acide de ces sels neutres dont nous avons parlé, que ces auteurs ont dégagé par quelque manoeuvre particuliere; & qu'ainsi leurs découvertes concourent exactement à établir le sentiment que nous venons d'embrasser sur le sel de chaux.
Nous n'entrerons point ici dans la discussion des prétentions d'un grand nombre de Chimistes, qui, comme Vanhelmont & Kunckel, n'ont supposé divers sels dans la chaux que pour en déduire plus commodément la théorie de ses principaux phénomenes: ces suppositions, qui ne doivent leur naissance qu'au besoin que ces auteurs croyent en avoir, sont comptées pour si peu dans la méthode moderne, qu'elles ne sont pas même censées mériter le moindre examen, & qu'elles tombent de plein droit, par la seule circonstance d'avoir devancé les faits.
Lorsqu'on laisse le lait de chaux s'éclaircir par le repos, il se forme après un certain tems à la surface de la liqueur une pellicule crystalline, blanche, & demi - opaque, qui se reproduit un grand nombre de fois, si après l'avoir enlevée on a soin de mêler de nouveau la liqueur éclaircie avec sa résidence; car sans cette manoeuvre, l'eau de chaux est bientôt épuisée, par la formation successive de quelques pellicules, de la matiere propre à en produire de nouvelles; ces pellicules portent le nom de creme de chaux.
Creme de chaux. La vraie composition de la creme de chaux étoit fort peu connue des Chimistes, lorsque M. Malouin curieux de connoître la nature du sel de chaux, s'est attaché à l'examen de la creme dont il s'agit, qu'il a crû être le vrai sel de chaux, cet être qui se refusoit depuis si long - tems aux recherches de tant d'habiles Chimistes. M. Malouin a apperçu dans la creme de chaux quelques indices d'acide vitriolique; il a fait du tartre vitriolé & du sel de Glauber en précipitant la creme de chaux par l'un & l'autre sel alkali fixe, & du soufre artificiel en traitant cette creme avec des substances phlogistiques; il a donc pû conclure légitimement de ces moyens qui sont très chimiques, que la creme de chaux étoit un vrai sel neutre de la nature de la sélénite.
Il nous resteroit pourtant à savoir, pour avoir une connoissance complete sur cette matiere, en quelle proportion les deux ingrédiens de la creme de chaux concourent à sa formation, ou du moins sont annoncés par les experiences; car l'absolu ne suffit pas ici, & il est telle quantité de tartre vitriolé, de sel de Glauber, ou de soufre artificiel, qui ne prouveroit rien en faveur de l'acide vitriolique soupçonné dans la creme de chaux.
Mais cet acide vitriolique, s'il existe dans la creme de chaux, d'où tire - t - il son origine? préexistoit - il
Effervescence avec chaleur de la chaux & de l'eau.
L'effervescence qui s'excite par l'action réciproque
de la chaux & de l'eau, & plus encore la chaleur
dont cette effervescence est accompagnée, exercent
depuis long - tems la sagacité des Chimistes. La
théorie générale de l'effervescence, prise simplement
pour le gonflement & le bouillonnement de la
masse qui la subit, s'applique cependant d'une façon
assez naturelle à ce phénomene considéré dans la
chaux, voyez
La théorie chimique de la chaleur des effervescences
nous manque absolument, depuis que notre
maniere de philosopher ne nous permet pas de nous
contenter des explications purement ingénieuses,
telles que celles de Sylvius de Leboë, de Willis,
& de toute l'école chimique du dernier siecle, que
M. Lemery le pere a répandue chez nous, & qui est
encore parmi les Physiciens l'hypothese dominante.
Ces Chimistes prétendoient rendre raison de ce phénomene
singulier par le dégagement des particules du
feu enfermces dans les pores de l'un des deux corps,
qui s'unissent avec effervescence comme dans autant
de petites prisons. Cette théorie convenoit à
l'effervescence de la chaux d'une façon toute particuliere;
& l'on pourroit croire même que c'est de
l'explication de ce phénomene particulier, déduite
depuis long - tems de ce méchanisme (Voy. Vitruve,
liv. II. c. v.), que les Chimistes ont emptunté leur
théorie générale de la chaleur des effervescences.
Rien ne paroît si simple en effet que de concevoir
comment la calcination a pû former dans la chaux
ces pores nombreux dont on la suppose criblée, &
les remplir de particules de feu; & comment l'eau
entrant avec rapidité dans cette terre seche, ouverte,
& avide de la recevoir, dégage ces particules
de feu de leur prison, &c. Quelques Chimistés,
comme M. Homberg, ont ensuite appellé au secours
de ce méchanisme le frottement causé dans toutes
les parties de la chaux, par le mouvement impétueux
avec lequel l'eau se porte dans ses pores, &c.
mais cette cause, peut - être très - réelle, & qui est
la seule que la Chimie raisonnée moderne ait retenu,
n'est pas plus évidente ou plus prouvée que la
premiere, entierement abandonnée aujourd'hui.
Voyez
Chaux éteinte. La chaux perd par son union à l'eau quelques - unes de ses propriétés chimiques, ou du moins elle ne les possede dans cet état qu'en un moindre degré d'efficacité; c'est - à - dire proprement, que la chaux a plus d'affinité avec l'eau, qu'avec quelques - unes des autres substances auxquelles elle est miscible; ou du moins que son union à l'eau châtre beaucoup son activité.
Ce principe vif & pénétrant qui s'éleve de la [p. 266]
Résurrection de la chaux. La chaux éteinte peut être ressuscitée ou rétablie dans son état de chaux vive; il n'y a pour cela qu'à l'exposer à un feu violent, & à chasser par ce moyen l'eau dont elle s'étoit chargée en s'éteignant. La tenacité de l'eau avec la chaux est telle, qu'un feu médiocre ne suffit pas pour la ressusciter, comme il est prouvé par les expériences de M. Duhamel (Mém. de l'Acad. royale des Sc. ann. 1747.), qui mit dans une étuve de la chaux éteinte, où elle ne perdit que très - peu de son poids; qui l'exposa ensuite dans un creuset à l'action d'un grand feu de bois, qui ne lui fit perdre qu'environ le quart de l'eau qui avoit servi à l'éteindre; & qui enfin ne réussit pas même à l'en priver entierement en l'exposant dans un fourneau de fusion excité par le vent d'un fort soufflet.
Un petit morceau de la chaux qui avoit essuyé cette derniere calcination mis dans un verre avec de l'eau, présenta tous les phénomenes d'une chaux vive assez comparable à la chaux de craie, & qui auroit été apparemment encore plus vive, si la calcination avoit été assez long - tems continuée pour dissiper toute l'eau qui avoit servi pour l'éteindre la premiere fois. Ibid.
Le changement que la chaux opere sur les alkalis salins, est un des faits chimiques les moins expliqués: elle augmente considérablement leur activité; elle rend l'alkali fixe plus avide d'eau; & l'alkali volatil dégagé par son moyen est constamment fluide, & incapable de faire effervescence avec les acides: phénomene unique, & dont la cause n'est pas même soupçonnée. Plusieurs Chimistes regardent ces effets de la chaux sur l'un & l'autre alkali comme les mêmes, & ils les déduisent de l'union que ces sels ont contractée avec un certain principe actif & très - subtil fourni par la chaux. Hoffman qui a adopté ce système, appelle ce principe non salinum, sed quasi terreo - igrieum volatile; ce qui n'est pas clair assûrément. D'autres croyent trouver une cause suffisante de la plus grande causticité de l'alkali fixe, dans une certaine quantité de terre calcaire dont il se charge manifestement lorsqu'on le traite convenablement avec la chaux, & regardent au contraire la fluidité invincible de l'alkali volatil, comme la suite d'une atténuation opérée par simplification, par soustraction. C'est comme augmentant la force dissolvante de l'alkali fixe, que la chaux est employée dans la préparation de la pierre à cautere, & dans celle de
Mortier. La théorie de la formation du mortier, de
l'espece d'union que contractent les trois matériaux
qui le composent, savoir, la chaux, le sable, & l'eau,
& de leur action mutuelle, est peu connue des Chimistes. Stahl lui - même, qui a appuyé sa théorie de
la mixtion des substances soûterraines, subterraneorum; sur les phénomenes du mortier, n'a pas assez
déterminé la forme de la mixtion de ce corps singulier,
dont l'examen chimique est encore tout neuf:
ce que nous en savons se réduit à un petit nombre
d'observations, entre lesquelles celles - ci sont plus
particulieres à la chaux: la chaux éteinte à l'air ne
se lie pas avec le sable, ou ne fait point de mortier,
de quelque façon qu'on la traite: la chaux éteinte à
l'eau, plus elle est ancienne, plus elle est propre à
fournir un bon mortier. Voyez
Union de la chaux au blanc - d'oeuf, &c. La combinaison de la chaux avec le blanc - d'oeuf & les laitages, & la dureté considérable à laquelle parviennent ces mêlanges, fournissent encore un de ces phénomenes chimiques qu'il faut ranger dans la classe des faits purement observés.
Cette observation, qui n'est pas équivoque, doit nous empêcher de compter sur un prétendu assaisonnement du lait que quelques Medecins croyent obtenir en le mêlant avec de l'eau de chaux, qui est évidemment bien plus capable de l'altérer que de le conserver. Au reste le reproche ne doit tomber que sur la licence d'expliquer si commune dans un certain ordre de Medecins, & ordinairement - à - peu - près proportionnelle à leur ignorance; car pour l'effet medicinal, nous nous garderons bien de l'évaluer au poids des analogies physiques.
Becher prétend avoir porté si loin, par une manoeuvre
particuliere, l'endurcissement d'un mêlange
de chaux vive & de fromage, que la dureté de ce
composé artificiel étoit peu inférieure à celle du diamant.
La composition des marbres artificiels, la pré
paration de plusieurs luts très - utiles dans le manuel
chimique, & celle de certains mastics propres à recoller
les porcelaines cassées, &c. sont fondées sur
cette propriété de la chaux ou du plâtre, qui en ceci
est analogue à la chaux. Voyez
La chaux coagule aussi les corps muqueux (Voyez
Dissolution de la chaux par les acides. La chaux est soluble par tous les acides, comme nous l'avons déjà observé; elle s'y unit avec effervescence & chaleur. Voici les principales circonstances de sa combinaison avec chacun de ces acides.
L'acide vitriolique attaque la chaux très - rapidement, & s'y unit avec effervescence & chaleur; il
s'éleve pendant l'effervescence des vapeurs blanches
qui ont l'odeur de l'acide de sel marin: il résulte
de l'union de l'acide vitriolique & de la chaux,
un sel neutre, très - peu soluble dans l'eau, qui se
crystallise à mesure qu'il se forme, excepté qu'on
employe un acide vitriolique très - affoibli, & qu'on
ne l'applique qu'à une très - petite quantité de chaux:
ce sel est connu parmi les Chimistes modernes sous
le nom de sélénite, de sel séléniteux, ou sel sélénitique.
Voyez
L'acide nitreux versé sur la chaux, produit une
violente effervescence, beaucoup de chaleur, quantité
de vapeurs blanches, & une odeur pénétrante
qui paroît être dûe à un peu d'esprit de sel dégagé
par l'acide nitreux, & à l'acide nitreux lui - même
volatilisé par le mouvement de l'effervescence &
par la chaleur. Une bonne quantité de chaux étant
dissoute dans un acide nitreux médiocrement con
centré, la dissolution ne se trouble point; elle reste
au contraire aussi transparente que l'esprit de nitre
qu'on a employé l'étoit auparavant. Cette dissolution
évaporée a une douce chaleur, donne une résidence
comme gommeuse, dans laquelle on apperçoit
de petits crystaux informes, qui étant aussi solubles
que la masse saline non crystallisée, ne peuvent
en être séparés par aucun moyen. Cette masse
saline desséchée attire l'humidité de l'air, & se résout
en liqueur; elle est analogue au sel de nitre à base terreuse,
qui constitue une partie de l'eau mere du salpetre.
M. Duhamel, mém. de l'acad. 1747, a découvert
une propriété singuliere dans ce sel: en ayant poussé
au feu une certaine quantité dans une cornue, il
passa presque tout dans le récipient, & il ne restoit
dans la cornue qu'un peu de terre qui étoit soluble
par l'acide nitreux, & formoit avec lui un sel qui
apparemment auroit été volatilisé tout entier par
des cohobations réitérées: cette volatilité le fait
différer essentiellement du sel formé par l'union du
même acide & de la craie; car ce dernier supporta
un feu assez fort auquel on l'exposa dans un creuset
pour la préparation du phosphore de Baudouin, Balduinus (Voyez
L'acide du sel marin excite avec la chaux une très - violente effervescence, accompagnée d'une chaleur considérable & de vapeurs blanches & épaisses, qui ne sont autre chose qu'un esprit de sel foible; cette solution évaporée selon l'art, donne une masse saline qui a la consistance du beurre, dans laquelle on distingue quelques petits crystaux qu'il est très - difficile d'en séparer par la lotion à l'eau froide, parce qu'ils sont presque aussi solubles que la masse saline qui les entoure: cette masse séchée est très - déliquescente; elle est précipitée par l'acide vitriolique qui fait avec la chaux une sélénite; elle est soluble par l'acide nitreux, qui ne paroît produire sur elle aucun dérangement sensible, mais concourir avec l'acide du sel marin à la dissolution de sa base.
Ce sel est fixe au feu, ensorte que si on le pousse
dans les vaisseaux fermés à un feu très - violent, on
n'en sépare qu'un flegme très - légerement acide. Duhamel, Mém. acad. 1747. Le sel qu'on retire du résidu
du sel ammoniac distillé par la chaux (& qui est connu
dans l'art sous le nom de sel fixe ammoniac lorsqu'on l'a sous forme seche, & sous celui d'huile de
chaux lorsqu'il est tombé en deliquium) ce sel, dis - je,
est le même que celui dont nous venons de parler;
il peut cependant en différer (selon la prétention
de plusieurs illustres chimistes) par quelque
matiere phlogistique prise dans le sel ammoniac.
Voyez
Le vinaigre distillé dissout la chaux avec efferves<cb->
On trouve dans un mémoire de M. Geoffroi le
cadet imprimé parmi ceux de l'académie R. D. S.
ann. 1746, une expérience curieuse faite sur la chaux
de Melun éteinte avec le vinaigre distillé. C'est ainsi
que s'exprime l'auteur:
La creme de tartre s'unit aussi à la chaux, & forme
avec elle un sel parfaitement semblable par toutes
les qualités extérieures au sel végétal. Voy.
Tous ces acides forment avec l'eau de chaux, les mêmes sels que chacun forme avec la chaux vive ou la chaux éteinte; d'où il faut nécessairement conclure que si la creme de chaux étoit un sel sélénitique, elle différeroit essentiellement de la matiere suspendue dans l'eau de chaux: car on ne sauroit retrouver l'acide vitriolique dans les sels formés par l'union de l'acide nitreux; de l'acide marin, du vinaigre distillé, & de la creme de tartre, avec la substance calcaire dissoute dans l'eau de chaux. L'on divise chacun de ces sels neutres exactement en deux parties; savoir leur acide respectif, & une terre calcaire pure: l'acide vitriolique, s'il s'en trouve dans la creme de chaux, a donc été réellement engendré.
C'est par cette qualité absorbante, que la chaux
peut être employée, quoique peut - être avec danger
pour la santé, à prévenir ou à corriger l'acidité de
certains vins. Voyez
Action de la chaux sur le soufre, les huiles, &c. La
chaux vive agit sur toutes les matieres sulphureuses
& huileuses; elle dissout le soufre, soit par la voie
humide, soit par la voie seche, & forme avec ce
corps un composé concret, & qui subsiste sous forme
seche; en cela différent de celui qui résulte de
l'union du soufre & de l'alkali fixe. Voyez foie de
sousre au mot
Causticité de la chaux. La causticité proprement
dite de la chaux vive, qualité très - analogue à la précédente,
la rend propre à enlever les sues animaux
dans la préparation des cuirs, dont elle est en état
même de consumer les parties solides ou fibreuses;
elle réduit en bouillie les poils, les cornes, &c. elle
consume assez promptement les cadavres. Voyez
Variétés des chaux. Les chaux provenues de différentes
matieres calcaires possedent la plûpart les qualités
absolues que nous venons d'exposer, en degrés
spécifiques qui les distinguent presque toutes entre
elles: en cela bien différentes des sels alkalis purs qui
sont exactement semblables entre eux de quelque
corps qu'ils soient tirés; c'est - à - dire que l'art n'est pas
encore parvenu à faire de la chaux pure. Voy.
Rapport & différences de la chaux & du plâtre. Tout ce qui a été rapporté jusqu'ici des principales pro<cb->
Rapport & différences de la chaux vive & de la chaux
métallique. La chaux vive a encore quelques rapports
généraux & extérieurs avec la chaux métallique.
Ces matieres sont l'ouvrage d'un feu ouvert comme
la chaux & le plâtre; elles sont dans un état de desunion
de parties comme ces dernieres substances:
mais elles en different par la plûpart de leurs propriétés
essentielles & intérieures. Voyez
Nous avons indiqué déjà les principaux usages de la chaux, & nous les avons rapportés autant qu'il nous a été possible chacun à celle de ses propriétés dont il dépendoit, afin que l'exposition d'un certain nombre de faits ainsi rapprochés de leur principe physique, servît à constater & à lier les connoissances que nous avons sur notre sujet. Mais outre ces usages déjà exposés, la chaux en a encore plusieurs autres qu'il auroit été inutile, impossible, ou du moins trop peu exact, de ramener à quelqu'une des propriétes que nous avons observées. On les trouvera répandus dans les differens articles d'Arts méchaniques de ce Dictionnaire. (b)
Vertus médicinales de la chaux. La chaux vive fournit plusieurs bons remedes à la Medecine. Les plus anciens medecins l'ont employée extérieurement. Hippocrate lui - même la recommande contre différentes especes de lepre; Dioscoride, Pline, Galien, Paul d'Ægine, &c. la rangent au nombre des remedes acres & caustiques, qu'on doit employer contre les ulceres putrides & malins. Celse la regarde comme un secours efficace pour faire separer les parties sphacelées, soit en les laupoudrant de chaux vive très - fine, ou en employant une lestive préparée par le deliquium avec une partie de chaux vive, & trois parties de cendres gravelees.
Fuller donne pour un remede eprouvé contre les douleurs scorbutiques & rhûmatismales, un liniment fait avec la chaux vive & le miel.
On trouve dans différens auteurs un grand nom<pb-> [p. 269]
La chaux est très - communément employée dans
les dépilatoires, voyez
L'eau de chaux ordinaire doit être regardée comme un très - bon détersif, qu'on employe avec succès extérieurement dans le traitement des vieilles plaies dont les bords sont mollasses & trop abreuvés, & dans celui des ulceres putrides & sanieux: on peut s'en servir encore comme d'un bon discussif fortifiant & antiseptique, contre certaines maladies cutanées, comme la gratelle, les dartres, les tumeurs oedémateuses, & principalement celle des piés avec menace de gangrene. Riviere la recommande en fomentation contre les tumeurs oedémateuses.
Cette eau de chaux battue avec une huile par expression,
prend la consistance d'un onguent qui est
fort recommandé contre les brûlures; mais on se sert
sur - tout parmi nous de l'eau de chaux à la préparation
d'une lotion contre la galle, qui consiste à faire
bouillir cette eau avec une certaine quantité de fleurs
de soufre qui sont dissoutes en partie, & combinées
sous la forme d'un foie de soufre. Voyez
L'eau de chaux est le principal ingrédient de l'eau
phagedenique. Voyez eau phagedenique au mot
On prépare aussi avec l'eau de chaux un assez bon
collyre, connu dans les boutiques sous le nom d'eau
saphirine ou eau céleste. Voyez eau saphirine sous le
mot
La chaux ayant toûjours été regardée comme un mixte rempli de parties de feu qui détruit & consume les corps sur lesquels elle peut agir, on auroit cru jadis donner un poison, en donnant par la bouche un remede tiré de la chaux, jusqu'à ce qu'enfin dans ces derniers tems - ci l'eau de chaux prise intérieurement, a passé pour un excellent remede, & que plusieurs auteurs célebres l'ont mise en usage pour un grand nombre de maladies. Burlet, Méin. de l'ac. oy. des Sc. an. 1700.
Le préjugé si contraire à l'usage intérieur de la chaux, n'étoit pas seulement fondé sur une terreur rationnelle; sa qualite de poison étoit établie sur plusieurs observations. M. Burlet rapporte, que peu de tems avant qu'il ecrivit le mémoire que nous venons de citer, il s'étoit répandu dans ie public que des boeufs altérés ayant bû dans une fosse à chaux de l'eau qui la surnageoit, en moururent en peu de tems. Les auteurs de Medecine nous ont transmis plusieurs observations qui concourent à prouver que la chaux prise intérieurement est dangereuse. La vapeur même élevée de la chaux pendant son effervescence avec l'eau, a quelquefois éte sunestc. Les accidens auxquels s'exposent ceux qui habitent des maisons neuves bàties avec le mortier ou trop récemment blanchies, doivent être rapportés à ce genre d'effets. Hippocratc (de morb. pop. lib. III. agr. 2.) a observe une paralysie due à cette cause. Les observations semblables ne sont pas rares. On trouve dans les éphem. des cur. de la nature, que la poussiere de la chaux respirée fréquemment par un manoeuvre employé dans un four à chaux, engendra des concrétions pierreuses dans ses poumons. On peut ajoûter à ces considerations, que la chaux en poudre est un poison sur pour les rats, & qu'elle fournit un tres - bon préservant contre les insectes, qu'elle tue ou qu'elle chasse. M. Anderson rapporte dans son hist. nat. d'Islande, un fait qui a du rapport avec cette derniere propriéte: on m'a assure, dit cet auteur, qu'un vaisseau charge de chaux, ou qui en
Si l'explication des effets veneneux de la chaux peut être pour quelque medecin un nouveau motif de ne l'employer intérieurement qu'avec circonspection, il en trouvera une dans Boerhaave, qui iui apprendra (Institut. med. 1143.) que la chaux, soit vive, soit éteinte, doit être rapportée, peut - être, à la classe des poisons, qui procurent une mort prompte ou lente en resserrant, constringendo, en incrassant, en obstruant, en desséchant.
Quelques medecins ont cependant osé donner intérieurement la chaux, même en substance. M. Duhamel rapporte, dans son histoire de l'acadénue, une observation de M. Homberg, qui avoit guéri un hypocondriaque, avec un mêlange d'une partie de sel ammoniac, & de deux parties de chaux éteinte à l'air, donné à la dose de 20 grains.
La chaux éteinte a été recommandée, employée en clistere contre certaines dyssenteries.
Hippocrate, épidem. v. 2. a donné des lavemens d'eau de chaux dans des anciens flux de ventre.
Mais c'est l'eau de chaux, qui est le remede tiré de cette substance, qui a été le plus généralement employé. Sylvius Deleboe & Willis passent pour les premiers qui ayent mis en vogue l'usage intérieur de l'eau de chaux; le premier en Hollande, & le second en Angleterre. Morton, Bennet, Spon medecin François, Bateus, & plusieurs autres, ont aussi célebré ce remede, qui aujourd'hui a perdu beaucoup de son crédit parmi nous, quoique nous ne le regardions plus comme poison; & que quelques habiles medecins l'employent encore avec succès dans quelques - uns des cas que nous allons indiquer, & sur - tout dans les maladies des reins.
M. Burlet rapporte, dans son mém. déjà cité, qu'il avoit vû en Hollande un medecin qui en employoit trente pintes par jour, mais presque toûjours mêlée avec d'autres drogues; ensorte que les guérisons que ce medecin opéroit ne peuvent pas être mises assez exactement sur le compte de l'eau de chaux.
Les maladies contre lesquelles on a célebré principalement l'efficacité de l'eau de chaux, sont la phthisie, & tous les ulceres internes, l'asthme, l'empieme, l'hæmopthisie, les écroüelles, la dyssenterie & la diarrhée, les tumeurs >démateuses du serntum, les fleurs - blanches, & les pâles couleurs; la goutte, les dartres, la gangrene, l'oedeme, l'enflure des genoux & des jambes, les ulceres humides; le diabete, le calcul, & le sable des reins & de la vessie, &c.
Outre l'action occulte ou altérante de l'eau de
chaux, on a observé qu'elle poussoit quelquefois par
les urines, & assez souvent par les sueurs. Willis la
regarde comme un bon diurétique, donnée à la dose
de quatre à six onces, avec un gros, ou un gros &
demi de teinture de sel de tartre. La vertu lithontriptique
de l'eau de chaux a été bien plus célebrée
encore, soit prise intérieurement, soit employée en
injection. Nous examinerons les pretentions qui lui
sont favorables à ce titre, au mot lithontriptique.
Voyez
M. Burlet observe fort judicieusement, ce semble, que l'eau de chaux est plus utile & moins dangereuse dans les pays froids & humides, que dans les contrées plus tempérées.
Ce medecin préparoit l'eau de chaux qu'il nous apporta de Hollande, en versant six livres d'eau bouillante sur une livre de chaux vive, laissant reposer, filtrant, &c. & c'etoit - là ce qu'on a appellé depuis eau de chaux premiere. Celle qui est connue dans les boutiques sous le nom d'eau de chaux seconde, se propare en versant une nouvelle quantité d'eau bouil<pb-> [p. 270]
Le codex de la faculté de Paris demande dix livres d'eau sur une livre de chaux, pour la préparation de l'eau premiere; Batcus en employe huit. Cette eau porte dans la pharmacopée de ce dernier autéur, & dans quelques pharmacopées Allemandes, le titre d'eau benite; contre lequel le sage Juncker, qui croit très - peu à ses vertus merveilleuses, se fâche très - sérieusement.
On trouve dans les dispensaires plusieurs de ces eaux de chaux, ou benites composées, dont nous ne faisons absolument aucun usage.
On a donné l'eau de chaux, principalement mêlée avec le lait, & on a observé que certains estomacs, qui ne pouvoient pas le supporter sans mêlange, s'en accommodoient fort bien lorsqu'on avoit ajouté à une écuellée de lait unc ou deux onces d'eau de chaux.
De quelque façon qu'on donne ce remede, il doit être continué long - tems, comme tous les altérans. Bateus qui l'a recommandé dans presque tous les cas que nous avons mentionnés déjà, veut que les malades en prennent trois ou quatre onces, trois fois par jour, ou même pour boisson ordinaire pendant un mois.
M. Burlet observa dans les expériences qu'il repeta sur l'usage interne de l'eau de chaux, qu'elle donnoit souvent du dégoût, qu'elle altéroit, qu'elle maigrissoit, & qu'elle resserroit quelquefois le ventre; & qu'elle ne convenoit point par conséquent dans les cas de maigreur & de constipation.
La chaux vive est employée dans la pharmacie chimique
à la préparation de l'esprit (de sel marin) fumant
de Viganus, voyez
Chaux métallique, (Page 3:270)
Ces chaux, soit qu'elles soient imparfaites, soit
qu'elles soient absolues, conservent encore leur caractere
spécifique, de façon qu'une chaux de plomb
fournira toùjours du plomb par la réduction, & une
chaux de cuivre fournira constamment du cuivre,
&c. Voyez
Ce qui est donc exactement spécial dans le métal, est un principe fixe, ou du moins qui n'en est pas entierement séparable par la calcination ordinaire.
Il est vrai qu'une portion des chaux métalliques est
absolument irréductible, c'est - à - dire que dans toute
chaux métallique, il se trouve toûjours une portion
de matiere qu'on ne réussira jamais à rétablir dans sa
premiere forme de métal, de quelque maniere qu'on
la traite avec les matieres phlogistiques: ce sont les
chaux de plomb sur - tout qui sont les plus sujettes à
cette èspece de déchet, voyez
Mais >ette matiere irréductible même est - elle exactement dépouillée de tout caractere spécial? est - elle un principe exactement simple de la mixtion métallique? c'est ce qui n'est pas décidé dans la chimie ordinaire. La destruction absolue des métaux méme
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