ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"224"> Homere, avant que de les absorber: on entendoit de grands bruits, & l'on ne franchissoit le passage qu'avec frayeur. C'est aujourd'hui le capo di faro: ce lieu semble avoir perdu tout ce qu'il avoit d'effrayant, en perdant son ancien nom; & cette Charybde, la terreur des navigateurs de l'antiquité, ne mérite presque pas l'attention de nos pilotes: ce qui semble prouver, ou qu'en effet ce passage n'est plus aussi dangereux qu'il l'étoit, ou que ce qui étoit du tems d'Homer un grand danger pour les matelots, n'en est pas un pour les nôtres.

CHAS (Page 3:224)

*CHAS, s. m. (Art méch.) ce terme a plusieurs acceptions très - différentes: c'est chez les Amydonniers, une expression du grain amolli dans l'eau sous la forme d'une colle; chez les Aiguilliers, c'est la partie ouverte de l'aiguille; & chez les Tisserands, c'est l'expression de grain des Amydonniers mise en colle, & employée à coller les fils de la chaîne, afin de leur donner un peu moins de flexibilité. Voyez à l'article Aiguille de Bonnetier, la description de la machine, à l'aide de laquelle on pratique en très - peu de tems le chas ou la châsse à un grand nombre d'aiguilles.

CHASNADAR AGASI (Page 3:224)

CHASNADAR AGASI, s. m. (Hist. mod.) eunuque qui garde le thrésor de la validé ou sultane mere du grand - seigneur, & qui commande aux domestiques de sa chambre. Ricaut. Et comme les thrésors ne sont pas moins recherchés en Turquie que dans les autres cours, celui qui en est le dépositaire est en grande faveur auprès de la sultane mere, & peut beaucoup par son moyen, soit pour son avancecement, soit pour l'avancement de ceux qu'il protege. (G) (a)

Chasnadar bachi, (Page 3:224)

Chasnadar bachi, ou comme d'autres l'écrivent Hasnadar bachi, (Hist. mod.) c'est en Turquie le grand thrésorier du serrail, qui commande aux pages du thrésor. Azena ou hasna signifie thrésor, & baschi, chef. Il est différent du tefterdar ou grand thrésorier, qui a le maniement des deniers publics & du thrésor de l'état, & n'est chargé que du thrésor particulier du grand - seigneur, qu'on garde dans divers appartemens du serrail, sur la porte de chacun desquels est écrit le nom du sultan qui l'a amassé par son oeconomie. Ce sont des fonds particuliers, tels que ceux qu'on appelle en France la cassette. Ricaut, de l'emp. Ottoman.

La chambre du thrésor est la seconde du serrail du grand - seigneur. La premiere qui se nomme la grand - chambre, est celle des favoris de sa hautesse. La chambre du thrésor, à la tête de laquelle est le chasnadar bachi, est composée de deux cents soixante officiers, qui sont gouvernés par un eunuque blanc qui est nommé oda baschi, chef ou lieutenant de la chambre. Ils sont formés dans tous les exercices d'usage à la porte Ottomane, & peuvent arriver à la grand - chambre quand il se trouve quelque place vacante, ou on leur donne d'autres emplois conformes à la faveur de ceux qui les conduisent. Le chevalier de la Magdelaine, miroir de l'empire Ottoman, pag. 144. (G) (a)

CHAS - ODA (Page 3:224)

* CHAS - ODA, s. f. (Hist. mod.) l'on donne ce nom à Constantinople à un des appartemens intérieurs du serrail du grand - seigneur, où se tiennent les pages & les officiers du serrail. Celui qui les commande est le grand - chambellan, ou un eunuque qu'on appelle chas - oda - bachi.

CHAS - ODA - BACHI (Page 3:224)

CHAS - ODA - BACHI, s. m. (Hist. mod.) nom d'un officier du grand - seigneur. C'est le grand chambellan qui commande tous les officiers de la chambre où couche le sultan. Son nom vient de chas - oda, qui signifie en turc chambre particuliere; & bachi, qui veut dire chef. Ricaut, de l'empire Ottoman. (G)

CHASSAKI (Page 3:224)

CHASSAKI, s. (Hist. mod.) nom qu'on donne à une odalisque, à qui le grand - seigneur à jetté le mou<cb-> choir. Chassach ou chassech en Arabe signific les personnes de la premiere distinction, & tur - tout celles qui approchent le plus pres du prince, & qui sont logées dans son palais comme ses principaux officiers & ses concubines. Ki, en Persan & en Turc, signifie roi: ainsi, selon Ricaut, cassaki, en parlant d'un homme, désigne le principal officier du prince; & quand on se lert de ce terme pour une femme, il signifie une sultane ou concubine favorite. C'est peut - être ce que d'autres auteurs nomment aseki. Voyez Asei. On lit dans quelques auteurs, que le titre de chassaki ne se donne qu'à celles des femmes du sultan qui ont mis au monde un garçon. (G)

CHASSE (Page 3:224)

* CHASSE, s. f. (OEcon. rust.) ce terme pris généralement pourroit s'étendre à l'a Vénerie, à la Fauconnerie, & à la Pêche, & désigner toutes les sortes de guerres que nous faisons aux animaux, aux oiseaux dans l'air, aux quadrupedes sur la terre, & aux poissons dans l'eau; mais son acception se restraint à la poursuite de toutes sortes d'animaux sauges, soit bêtes féroces & mordantes, comme lions, tigres, ours, loups, renards, &c. soit bêtes noires, par lesquelles on entend les cerfs, biches, daims, chevreuils; soit enfin le menu gibier, tant quadrupedes que volatiles, tels que les lievres, lapins, perdrix, bécasses, &c. La chasse aux poissons s'appelle péche.

On peut encore distribuer la chasse relativement aux animaux avec lesquels elle se fait, sans aucun égard à la nature de ceux à qui on la fait: si elle se fait avec des chiens, elle s'appelle venerie; voy. Vénerie: si elle se fait avec des oiseaux, elle s'appelle fauconnerie; voyez Fauconnerie.

Les instrumens dont on se sert pour atteindre les animaux chassés, fourniroient une troisieme division de la chasse, la chasse aux chiens, aux oiseaux, aux armes offensives, & aux piéges. Celle aux chiens se sous-diviseroit selon les chiens qu'on employeroit, comme au limier, au chien courant, au chien couchant, &c. Celle aux armes offensives, selon les armes qu'on employe, comme le couteau de chasse, le fusil, &c. Celle aux piéges contiendroit toutes les ruses dont on se sert pour attraper les animaux, au nombre desquelles on mettroit les filets.

La chasse prend quelquefois différens noms, selon les animaux chassés. On va à la passée de la bécasse. Selon le tems; si c'est de grand matin, elle s'appelle rentrée; voyez Rentrée: si c'est sur le soir, elle s'appelle affut; voyez Affut. Selon les moyens qu'on employe; si l'on contrefait la chouette par quelque appeau, c'est la pipée. Voyez Pipée, &c.

Nous nous bornerons dans cet article à parler de la Chasse en général: on en trouvera les détails aux différens articles; les différentes chasses, comme du cerf, du daim, du chevreuil, du loup, &c. aux articles de ces animaux; les instrumens, aux articles Fusil, Chiens, Chien couchant, Chien courant, Limier, Levrier, Couteau de chasse, Filet, Piége, Cors ou Trompe, &c. les filets, aux articles des différentes sortes de filets; les piéges, aux différentes sortes de piéges; les détails de la fauconnerie aux oiseaux, & autres animaux qu'on poursuit à cette chasse, à ceux avec lesquels on la fait; & ses généralités, à l'article Fauconnerie. Voyez aussi sur la grande chasse ou chasse à cors & à cri (car on distribue aussi la Chasse en grande & haute, qui comprend celle des bêtes fauves & de quelques autres animaux; en basse ou petite, qui s'étend au reste des animaux) Voy. dis - je, les articles Vénerie, Btes, Btes noires, fauves, &c.

La Chasse est un des plus anciens exercices. Les fables des Poëtes qui nous peignent l'homme en troupeau avant que de nous le représenter en societé, lui mettent les armes à la main, & ne lui supposent [p. 225] d'occupation journaliere que la Chasse. L'Ecriture sainte qui nous transmet l'histoire réelle du genre humain, s'accorde avec la fable, pour nous constater l'ancienneté de la Chasse: elle dit que Nemrod fut un grand chasseur aux yeux du Seigneur, qui le rejetta. C'est une occupation proscrite dans le livre de Moyse; c'est une occupation divinisée dans la théologie payenne. Diane étoit la patrone des chasseurs; on l'invoquoit en partant pour la Chasse; on lui sacrifioit au retour l'arc, les fleches, & le carquois. Apollon partageoit avec elle l'encens des chasseurs. On leur attribuoit à l'un & à l'autre, l'art de dresser des chiens, qu'ils communiquerent à Chiron, pour honorer sa justice. Chiron eut pour éleves, tant dans cette discipline qu'en d'autres, la plupart des héros de l'antiquité.

Voilà ce que la Mythologie & l'Histoire sainte, c'est - à - dire le mensonge & la vérité, nous racontent de l'ancienneté de la Chasse. Voici ce que le bon sens suggere sur son origine. Il fallut garantir les troupeaux des loups & autres animaux carnaciers; il fallut empêcher tous les animaux sauvages de ravager les moissons: on trouva dans la chair de quelques-uns un aliment sain; dans les peaux de presque tous une ressource très - prompte pour le vêtement: on fut intéressé de plus d'une maniere à la destruction des bêtes malfaisantes: on n'examina guere quel droit on avoit sur les autres; & on les tua toutes indistinctement, excepté celles dont on espéra de grands services en les conservant.

L'homme devint donc un animal très - redoutable pour tous les autres animaux. Les especes se dévorerent les unes les autres, après que le péché d'Adam eut répandu entre elles les semences de la dissention. L'homme les dévora toutes. Il étudia leur maniere de vivre, pour les surprendre plus facilement; il varia ses embûches, selon la variété de leur caractere & de leurs allures; il instruisit le chien, il monta sur le cheval, il s'arma du dard, il aiguisa la fleche; & bientòt il fit tomber sous ses coups le lion, le tigre, l'ours, le léopard: il perça de sa main depuis l'animal terrible qui rugit dans les forêts, jusqu'à celui qui fait retentir les airs de ses chants innocens; & l'art de les détruire fut un art très - étendu, très - exercé, très - utile, & par conséquent fort honoré.

Nous ne suivrons pas les progrès de cet art depuis les premiers tems jusqu'aux nôtres; les mémoires nous manquent; & ce qu'ils nous apprendroient, quand nous en aurions, ne feroit pas assez d'honneur au genre humain pour le regretter. On voit en général que l'exercice de la Chasse a été dans tous les siecles & chez toutes les nations d'autant plus commun, qu'elles étoient moins civilisées. Nos peres beaucoup plus ignorans que nous, étoient beaucoup plus grands chasseurs.

Les anciens ont eu la chasse aux quadrupedes & la chasse aux oiseaux; ils ont fait l'une & l'autre avec l'arme, le chien, & le faucon. Ils surprenoient des animaux dans des embûches, ils en forçoient à la course, ils en tuoient avec la fleche & le dard; ils alloient au fond des forêts chercher les plus farouches, ils en enfermoient dans des parcs, & ils en poursuivoient dans les campagnes & les plaines. On voit dans les antiques, des empereurs même le venabulum à la main. Le venabulum étoit une espece de pique. Ils dressoient des chiens avec soin; ils en faisoient venir de toutes les contrées, qu'ils appliquoient à différentes chasses, selon leurs différentes aptitudes naturelles. L'ardeur de la proie établit entre le chien, l'homme, le cheval, & levautour, une espece de société, qui a commencé de très - bonne heure, qui n'a jamais cessé, & qui durera toûjours.

Nous ne chassons plus guere que des animaux innocens, si l'on en exepte l'ours, le sanglier & le loup. On chassoit autrefois le lion, le tigre, la panthere, &c. Cet exercice ne pouvoit être que tres dangereux. Voyez aux différens articles de ces animaux, la maniere dont on s'y prenoit. Observons seulement ici, 1°. qu'en recueillant avec cactitude tout ce que les anciens & les modernes ont dit pour ou contre la Chasse, & la trouvant presqu'aussi souvent loüée que blâmée, on en concluroit que c'est une chose assez indifférente. 2°. Que le même peuple ne l'a pas également loüée ou blâmée en tout tems. Sous Salluste, la Chasse étoit tombée dans un souverain mépris; & les Romains, ces peuples guerriers, loin de croire que cet exercice fût une imago de la guerre, capable d'entretenir l'humeur martiale, & de produire tous les grands effets en consequence desquels on le croit justement réservé à la noblesse & aux grands: les Romains, dis - je, n'y employoient plus que des esclaves. 3°. Qu'il n'y a aucun peuple chez qui l'on n'ait été contraint de réprimer la fureur de cet exercice par des lois: or la nécessité de faire des lois est toûjours une chose fâcheuse; elle suppose des actions ou mauvaises en elles - mêmes, ou regardées comme telles, & donne lieu à une infinité d'infractions & de châtimens. 4°. Qu'il est venu des tems où l'on en a fait un apanage si particulier à la noblesse; qu'ayant négligé toute autre étude, elle ne s'est plus connue qu'en chevaux, qu'en chiens & en oiseaux. 5°. Que ce droit a été la source d'une infinité de jalousies & de dissentions, même entre les nobles; & d'une infinité de lésions envers leurs vassaux, dont les champs ont été abandonnés au ravage des animaux reservés pour la chasse. L'agriculteur a vû ses moissons consommées par des cerfs, des sangliers, des daims, des oiseaux de toute espece; le fruit de ses travaux perdu, sans qu'il lui fût permis d'y obvier, & sans qu'on lui accordât de dédommagement. 6°. Que l'injustice a été portée dans certains pays au point de forcer le paysan à chasser, & à acheter ensuite de son argent le gibier qu'il avoit pris. C'est dans la même contrée qu'un homme fut condamné à être attaché vif sur un cerf, pour avoir chassé un de ces animaux. Si c'est quelque chose de si précieux que la vie d'un cerf, pourquoi en tuer? si ce n'est rien, si la vie d'un homme vaut mieux que celle de tous les cerfs, pourquoi punir un homme de mort pour avoir attenté à la vie d'un cerf? 7°. Que le goût pour la chasse dégénere presque toûjours en passion; qu'alors il absorbe un tems précieux, nuit à la santé, & occasionne des dépenses qui dérangent la fortune des grands, & qui ruinent les particuliers. 8°. Enfin que les lois qu'on a été obligé de faire pour en restraindre les abus, se sont multiplièes au point qu'elles ont formé un code très - étendu: ce qui n'a pas été le moindre de ses inconvéniens. Voyez dans l'article suivant la satyre de la Chasse continuée dans l'exposition des points principaux de ce code.

Chasse, (Page 3:225)

Chasse, (Jurisprud.) suivant le droit naturel, la chasse étoit libre à tous les hommes. C'est un des plus anciens moyens d'acquérir suivant le droit naturel. L'usage de la chasse étoit encore libre à tous les hommes suivant le droit des gens.

Le droit civil de chaque nation apporta quelques restrictions à cette liberté indéfinie.

Solon voyant que le peuple d'Athenes négligeoit les arts méchaniques pour s'adouner à la chasse, la défendit au peuple, défense qui fut depuis méprisée.

Chez les Romains, chacun pouvoit chasser, soit dans son fonds, soit dans celui d'autrui; mais il étoit libre au propriétaire de chaque héritage d'empêcher qu'un autre particulier n'entrât dans son fonds, soit pour chasser, ou autrement. Instit. Lib. II. tit. 1. . xij.

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