ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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étoit de l'an 1314, ne contenoit que quatorze articles;
la seconde, qui est du 15 Juillet 1315, contient
vingt - quatre articles. C'est celle - ci à laquelle
en a attribué singnlierement le nom de chartre aux
Nermands, ou chartre Nermande; elle fut confirmée
par Philippe de Valois en 1339, par Charles VI. en
1380, par Charles VII. en 1458, par Louis XI. en
1461, par Charles VIII. en 1485, & par Henri III.
en 1579.
La plûpart des articles de cette chartre sont présentement
abolis ou extrèmement altérés.
Il y en a seulement un auquel on n'a point dérogé;
c'est celui qui porte que la possession quadragénaire
vaut titre, sinon en matiere de patronage,
ce qui a été confirmé par l'article 521 de la nouvelle
coûtume.
Il y a encore deux autres articles qui sont un peu
en vigueur: l'un porte que les procès du duché devant
être terminés suivant la coûtume & les usages
du pays, on ne pourra les traduire ailleurs; l'autre
veut que sous prétexte de donation, échange, ou
aliénation faite ou à faire par le roi, ou par les successeurs,
de quelque partie de leur domaine, les habitans
de la province ne puissent être traduits en des
jurisdictions étrangenes, & ne seront tenus d'y comparoir
ni d'y répondre.
Mais ces deux articles ont reçû & reçoivent encore
tous les jours diverses atteintes, par le privilége
accordé à l'université de Paris, dont les causes
sont attribuées au prevôt - de Paris, par le droit de
committimus, les évocations générales & les attributions
particulieres, le privilége du scel du châtelet,
qui est attributif de jurisdiction, & autres priviléges
semblables.
Cependant l'autorité de cette chartre est si grande,
que lorsqu'il s'agit de faire quelque réglement qui
peut intéresser la province de Normandie, & que
l'on veut déroger à cette chartre, on ne manque
point d'y insérer la clause nonobstant clameur de haro,
chartre Normande, &c. Voyez le recueil d'arrêts de
M. Froland, part. I. ch. viij.
Chartre de paix,
(Page 3:222)
Chartre de paix, en latin charta pacis, sont des
lettres en forme de transaction, entre Philippe - Auguste, l'évêque, & le chapitre de Paris, données à
Melun en 1222. Elles reglent la compétence des officiers
du roi, & de ceux de l'évêque & du chapitre
dans l'étendue de la ville de Paris. Voyez le tr. de la
police, tome I. liv. I. tit. x. p. 156.
Chartre
(Page 3:222)
Chartre ou Prison. Ces termes étoient autrefois
synonymes. La prison étoit ainsi appellée chartre, du Latin carcer; c'est de - là que saint Denis en
la cité, près le pont Notre - Dame, a été surnommé
de la chartre; parce que l'on croit que saint Denis
apôtre de la France, fut autrefois enfermé dans ce
lieu dans un cachot obscur. L'ancienne coûtume
de Normandie, chap. xxiij. se servoit de ce terme
chartre, pour exprimer la prison.
Chartre privee
(Page 3:222)
Chartre privee signifie un lieu autre que la
prison publique, où quelqu'un est détenu par force,
& sans que ce soit de l'autorité de la justice. Il est
défendu à toutes personnes, même aux officiers de
justice, de tenir personne en chartre privée. L'ordonnance de 1670, tit. ij. art. 10. défend aux prevôts
des maréchaux de faire chartre privée dans leurs maisons,
ni ailleurs, à peine de privation de leurs charges,
& veut qu'à l'instant de la capture l'accusé soit
conduit dans les prisons du lieu, s'il y en a, sinon
aux plus prochaines, dans vingt - quatre heures au
plus tard.
Chartre au roi Philippe
(Page 3:222)
Chartre au roi Philippe fut donnée par Philippe Auguste vers la fin de l'an 1208, ou au commencement
de l'an 1209, pour régler les formalités
nouvelles que l'on devoit observer en Normandie
dans les contestations qui survenoient pour raison
des patronnages d'église, entre des patrons laiques
& des patrons ecclésiastiques. Cette chartre se trouve
employée dans l'ancien coûtumier de Normandie,
après le titre de patronnage d'église; & lorsqu'on
relut en 1585 le cahier de la nouvelle coûtume, il
fut ordonné qu'à la fin de ce cahier l'on inséreroit
la chartre au roi Philippe & la chartre Normande. Quelques - uns ont attribué la premiere de ces deux chartres à Philippe III. dit le Hardi; mais elle est de Philippe Auguste, ainsi que l'a prouvé M. de Lauriere
au I. volume des ordonnances de la troisieme race, page
26. Voyez aussi à ce sujet le recueil d'arréts de M.
Froland, partie I. chap. vij.
Chartre, taxe Chartre,
(Page 3:222)
Chartre, taxe Chartre, c'est - à - dire le
droit que l'on paye pour certaines lettres de chancellerie
qui sont taxées comme chartres ou lettres
expédiées en forme de chartres: par exemple, les
assiettes à perpétuité se taxent chartres. V. le style de
chancelletie de Dusault dans la taxe qui est à la fin,
page 15. & ci - devant
Chartres (Lettres de).
Chartres (thrésor des).
(Page 3:222)
Chartres (thrésor des). Voyez l'article
Thrésor des Chartres.
Chartre à deux visages. M.
(Page 3:222)
Chartre à deux visages. M. de la Roque,
en son traité de la noblesse, chap. xxj. dit que Jean
Dubois sieur de Martainville obtint du roi Henri
IV. une chartre à deux visages, par laquelle il fut
maintenu & confirmé en la possession de noblesse,
parce que sa maison avoit été saccagée; que cette
chartre donnée à Paris au mois de Novembre l'an
1597, fut enregistrée en la chambre des comptes le
10 Mars 1598, & à la cour des aides de Normandie
le 26 Février 1603, pour jouir du privilége de noblesse,
comme de nouvelle concession.
L'auteur ne dit rien de plus de cette chartre, &
n'explique point ce que l'on doit entendre par la
qualification qu'il lui donne de chartre à deux visages.
(A)
Chartre, (la grande)
(Page 3:222)
Chartre, (la grande) magna charta, (Hist.
mod.) en Angleterre est une ancienne patente contenant
les priviléges de la nation, accordée par le
roi Henri III. la neuvieme année de son regne, &
confirmée par Edouard I.
La raison pour laquelle on l'appelle magna, grande,
est parce qu'elle contient des franchises & des
prérogatives grandes & précieuses pour la nation;
ou parce qu'elle est d'une plus grande >tendue qu'une
autre chartre qui fut expédiée dans le même tems,
que les Anglois appellent chartre de forêt (Voy. l'hist.
du Parlement d'Angleterre); ou parce qu'elle contient
plus d'articles qu'aucune autre chartre; ou à cause
des guerres & des troubles qu'elle a causés, & du
sang qu'elle a fait verser; ou enfin à cause de la
grande & remarquable solennité qui se pratiqua lors
de l'excommunication des infracteurs & violateurs
de cette chartre.
Les Anglois font remonter l'origine de leur grande
chartre à leur roi Edouard le confesseur, qui par une
chartre expresse accorda à la nation plusieurs priviléges
& franchises, tant civiles qu'ecclésiastiques.
Le roi Henri I. accorda les mêmes priviléges, &
confirma la chartre de saint Edouard par une semblable
qui n'existe plus. Ces mêmes priviléges furent
confirmés & renouvellés par ses successeurs
Etienne, Henri II. & Jean. Mais celui - ci par la suite
l'enfraignant lui - même, les barons du royaume prirent
les armes contre lui les dernieres années de son
regne.
Henri III. qui lui succéda, après s'être fait informer
par des commissaires nommés au nombre de
douze pour chaque province, des libertés des Anglois du tems d'Henri I. fit une nouvelle chartre, qui
est celle qu'on appelle aujourd'hui la grande chartre,
magna charta, qu'il confirma plusieurs fois, & qu'il
enfraignit autant de fois, jusqu'à la trente - septieme
[p. 223]
année de son regne, qu'il vint au palais de Westminster; où en présence de la noblesse & des évêques, qui tenoient chacun une bougie allumée à la
main, il fit lire la grande chartre, ayant, pendant qu'on
la lisoit, la main sur la poitrine; après quoi il jura
solennellement d'en observer le contenu avec une
fidélité inviolable, en qualité d'homme, de chrétien,
de soldat, & de roi. Alors les évêques éteignirent leurs bougies, & les jetterent à terre, en criant,
qu'ainsi soit éteint & confondu dans les enfers quiconque
yiolera cette chartre.
La grande chartre est la base du droit & des libertés
du peuple Anglois. Voyez
Droit & Statut.
On la jugea si avantageuse aux sujets, & remplie
de dispositions si justes & si équitables, en comparaison
de toutes celles qui avoient été accordées
jusqu'alors, que la nation consentit, pour l'obtenir,
d'accorder au roi le quinzieme denier de tous
ses biens meubles. Chambers. (G)
Chartre,
(Page 3:223)
Chartre, (Medecine.) on dit qu'un enfant est
en chartre, lorsqu'il est sec, hectique, & tellement
exténué, qu'il n'a que la peau collée sur les os; maladie
à laquelle les Medecins ont donné le nom de
marasme. Voyez Marasme. Peut - être l'expression,
ces enfans sont en chartre, vient - elle de ce qu'on les
voüe aux saints, dont les châsses sont appellées chartres par nos vieux auteurs. Du Verney, traité des
maladies des os.
Quelques - uns ont écrit qu'on nomme en France
le rachitis, chartre; mais ils ont confondu deux maladies
qui sont très - différentes. Id ibid.
Chartres,
(Page 3:223)
Chartres, (Géog.) ville de France, capitale
du pays chartrain & de la Beauce, avec titre de duché,
sur l'Eure. Long. 18d 50'5" lat. 48d 26'49".
CHARTREES, villes chartrées,
(Page 3:223)
CHARTREES, villes chartrées, c'est - à - dire
qui ont des anciens titres de leurs priviléges & franchises.
Voyez ci - après Villes. (A)
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