ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"184"> le désigne: des chevaux vigoureux le traînoient; il étoit destiné à percer les bataillons, & à trancher tout ce qui se présentoit à sa rencontre. Les uns en attribuent l'invention aux Macédoniens; d'autres à Cyrus: mais l'origine en est plus ancienne; & il paroìt que Ninus en avoit fait courir de pareils contre les Bactriens, & les Chananéens contre les Israélites. Ces chars n'avoient que deux grandes roues, auxquelles les faux étoient appliquées. Cyrus les perfectionna seulement en fortifiant les roues, & allongeant les essieux, à l'extrémité desquels il adapta encore d'autres faux de trois piés de long qui coupoient horisontalement, tandis que d'autres tranchant verticalement, mettoient en pieces tout ce qu'elles ramassoient à terre. Dans la suite on ajoûta à l'extrémité du timon deux longues pointes, & l'on garnit le derriere du char de couteaux qui empêchoient qu'on n'y montât. Cette machine terrible en apparence, devenoit inutile lorsqu'on tuoit un des chevaux, ou qu'on parvenoit à en saisir la bride. Plutarque dit qu'à la bataille de Cheronée sous Sylla, les Romains en firent si peu de cas, qu'après avoir dispersé ou renversé ceux qui se présenterent, ils se mirent à crier, comme ils avoient coûtume, dans les jeux du cirque, qu'on en fit paroûre d'autres.

L'usage des chars dans la guerre est très - ancien: les guerriers, avant l'usage de la cavalerie, étoient tous montés sur des chars: ils y étoient deux; l'un chargé de conduire les chevaux; l'autre de combattre. C'est ainsi qu'on voit presque tous les héros d'Homere; ils metrent souvent pié à terre; & Diomede ne combat guere sur son char.

Le char de triomphe étoit attelé de quatre chevaux. On prétend que Romulus entra dans Rome sur un pareil char; d'autres n'en font remonter l'origine qu'à Tarquin le vieux, & même à Valérius Poplicola. On lit dans Plutarque que Camille étant entré triomphant dans Rome sur un char traîné par quatre chevaux blancs, cette magnificence fut regardée comme une innovation blâmable. Le char de triomphe étoit rond, n'avoit que deux roues; le triomphateur s'y tenoit debout, & gouvernoit lui - même les chevaux: il n'étoit que doré sous les consuls; on en fit d'or & d'ivoire sous les empereurs. On lui donnoit un air martial en l'arrosant de sang. On y attela quelquefois des éléphans & des lions. Quand le triomphateur montoit, le cri étoit: Dü, quorum nutu & imperio nata & aucta est res Romana, eamdem placati propitiique servate! Voy. Triomphe.

Nos chars de triomphe sont décorés de peintures, de sculptures, & de pavillons de différentes couleurs: ils ont lieu dans quelques villes du royaume: à Lille en Flandre, dans les processions publiques où l'on porte le saint Sacrement, on fait marcher à la tête, des chars sur lesquels on a placé de jeunes filles: ces chars sont précédés du fou de la ville, qui a le titre de fou, & la fonction de faire mille extravagances, par charge. Cette cérémonie superstitieuse doit êtreregardée avec plus d'indulgence que de sévérité: ce n'est point une dérision; les habitans de Lille sont de très - bons Chrétiens.

Les payens avoient aussi des processions & des chars de triomphe pour certaines occasions. Il est fait mention dans la pompe de Ptolemée Philadelphe, d'un char à quatre roues de quatorze coudées de long, sur huit de large; il étoit tiré par cent quatre - vingts hommes: il portoit un Bacchus haut de dix coudées, environné de prêtres, de prêtresses, & de tout l'attirail des fêtes de Bacchus. Voyez Fêtes, Processions. Antiq. expl. & heder. lex.

Char, (Page 3:184)

Char, machine d'Opéra, espece de throne qui sert pour la descente des dieux, des magiciens, des génies, &c. Il est composé d'un chassis de forme élé<cb-> gante sur le devant, d'un plancher sur lequel est un siége, & d'un chassis plus grand qui sert de dossier. Ces chassis sont couverts de toile peinte en nuages, plus ou moins éclairés selon les occasions. On peint sur la partie de devant, ou une aigle, si c'est le char de Jupiter; ou des colombes, si c'est celui de Vénus, &c. Ce char est suspendu à quatre cordes qu'on teint en noir, & il descend ou remonte par le moyen du contre - poids.

C'est la machine la plus ordinaire à l'opéra, & par cette raison sans doute la moins soignée. Pendant le tems qu'on exécute une ritournelle majestueuse, on voit descendre une divinité, l'illusion commence: mais à peine le char a - t - il percé le plafond, que les cordes se montrent, & l'illusion se dissipe.

Il y a plusieurs moyens très - simples de d rober aux yeux du spectateur ces vilaines cordes, qui seules changent en spectacle ridicule le plus ag réable merveilleux. Les chapelets de nuages placés avec art, seroient seuls suffisans, & on nOEconçoit point pourquoi on ne les y employe pas. Cette partie trop négligée jusqu'ici, suivra sans doute le sort de toutes les autres, par la sage administration de la ville de Paris, chargée desormais de ce magnifique spectacle. Voyez Opera & Chapelet.

Les Grecs se servoient des chars pour introduire leurs divinités sur le théatre; ils étoient d'un usage très - fréquent dans les grands ballets & dans les carrousels. Voyez Machine, Décoration, Ballet.

On exécute plusieurs vols avec les chars: mais il manque presque toùjours quelque partie essentielle à ces sortes de machines. Voyez Vol. (B)

Char, (Page 3:184)

Char, (Géog. mod.) petite riviere de France en Saintonge; elle a sa source vers Paillé, & se perd dans la Boutonne à S. Jean - d'Angeli.

CHARA (Page 3:184)

CHARA, (Astronomie.) une des constellations informes, figurée sur les globes par un chien, & placée sous la queue de la grande ourse.

CHARACENE (Page 3:184)

CHARACENE, s. f. (Géog. anc.) c'étoit le territoire de la ville de Charax. Voyez Charax.

CHARACINE (Page 3:184)

CHARACINE, s. f. (Géog. anc.) petite contrée de la Cilicie, dont Flaviopolis étoit le chef lieu.

CHARACITANIENS (Page 3:184)

CHARACITANIENS, s. m. plur. (Géog. anc.) peuples de l'Espagne Tarragonoise: ils habitoient des cavernes dans des montagnes au - delà du Tage; c'est de là qu'ils faisoient des excursions dans les contrées circonvoisines.

CHARADE (Page 3:184)

CHARADE, (Hist. mod.) voyez Soudras.

CHARADRA (Page 3:184)

CHARADRA, (Géog. anc.) il y a eu plusieurs villes de ce nom dans la Grece; l'une dans la Phocide; une autre dans l'Epire, proche le golfe d'Ambracie; une troisieme dans la Messynie.

CHARADRUS (Page 3:184)

CHARADRUS, s. m. (Géog. anc.) Il a y eu trois rivieres de ce nom; l'une dans la Phocide, qui couloit proche de Charadra & se jettoit dans la Céphise; une autre dans la Messynie; une troisieme dans l'Achaïe. Il y avoit encore un torrent de même nom dans la contrée d'Argos.

CHARAG ou CHARAH (Page 3:184)

CHARAG ou CHARAH, s. m. (Hist. mod.) c'est le tribut que le grand - seigneur fait lever sur les enfans mâles des Juifs, qui payent chaque année un sequin ou ducat, ce qui produit environ onze mille trois cents sequins. Il y a cependant trois cents Hébreux exempts de ce tribut. Outre ce droit, les Juifs payent encore trois mille sequins par an, pour conserver le privilége qui leur est accordé, de tenir des synagogues: & tous les ans en payant ce droit, ils en font renouveller la confirmation, avec le pouvoir de prendre le titre de rabbin qui, chez eux, est leur docteur & le chef de la synagogue: ils sont encore taxés à douze cents sequins, pour avoir la permission d'ensevelir leurs morts. [p. 185]

Les Chrétiens Grecs qui sont sous la domination du grand - seigneur, dans Constantinople ou Pera, payent tous le charag, qui est d'un sequin par tête de chaque enfant mâle: & ce tribut produit chaque année environ trente - huit mille sequins. Ils payent de plus vingt - cinq mille sequins pour la conservation de leurs églises, & pour le droit d'être gouvernés par un patriarche.

Les Chrétiens Latins qui sont habitués à Constantinople ou à Pera, mariés ou non mariés, payent pour le charag un sequin par tête, & rien au - delà: mais la plûpart s'en exemptent en se faisant inserire au nombre des officiers de quelques ambassadeurs des têtes couronnées.

Les voyageurs ou négocians Chrétiens, payent le charag en entrant dans la premiere ville soûmise à l'empire Ottoman, selon Ricaut, dans son Etat de cet empire. Les esclaves, qui ont acquis la liberté, soit par grace, soit par rachat, ne payent aucun charag, quoique mariés; ils sont même exempts de toutes les taxes sur les choses nécessaires à la vie. Les Chrétiens Ragufiens & les Albanois sont aussi exempts de tout tribut. Le chevalier de la Magdelaine, dans son Miroir de l'empire Ouoman, ne porte pas le charag aussi haut que nous le mettons ici. (a)

CHARAMEIS (Page 3:185)

* CHARAMEIS, s. m. (Hist. nat. bot.) arbre exotique dont il est fait mention dans Lémeri. Il en distingue de deux especes, qu'on trouve, dit - il, sur les montagnes & dans les forêts du Canada & du Décan, loin de la mer. Les habitans du pays prennent la décoction de leurs feuilles en fébrifuge. Ces arbres sont de la hauteur du néflier; l'un a la feuille du poirier, l'autre la racine laiteuse & la feuille plus petite que le pommier. Cette feuille est d'un verd clair. Leur fruit qui croît en grappe, est une aveline jaune, anguleuse, & d'un goût stiptique, acide, & agréable. Le chamareïs à feuille de poirier, a l'aveline plus grosse que le chamarcïs à racine laitêuse. Les Indiens mangent l'aveline de celui - là mûre & verte, mais confite au sel; & ils font de l'écorce de celui - ci broyée avec la moutarde, un purgatif pour l'athsme. Il y a dans la distinction de ces deux plantes, dans leur description, dans le détail de leurs propriétés, bien des choses vagues. Voyez Lémer

CHARAN (Page 3:185)

CHARAN, (Géog. anc.) Haran, selon la ulgate; ville de Mésopotamie, le premier séjour d'Abraham au sortir d'Ur, & le lieu de la mort de son pere.

CHARANTE (Page 3:185)

CHARANTE, s. f. (Jurispr.) terme usité aux environs de la Rochelle, pour exprimer une chaussée; ce terme vient sans doute de charroi, & de ce que les chaussées sont faites principalement pour faciliter le passage des charrois & autres voitures. (A)

CHARAPETI (Page 3:185)

CHARAPETI, s. m. (Botan.) arbrisseau des Indes occidentales. Sa racine est grosse & longue, pardedans d'une couleur entre le blanc & le jaune, tirant sur le rouge; ses feuilles sont semblables à celles de l'oranger, mais plus grandes; ses fleurs sont jaunes & étoilées: il n'a ni odeur ni saveur considérable. On se sert de son bois de même que du gayac, contre la vérole, la gale, & autres maux opiniâtres de cette espéce. Tel est le rapport également inexact & inutile, que divers voyageurs nous font du charapeti suivant leur coûtume; c'est - à - dire en ajoûtant aux faits qu'ils n'ont pas vûs, ceux qu'ils ont imaginés. Cet article est de M. le chevalier de Jaucourt.

CHARAX (Page 3:185)

CHARAX, (Géog. anc.) il y avoit une charax dans la Chersonnese Taurique, sur la côte méridionale de la mer; un port de ce nom dans l'Afrique; une charax dans la Carie en Asie; une autre en Arménie; une troisieme dans la Parthie; une quatrieme en Bythinie; une cinquieme dans la Pontique; une fixieme en Crete; une septieme en Asie, dans la Phrygic; une huitieme en Asie, au fond du golfe Persique.

CHARBON (Page 3:185)

CHARBON, s. m. (Art méch. & Hist. nat.) Il y a deux sortes de charbon, le naturel & l'artificiel; ces deux substances n'ont presque rien de commun que la couleur & l'emploi. Nous allons parler de l'une & de l'autre. 1°. Du charbon artificiel. Le charbon artificiel, à le définir par ses qualités extérieures, est un corps noir, friable, assez leger, provenue de la combustion des végétaux, des animaux, & même de quelques substances minérales; combustion ménagée, de maniere que ses progrès ne puissent pas s'étendre jusqu'à la destruction de ces substances une fois allumées. On prévient cette destruction, soit en disposant les matieres dès le commencement de l'opération, de sorte qu'elles ne soient pas exposées à l'abord libre de l'air, comme dans la distillation & dans la préparation en grand du charbon de bois ordinaite; soit en supprimant ce concours de l'air quand le charbon commence à paroître, comme lorsque nous étouffons la braise formée dans nos cheminées; soit en retirant simplement du foyer un charbon qui n'a pas en soi assez de chaleur pour en être détruit, quoique exposé à l'air libre; ou enfin en détruisant tout - d'un - coup cette chaleur par l'application d'une masse considerable d'un corps froid, tel qu'un liquide & sur - tout un liquide non - inflammable, qui puisse s'appliquer immédiatement au charbon embrasé, & l'entourer exactement: car la destruction du charbon dépend nécessairement de deux causes, l'action du feu & celle de l'air libre & humide, ou de la vapeur aqueuse répandue dans l'atmosphere. Voyez Flamme. C'est parce que la seconde de ces deux causes manque, que le charbon est indestructible dans les vaisseaux fermés, quelque violent & quelque long que soit le feu qu'on lui fait éprouver dans ces vaisseaux. (b)

* Charbon de bois: ce charbon se fait de plusieurs manieres, qui toutes réussissent également. Voici comment on s'y prend à Aussois, à Pontquarré en Brie, &c. pour construire & conduire les fourneaux à charbon.

Les purncipaux instrumens nécessaires aux Charbonniers, sont 1°. une serpe grosse & forte pour emmancher leurs haches, pelles, &c. & faire des chevilles: 2°. un hoyau ou une pioche pour applanir leurs aires: 3°. une pelle de fer arrondie par le bout, un peu recourbée vers le milieu, pour que la terre y soit mieux retenue & puisse être lancée facilement & loin: 4°. une herque ou un rateau de fer, pour perfectionner l'aire: 5°. une forte hache à couper du gros bois, pour monter les chaumieres ou loges des ucherons: 6°. une faulx pour couper l'herbe, dont on a besoin pour couvrir les fourneaux: 7°. un rabot de bois pour unir la terre qui couvre le fourneau, & lui donner de l'air, &c. 8°. une tarriere: 9°. un crochet pour ouvrir le fourneau quand il est cuit: 10°. une seconde herque, ou un autre rateau: 11°. des paniers.

Les Charbonniers ne sont point obligés de couper leur bois; ils le trouvent tout prêt, coupé de longueur & de sorte, & rangé par tas, comme on le voit Planc. I. des Forges en a & b. Ces tas sont contenus par deux gros pieux qu'on enfonce en terre, l'un à une de leurs extrémités, & l'autre à l'autre. Il est distribué par cordes, afin que l'ouvrier sache ce qu'il fait entrer de bois dans la construction de so fo<-> neau. Un fourneau ordinaire en contient jusqu'à 7, 8, 9 cordes. On conduit presque toûjours deux fourneaux, ou plûtôt deux feux à la foìs; les Charbonniers entendent par un fourneau le bo commeil convient pour être réduit en charbon; & par un feu, le fourneau quand il est allumé. Deux fourneaux donnent la voiture de charbon.

On se sert pour faire le charbon, de jeune bois, depuis un 1/2 pouce jusqu'à un pouce, un pouce 1/2

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.