ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"166"> occupoit le milieu occupe les côtés, sans séparer la liaison qui commence à se faire. Ainsi soit (fig. 24.) les capades représentées avant le décroisement par b a d: après le décroisement elles doivent avoir la même figure, avec cette seule différence que a d soit en a c, a c en a b, & ainsi de suite. Le rendouble des capades l'une sur l'autre se trouvera donc en a c: on donne aussi à ce rendouble le nom de croisée; on en efface doucement les petits plis, en détirant un peu, & en passant légerement dessus le dos des doigts. On retourne tout l'assemblage des capades, & on en fait autant au rendouble qui se trouve sur le milieu de l'autre côté.

Cela fait, on prend les deux autres capades, car il faut se ressouvenir qu'on en a arçonné quatre, & on les pose sur les deux premieres qu'on vient d'assembler, une dessus, l'autre dessous; il est évident que ces deux secondes capades doivent déborder sur celles qui sont déjà liées: on couche cet excédent des nouvelles capades sur les deux premieres, comme on avoit couché l'excédent de l'une de celles - ci sur le lambeau, & l'excédent de l'autre sur cette une; on efface les plis de la tête & des côtés, comme nous l'avons prescrit; on remet les lambeaux & les papiers des côtés à leur place, c'est - à - dire entre les deux premieres capades, & on a un nouvel appareil ou assemblage de quatre capades, dans lequel, en conséquence du décroisement, le fort répond au foible, & le foible au fort; c'est - à - dire, que les rendoubles ou croisées des deux premieres répondent au milieu des deux secondes, & les rendoubles ou croisées des deux secondes, au milieu des deux premieres qu'elles enveloppent; après quoi on plie la feutriere comme quand elle ne renfermoit que deux capades, & l'on suit sur elle toutes les croisées de la fig. 22. marchant d'un côté, de l'autre, de tête & d'arrête.

Quand on a suivi ces croisées, on déplie la feutriere, on ôte les lambeaux, & l'on décroise les quatre capades, de maniere que les deux rendoubles ou plis des deux dernieres capades qui sont sur les côtés en - dehors, se trouvent sur le milieu en - dehors, & que les deux rendoubles ou plis des deux premieres qui sont sur le milieu en - dedans, se trouvent sur les côtés en - dedans de l'appareil; puis on efface les plis des rendoubles des deux dernieres capades, on arrondit tout l'appareil du côté de l'arrête, arrachant légerement toutes les portions de l'étoffe qui excedent d'une des moitiés de l'arrête sur l'autre, & qui empêchent que l'arrête entiere ne soit bien ronde.

Tout cet appareil des quatre capades s'appelle alors un chapeau basti au bassin. On le laisse sur la feutriere, on l'ouvre, & on regarde en - dedans au jour les endroits qui paroissent foibles, afin de les étouper. E touper, c'est placer aux endroits foibles des morceaux d'étoffe qui leur donnent l'épaisseur du reste. On retourne sens - dessus - dessous son chapeau en tout sens, afin d'étouper par - tout, tant en tête qu'en bords. L'étoupage se forme à l'arçon, se bat & vogue comme les capades; à cela près qu'on ne lui donne aucune figure, & qu'il ne se marche qu'à la carte non plus que la dorure. Quand le chapeau est étoupé d'un côté, on remet le lambeau dedans; puis on retourne le tout sens - dessusdessous, & on étoupe l'autre côté: quant à la maniere de placer l'étoupage, la voici. Lorsqu'en regardant au - travers du cone creux des capades, on a apperçu un endroit clair, on rompt un morceau d'étoupage de la grandeur convenable, & on le place en - dehors à l'endroit correspondant à celui qu'on a vû foible en regardant en - dedans. Il faut un peu mouiller avec de la salive l'endroit où l'on met l'étoupage, afin de le disposer à prendre: cela fait, on replie la feutriere comme auparavant, & on suit toutes les croisées de la fig. 23. marchant d'un côté, de l'autre, de tête & d'arrête.

Après quòi on déplie la feutriere, on retire le lambeau, on décroise, plaçant ce qui étoit sur les côtés de l'appareil au milieu, & ce qui étoit au milieu sur les côtés: on examine encore s'il n'y a point d'endroits à étouper; s'il y en a, on les étoupe; on remet le lambeau; on referme la feutriere; on donne toutes les croisées de la fig. 23. marchant d'un côté, de l'autre, de tête & d'arrête: on déplie, on retire le lambeau, & on décroise encore; puis retournant l'appareil sur la feutriere, de maniere que la tête soit où étoit l'arrête: on plie la feutriere comme auparavant, & on marche, mais d'une maniere particuliere; au lieu de presser avec la main par petites secousses, on roule un peu le tout sous les mains contre le bassin, ce qui s'appelle cimousser: cette opération arrondit & égalise l'arrête: cela fait, on déplie la feutriere, on décroise, & on plie le chapeax pour le porter à la foule; c'est - à - dire qu'on porte le bout de la tête sur le bord de l'arrete, & les deux côtés l'un sur l'autre. Cet appareil s'appelle un bastissage, & l'endroit où il s'exécute, le bastissage.

Nous voici arrivés à la foule: on y porte les bastissages avec les dorures. Voyez la foule, fig. 3. 4. & 5. La fig. 3. est la foule même; la fig. 4. est la meitié de son plan; & la fig. 5. en est le prosil selon sa longueur. A, fig. 1. la porte de l'étuve. B les ventouses. C la porte du fourneau. E dessous de la chaudiere où l'on fait le feu. F, F, F, grille ou chenets sur lesquels on place le bois. H, H, H, tuyau de la cheminée. I, I, I, chaudiere de cuivre. K, K, K, K, K, K, bancs de foule. L le bureau. M baquet à bourre. N boutons ou de fer ou de bois, destinés à arrêter les roulets: remarquez que les bancs sont en pente. O écumoire. P balai.

Pour fouler, on commence par rempli la chaudiere d'eau de riviere ou de puits, il n'importe; on jette du gros bois sur les chenets, on y met le feu: quand l'eau est prête, on a de la lie de vin; cette lie a déjà servi au vinaigrier, le fluide en est ôté, ce n'est proprement que le marc de la lie; plus la lie est rougeâtre, meilleure elle est; il en faut un sceau & demi ordinaire sur une chaudiere à huit; à mesure que l'eau chauffe, on délaye la lie avec un balai: quand l'eau bout, l'écume ou crasse de la lie paroît à la surface de l'eau; on l'écume, puis on se met à travailler. On prend un bastissage, on le met sur l'eau, & on l'y tient enfoncé avec un roulet. Voyez fig. 11. Le roulet, c'est une espece de fuseau de bois fort long, assez fort dans le milieu, rond, & allant en diminuant de diametre du milieu vers ses deux extrémités. Quand le bastissage est trempé, s'il arrive qu'il soit trop chaud, on le plonge dans l'eau froide; on le déplie seulement par le bout d'un des côtés, on le roule, & on en fait sortir l'eau contre le banc de la foule; on le roule par l'autre bout, & on en fait pareillement sortir l'eau en le serrant entre ses mains, & le pressant contre le banc de la foule; ensuite on le déplie, on l'étend sur le banc, l'arrête du côté de l'ouvrier, la tête du côté de la chaudiere; on le décroise délicatement sur le côté, comme on voit fig. 24. en faisant passer la partie a b en a c: on prend une brosse à poil un peu long, mais serrée, on la trempe dans la chaudiere, & on frappe avec cette brosse légerement sur la croisée a c, pour en effacer le pli; on écarte avec le dos de la même brosse la bourre & la crasse qui se forme à la surface de la chaudiere; on en plonge le poil dans l'eau; on s'en sert pour asperger le chapeau: quand il est aspergé, on prend le bout de la tête a, on le porte en d (fig. 24.) & l'on forme le pli ou la croisée b c; on roule le reste à - peu - près dans la direction du pli b c; on le serre avec les mains, & on le presse en [p. 167] cet état contre le banc; on le déroule; on l'asperge: on prend la tête a (fig. 26.) on la porte en d; on roule le reste à - peu - près dans la direction du pli ou de la croisée d c; on serre avec les mains ce rouleau, & on le presse bien contre le banc: on le déroule; on asperge: on prend la tête a (fig. 27.) on la porte en d, & l'on forme le pli ou la croisée b c; puis on roule, en commençant le roulement par le bout de l'aìle: on serre le rouleau entre les mains & contre le banc; on le déroule, on l'asperge, & l'on forme le pli c d (fig. 28.) en portant le bout de l'aile ou le point a en b: on roule le reste dans la direction de ce pli ou croisée; on serre le rouleau entre ses mains & contre le banc; on déroule, on asperge: on forme le pli d c (fig. 29.) en portant le point a en b; on roule le reste dans la direction de ce pli ou croisée; on serre le rouleau entre ses mains & contre le banc. Il faut observer dans toute cette premiere manoeuvre de la foule, qu'on asperge avec la brosse à chaque pli de croisée, qu'on roule bien clos, & qu'on foule mollement, en allongeant les bras, en faisant faire au rouleau ou chapeau roulé beaucoup de chemin sur le banc, en tournant sur lui - même, & en le pressant peu sur chaque point de ce chemin: il n'est pas encore assez compacte pour supporter de grands efforts; mais la liaison croîtra par des degrés insensibles. On déroule; on asperge: on prend le point a (fig. 30.) on le porte en d; on forme le pli b c; on roule le reste à - peu - près dans la direction de ce pli, bien clos, & l'on foule mollement; on déroule; on asperge: on prend le point a (fig. 31.) on le porte en d; on forme le pli de croisée b c; on roule le reste bien clos dans la direction de ce pli, & on foule mollement: on déroule, on asperge; on prend le point A (fig. 32.) on le porte en B, & l'on forme le pli C D; on prend le point a, on le porte en b, & l'on forme le pli c d: on prend le point e de l'arrête, & on le porte en f, & l'on forme le pli a A: on roule le reste bien clos dans la direction du pli A a, & l'on foule. Voilà toute la suite des croisées de la foule; on les réitere toutes trois fois consécutives, à commencer par le décroisement de la fig. 24. Ainsi on décroise trois fois, comme on voit dans cette fig. 24. On plie & foule trois fois sur un côté, comme on voit fig. 25. On plie & foule trois fois sur l'autre côté, comme on voit fig. 26. On plie & foule trois fois sur la tête, comme on voit fig. 27. On plie & foule trois fois un coin, comme on voit fig. 28. On plie & foule trois fois sur l'autre coin, comme on voit fig. 29. On plie & foule trois fois sur un des bords de l'arrête, comme on voit fig. 30. On plie & foule trois fois sur l'autre bord de l'arrête, comme on voit fig. 31. On plie & foule trois fois sur les bords de l'arrête & sur l'arrête entiere en même tems, comme on voit fig. 32. Quand je dis qu'on plie & foule trois fois sur chacune de ces parties, cela ne signifie pas que ces trois fois se fassent tout de suite & consecutivement sur cette partie: cela signifie que comme on suit trois fois toutes les croisées, & qu'à chaque fois qu'on les suit chacune des parties dont je viens de parler est pliée & foulée une fois; après qu'on a suivi trois fois toutes les croisées, toutes les parties précédentes ont été aspergées, pliées, foulées trois fois; je dis aspergées, car on ne plie jamais, ni on ne foule un pli de croisée, sans avoir aspergé auparavant.

Quand on a suivi ses croisées pour la troisieme fois, on étend le chapeau sur le banc, & l'on en frotte circulairement la surface avec la paume de la main, pour en faire sortir le jarre: on appelle jarre, le gros poil qui s'est trouvé mêlé avec le fin quand on a coupé la peau; cela fait, on retrousse le bord supérieur de l'arrête, on ouvre le chapeau, & l'on tâche, en tâtonnant avec les doigts, de découvrir les endroits foibles; quand on en trouve, on les marque en traçant un trait avec le bout du doigt; on prend ensuite des morceaux d'étoupages, on les humecte, & on les met en - dehors aux endroits correspondans aux endroits foibles, qu'on reconnoît aisément à la marque du doigt: pour affermir ces étoupages, on les frappe ou tape un peu avec la brosse mouillée; on referme le chapeau, on le retourne sens - dessus - dessous, on le r'ouvre, & on cherche les endroits foibles de l'autre moitié, auxquels on remédie comme nous venons de dire.

Après avoir étoupé, on ouvre tout - à - fait le chapeau de la main gauche; de la droite on en frappe la pointe ou tête d'un petit coup, on la fait rentrer en - dedans; on lâche le bord qu'on tenoit; on insere en - dedans les deux mains; on prend la tête, on l'attire à soi doucement, de peur de déranger l'étoupage; on repousse les bords, & le chapeau est retourné. Alors on prend des morceaux de tamis de crin simple, on insere ces tamis dans le chapeau en autant d'endroits qu'on a mis de l'étoupage, de peur que cet étoupage ne vînt à se lier avec les parties auxquelles il correspondroit: cela fait, on asperge un peu, on fait un pli sur le côté de la tête, tel que celui de la fig. 25. mais plus petit; on roule dans la direction de ce pli, mais bien clos; on foule doucement; on déroule, on asperge; on fait un autre petit pli sur l'autre côté de la tête; en un mot on suit sa croisée toute entiere, à commencer à la fig. 25. & à finir à la fig. 32. inclusivement, exécutant tous les plis indiqués par ces figures, aspergeant, roulant, & foulant à chacun, comme il a été prescrit plus haut.

Cela fait, on déploye le chapeau, dont, pour le dire ici en passant, on a toûjours vis - à - vis de soi, quand on foule, le côté opposé à celui sur lequel on a commencé à rouler le reste: ainsi dans la derniere manoeuvre de la fig. 32. on a vis - à - vis de soi la tête. On retourne donc le chapeau, pour être en face de l'arrête; on l'ouvre, on décroise, on examine encore s'il n'y a point d'inégalités dans l'épaisseur; s'il y en a, on étoupe derechef; on retourne le chapeau sens - dessus - dessous, comme nous avons dit; on place des tamis aux endroits étoupés, & l'on suit une croisée entiere, à commencer à la fig. 25. jusqu'à la fig. 32. inclusivement.

Voici le moment de placer une des petites capades, que nous avons appellées phas haut pointus: on place un de ces pointus, ou une de ces parties de dorure qui doivent faire l'endroit du chapeau, sur la tête, qu'elle couvre jusqu'à deux doigts de l'arrête; on prend de l'eau avec la brosse, observant de bien écarter la bourre, on asperge le pointu, & on le tape assez fortement avec le côté des crins: s'il arrive au pointu d'être plus ample que la tête, & de déborder de tous côtés, on ouvre le chapeau, on insere la main jusqu'au fond, on releve la tête, & on abat les excédens du pointu, & on les tape ensuite tant - soit - peu avec la brosse: quant aux excédens des côtés, on décroise un peu, on abat d'un & d'autre côté les excédens à la faveur des décroisemens, on les tape aussi: quand ce pointu est ainsi ajusté, on examine s'il a'y a point d'endroits à étouper; s'il y en a, on les étoupe. On pose sur l'autre côté de la tête le second pointu, précisément avec les mêmes précautions que le premier, se garantissant bien sur - tout de la bourre: on retourne alors le tout de dedans en - dehors, le plus délicatement que l'on peut, de peur de détacher les pointus, quine tiennent qu'autant qu'il le faut pour supporter juste cette manoeuvre; on met entre les pointus, & au endroits étoupés, des tamis; puis on foule un croisée entiere, à commencer à la fig. 27. Lorsqu'on a exécuté les croisées prescrites par la fig. 32. on

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