ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"156"> étant répété plusieurs fois (ayant attention que les différentes parties de la poignée portent sur le fer), le chanvre a reçû la préparatior qu'on vouloit lui donner, & on l'acheve en le passant légerement sur le peigne à finir.

Le frottoir C est une planche d'un pouce & demi d'épaisseur, solidement attachée sur la même table où sont les peignes. Cette planche est percée dans le milieu, d'un trou qui a trois ou quatre pouces de diametre, & sa face supérieure est tellement travaillée, qu'elle semble couverte d'éminences taillées en pointes de diamant. Lorsqu'on veut se servir de cet instrument, on passe la poignée de chanvre par le trou qui est au milieu, on retient avec la main gauche le gros bout de la poignée qui est sous la planche, pendant qu'avec la main droite on frotte le milieu sur les crénelures de la planche, ce qui affine le chanvre plus que le fer dont nous venons de parler; mais cette opération le mêle davantage & occasionne plus de déchet.

Ces méthodes sont expéditives; elles n'occasionnent pas un déchet considérable, & elles affinent mieux le chanvre que l'on ne pourroit le faire en le peignant beaucoup. Il ne faut pas trop peigner les chanvres doux; mais un chanvre grossier, dur, rude, & ligneux, doit être beaucoup plus peigné & tourmenté, pour lui procurer la souplesse & la douceur qu'on desire, qu'un chanvre sin & tendre.

Les peigneurs passent le chanvre brut d'abord sur le peigne à dégrossir, & ensuite sur le peigne à finir; ce qui reste dans leur main est le chanvre le plus long, le plus beau, & le plus propre à faire de bonnes cordes, & c'est celui - là qu'on appelle premier brin: mais un peigneur mal - habile ne tire jamais une aussi grande quantité de premier brin, & ce brin n'est jamais si beau que celui qui sort d'une bonne main.

Les bons peigneurs peuvent tirer d'un même chanvre une plus grande ou une moindre quantité de premier brin, soit en le peignant plus ou moins, soit en le passant sur deux peignes, ou en ne le passant que sur le peigne a dégrossir, ou enfin en tenant leur chanvre plus près ou plus loin de l'extrémité qu'ils passent sur le peigne; c'est - là ce qu'cn appelle tirer plus ou moins au premier brin.

Ce qui reste dans les peignes qui ont servi à préparer le premier brin, contient le second brin & l'étoupe: moins on a retiré de premier brin, meilleur il est, parce qu'il se trouve plus déchargé du second brin; & en même tems ce qui reste dans le peigne est aussi meilleur, parce qu'il est plus chargé de second brin, dont une partie est formée aux dépens du premier.

C'est ce qui avoit fait imaginer de recommander aux peigneurs de tirer peu de premier brin, dans la vûe de retirer du chanvre qui resteroit dans le peigne trois especes de brins.

C'est encore une question de savoir s'il convient de suivre cette méthode: mais expliquons comment on prépare le second brin.

Quand il s'est amassé suffisamment de chanvre dans le peigne, le peigneur l'en retire & le met à côté de lui; un autre ouvrier le prend & le passe sur d'autres peignes, pour en retirer le chanvre le plus long; c'est ce chanvre qu'on appelle le second brin.

Il n'est pas besoin de faire remarquer que le second brin est beaucoup plus court que le premier, n'ayant au plus qu'un pié & demi ou deux piés de longueur: outre cela le second brin n'est véritablement que les épluchures du premier, les pattes, les brins mal tillés, les filamens bouchonnés, &c. d'où l'on doit conclure que le second brin ne peut être aussi parfait que le premier, & qu'il est nécessairement, plus court, plus dur, plus gros, plus élastique, plus chargé de pattes & de chenevottes; c'est pour<cb-> quoi on est obligé de le filer plus gros, & de le tordre davantage: le fil qu'on en fait est raboteux, inégal, & il se charge d'une plus grande quantité de goudron quand on le destine à faire du cordage noir.

Ce sont autant de défauts essentiels: on ne doit pas compter que la force d'un cordage qui seroit fait du second brin, aille beaucoup au - delà de la moitié de celle d'un cordage qui seroit fait du premier brin, selon les expériences que nous avons faites.

Voilà une différence de force bien considérable; néanmoins il nous a paru que cette différence étoit cncore plus grande entre le premier & le second brin du chanvre du royaume, qu'entre le premier & le second brin de celui de Riga.

Les cordages qui sont faits avec du second brin, ont encore un défaut qui mérite une attention particuliere. Si l'on coupe en plusieurs bouts un même cordage, il est rare que ces différens bouts ayent une force pareille: cette observation a engagé M. Duhamel à faire rompre, pour ses expériences, six bouts de cordages, afin que le fort compensant le foible, on pût compter sur un résultat moyen; mais cette différence entre la force de plusieurs cordages de même nature, est plus considérable dans les cordages qui sont faits du second brin, que dans ceux qui le sont du premier.

On voit combien il seroit dangereux de se fier à des cordages qui seroient faits avec du second brin, & quelle imprudence il y auroit à les employer pour la garniture des vaisseaux: la bonne oeconomie exige qu'on les employe à des usages de moindre conséquence.

Comme on ne fait point de cordages avec de l'étoupe, M. Duhamel ne peut marquer quelle en seroit la force en comparaison des cordages qui sont faits avec le second brin; mais certainement elle seroit beaucoup moindre: on se sert ordinairement des étoupes pour faire des liens, pour amarrer les pieces de cordages quand elles sont roues; on en fait quelques livardes, & on en porte à l'étuve pour y servir de torchons: peut - être qu'en les passant sur des peignes fins, on pourroit en retirer encore un petit brin qui seroit assez sin pour faire de petits cordages, foibles à la vérité, mais qui ne laisseroient pas d'être employés utilement. Il reste à examiner si la main d'oeuvre n'excéderoit pas la valeur de la matiere.

Maintenant qu'on sait par des expériences, 1°. que le second brin ne peut faire que des cordes très foibles, 2°. que quand on laisse le second brin joint au premier, il affoiblit tellement les cordes qu'elles ne sont presque pas plus fortes que si on avoit retranché tout le second brin, & tenu les cordages plus legers de cette quantité; on est en état de juger si l'on doit tendre à tirer beaucoup de premier brin: ainsi nous nous contenterons de faire remarquer que tirer beaucoup du premier brin, affiner peu le chanvre, ou laisser avec le premier brin presque tout le second, ce n'est qu'une même chose.

Mais d'un autre côté, comme le second brin est de peu de valeur en comparaison du premier, si l'on tire peu en premier brin, on augmentera la qualité & la quantité du second, en occasionnant un déchet considérable qui tombera sur la matiere utile, sans que ce que le premier brin gagnera en qualité, puisse entrer en compensation avec ce qu'on perdr sur la quantité: tout cela a été bien établi ci - dessus, & nous ne le rappellons ici que pour indiquer quelle pratique il faut suivre pour tenir un juste milieu entre ces inconvéniens.

M. Duhamel pense qu'il faut peigner le chanvre à fond, sans songer du out à ménager le premier [p. 157] brin; & que pour éviter la consommation, il faut ensuite retirer le chanvre le plus beau, le plus sin & le plus long, qui sera resté dans les peignes confondu avec le second brin & l'étoupe; & après avoir passé ce chanvre sur le peigne à assiner, on le mêlera avec le premier brin.

Cette pratique est bien différente de celle qui est en usage; car pour retirer beaucoup de premier brin, on peigne peu le chanvre, sur - tout le milieu des poignées, & on ne le travaille que sur le peigne à dégrossir; c'est pourquoi ce chanvre demeure très - grossier, dur, élastique, & plein de chenevottes ou de pattes; au lieu que celui qui aura été peigné comme nous venons de le dire, deviendra doux, sin, & très - net.

Pour terminer ce qui regarde l'attelier des peigneurs, il ne reste plus qu'à parler de la façon de faire ce qu'on appelle les ceintures ou peignons dont on a déjà parlé fort en abregé.

A mesure que les peigneurs ont preparé des poignées de premier ou de second brin, ils les mettent à cóté d'eux sur la table qui supporte les peignes, ou quelquefois par terre; d'autres ouvriers les prennent, & peu - à - peu les engagent dans les dents du grand peigne qui est destiné à faire les peignons: ils ont soin de confondre les différentes qualités de chanvre, de méler le court avec le long, & d'en rassembler suffisamment pour faire un paquet qui puisse fournir assez de chanvre pour faire un fil de toute la longueur de la filerie, qui a ordinairement 180 à 190 brasses; c'est ce paquet de chanvre qu'on appelle des ceintures ou des peignons. On sait par expérience que chaque peignon doit peser à - peu - près une livre & démie ou deux livres, si c'est du premier brin, & deux livres & demie ou trois livres, si c'est du second: cette différence vient de ce que le fil qu'on fait avec le second brin, est toûjours plus gros que celui qu'on fait avec le premier; & outre cela, parce qu'il n'y a presque pas de déchet quand on file le premier brin, au lieu qu'il y en a lorsqu'on file le second.

Quand celui qui fait les peignons juge que son grand peigne est assez chargé de chanvre, il l'ôre du peigne sans le déranger; & si c'est du premier brin, il plie son peignon en deux pour réunir ensemble la tête & la pointe, qu'il tord un peu pour y faire un noeud; si c'est du second brin, qui étant plus court se sépareroit en deux, il ne le plie pas, mais il tord un peu les extrémités, & il fait un noeud à chaque bout; alors ce chanvre a reçu toutes les préparations qui sont du ressort des peigneurs.

Un peigneur peut préparer jusqu'à 80 livres de chanvre par jour; mais il est beaucoup plus important d'examiner s'il prépare bien son chanvre, que de savoir s'il en prépare beaucoup.

Il ne faut peigner le chanvre qu'à mesure qu'on en a besoin pour faire du fil; car si on le gardoit, il s'empliroit de poussiere, & on seroit obligé de le peigner de nouveau: c'est aussi pour garantir le brin de la poussiere qui est toûjours très - abondante dans la peignerie, qu'on employe des enfans à transporter les peignons à mesure qu'on les fait, de l'attelier des peigneurs à celui des fileurs. C'est dans cet attelier que commence l'art de corderie. V. Corderie, & l'ouvrage de M. Duhamel déjà cité.

Chanvre, (Page 3:157)

Chanvre, (Mat. Medie.) la semence de cette plante est seule usitée en Medecine, & encore l'employe - t - on bien rarement: elle est émulsive. Quelques auteurs ont cru que l'émulsion qu'on en préparoit étoit bonne contre la toux, & préférable en ce cas aux émulsions rdinaires: ils l'ont donnée aussi pour spécisique contre la gonorrhée, sur - tout lorsqu'elle est accompagnée d'érections fréquentes & douloureuses. Voyez Gonorrhée.

La semence & les feuilles écrasées & appliquées en forme de cataplasme sur les tumeurs douloureuses, passent pour puissamment résolutives & stupéfiantes. Cette derniere vertu se manifeste par une odeur forte & inébriante qui s'éleve du chanvre qu'on fait sécher. L'eau dans laquelle on a fait roüir le chanvre passe pour plus dangereuse encore; & on prétend que si quelqu'un en bûvoit, il suomberoit sur le champ à son venin, contre lequel tous les antidotes connus ne seroient que des secours le plus souvent insuffisans.

L'huile qu'on retire de ses semences, connue sous le nom d'huile de chenevis, est employée extérieurement comme résolutive; mais cette vertu lui est commune avec les autres huiles par expression; elle ne participe pas dans l'usage intérieur de la qualité dangereuse de la plante; tout comme on n'en doit rien attendre de particulier dans l'usage exterieur à titre de stupéfiante, parce qu'on a reconnu cette qualité dans la plante entiere ou dans ses feuilles.

On trouve dans plusieurs auteurs différentes émulsions composées, décrites sous le nom d'emulsio cannabina; telles sont l'emulsio cannabina ad gonorrheam de Doleus, d'Etmuller, de Michaelis, de Minsicht, &c. (b)

CHAO (Page 3:157)

CHAO, (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Junnan. Lat. 25. 46. Il y en a encore une de ce nom dans la province de Pekeli.

CHAOCHEU (Page 3:157)

CHAOCHEU, (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Quanton. Lat. 23. 30.

CHAOCHING (Page 3:157)

CHAOCHING, (Géog.) grande ville de la Chine, dans la province de Channton, sur une riviere de même nom. Lat. 36. 44. Il y en a une autre de même nom dans la province de Channsi.

CHAOGAN (Page 3:157)

CHAOGAN, (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Fokien. Lat. 24.

CHAOHOA (Page 3:157)

CHAOHOA, (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Soutchouen. Lat. 32d 10.

CHAOKING (Page 3:157)

CHAOKING, (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Quanton, sur le Ta. Lat. 23. 30.

CHAOLOGIE (Page 3:157)

CHAOLOGIE, s. f. histoire ou description du chaos. Voyez Chaos. On dit qu'Orphée avoit marqué dans sa chiologie les différentes altérations, secrétions, & formes par où la terre a passé avant de devenir habitable; ce qui revient à ce qu'on appelle autrement cosmogonie. Le docteur Burnet a donné aussi une chaologie dans sa théorie de la terre: il représente d'abord le chaos comme non divisé & absolument brut & informe; il montre ensuite, ou prétend montrer, comment il s'est divisé en ses régions respectives, comment les matieres homogenes se sont rassemblées & séparées de toutes les parties d'une nature différente; & enfin comment la terre s'est durcie, & est devenue un corps solide & habitable. Voyez Chaos, Elément, Terre, &c. Chambers.

CHAONIE (Page 3:157)

* CHAONIE, (Géog. anc. & mod.) contrée de l'Epire, bornée au nord par les monts Acrocérauniens, & connue aujourd'hui sous le nom de Caneria. Il y avoit dans la Comagene une ville de même nom.

CHAONIES (Page 3:157)

* CHAONIES, (Myth.) fête qui se célébroient dans la Chaonie. Nos n'en savons aucune particularité.

CHAOPING (Page 3:157)

CHAOPING, (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Quan. Lat. 24. 47.

CHAOS (Page 3:157)

* CHAOS, s. m. (Philos. & Myth.) Le Chaos en Mythologie, est pere de l'Erebe & de la Nuit mere des dieux. Les anciens philosophes ont entendu par ce mot, un mêlange confus de particules de toute espece, sans forme ni régularité, auquel ils supposent le mouvement essentiel, lui attribuant en conséquence la formation de l'univers. Ce système est chez eux un corollaire d'un axiome excellent en lui - même, mais qu'ils généralisent un peu trop; savoir, que rien ne se fait de rien; ex nihilo nihil fit: au lieu

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