ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"146"> pose la quille du vaisseau qu'on veut construire, & les pieces de bois qui la soûtiennent, &c qu'on appelle tins. Voyez Pl. VIII. de Marine, un chantier sur lequel il y a un bâtiment M, & les tins K qui soûtiennent sa quille. Voyez Tins.

Pour bien mettre la quille sur le chantier, il faut que les tins soient placés à six piés les uns des autres, & avoir attention que le milieu de la quille porte bien sur le milieu de chaque tin: il faut prendre garde de tenir la quille plus haute à l'arriere, & que cette hauteur soit convenable pour la facilité la plus grande de lancer le navire à l'eau. Voyez cette position dans la figure citée.

Dans un arsenal, le chantier est dans une forme, bassin, ou chambre. Voyez Plan. VIII. le bassin ou la chambre, & son chantier E F G H. (Z)

Chantier, (Page 3:146)

Chantier, (Menuis. Charpent. & autres ouvr.) c'est le lieu où ces ouvriers ont disposé leurs planches & autres bois, soit en plein air, soit à l'abri sous des angars, & où ils font une partie de leurs ouvrages.

Chantier, (Page 3:146)

Chantier, (Marchand de bois) est un espace sur les quais ou autres endroits voisins de la riviere, où l'on met en pile le bois à brûler, & où les particuliers vont s'en pourvoir.

Chantier, (Page 3:146)

Chantier, (Marchand de vin) ce sont deux pieces de bois sur lesquelles les tonneaux sont élevés dans les caves, à environ un pié de terre, pour que l'humidité n'en attaque pas les cerceaux & les douves.

Chantier, (Page 3:146)

Chantier, (Constructeur de trains) bûches ou perches auxquelles on a pratiqué des hoches, dans lesquelles passent les roüettes qui lient ensemble un certain nombre d'autres bûches contenues entre elles, qu'on appelle chantiers. Les hoches sont pratiquées sur le bout des chantiers (Voyez Rouettes. ), & elles empêchent les roüettes de s'échapper de dessus elles, & les différentes parties du train de se dissoudre. Voyez Train.

Chantier, (Page 3:146)

Chantier, (Charpent.) les Charpentiers donnent ce nom aux pieces de bois sur lesquelles ils ont placé leurs ouvrages, pour les travailler & les mettre de niveau; d'où ils ont fait le verbe chantier. Voyez Chantier.

Chantier, (Page 3:146)

Chantier, (Marchand de blé) pieces de bois sur lesquelles les sacs sont placés sur les ports au blé.

Chantier à commettre, (Page 3:146)

Chantier à commettre, (Corderie.) est un bâti de deux grosses pieces de bois d'un pié & demi d'équarrissage, & de dix piés de long, maçonné en terre; les deux pieces éloignées l'une de l'autre de six piés, supportent une forte traverse de bois percée de quatre à cinq trous, dans lesquels passent les manivelles. Voyez Manivelles & Corderie.

Ces différentes acceptions de chantier ont donné lieu à une façon de parler commune entre les Artistes; c'est être sur le chantier, pour dire, se travailler actuellement; & elle a passé des boutiques, des atteliers, &c. dans la société, où elle s'applique à d'autres ouvrages qui n'ont rien de méchanique.

CHANTIGNOLE (Page 3:146)

CHANTIGNOLE, s. f. (Charpent.) est une piece de bois coupée quarrément par un bout & en angle par l'autre, mise en embrévement sur l'arbalétrier, au - dessous du tasseau qui soûtient les pannes. Voyez la fig. 17. Pl. du Charpent. n°. 22.

Chantignole, (Page 3:146)

Chantignole, en Architect. Voyez Briques. (P)

CHANTOCÉ (Page 3:146)

CHANTOCÉ, (Géog.) petite ville de France en Anjou, sur la rive droite de la Loire.

CHANTOURNER (Page 3:146)

* CHANTOURNER, v. act. terme d'Archit. de Menuis. & autres Artist. c'est couper en - dehors, ou évider en - dedans, une piece de bois, une plaque de métal, ou même une table de marbre, suivant un profil ou dessein donné. Le même terme a lieu en Peinture, & se dit & des objets représentés sur la toile, & des bordures auxquelles on a pratiqué des éminences ou contours qui font rentrer & saillir quelques - unes de leurs parties.

CHANTRE (Page 3:146)

CHANTRE, s. m. ecclésiastique, ou séculier qui porte alors l'habit ecclésiastique, appointé par les chapitres pour chanter dans les offices, les récits, ou les choeurs de musique, &c. On ne dit jamais chanteur, que lorsqu'il s'agit du chant profane; (Voyez Chanteur. ) & on ne dit jamais chantre, que lorsqu'il s'agit du chant d'église. Les chantres de la musique des chapitres sont soûmis au grand - chantre, qui est une dignité ecclésiastique: ils exécutent les motets, & chantent le pleinchant, &c. On donnoit autrefois le nom de chantres aux musiciens de la chapelle du roi: ils s'en offenseroient aujourd'hui; on les appelle musiciens de la chapelle.

Ceux mêmes des chapitres qui exécutent la mufique, ne veulent point qu'on leur donne ce nom; ils prétendent qu'il ne convient qu'à ceux qui sont pour le pleinchant, & ils se qualifient musicïens de l'église dans laquelle ils servent: ainsi on dit les musiciens de Notre - Dame, de la sainte - Chapele; &c.

Pendant le séjour de l'empereur Charlemagne à Rome en l'an 789, les chantres de sa chapelle qui le suivoient ayant entendu les chantres Romains, trouverent leur façon de chanter risible, parce qu'elle différoit de la leur, & ils s'en moquerent tout haut sans ménagement: ils chanterent à leur tour; & les chantres Romains, aussi adroits qu'eux pour le moins à saisir & à peindre le ridicule, leur rendirent avec usure toutes les plaisanteries qu'ils en avoient reçues.

L'empereur qui voyoit les objets en citoyen du monde, & qui étoit fort loin de croire que tout ce qui étoit bon sur la terre fut à sa cour, les engagea les uns & les autres à une espece de combat de chant, dont il voulut être le juge; & il prononça en faveur des Romains. Le P. Daniel, hist. de Fr. tome I. p. 472.

On voit par - là combien les François datent de loin en fait de préventions & d'erreurs sur certains chapitres: mais un roi tel que Charlemagne n'étoit pas fait pour adopter de pareilles puérilités; il semble que cette espece de feu divin qui anime les grands hommes, épure aussi leur sentiment, & le rend plus fin, plus délicat, plus sûr que celui des autres hommes. Personne dans le royaume ne l'avoit plus exquis que Louis XIV. le tems a confirmé presque tous les jugemens qu'il a portés en matiere de goût.

On dit chantre, en Poésie, pour dire poëte: ainsi on designe Orphée sous la qualification de chantre de la Thrace, &c. On ne s'en sert que rarement dans le stylè figuré, & jamais dans le simple. (B)

Chantre, (Page 3:146)

Chantre, s. m. (Jurispr.) en tant que ce terme signifie un office ou bénéfice, est ordinairement une des premieres dignités d'un chapitre. Le chantre été ainsi nommé par excellence, parce qu'il est le maître du choeur.

Dans les actes ìatins il est nommé cantor, pracentor, choraules. Le neuvieme canon du concile de Cologne, tenu en 1620, leur donne le titre de chorévêques, comme étant proprement les evêques ou intendans du choeur. Voyez tome XI. des conciles, p. 789. Le concile îenu en la même ville en 1536, canon iij. leur donne le même tire: cantores qui & chorepiscopi, tome XIV. des conciles, p. 510. Dans la plûpart des cathédrales & collégiales, le chantre en dignité est surnommé grand - chantre, pour le distinguer des simples chantres ou choristes à gages.

Le concile de Mexique tenu en 1585, ch. v. regle les fonctions du chantre, & dit qu'il doit faire mettre toutes les semaines dans le choeur un tableau où l'ordre du service divin soit marqué.

Le chantre porte la chape & le bâton cantoral dans les fêtes solennelles, & donne le ton aux au<pb-> [p. 147] tres en commençant les pseaumes & les antiennes; tel est l'usage de plusieurs églises; & Choppin dit que c'est un droit commun, de sacr. polit. lib. I. tit. iij. n. 10.

Il porte dans ses armes un bâton de choeur, pour marque de sa dignité. Dans quelques chapitres où il est le premier dignitaire, on l'appelle en latin primicerius; & dans quelques autres on lui donne en françois le titre de précenteur, du latin pracentor.

C'étoit lui anciennement qui dirigeoit les diacres & les autres ministres inférieurs, pour le chant & les autres fonctions de leurs emplois.

Dans le chapitre de l'église de Paris, le chantre, qui est la seconde dignité, a une jurisdiction contentieuse sur tous les maîtres & maîtresses d'école de cette ville. Cette jurisdiction est exercée par un juge, un vicegérent, un promoteur, & autres officiers nécessaires. L'appel des sentences va au parlement. M. le chantre a aussi un jour marqué dans l'année auquel il tient un synode pour tous les maîtres & maîtresses d'école de cette ville.

La jurisdiction contentieuse du chantre de l'église de Paris a été confirmée par plusieurs arrêts, des 4 Mars, 28 Juin 1685, 19 Mai 1628, 10 Juillet 1632, 29 Juillet 1650, 5 Janvier 1665, 31 Mars 1683. Voy. les mém. du clergé, édit de 1716, tome I. p. 1049 & suiv.

Les Ursulines ne sont pas soûmises à sa jurisdiction. Ibid.

Il y a eu aussi arrêt du 25 Mai 1666 pour les curés de Paris contre M. le chantre, au sujet des écoles de charité. Voyez le recueil de Decombes greffier de l'officialité, part. II. ch. v. p. 805.

Dans quelques églises, le chantre est la premiere dignité; dans d'autres il n'est que la seconde, troisieme ou quatrieme, &c. cela dépend de l'usage de chaque église. Voyez le trait. des mat. bénéfic. de Fuet, liv. II. ch. jv. (A)

CHANTRERIE (Page 3:147)

CHANTRERIE, s. f. (Jurisp.) est la dignité, office ou bénéfice de chantre, dans les églises cathédrales ou collégiales. Voyez ci - devant Chantre. (A)

CHANVRE (Page 3:147)

CHANVRE, s. m. (Hist. nat.) cannabis, genre de plante à fleurs sans pétales, composée de plusieurs étamines soûtenues sur un calice, & stérile, comme l'a observé Cæsalpin. Les embryons sont sur les plants qui ne portent point de fleurs; iis deviennent des capsules qui renferment une semence arrondie. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

On connoît deux sortes de chanvre, le sauvage, & le domestique.

Le sauvage, cannabis erratica, paludosa, sylvestris, Ad. Lobel. est un genre de plante dont les feuilles sont assez semblables à celles du chanvre domestique, hormis qu'elles sont plus petites. plus noires, & plus rudes; du reste cette plante ressemble à la guimauve, quant à ses tiges, sa graine, & sa racine.

Le chanvre domestique dont il s'agit ici, est caractérisé par nos Botanistes de la maniere suivante.

Ses feuilles disposées en main ouverte naissent opposées les unes aux autres: ses fleurs n'ont point de pétales visibles; la plante est mâle & femelle.

On la distingue donc en deux especes, en mâle & en femelle; ou en féconde qui porte des fruits, & en stérile qui n'a que des fleurs; l'une & l'autre viennent de la même graine,

Le chanvre à fruit, cannabis fructifera Offic. cannabis sativa, Park. C.B.P. 320. Hist. oxon. 3. 433. Rau, hist. 1. 158. synop. 53. Boerh. Ind. A. 2. 104. Tournef. inst. 535. Buxb. 53. cannabis mas. J. B. 3. P. 2. 447. Ger. emac. 708. cannabina facunda, Dod. pempt 535.

Le chanvre à fleurs, cannabis florigera, Offic, can - nabìs erratica, C. B. P. 320. 1. R. H. 535, cannabis famina, J.B. 32. 447. cannab. sterilis, Dod. pemp. 535.

Sa racine est simple, blanche, ligneuse, fibrée; sa tige est quadrangulaire, velue, rude au toucher, creuse en - dedans, unique, haute de cínq ou six piés, couverte d'une écorce qui se partage en filets: ses feuilles naissent sur des queues opposées deux à deux, elles sont divisées jusqu'à la queue en quatre, cinq, ou un plus grand nombre de segmens étroits, oblongs, pointus, dentelés, veinés d'un verd foncé, rudes, d'une odeur forte & qui porte à la tête.

Les fleurs & les fruits naissent séparément sur différens piés; l'espece qui porte les fleurs, s'appelle chanvre à fleurs: quelques - uns la nomment stérile ou femelle, mais improprement; & l'autre espéce qu porte les fruits, est appellée chanvre à fruits, & par quelques - uns, chanvre mâle.

Les fleurs dans le chanvre qu'on nomme improprement stérile, naissent des aisselles des feuilles sur un pédicule chargé de quatre petites grappes placées en sautoir: elles sont sans pétales, composées de cinq étamines, surmontées de sommets jaunâtres, renfermées dans un calice à cinq feuilles purpurines en - dehors, blanchâtres en - dedans.

Les fruits naissent en grand nombre le long des tiges sur l'autre espece, sans aucune fleur qui ait précédé: ils sont composés de pistiles enveloppés dans une capsule membraneuse d'un jaune verdâtre: ces pistiles se changent en une graine arrondie, un peu applatie, lisse, qui contient sous une coque mince, d'un gris brun, luisant, une amande blanche, tendre, douce, & huileuse, d'une odeur forte, & qui porte à la tête quand elle est nouvelle: cette amande est renfermée dans une capsule ou pellicule d'une seule piece, qui se termine en pointe. Ces graines produisent l'une & l'autre espece. Article de M. le chevalier de Jaucourt.

* Le chanvre est une plante annuelle: il ne se plaît pas dans les pays chauds; les climats tempérés lui conviennent mieux, & il vient fort bien dans les pays assez froids, comme sont le Canada, Riga, &c. qui en fournissent abondamment, & de très bon; & tous les ans on employe une assez grande quantité de chanvre de Riga en France, en Angleterre, & sur - tout en Hollande.

Il faut pour le chanvre une terre douce, aisée à labourer, un peu légere, mais bien fertile, bien fumée & amandée. Les terreins secs ne sont pas propres pour le chanvre; il n'y leve pas bien; il est toûjours bas, & la filasse y est ordinairement trop ligneuse, ce qui la rend dure & élastique; défauts considérables, même pour les plus gros ouvrages.

Néanmoins dans les années pluvieuses, il réussit ordinairement mieux dans les terreins secs dont nous parlons, que dans les terreins humides: mais ces années sont rares; c'est pourquoi on place ordinairement les chenevieres le long de quelque ruisseau ou de quelque fossé plein d'eau, de sorte que l'eau soit très - près, sans jamais produire d'inondation: ces terres s'appellent dans quelques provinces des courties ou courtils, & elles y sont très - recherchées.

Tous les engrais qui rendent la terre légere, sont propres pour les chanvres; c'est pourquoi le fumier de cheval, de brebis, de pigeon, les curures de poulaillers, la vase qu'on retire des mares des villages, quand elle a mûri du tems, sont présérables au rumier de vache & de boeuf; & je ne sache pas qu'on y employe la marne.

Pour bien faire il faut fumer tous les ans les chenevieres; & on le fait avant le labour d'hyver, afin que le fumier ait le tems de se consumer pendant cette saison, & qu'il se mêle plus intimement avec la terre lorsqu'on fait les labours du printems.

Il n'y a que le fumier de pigeon qu'on répand aux

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