ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"138"> grandes prébendes d'une église: on les appelle ainsi par opposition à ceux qui ont de moindres prébendes, qu'on appelle chanoines mineurs. Il y en a un exemple dans l'église catédrale de S. Omer, où l'on distingue les prébendes majeures de quelques prébendes mineures qui sont d'une autre fondation.

Chanoines mansionnaires (Page 3:138)

Chanoines mansionnaires ou résidens, sont ceux qui desservent en personne leur église, à la différence des chanoines forains qui ont une place de chanoine qu'ils font desservir par un vicaire. Voyez ci - devant Chanoine forain.

Chanoines mineurs, (Page 3:138)

Chanoines mineurs, ou petits chanoines, sont ceux qui ne possedent que les moindres prébendes, à la différence de ceux qui ont les grandes prébendes, qu'on appelle chanoines majeurs. Il y avoit dans l'église de Londres des chanoines mineurs, qui faisoient les fonctions des grands chanoines.

Chanoine (Page 3:138)

Chanoine in minoribus, est celui qui n'est pas encore dans les ordres sacrés, n'a point de voix au chapitre, & ne joüit pas de certains honneurs.

Chanoines mitrés, (Page 3:138)

Chanoines mitrés, sont ceux qui par un privilége particulier qui leur a été accordé par les papes, ont le droit de porter la mitre. Les chanoines de la cathédrale & des quatre collégiales de Lyon, sont tous en possession de ce droit. Il y a aussi à Lucques des chanoines mitrés, auxquels ce droit a été confirmé par Grégoire IX.

Chanoines - Moines, (Page 3:138)

Chanoines - Moines, étoient les mêmes que les chanoines réguliers; il en est parlé dans la vie de Grégoire IV. par Anastase le bibliothécaire, & dans un vieux pontifical'de S. Prudence évêque de Troyes. Il y a encore quelques cathédrales dont le chapitre est composé de religieux.

Chanoine - pointeur, (Page 3:138)

Chanoine - pointeur, est celui d'entre les chanoines qui est préposé pour marquer les absens, & ceux qui arrivent au choeur lorsque l'office est déjà commencé; savoir, à matines, après le Venite exulmus; à la messe, après le Kyrie eleison; & à vêpres, après le premier pseaume. On l'appelle pointeur, parce que sur la lifte des chanoines il marque un point à côté du nom des absens, ou de ceux qui arrivent trop tard au choeur. Quelquefois le pointeur, au lieu de faire un point, pique avec une épingle les noms de ceux qui sont dans le cas d'être pointés ou piqués, co qui est la même chose.

Chanoines réguliers, (Page 3:138)

Chanoines réguliers, sont ceux qui vivent en communauté, & qui, comme les religieux, ont ajoûté par succession de tems à la pratique de plusieurs observances régulieres, la profession solennelle des voeux.

On les appelle réguliers, pour les distinguer des autres chanoines qui ont abandonné la vie commune, & qui ne font point de voeux.

Les clercs - chanoines qui observoient une regle & la vie commune, subsisterent pendant quelque tems fans aucune distinction entre eux; les uns disent jusque dans le sixieme siecle; d'autres reculent cette époque jusqu'au onzieme siecle.

Ce qui est certain, c'est que par succession de tems quelques colléges de chanoines ayant quitté la regle & la vie commune, on les appella simplement chanoines; & ceux qui retinrent leur premier état, chanoines réguliers. Voyez ce qui a été dit ci - devant au mot Chanoine touchant leur origine.

Les chanoines réguliers suivent presque tous la regle de S. Augustin, qui les assujettit à faire des voeux: il y a néanmoins plusieurs autres regles particulieres.

L'état des chanoines est peu différent de celui des moines; si ce n'est que les chanoines réguliers sont appellés par état au soin des ames, & qu'en conséquence ils sont en possession de tenir des bénéfices à charge d'ames; au lieu que les moines n'ont pour objet que leur propre sanctification.

Les chanoines réguliers & les moines ont cela de commun, qu'ils ne peuvent ni hériter ni tester, & que leur communauté leur succede de droit.

Il y a encore quelques églises cathédrales dont les chapitres sont composés de chanoines réguliers, tels que ceux d'Usès & d'Aleth.

Yves de Chartres est regardé comme l'instituteur de l'état des chanoines réguliers en France.

Sur l'origine & l'état des chanoines réguliers, voy. Gabriel Penotus, Hist. canon. regular. Joannes Malegarus, Instituta & progressus clericalis canonicorum ordin. Le II. tome de l'hist. des ord. monast. Et l'hist. des chanoines par Chaponel.

Chanoines résidens, (Page 3:138)

Chanoines résidens, voyez ci - dev. Chanoines mansionnaires.

Chanoines sécularisés, (Page 3:138)

Chanoines sécularisés, sont ceux qui étant autrefois religieux ou chanoines réguliers, ont été mis dans le même état que les chanoines séculiers. Choppin, de sacrâ politiâ, liv. I. parle des chanoines sécularisés.

Chanoine séculier, (Page 3:138)

Chanoine séculier, se dit quelquefois par opposition à chanoine régulier. Voyez ci - devant Chanoine & Chanoine régulier. Il s'entend aussi quelquefois des chanoines laics, honoraires, & héréditaires. Voyez ci - dev. Chanoines laïcs, Chanoines héréditaires, & Chanoines honoraires.

Chanoine semi - prébendé, (Page 3:138)

Chanoine semi - prébendé, est celui qui n'a qu'une demi - prébende.

Chanoine (Page 3:138)

Chanoine ad succurrendum, étoit le titre que l'on donnoit à ceux qui se faisoient aggréger en qualité de chanoine à l'article de la mort, pour avoir part aux prieres du chapitre.

Chanoine surnuméraire, (Page 3:138)

Chanoine surnuméraire, étoit celui auquel on conféroit le titre de chanoine, sub expectatione futura prabenda; ce qui n'est pôint recû parmi nous. Voyez ci - dev. Chanoine expectant; & Francis. Marc. tome I. quast. 16. & 1043. 1044. 1045. 1371. & tome II. quast. 476. Voyez aussi Chanoine ad effectum, qui est une espece de chanoines surnuméraires.

Chanoine tertiaire, (Page 3:138)

Chanoine tertiaire, tertiarius, étoit celui qui ne touchoit que la troisieme partie des fruits d'une prébende, de même que l'on voit encore des sémi - prébendés qui ne touchent que moitié du revenu d'u prébende qui est partagée entre deux chanoines.

Chanoine de treize marcs; (Page 3:138)

Chanoine de treize marcs; il en est parlé dans un ordinaire manuscrit de l'église de Roüen. Il y a apparence que ce surnom leur fut donné parce que le revenu de leurs canonicats étoit alors de treize marcs d'argent. (A)

CHANOINESSE (Page 3:138)

CHANOINESSE, s. f. est une fille qui possede une prébende affectée à des filles par la fondation, sans qu'elles soient obligées de renoncer à leur bien, ni de faire aucun voeu.

Leur origine est presque aussi ancienne que celle des chanoines; car sans remonter aux diaconesses de la primitive église, S. Augustin fonda dans le pourpris de son église d'Hippone un couvent de saintes filles, qui vivoient en communauté sous la regle qu'il leur avoit prescrite.

Plusieurs autres personnes en fonderent aussi en différens endroits.

Il en est parlé dans la novelle 59 de Justinien, & dans les constitutions de Charlemagne.

On n'en voit plus guere qu'en Flandre, en Lorraine, & en Allemagne.

Dans l'église de sainte - Marie du capitole à Cologne, il y a des chanoines & des chanoinesses, qui à certains jours de l'année font l'office dans le mê<pb-> [p. 139] me choeur, & psalmodient ensemble. Voyage de Cologne par Joly, p. 242.

Toutes ces chanoinesses peuvent être recues en très - bas âge: elles doivent faire preuve de noblesse de plusieurs races, tant du côté paternel que du côté maternel; ce qui fait que dans ces pays les personnes de qualité ne se mesallient pas, pour ne pas faire perdre à leurs filles le droit d'être admises dans ces chapitres nobles.

Elles chantent tous les jours au choeur l'office canonial avec l'aumusse, revêtues d'un habit ecclésiastique qui leur est particulier: elles peuvent porter le reste du jour un habit séculier pour aller en ville: elles logent chacune en des maisons séparées, mais renfermées dans un même enclos: elles ne sont engagées par aucun voeu solennel, peuvent résigner leurs prébendes & se marier; à l'exception de l'abbesse & de la doyenne, parce que celles - ci sont bénites.

Le concile d'Aix - la - Chapelle, en 816, fit une regle pour les chanoinesses, comprise en 28 articles; elle est dans l'édition des conciles du P. Labbe, tome VII. p. 1406. Voyez capit. dilect. de majorit. & obed. & gl. verbo canoniss. & capitul. indemnitatibus, supra dicta de elect. in VI°. Clément II. de statu monachor. & Clément I. de relig. domib. Barbosa, de canonic. & dignit. cap. j. n. 61. Defin. canon. p. 135. Pinson, de divis benef. 26. n. 62. Jacob. de Vitriaco, in hist. occid. cap. xxxj.

Chanoinesses régulieres, (Page 3:139)

Chanoinesses régulieres, sont une espece particuliere de religieuses qui suivent la regle de S. Augustin, & qui portent le titre de chanoinesses régulieres, au lieu de celui de religieuses.

Il y a plusieurs congrégations différentes de ces sortes de chanoinesses; elles ne different proprement des autes religieuses que par le titre de chanoinesses qu'elles portent, & par la regle particuliere qu'elles observent. (A)

CHANOINIE (Page 3:139)

CHANOINIE, (Jurispr.) est le titre du bénéfice d'un chanoine. On distingue la chanoinie d'avec la prébende; celle - ci peut subsister sans la chanoinie, au lieu que la chanoinie ne peut subsister sans la prébende, si l'on en excepte les chanoinies ou canonicats honoraires. C'est à la chanoinie que le roit de suffrage & les autres droits personnels sont annexés; les droits utiles sont attachés à la prébende: mais on se sert plus communément du terme de canonicat, que de celui de chanoinie Voyez ci - devant Canonicat & Chanoine. (A)

CHANONRY (Page 3:139)

CHANONRY, (Géog.) petite ville de l'Ecosse septentrionale, dans la province de Ross, sur le golfe de Murray.

CHANQUO (Page 3:139)

CHANQUO, (Hist. nat.) Boece de Boot dit qu'à Bengale les Indiens nomment ainsi une coquille de mer, qui n'est autre chose que la nacre de perle. On s'en sert pour faire des brasselets, & autres ornemens de bijouterie. Le même auteur nous apprend que c'étoit anciennement un usage établi au royaume de Bengale, de corrompre impunément les jeunes filles quand elles n'avoient point de brasselets de chanquo. ( - )

CHANSON (Page 3:139)

CHANSON, s. f. (Litt. & Mus.) est une espece de petit poëme fort court auquel on joint un air, pour être chanté dans des occasions familieres, comme à table, avec ses amis, ou seul pour s'égayer & faire diversion aux peines du travail; objet qui rend les chansons villageoises préférables à nos plus savantes compositions.

L'usage des chansons est fort naturel à l'homme: il n'a fallu, pour les imaginer, que déployer ses organes, & fixer l'expression dont la voix est capable, par des paroles dont le sens annonçât le sentiment qu'on vouloit rendre, ou l'objet qu'on vouloit imi<cb-> ter. Ainsi les anciens n'avoient point encore l'usage des lettres, qu'ils avoient celui des chansons: leurs lois & leurs histoires, les loüanges des dieux & des grands hommes, furent chantées avant que d'être écrites; & de - là vient, selon Aristote, que le même nom grec fut donné aux lois & aux chansons. (S)

Les vers des chansons doivent être aisés, simples, coulans, & naturels. Orphée, Linus, &c. commencerent par faire des chansons: c'étoient des chansons que chantoit Eriphanis en suivant les traces du chasseur Ménalque: c'étoit une chanson que les femmes de Grece chantoient aussi pour rappeller les malheurs de la jeune Calycé, qui mourut d'amour pour l'insensible Evaltus: Thespis baibouillé de lie, & monté sur des treteaux, célébroit la vendange, Silene & Bacchus, par des chansons à boire: toutes les odes d'Anacréon ne sont que des chansons: celles de Pindare en sont encore dans un style plus élevé; le premier est presque toûjours sublime par les images; le second ne l'est guere souvent que par l'expression: les poésies de Sapho n'étoient que des chansons vives & passionnées; le feu de l'amour qui la consumoit, animoit son style & ses vers. (B)

En un mot toute la poésie lyrique n'étoit proprement que des chansons: mais nous devons nous borner ici à parler de celles qui portoient plus particulierement ce nom, & qui en avoient mieux le caractere.

Commencons par les airs de table. Dans les premiers tems, dit M. de la Nauze, tous les convives, au rapport de Dicearque, de Plutarque, & d'Artemon, chantoient ensemble & d'une seule voix les loüanges de la divinité: ainsi ces chansons étoient de véritables poeans ou cantiques sacrés.

Dans la suite les convives chantoient successivement, chacun à son tour tenant uné branche de myrthe, qui passoit de la main de celui qui venoit de chanter à celui qui chantoit après lui.

Enfin quand la Musique se perfectionna dans la Grece, & qu'on employa la lyre dans les festins, il n'y eut plus, disent les trois écrivains déjà cités, que les habiles gens qui fussent en état de chanter à table, du moins én s'accompagnant de la lyre; les autres contraints de s'en tenir à la branche de myrthe, donnerent lieu à un proverbe grec, par lequel on disoit qu'un homme chantoit au myrthe, quand on le vouloit taxer d'ignorance.

Ces chansons accompagnées de la lyre, & dont Terpandre fut l'inventeur, s'appellent scolies, mot qui signifie oblique ou tortueux, pour marquer la difficulté de la chanson, selon Plutarque, ou la situation irréguliere de ceux qui chantoient, comme le veut Artemon: car comme il falloit être habillé pour chanter ainsi, chacun ne chantoit pas à son rang, mais seulement ceux qui savoient la musique, lesquels se trouvoient dispersés çà - & - là, placés obliquement l'un par rapport à l'autre.

Les sujets des scolies se tiroient non - seulement de l'amour & du vin, comme aujourd'hui, mais encore de l'histoire, de la guerre, & même de la morale. Telle est cette chanson d'Aristote sur la mort d'Hermias son ami & son allié, laquelle fit accuser son auteur d'impiété.

« O vertu, qui malgré les difficultés que vous présentez aux foibles mortels, êtes l'objet charmant de leurs recherches! vertu pure & aimable! ce fut toûjours aux Grecs un destin digne d'envie, que de mourir pour vous, & de souffrir sans se rebuter les maux les plus affreux. Telles sont les semences d'immortalité que vous répandez dans tous les coeurs; les fruits en sont plus précieux

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