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Ces sortes de points de fait délicats & peu sensibles, sont des plus difficiles à décider: il n'est pas possible de connoître la grandeur des chambres de l'humeur aqueuse par la dissection ordinaire: si l'on coupe un oeil en sa partie antérieure, aussi tôt que la cornée est ouverte, l'humeur aqueuse s'en écoule, & l'on ne sait dans laquelle des deux chambres elle étoit en plus grande quantité: d'ailleurs la cornée ouverte se flétrit, le plus souvent s'affaisse, & ne conserve plus sa convexité; l'uvée qui est naturellement tendue, & un peu éloignée du crystallin, se trouve relâchée & appliquée sur le crystallin. Il n'est donc plus possible de reconnoître la distance qui est entre la cornée & l'uvée, ni celle qui est entre l'uvée & le crystallin.
Pour remédier à cet inconvénient, & pouvoir s'éclaircir du fait, on a imaginé de faire geler des yeux pendant le froid, naturellement ou artificiellement; car on sait par l'hyver de 1709, que l'humeur aqueuse se gele.
M. Petit le medecin, plus curieux que personne dans ces matieres, a pris des yeux de différens animaux, d'homme, de cheval, de boeuf, de mouton, de chien, de chat, de loup, & c. il faut que le froid soit considérable, afin que l'humeur aqueuse soit bien gelée, & qu'on en puisse exactement mesurer l'étendue en différens espaces.
La glace de la chambre antérieure s'est toûjours trouvée beaucoup plus épaisse que celle de la postérieure, & par conséquent la chambre antérieure plus grande que la postérieure. Les différentes proportions se sont aussi trouvées à cet égard dans des yeux d'animaux de différentes especes, & dans ceux d'une même espece, quoiqu'avec moins de différence.
La glace de la chambre postérieure n'est pas même aisée à appercevoir; comme elle n'est qu'en fort petit volume, elle est noircie par l'uvée qui la termine, & à peine paroît - elle. Quand on coupe l'oeil suivant son axe, c'est - à - dire, selon une ligne qui passe par les centres du crystallin & de la cornée, ce qui est la section la plus propre à cette recherche, la glace se brise par petites parcelles qui s'échapent; & de plus le scalpel, quelque tranchant qu'il soit, s'émousse, & entraîne avec lui des parties noires de l'uvée, & des processus ciliaires, qui se mêlent avec la glace & la cachent. Il faut de l'art pour la découvrir telle qu'elle est, & pure.
Si l'on ne prend pas les yeux immédiatement après la mort, ils sont déja flétris, parce que les humeurs se sont évaporées à proportion du tems. L'humeur aqueuse, plus légere & plus volatile que la vitrée, & d'ailleurs plus libre, puisque la vitrée est retenue dans une infinité de petites cellules, s'évapore davantage; & c'est celle dont on a besoin pour l'expérience.
Quand les yeux sont gelés, ils sont fort tendus, eussent - ils été flétris auparavant; les humeurs se sont dilatées par la gelée comme fait l'eau, & en se gelant elles s'évaporent assez considérablement. Cette dilatation des humeurs nuit beaucoup à la recherche de la capacité des deux chambres.
Mais malgré ces difficultés, M. Petit est parvenu à la déterminer, Suivant lui, la chambre postérieure
D'un autre côté MM. Heister & Morgagni, l'un en
Allemagne & l'autre en Italie, ont aussi reconnu par
les expériences qu'ils ont faites sur des yeux gelés,
que la chambre antérieure est beaucoup plus grande
que la postérieure: mais il s'en faut bien qu'ils soient
entrés dans des finesses de détail & de précision,
comme l'a fait M. Petit, dans les Mémoires de l'Acad.
ann. 1723. Ce curieux physicien ne s'est pas contenté
de la preuve prise de la gelée des yeux; il á trouvé
& indiqué trois autres moyens différens pour
connoître la grandeur des chambres de l'humeur
aqueuse dans les yeux de l'homme. Il y a deux de
ces moyens par lesquels il a découvert l'épaisseur de
ces chambres, & un troisieme qui en donne la solidité;
& parmi ces moyens est un ophtalmemetre ou
instrument de son invention, pour mesurer l'épaisseur
& la grandeur des chambres. Voyez ann. 1728.
Cet article est de M. le chevalier de
Chambre obscure, (Page 3:62)
La premiere invention de la chambre obscure est attribuée à Jean - Baptiste Porta.
La chambre obscure sert à beaucoup d'usages différens. Elle jette de grandes lumieres sur la nature de la vision; elle fournit un spectacle fort amusant, en ce qu'elle présente des images parfaitement semblables aux objets; qu'elle en imite toutes les couleurs & même les mouvemens, ce qu'aucune autre sorte de représentation ne peut faire. Par le moyen de cet instrument, sur - tout s'il est construit conformément à la derniere des trois manieres de le construire dont on parlera plus bas, quelqu'un qui ne sait pas le dessein pourra néanmoins dessiner les objets avec la derniere justesse & la derniere exactitude; & celui qui sait dessiner ou même peindre pourra encore par ce même moyen se perfectionner dans son art.
La théorie de la chambre obscure est contenue dans les propos. suivantes tirées de l'Optique de Wolf.
Si un objet A B, (
Car l'ouverture C étant fort petite, les rayons qui viennent du point B, tomberont sur b; ceux qui viennent des points A & D, tomberont sur a & d; c'est pourquoi, comme les rayons qui partent des différens points de l'objet, ne sont point confondus, lorsque la muraille les réfléchit, ils porteront avec eux les traits de l'objet qu'ils représenteront sur la muraille. Mais comme les rayons A C & B C se coupent l'un l'autre à l'ouverture, & que les rayons qui partent des points d'en - bas vont aboutir en - haut, il faudra nécessairement que l'objet soit représenté dans une figure renversée.
Ainsi, comme les angles en D & en d sont droits, & que les angles en C sont égaux; B & b, A & a se<pb-> [p. 63]
Construction d'une chambre obscure, dans laquelle les objets de dehors seront représentés distinctement & avec leurs couleurs naturelles, ou de haut en - bas, ou dans leur vraie situation. 1°. Bouchez tous les jours d'une chambre dont les fenêtres donnent des vûes sur un certain nombre d'objets variés; & laissez seulement une petite ouverture à une des fenêtres. 2°. Adaptez à cette ouverture un verre lenticulaire, plan, convexe, ou convexe des deux côtés, qui forme une portion de surface d'une assez grande sphere. 3°. Tendez à quelque distance, laquelle sera déterminée par l'expérience même, un papier blanc ou quelques étoffes blanches, à moins que la muraille même ne soit blanche; au moyen de quoi vous verrez les objets peints sur la muraille de haut enbas. 4°. Si vous les voulez voir représentés dans leur situation naturelle, vous n'avez qu'à placer un verre lenticulaire entre le centre & le foyer du premier, ou recevoir les images des objets sur un miroir plan incliné à l'horison sous un angle de 45 degrés; ou enfermer deux verres lenticulaires, au lieu d'un, dans un tuyau de lunette. Si l'ouverture est très - petite, les objets pourront se peindre, même sans qu'il soit besoin de verre lenticulaire.
Pour que les images des objets soient bien visibles & bien distinctes, il faut que le soleil donne sur les objets: on les verra encore beaucoup mieux si l'on a soin de se tenir auparavant un quart - d'heure dans l'obscurité. Il faut aussi avoir grand soin qu'il n'entre de la lumiere par aucune sente, & que la muraille ne soit point trop éclairée.
Construction d'une chambre obscure portative. 1°.
Ayez une cassette ou boîte de bois sec (
Alors si le tuyau est tourné vers l'objet, les ver res étant arrêtés à une distance convenable, qui sera
On peut encore faire une chambre obscure portative
de cette maniere. 1°. Au milieu d'une cassette ou
boîte de même forme (
Chambre, (Page 3:63)
Chambre, (Page 3:63)
Il y a des chambres de plusieurs figures. Chambre cylindrique, ou cylindre, est celle qui est également large par - tout, & celle qui s'observe aujourd'hui dans le canon: chambre spherique est celle qui est faite à - peu - près en forme de sphere ou de boule.
Il est évident que plus i >'enflamme de poudre dans le même instant, & plu> l'effort qu'elle produit sur le boulet est grand. Cette considération donna lieu, vers la fin du dernier siecle, de donner une nouvelle disposition à l'intérieur des pieces. On y pratiqua une cavité en forme de sphere un peu applatie; la lumiere répondant à - peu - près vers le milieu de cette cavité, plus large que le reste de l'ame du canon, faisoit prendre feu dans le même tems à une plus grande quantité de poudre, que si l'ame du canon avoit été par - tout uniforme; & cette poudre se trouvant, pour ainsi dire, réunie & concentrée dans cette cavité, agissoit ensuite sur le boulet avec plus d'effort & d'impétuosité que dans les pieces ordinaires.
On a dit que l'intérieur du canon étoit par - tout
de même diametre; mais il faut observer que cela
n'est exactement vrai aujourd'hui que dans nos pieces
de 12, de 8, & de 4, parce que dans celles
de 24 & de 16 on pratique au fond de l'ame une
petite chambre cylindrique, a b, (V. les
Les figures qui représentent la coupe d'une piece
de 24, font voir celle de la petite chambre a b: une
des figures de la même
Les pieces de 12 & au - dessous n'ont point de petites chambres, parce que ces pieces servant aussi à tirer à cartouche, la petite chambre ne permettroit pas de percer les cartouches aussi aisément par la lumiere que lorsque toute la chambre est de même largeur dans toute son étendue.
M. du Lacq, dans son traité sur le méchanisme de
l'artillerie, loue l'invention de ces petites chambres,
pour la conservation des lumieres, mais il craint
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