ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"46"> pour plus de symmétrie, des portes scintes opposées à celles d'enfilade, qui par cette affectation mettent les cheminées au milieu de la piece; mais il en résulte un inconvénient, c'est qu'alors il ne reste plus de place raisonnable pour placer des siéges à cause de l'espace qu'occupe le lit ou l'estrade quand on en met une: je dis raisonnable, car il ne paroît pas vraissemblable de placer des siéges devant les ventaux d'une porte qui, quoiqu'elles soient feintes, semblent aux étrangers devoir s'ouvrir; d'ailleurs leur hauteur en cache la proportion & interrompt l'ordonnance de la piece; cependant c'est un défaut qu'il est difficile d'éviter. Aussi à l'hôtel de Soubise a - t - on, pour s'en éloigner, affecté seulement le dessus des portes; mais comme ceux - ci, pour satisfaire à la largeur de ceux qui leur sont opposés, occupent beaucoup d'espace, il en résulte que la partie qui reste depuis le dessus de ce dessous de porte, jusqu'au dessus du lambris d'appui, est trop peu élevée par rapport à sa largeur, & fait un panneau de mauvaise forme; défaut qui doit porter indispensablement à revêtir cette partie du côté opposé aux portes d'un compartiment qui n'ait rien de commun avec leur ordonnance, ou à souffrir peu de siéges dans ces sortes de pieces. Il est vrai que l'usage d'une chambre à coucher semble en exiger moins que toute autre, & qu'il n'y ait que le cas d'une maladi qui puisse attirer une compagnie un peu nombreuse dans une chambre à coucher; mais il est de la décence qu'une telle piece en contienne un certain nombre.

La hauteur des chambres à coucher, ainsi que toutes celles d'un appartement un peu considérable, doit être tenue d'une certaine élevation: ordinairement l'on prend la longueur du plus grand côté, puis celle du petit, & la moitié de ces deux quantités la détermine, sur - tout lorsque l'on veut former les plafonds en calotte, à l'imitation des voûtes, d'où le mot de chambre dérive, étant fait du latin carmera, voûte surbaissée, qui vient de carmurus, courbé ou cambré. Ces voútes avec les corniches peuvent avoir environ le tiers de la hauteur de la piece, & étoient anciennement presque toutes ornées d'architecture, de peinture & sculpture, aujourd'hui la sculpture y préside; cependant on ne peut disconvenir que la plûpart de ces beanx plafonds qu'on voit au château des Tuileries, à Versailles, à Meudon, à Vincennes & ailleurs, n'ayent des beautés réelles, quoiqu'un peu pesantes pour la plûpart, & ne soient préférables aux ornemens trop legers & sans liaison qu'on affecte sur - tout dans toutes les décorations intérieures. Presque tous les artistes conviennent de ce que j'avance; nos Architectes même admirent, disent - ils, ces beaux ouvrages du siecle passé, singulierement celui de la galerie du Louvre; mais tous se laissent entraîner par le torrent, ou se laissent subjuguer par les Sculpteurs. Il n'y a pas jusque dans nos temples où l'on n'ait travesti les décorations, autrefois nobles, simples & majestueuses, tel que le Val - de - grace, les Invalides, la Sorbonne, & autres lieux sacrés, en des compositions remplies d'ornemens bisarres, chimériques & mal entendus, tels qu'il s'en voit à S. Sulpice, & dans presque toutes nos églises modernes.

Les observations que nous venons de faire ne regardent que la décoration; sans doute cette partie est très - intéressante dans l'Architecture; mais toute essentielle qu'elle paroisse, elle est dans le cas dont il s'agit ici, insuffisante sans la commodité. Les pieces de maître les mieux décorées sont imparfaites si elles ne sont accompagnées de celles destinées pour leur commodité personelle, & de celles capables de leur procurer le service des domestiques, je veux dire des garderobes, des lieux à soûpape, & enfin des dégagemens assortis à la grandeur du bâtiment, à l'usage des pieces, à l'état & à la différence des deux sexes, qui selon leur âge demandent plus ou moins abondamment de ces garderobes pratiquées, éclairées, & dégagées convenablement; ce qui prouve l'expérience, l'intelligence, & la ressource du génie de l'Architecte.

Les chambres à alcoves different des précédentes en ce qu'elles exigent moins de décorations, de symmétrie, & de dépense; mais leur lit doit toûjours se présenter en face des croisées, & l'intérieur de l'alcove être tapissé, à moins que ce ne soit des chambres de peu d'importance, qui ne tiennent point à de grands appartemens. Ces alcoves sont pratiqués par des cloisons de menuiserie, dans l'intention de resserrer l'espace du lit, le rendre moins grand, & par conséquent lui procurer plus de chaleur par le secours des rideaux qui ferment l'ouverture de cet alcove. Les alcoves étoient anciennement fort en usage, & il y a toute apparence qu'ils ont été imaginés pour corriger la profondeur des pieces, qui dans une chambre à coucher doit être moyenne, & pour pratiquer aux deux côtés de son ouverture des garderobes ou cabinets, lorsque les pieces voisines n'en pourroient contenir d'utiles à la chambre à coucher.

Les chambres en niche portent ce nom, parce que leur lit est niché dans un espace qui ne contient que sa grandeur; alors il est enfermé de trois côtés, & n'a de libre que le devant. Pour la symmétrie, on y affecte deux chevets, & l'on pratique aux deux côtés de cette niche des garderobes, des cabinets, ou des dégagemens. Ces sortes de chambres sont fort d'usage à la campagne ou à la ville dans de petits appartemens d'hyver, leur lit ne tenant pas grande place, & pouvant être placé à côté & non vis - à - vis des croisées indistinctement. Elles sont encore fort commodes en ce qu'elles n'exigent pas de grande hauteur de planchers; ce qui les fait placer volontiers dessous ou dans les entresolles.

Les chambres en galetas n'exigent aucune décoration, étant souvent destinées pour les domestiques ou pour les officiers de la maison, qui alors y praquent des alcoves, des niches, &c. (P)

* Il y a peu de termes dans la langue qui ait autant d'acceptions figurées que le mot chambre. On a transporté ce mot des endroits appellés chambres, où des personnes s'assembloient pour différentes affaires, aux personnes même assemblées; & de l'espace renfermé par des murs, & percé d'une porte & de fenêtres qui forment la chambre prise au simple, on l'a appliqué à tout autre espace qui a dans les Arts quelque analogie, soit avec les usages de cette partie d'un appartement, soit avec sa figure.

Chambre, (Page 3:46)

Chambre, en matiere de Justice & de Police, s'entend ordinairement du lieu où se tiennent certaines jurisdictions ou assemblées pour le fait de la justice ou police. Quelquefois le mot chambre se prend pour la compagnie même qui s'assemble dans la chambre. Il y a plusieurs jurisdictions & assemblées auxquelles le titre de chambre est commun, & qui ne sont distinguées les unes des autres que par un second titre qui leur est propre à chacune. On va les indiquer toutes ici, renvoyant néanmoins sous les autres lettres l'explication des jurisdictions dont le nom peut être séparé du mot chambre, ou qui se trouvent liées avec quelque autre matiere.

Chambre des aliénations (Page 3:46)

Chambre des aliénations faites par les gens de main - morte, étoit une commission souveraine établie par lettres patentes du 4 Novembre 1659, registrées en cette chambre le 24 du même mois, pour connoître des aliénations faites par les gens de mainmorte, & pour la recherche, taxe, & liquidation [p. 47] de ce qui devoit être payé par les détenteurs & possesseurs des biens aliénés en conséquence de la déclaration du 20 Décembre 1658.

Chambre d'Anjou, (Page 3:47)

Chambre d'Anjou, est une des six divisions que l'on fait des auditeurs de la chambre des comptes de Paris, pour distribuer à chacun d'eux les comptes qu'il doit rapporter. Pour entendre ce que c'est que ces divisions, & pourquoi on les appelle chambres; il faut observer que dans l'ancien bâtiment de la chambre des comptes, qui sut incendié le 28 Octobre 1737, on avoit assigné aux auditeurs sept chambres ou bureaux différens qu'on appella les chambres du thresor de France, de Languedoc, de Champagne, d'Anjou, des Monnoies, & de Normandie. On distribua les comptes dans ces sept chambres, de maniere que l'on assigna à chacune les comptes de certaines généralités. On mit dans celle d'Anjou les comptes de la généralité de Tours, qui comprend l'Anjou & plusieurs autres provinces:les comptes de cette chambre étoient renfermés dans de grandes armoires étiquetées chambre d'Anjou; & ainsi des autres chambres. On distribua aussi les auditeurs dans ces sept chambres pour les comptes que chacun devoit rapporter; celle de Normandie fut supprimée, comme on le dira à l'article de cette chambre. Dans le nouveau bâtiment qui a été construit pour la chambre des comptes, on n'a point observé la même disposition que dans l'ancien; an moyen dequoi les auditeurs au lieu des sept chambres n'en ont que trois; l'une qu'on appelle la chambre des auditeurs; les deux autres sont la chambre des fiefs & celle des terriers: mais on a toûjours conservé la division des auditeurs en six chambres, pour la distribution qui leur est faite des comptes; ensorte que ces chambres ne sont plus des bureaux ou lieux d'assemblée, mais de simples divisions qui changent tous les trois ans. Il n'est pas d'usage de distribuer à chaque auditeur d'autres comptes que ceux qui sont du ressort de la chambre où il est lui - même distribué. Il n'y a point de rang particulier entre ces chambres ou divisions, quoique quelques - uns mettent la chambre du thrèsor la premiere, à cause que l'on y comprend les comptes les plus considérables dent M. le premier président fait la distribution. De la chambre d'Anjou dépendent toûjours les comptes de la généralité de Tours. Voyez ci - après Chambre de France, de Languedoc, de Champagne, des monnoies, du thrésor, de Normandie, & l'article Chambre des comptes. (A)

Chambre apostolique; (Page 3:47)

Chambre apostolique; c'est un tribunal ecclésiastique à Rome, que l'on peut appeller le conseil des finances du pape: le cardinal Camerlingue en est le chef; les autres officiers sont le gouverneur de Rome qui est vice - Camerlingue, le thrésofier, l'audiceur de la chambre, le président, l'avocat des pauvres, l'avocat - siscal, le fiscal - général de Rome, le commissaire de la chamòre, & douze clercs de la chambre: il y a aussi douze notaires qui prennent le titre de secrétaires de la chambre, & quelques autres officiers.

On traite dans cette chambre les affaires qui concernent le thrésor ou le domaine de l'église & du pape, & ses parties casuelles. On y expédie aussi quelquefois les lettres & bulles apostoliques pour les bénéfices. Cette voie n'est pas la seule pour expédier ces lettres & bulles; on en expédie aussi, mais rarement, par voie secrete, & plus communément en consistoire & chancellerie. Voyez Consistoire, Chancellfrie, & Voie secrete.

La voie de la daterie & de la chambre apostolique sert à faire expédier toutes provisions de bénéfices, autres que ceux qu'on appelle consistoriaux; on y a recours sur - tout dans les cas fâcheux & difficiles, comme quand il manque à l'impétrant quelques - unes des qualités ou capacités requises, ou qu'il s'agit d'obtenir dispense, ou de faire admettre quelque clause delicate.

On peut faire expédier par la chambre, c'est - à - dire par la voie de la chambre apostolique, tout ce qui s'expédie par consistoire & chancellerie; mais il en coúte un tiers de plus.

Les minutes des builes sont dressées par un prélat appellé summiste.

Tous les brefs & bulles expédiés par la chambre, sont inserits dans un registre, qui est gardé par un autre officier appellé custos registri.

Les livres de la chambre apostolique contiennent une taxe pour le coût des bulles & provisions de certains benéfices: on attribue cette taxe à Jean XXII. qui envoya des commissaires par toute la chrétienté, pour s'informer du revenu de chaque bénéfice. L'etat fait par ces commissaires, est transcrit dans les livres de la chambre: il sert à exprimer la valeur des bénéfices, & à en regler la taxe ou annate. Voyez Annate, Bulles, Provisions, Taxe.

En France, on n'exprime la véritable valeur que des bénéfices taxés dans les livres de la chambre: pour les autres, on expose que la valeur n'excede point vingt - quatre ducats: ceux - ci ne payent point d'annate, Grégoire XIII. les en a déchargés.

La cour de Rome prétend appliquer au profit de la chambre les fruits des bénéfices qui n'ont pas été perçûs légitimement: mais cela n'est point reçú en France. Voyez le commentaire sur les Libertés de l'Eglise Gallicane, art. 51.

Sur les fonctions & droits de la chambre apostolique, voyez le traité de l'usage & pratique de cour de Rome par Castel, avec les notes de Noyer.

Chambre apostolique (Page 3:47)

Chambre apostolique de l'abbé de sainte Génevieve, est une jurisdiction que l'abbé de sainte Génevieve de Paris a en qualité de conservateur né des priviléges apostoliques, & de député par le saintsiége. pour connoître & juger de toutes sortes de causes entre les gens d'eglise. Cette chambre avoit autrefois beaucoup de credit, & un grand ressort: l'appel de ses jugemens étoit porté immédiatement au pape; mais depuis, le pouvoir de cette chambre a été beaucoup limité. Présentement sa fonction se réduit proprement à décerner des monitoires, lorsque les juges séculiers ordonnent de s'adresser à l'abbé de sainte Génevieve pour cet effet. Cette chambre n'est composée que de l'abbé, du chancelier, & d'un secrétaire. Corroret, D. fol. 14. A. Sauval, antiq. de Paris, tome III. pag. 239.

Chambre ardente: (Page 3:47)

Chambre ardente: ce nom fut donné anciennement au lieu dans lequel on jugeoit les criminels d'état qui étoient de grande naissance. Cette chambre fut ainsi appellée, parce qu'elle étoit toute tendue de deuil, & n'étoit éclairée que par des flambeaux: de même qu'on a appellé chapelle ardente, le mausolée garni de flambeaux, que l'on dresse aux personnes de qualité le jour des services solennels qu'on fait pour honorer leur mémoire; la grande obscurité du deuil faisant paroître les lumieres plus ardentes qu'elles ne seroient sans l'opposition de cette nuit artificielle.

Le nom de chambre ardente fut ensuite donné à une chambre particuliere, établie par François II. dans chaque parlement, pour faire le procès aux Luthériens & aux Calvinistes: elles furent ainsi nommées, parce qu'elles faisoient brûler sans miséricorde tous ceux qui se trouvoient convaincus d'hérésie.

On a appellé par la même raison chambre ardente, une chambre de justice qui fut établie en 1679, pour la poursuite de ceux qui étoient accusés d'avoir fait ou donné du poison. Ce qui donna lieu à

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