ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"792"> cendres de figuier, le frêne, la lie de vin, le sel de la lessive dont on fait le savon, le mercure sublimê, le précipité rouge, &c. Voyez chacune de ces substances à leur article propre.

Les crystaux de lune & la pierre infernale, composés d'argent & d'esprit de nitre, deviennent caustiques par ce mêlange. Voyez Crystal, Argent, &c. (N)

Caustique (Page 2:792)

Caustique, s. f. dans la Géométrie transcendante, est le nom que l'on donne à la courbe que touchent les rayons réflechis ou réfractés par quelqu'autre courbe. Voyez Courbe. Si une infinite de rayons de lumiere infiniment proches tombent sur toute l'étendue d'une surface courbe, & que ces rayons soient supposés réfléchis ou rompus suivant les lois de la réflexion & de la réfraction, la suite des points de concours des rayons réflechis ou rompus infiniment proches, formera un polygone d'une infinité de côtés ou une courbe qu'on appelle caustique; cette courbe est touchée par les rayons réflechis ou rompus, puisque ces rayons ne sont que le prolongement des petits côtés de la caustique.

Chaque courbe a ses deux caustiques; ce qui fait diviser les caustiques en catacaustiques & diacaustiques; les premieres sont formées par réflexion, & les autres par réfraction.

On attribue ordinairement l'invention des caustiques à M. Tschirnhausen; il les proposa à l'académie des Sciences en l'année 1682; elles ont cette propriété remarquable, que lorsque les courbes qui les produisent sont géométriques, elles sont toujours rectifiables.

Ainsi la caustique formée des rayons réflechis par un quart de cercle, est égale aux 3/4 du diametre. Cette rectification des caustiques a été antérieure au calcul de l'infini, qui nous a fourni celle de plusieurs autres courbes. Voy. Rectification. L'académie nomma un comité pour examiner ces nouvelles courbes; il étoit composé de MM. Cassini, Mariotte, & de la Hire, qui révoquerent en doute la description ou génération que M. Tschirnhausen avoit donnée de la caustique par réflexion du quart de cercle: l'auteur refusa de leur découvrir sa méthode, & M. de la Hire persista à soùtenir qu'on pouvoit en soupçonner la génération de fausseté. Quoi qu'il en soit, M. Tsehirnhausen la proposoit avec tant de confiance, qu'il l'envoya aux actes de Leipsic, mais sans démonstration. M. de la Hire a fait voir depuis dans son traité des Epicycloïdes, que M. Tschirnhausen s'étoit effectivement trompé dans la description de cette caustique. On trouve dans l'Analyse des infiniment petits de M. le marquis de l'Hopital, une méthode pour déterminer les caustiques de réflexion & de refraction d'une courbe quelconque, avec les propriétés générales de ces sortes de courbes, que le calcul des infiniment petits rend très - aisées à découvrir & à entendre.

Le mot caustique vient du Grec *XAI/W, je brûle; parce que les rayons étant ramassés sur la caustique en plus grande quantité qu'ailleurs, peuvent y brûler, si la caustique est d'une fort petite étendue. Dans les miroirs paraboliques, la caustique des rayons paralleles à l'axe est un point, qu'on nomme le foyer de la parabole.

Dans les miroirs sphériques d'une étendue de 20 à 30 degrés, la caustique des rayons paralleles à l'axe est d'une très - petite étendue, ce qui rend les miroirs sphériques & paraboliques capables de brûler. Voyez Ardent, Parabole, Foyer , &c.

Si plusieurs rayons partent d'un point, & tombent sur une surface plane, les rayons réfléchis prolongés se réuniront en un point; & pour trouver ce point, il n'y a qu'à mener du point d'où les rayons partent une perpendiculaire à la surface plane, prolonger cette perpendiculaire jusqu'à ce que la partie prolongée lui soit égale, & le point cherché sera à l'extrémité de cette partie prolongée. Voyez Miroir.

Cette proposition peut faire naître sur les caustiques une difficulté capable d'arrêter les commençans, & qu'il est bon de lever ici. On sait que dans la Géométrie des infiniment petits, une portion de courbe infiniment petite est regardée comme une ligne droite, dont la tangente est le prolongement. Supposons donc un petit côté de courbe prolongé en tangente, & imaginons deux rayons infiniment proches, qui tombent sur ce petit côté; il semble, d'après ce que nous venons de dire, que pour trouver le point de concours des rayons réflechis, il suffise de mener du point d'où les rayons partent, une perpendiculaire à cette tangente, & de prolonger cette perpendiculaire d'une quantité égale. Cependant le calcul & la méthode de M. de l'Hopital font voir que l'extrémité de cette perpendiculaire n'est pas un point de la caustique. Comment donc accorder tout cela? le voici. En considérant la petite portion de courbe comme une ligne droite, il faudroit que les perpendiculaires à la courbe, tirées aux deux extrémités du petit côté, fussent exactement paralleles, comme elles le seroient si la surface totale au lieu d'être courbe étoit droite; or cela n'est pas: les perpendiculaires concourent à une certaine distance, & forment par leur concours ce qu'on appelle le rayon de la développle. Voyez Développée. Ainsi il faut avoir égard à la position de ces perpendiculaires concourantes pour déterminer la position des rayons réflechis, & par conséquent leur point de concours, qui est tout autre que si la surface étoit droite. En considérant une courbe comme un polygone, les perpendiculaires à la courbe ne doivent pas être les perpendiculaires aux côtés de la courbe; ce sont les lignes qui divisent en deux également l'angle infiniment obtus que forment les petits côtés; autrement au point de concours de deux petits côtés il y auroit deux perpendiculaires, une pour chaque côté. Or cela ne se peut, puisqu'à chaque point d'une courbe il n'y a qu'une perpendiculaire possible. Les rayons incidens & réflechis doivent faire avec la perpendiculaire des angles égaux. D'après cette remarque sur les perpendiculaires, on peut déterminer les caustiques en regardant les courbes comme polygones; & on ne trouvera plus aucune absurdité ni contradiction apparente entre les principes de la Géométrie de l'infini. V. Différentiel, Infini, &c. (O)

CAUTE (Page 2:792)

CAUTE, (Géog.) riviere considérable de l'Amérique, dans l'île de Cuba, où il se trouve beaucoup de crocodiles.

CAUTELE (Page 2:792)

CAUTELE, s. f. dans quelques anciens Jurisconsultes, est synonyme à ruse ou finesse: mais il est vieilli en ce sens; on ne l'employe plus qu'en Droit canonique, où il est synonyme à précaution; c'est en ce sens qu'on dit une absolution à cautele, pour signifier une absolution provisoire qu'on donne à un prêtre appellant d'une sentence qui l'excommunie ou l'interdit, afin qu'il lui soit permis d'ester en jugement pour la poursuite de l'appel; encore conserve - t - on souvent l'expression Latine ad cantelam, sans la franciser: & l'on dit une absolution ad cautelam. (H)

CAUTEN (Page 2:792)

CAUTEN, (Géog.) cap & riviere de l'Amérique méridionale.

CAUTERE (Page 2:792)

CAUTERE, s. m. (Chirurgie.) médicament qui brûle, mange ou corrode quelque partie solide du corps.

Ce mot vient du grec KAUTH\R, ou KAUTH/RION, qui signifie la même chose, & est dérivé du verbe KAIW, brûler.

Il y en a de deux sortes; le cautere actuel, & le cautere potentiel.

Le cautere actuel est celui qui produit son effet en [p. 793] un moment, comme le feu, ou un fer rougi au seu; on se servoit anciennement de cette espece de cauteres dans la fistule lacrymale, après l'extirpation du cancer, l'amputation d'une jambe, ou d'un bras, &c. pour arrêter l'hémorrhagie, & produire une suppuration loüable. On en applique encore quelquefois sur des os cariés, sur des abscès & des ulceres malins.

Les cauteres actuels sont des instrumens composés d'une tige de fer dont l'extrémité postérieure est une mitte, du milieu de laquelle s'éleve une soie tournée en vis, afin qu'un même manche de bois garni d'un écrou puisse servir à monter des cauteres de différente figure. Il y en a qui, par leur partie antérieure, forment un bouton sphérique; d'autres l'ont olivaire, les uns se terminent par une plaque quarrée, &c. Voyez les figures 5, 6, 7, 8, 9, 10 & 11, Pl. XVII. On peut changer les cauteres, & leur faire donner telle configuration qu'on voudra, selon le besoin qu'on en aura, afin de les rendre conformes aux endroits ou on doit les appliquer. Voyez Cautérisation.

M. Homberg dit que la medecine des habitans de Java, & de la plûpart des autres peuples Orientaux, consiste en grande partie à brûler les chairs, ou à y appliquer des cauteres actuels; & qu'il y a peu de maladies que ces différens peuples ne guérissent par cette méthode.

Le cautere potentiel est une composition de remedes caustiques, où entrent ordinairement de la chaux vive, du savon & de la suie de cheminée. Voyez Caustique. On s'en sert pour l'ouverture des abcès. Voyez Abcès.

Ambroise Paré enseigne la composition d'un caustique qu'il nomme cautere de velours, ainsi appellé parce que ce remede ne cause point de douleur, ou parce qu'il avoit acheté le secret fort cher d'un Chimiste. L'auteur dit: . . . « à iceux je donnerai le nom de cauteres de volours à raison qu'ils ne font douleur, principalement lorsqu'ils seront appliqués sur les parties exemptes d'inflammation & de douleur, & aussi parce que je les ai recouvrés par du velours ». cautere est aussi un ulcere qu'on procure exprès dans quelque partie saine du corps pour servir d'égoût aux mauvaises humeurs. Voyez Fonticule & Séton.

Les cauteres se font communément à la nuque, entre la premiere & la seconde vertebre du cou; à la partie superieure du bras, dans une petite cavité qui se forme entre le muscle deltoide & le biceps; & à la partie interne du genou, un peu au - dessous de l'attache des fléchisseurs de la jambe.

Pour bien appliquer un cautere, on commence par faire un emplâtre rond de la grandeur d'un écu, & troué par le milieu; il doit être fort emplastique afin qu'il s'attache fortement à la peau, pour empêcher que l'escarre ne fasse plus de progrès qu'on ne le desire. On met cet emplâtre sur l'endroit destiné au cautere; on applique une pierre à cautere sur la peau qui est découverte au centre de l'emplâtre; on la recouvre d'une autre emplâtre plus grand que celui qui est percé; on applique ensuite une compresse & un bandage circulaire qu'on serre un peu afin que l'appareil ne change pas de place.

Il faut que le Chirurgien connoisse l'activité du caustique dont il se sert, pour ne le laisser qu'un tems suffisant pour faire escarre à la peau; on pense l'escarre, on en procure la chûte par l'usage des remedes suppuratifs, & on entretient ensuite la suppuration de l'ulcere, en tenant un pois dedans, qu'on a soin de renouveller tous les jours.

Les cauteres sont d'une grande utilité dans nombre de maladies. Il y en a même plusieurs qu'on ne sauroit guérir sans cautere lorsqu'elles sont enracinées ou obstinées: telles sont l'ophthalmie, les anciens maux de tête, les fluxions fréquentés, les ulceres invétérés, &c. Voyez Séton. (Y)

CAUTÉRISATION (Page 2:793)

CAUTÉRISATION, s. f. terme de Chirurgie, application d'un fer rougi au feu, sur les parties du corps. On appelle cauteres actuels les instrumens qui y servent. Voyez Cautere.

L'usage des cauteres actuels est de consumer la carie des os, d'empêcher la vermoulure que cette maladie peut occasionner en faisant des progrès. L'application des cauteres, en desséchant l'humidité ou la sanie qui exude des os cariés, procure l'exfoliation, & fait obtenir une guérison solide de l'ulcere, par une bonne cicatrice. Voyez Exfoliation.

Pour faire l'application des cauteres actuels, on fait rougir leur extrémité antérieure dans un feu ardent. Pour garantir les levres de la plaie de l'action du feu, quelques auteurs conseillent de les cacher avec deux petites plaques de fer fort mince qu'on fait tenir par deux serviteurs. Je crois qu'on doit préférer la méthode que décrit M. Petit dans son Traité des maladies des os, à l'article de la carie. Il conseille de garnir les chairs voisines de la carie avec des linges mouillés pour les garantir du feu. Il faut que ces linges soient bien exprimés, parce que l'eau qui en découleroit, refroidiroit les cauteres, qui doivent être le plus rouges qu'on pourra, afin qu'ils puissent brûler, quoiqu'on les applique légerement.

Lorsqu'on a cautérisé tout ce qu'on se proposoit, ce qu'il est expédient de faire quelquefois à plusieurs reprises; on panse la carie avec la charpie séche. Si le malade sentoit beaucoup de chaleur, on imbiberoit la charpie d'esprit - de - vin: le reste de l'ulcere se panse à l'ordinaire.

La carie profonde demande une application plus forte des cauteres, qu'une carie superficielle; parcé que pour en tirer le fruit qu'on en attend, il faut brûler jusqu'aux parties saines, afin de dessécher & tarir les vaisseaux d'où viennent les sérosités rongeantes. Voyez Carie.

Les anciens cautérisoient les parties molles pour les fortifier ou pour procurer un égoût aux matieres impures de la masse du sang: mais l'horreur que fait cette opération l'a fait rejetter depuis long - tems. V. Cautere & Séton. (Y)

CAUTION (Page 2:793)

CAUTION, s. f. en Droit, sûreté que l'on donne pour l'exécution de quelque engagement: en ce sens il est synonyme à cautionnement. Voyez Cautionnement.

Caution signifie aussi la personne même qui cautionne; & en ce second sens, il est synonyme à pleige, qui est moins usité. Voyez Pleige.

Par l'ancien droit Romain, le créancier pouvoit s'adresser directement à la caution, & lui faire payer le total de la dette, sans être obligé à faire aucunes poursuites contre le débiteur; & s'il y avoit plusieurs cautions, elles étoient toutes obligées solidairement. Mais l'empereur Adrien leur accorda premierement le bénéfice de division, & dans la suite Justinien leur accorda celui d'ordre ou de discussion. Voyez Division & Discussion.

La caution ne peut pas être obligée à plus que le principal obligé ou débiteur: mais elle peut être obligée plus étroitement; ainsi l'obligation de la caution subsiste, quoique celle du principal obligé mineur soit éteinte par la restitution en entier. De même la caution peut hypothéquer ses immeubles, quoique le débiteur n'ait pas obligé les siens.

Les cautions entr'elles, n'ont aucune action l'une contre l'autre; de sorte que s'il y avoit plusieurs cautions, & que l'une en conséquence de l'insolvabilité du débiteur paye le tout, la caution qui a été obligéé de payer n'a aucun recours contre les autres, si elle n'a pas eu la précaution d'obliger le créancier à lui céder ses droits, ce que les cautions n'ont pas

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