ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"790"> tions qui s'en dérivent, comme la traction. Voyez ces deux mots. En effet, lorsqu'un corps en pousse un autre, cela vient de ce que l'un & l'autre corps sont impénétrables; il en est de même lorsqu'un corps en tire un autre: car la traction, comme celle d'un cheval attaché à une voiture, n'est proprement qu'une impulsion. Le cheval pousse la courroie attachée à son poitrail; & cette courroie étant attachée au char, le char doit suivre.

On peut donc regarder l'impénétrabilité des corps, comme une des causes principales des effets que nous observons dans la nature; mais il est d'autres effets dont nous ne voyons pas aussi clairement que l'impénétrabilité soit la cause: parce que nous ne pouvons démontrer par quelle impulsion méchanique ces effets sont produits; & que toutes les explications qu'on en a données par l'impulsion, sont contraires aux lois de la méchanique, ou démenties par les phénomenes. Tels sont la pesanteur des corps, la force qui retient les planetes dans leurs orbites, &c. Voy. Pesanteur, Gravitation, Attraction , &c.

C'est pourquoi, si on ne veut pas décider absolument que ces phénomenes ayent une autre cause que l'impulsion, il faut au moins se garder de croire & de soûtenir qu'ils ayent l'impulsion pour cause; il est donc nécessaire de reconnoître une classe d'effets, & par conséquent de causes dans lesquelles l'impulsion ou n'agit point, ou ne se manifeste pas.

Les causes de la premiere espece, savoir celles qui viennent de l'impulsion, ont des lois très - connues; & c'est sur ces lois que sont fondées celles de la percussion, celles de la dynamique, &c. Voyez ces mots.

Il n'en est pas de même des causes de la seconde espece. Nous ne les connoissons pas; nous ne savons donc ce qu'elles sont que par leurs effets: leur effet seul nous est connu, & la loi de cet effet ne peut être donnée que par l'expérience, puisqu'elle ne sauroit l'être à priori, la cause étant inconnue. Nous voyons l'effet, nous concluons qu'il a une cause: mais voilà jusqu'où il nous est permis d'aller. C'est ainsi qu'on a découvert par l'expérience la loi que suivent les corps pesans dans leur chûte, sans connoître la cause de la pesanteur.

C'est un principe communément reçû en Méchanique, & très - usité, que les effets sont proportionnels à leurs causes. Ce principe pourtant n'est guere plus utile & plus fécond que les axiomes. Voy. Axiome. En effet je voudrois bien savoir de quel avantage il peut être.

1°. S'il s'agit des causes de la seconde espece, qui ne sont connues que par leurs effets, il ne peut jamais servir de rien. Car si on ne connoît pas l'effet, on ne connoîtra rien du tout; & si on connoît l'effet, on n'a plus besoin du principe; puisque deux effets différens étant donnés, on n'a qu'à les comparer immédiatement sans s'embarrasser s'ils sont proportionnés ou non à leurs causes.

2°. S'il s'agit des causes de la premiere espece, c'est - à - dire des causes qui viennent de l'impulsion, ces causes ne peuvent jamais être autre chose qu'un corps qui est en mouvement, & qui en pousse un autre. Or, non - seulement on a les lois de l'impulsion & de la percussion indépendamment de ce principe: mais il seroit même possible, si on s'en servoit, de tomber dans l'erreur. Je l'ai fait voir, article 119 de mon traité de dynamique, & je vais le répéter ici en peu de mots.

Soit un corps M qui choque avec la vîtesse u un autre corps en repos m; il est démontré (voyez Percussion) que la vîtesse ommune aux deux corps après le choc sera . Voilà, si l'on veut, l'effet; la cause est dans la masse M; animée de la vîtesse u. Mais quelle fonction de M & de u prendra - t - on pour exprimer cette canse? sera - ce M u, ou M u u, ou M2 u, ou M u3, &c. & ainsi à l'infini? D'ailleurs, laquelle de ces fonctions qu'on prenne pour exprimer la cause, la vîtesse produite dans le corps m variera à mesure que m variera, & ne sera point par conséquent proportionnelle à la cause, puisque M & u restant constans, la cause reste la même. On dira peut - être que je ne prends ici qu'une partie de l'effet, savoir la vîtesse produite dans le corps m, & que l'effet total est , c'est - à - dire la somme des deux quantités de mouvement, laquelle est égale & proportionnelle à la cause M u. A la bonne - heure. Mais l'effet total dont il s'agit, est composé de deux quantités de mouvement, qu'il faut que je connoisse séparément; & comment les connoîtrai - je avec ce principe, que l'effet est proportionnel à sa cause? Il faudroit donc diviser la cause en deux parties pour chacun de deux effets partiels: comment se tirer de cet embarras?

Il seroit à souhaiter que les Méchaniciens reconnussent enfin bien distinctement que nous ne connoissons rien dans le mouvement que le mouvement même, c'est - à - dire l'espace parcouru & le tems employé à le parcourir, & que les causes métaphysiques nous sont inconnues; que ce que nous appellons causes, même de la premiere espece, n'est tel qu'improprement; ce sont des effets desquels il résulte d'autres effets. Un corps en pousse un autre, c'est - à - dire ce corps est en mouvement, il en rencontre un autre, il doit nécessairement arriver du changement à cette occasion dans l'état des deux corps, à cause de leur impénétrabilité; l'on détermine les lois de ce changement par des principes certains, & l'on regarde en conséquence le corps choquant comme la cause du mouvement du corps choqué. Mais cette façon de parler est impropre. La cause métaphysique, la vraie cause nous est inconnue. Voyez Impulsion.

D'ailleurs quand on dit que les effets sont proportionnels à leurs causes, ou on n'a point d'idée claire de ce qu'on dit, ou on veut dire que deux causes, par exemple, sont entr'elles comme leurs effets. Or, si ce sont deux causes métaphysiques dont on veut parler, comment peut - on avancer une telle assertion? Les effets peuvent se comparer, parce qu'on peut trouver qu'un espace est double ou triple, &c. d'un autre parcouru dans le même tems: mais peut - on dire qu'une cause métaphysique, c'est - à - dire qui n'est pas elle - même un effet matériel, & pour ainsi dire palpable, soit double d'une autre cause métaphysique. C'est comme si on disoit, qu'une sensation est double d'une autre; que le blanc est double du rouge, &c. Je vois deux objets dont l'un est double de l'autre: peut - on dire que mes deux sensations sont proportionnelles à leurs objets?

Un autre inconvénient du principe dont il s'agit, c'est le grand nombre de paralogismes dans lequel il peut entraîner, lorsqu'on sait mal démêler les causes qui se compliquent quelquefois plusieurs ensemble, pour produire un effet qui paroît unique. Rien n'est si commun que cette mauvaise maniere de raisonner. Concluons donc que le principe dont nous parlons est inutile, & même dangereux. Il y a beaucoup d'apparence que si on ne s'étoit jamais avisé de dire que les effets sont proportionnels à leurs causes, on n'eût jamais disputé sur les forces vives. Voy. Force. Car tout le monde convient des effets. Que n'en restoit - on là? Mais on a voulu subtiliser, & on a tout brouillé au lieu d'éclaircir tout. (O)

Cause procatarctique (Page 2:790)

Cause procatarctique, en Medecine, signifie la cause ou l'occasion originale, primitive, ou préexistante d'un effet.

Ce mot vient du Grec, KROKATARKIKO\S2, qui est formé du verbe W=ROKATA/RXW, je préexiste, je vais devant.

Telle est, par exemple, une maladie qui s'unit & [p. 791] coopere avec quelque autre maladie dont elle est suivie. Ainsi lorsque la colere ou la chaleur du climat dans lequel on vit, donne aux humeurs une disposition qui produit la sievre, cette disposition est la cause immédiate de la fievre; & la colere ou la chaleur en est la cause procatarctique.

Cause continente (Page 2:791)

Cause continente, en Medecine, se dit de celle dont la maladie dépend si immédiatement, qu'elle ne sauroit cesser tant qu'elle subsiste. Voyez Maladie.

Une cause continente de la suppression d'urine, est le calcul qui se trouve dans la vessie. Voy. Calcul.

Fievre continente ou continüe, est celle dont la crise se fait sans intermission ou rémission. V. Fievre. (N)

Cause (Page 2:791)

Cause, en terme de Pratique, est la contestation qui fait l'objet d'un plaidoyer; & quelquefois le plaidoyer même. On dit plûtôt procès, quand il s'agit d'une affaire qui s'instruit par écritures.

On appelle causes d'appel, les moyens que l'appellant entend alléguer pour soûtenir la légitimité de son appel. (H)

Causes majeures (Page 2:791)

Causes majeures, dans la discipline ecclésiastique, sont toutes les questions importantes qui concernent soit le dogme, soit la discipline, & particulierement les actions intentées contre les évêques, dans des cas où il peut y avoir lieu à la déposition.

Suivant l'ancien droit, ces causes étoient jugées dans le concile de la province, du jugement duquel le septieme canon du concile de Sardique, tenu en 347, permet d'appeller au pape, pour examiner de nouveau l'affaire: mais il en réserve toûjours le jugement aux évêques de la province voisine.

Suivant le droit nouveau, c'est - à - dire l'introduction des Decrétales, comprises dans le recueil d'Isidore, c'est - à - dire depuis le ix. siecle, le concile de la province peut bien instruire & examiner le procès: mais la décision doit être réservée au saint siége. Toutes les causes majeures depuis ce tems ont été censées appartenir au pape seul en premiere instance: & voici ce que les canonistes lui attribuent. Déclarer les articles de foi: convoquer le concile général: approuver les conciles, & les écrits des autres docteurs: diviser & unir les évêchés, ou en transfére: le siége: exempter les évêques & les abbés de la jurisdiction de leurs ordinaires: transférer les évêques: les déposer, les rétablir: juger souverainement, ensorte qu'il n'y ait point d'appel de ses jugemens.

Voilà ce qu'on entend communément par causes majeures. La pragmatique - sanction a reconnu que les causes majeures, dont l'énumération expresse se trouve dans le droit, doivent être portées immédiatement au saint - siége; & qu'il y a des personnes dont la déposition appartient au pape: ensorte que s'ils sont trouvés mériter cette peine, ils doivent lui être renvoyés avec leur procès instruit.

Le concile de Trente, sess. XXIV. c. v. ordonne que les causes criminelles contre les évêques, si elles sont assez graves pour mériter déposition ou privation, ne seront examinées & terminées que par le pape; que s'il est nécessaire de les commettre hors de la cour de Rome, ce sera aux évêques ou au métropolitain que le pape choisira par commission spéciale signée de sa main; qu'il ne leur commettra que la seule connoissance du fait, & qu'ils seront obligés d'en envoyer l'instruction au pape, à qui le jugement définitif est réservé. On laisse au concile provincial les moindres causes.

Mais l'église Gallicane a conservé l'ancien droit, suivant lequel les évêques ne doivent être jugés que par les évêques de la province assemblés en concile, en y appellant ceux des provinces voisines jusqu'au nombre de douze, sauf l'appel au pape suivant le concile de Sardique. C'est ce que le clergé de France a arrêté, tant par sa protestation faite dans le tems contre le decret du concile de Trente, que par celle qu'il sit en 1650, au sujet de ce qui s'étoit passé d'irrégulier & de contraire à ses droits dans l'instruction du procès de l'évêque de Léon, en 1632. Fleury, Instit. au Droit ecclés. tom. II. Part. III. ch. xviij. pag. 169. & suiv. (G)

CAUSSADE (Page 2:791)

CAUSSADE, (Géog.) petite ville de France dans le bas Quercy, pres de l'Aveyrou.

CAUSTIQUE (Page 2:791)

CAUSTIQUE, adj. pris subst. (Chimie.) Ce nom a été donné a certains dissolvans, dont on a évaluê l'action par leur effet sur le corps animal, qu'ils assectent à peu - près de la même façon que le feu, ou les corps actuellement ignés ou brûlans. Cette action est une vraie dissolution (Voyez Menstrue); car les caustiques proprement dits, sont de vrais dissolvans des substances animales. Les alkalis fixes, sur - tout animés par la chaux (Voyez Pierre à cautere), les alkalis volatils, la chaux vive, attaquent ces substances très - efficacement, & se combinent avec elles. Les acides minéraux concentrés, & les sels métalliques surchargés d'acide (comme le sublimé corrosif, le beurre d'antimoine, le vitriol, les crystaux de lune, &c.) les attaquent & les décomposent. Voyez Lymphe.

Quelques sucs résineux, comme ceux de quelques convolvulus, du toxicodendron, des tithymales, & quelques baumes très - visqueux, comme la poix de Bourgogne, les huiles essentielles vives, ne sont pas des caustiques proprement dits. Ces substances n'agissent sur l'animal vivant que par irritation; elles peuvent enflammer les parties, les mortifier même assez rapidement: mais c'est comme sensibles que ces parties sont alors affectées, & non pas comme solubles.

C'est appliquer un cautere sur une jambe de bois, dit - on communément pour exprimer l'inutilité d'un secours dont on essaye. Un medecin diroit tout aussi volontiers, & plus savamment, sur la jambe d'un cadavre, puisque la bonne doctrine sur l'action des remedes est fondée sur le jeu des parties, sur leur mobilité, leur sensibilité, leur vie; les remedes n'opéreroient rien sur le cadavre, disent la plûpart des auteurs de matiere médicale. Ces auteurs ont raison pour plusieurs remedes; pour la plûpart même: mais ils se trompent pour les vrais caustiques. On feroit aussi - bien une escarre sur un cadavre que sur un corps vivant.

L'opération par laquelle on prépare ou tane les cuirs, n'est autre chose que l'application d'un caustique léger à une partie morte, dont il dissout & enleve les sucs lymphatiques, les humeurs, en épargnant les fibres ou parties solides; mais qui détruiroit ces solides même à la longue, ou si on augmentoit la dose, ou l'intensité du dissolvant.

La préparation des mumies d'Egypte ne différoit de celle de nos cuirs, que par le dissolvant que les embaumeurs Egyptiens employoient. Nos Taneurs se servent de la chaux; c'étoit le natron qui étoit en usage chez les Egyptiens. Voyez l'extrait du Mémoire de M. Rouelle sur les mumies, lû à l'assemblée publique de l'Académie des Sciences du mois de Novembre 1750. dans le Mercure de Janvier 1751. [Cet article est de M. Venel.]

L'usage des caustiques, en Medecine, est de manger les chairs fongneuses & baveuses; ils penétrent même dans les corps durs & calleux, fondent les humeurs, & sont d'un usage particulier dans les abscès & les apostumes, pour consumer la matiere qui est en suppuration, & y donner une issue; & servent aussi quelquefois à faire une ouverture aux parties, dans les cas ou l'incision seroit difficile à pratiquer ou dangereuse.

Les principaux médicamens de cette classe sont l'alun brûlé, l'éponge, les cantharides & autres vésicatoires, l'orpiment, la chaux - vive, le vitriol, les

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.