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Ce système, dit - on, n'est nullement philosophique, parce qu'il remonte droit à la premiere cause; & que sans apporter de raisons naturelles des phénomenes qui nous embarrassent, il donne d'abord la volonté de Dieu pour tout dénouement. Autant nous en apprendra, dit - on, l'homme le plus ignorant, s'il est consulté; car qui ne sait que la volonté divine est la premiere cause de tout? Mais c'est une cause universelle: or ce n'est pas de cette cause qu'il s'agit. On demande d'un philosophe qu'il assigne la cause particuliere de chaque effet. Jamais objection ne fut plus méprisable. Voulez - vous, disoit le P. Malebranche, qu'un philosophe trouve des causes qui ne sont point? Le vrai usage de la Philosophie, c'est de nous conduire à Dieu, & de nous montrer par les effets mêmes de la nature, la nécessité d'une premiere cause. Quand les effets sont subordonnés les uns aux autres, & soûmis à certaines lois, la tâche du philosophe est de découvrir ces lois, & de remonter par degrés au premier principe, en suivant la chaîne des causes secondes. Il n'y a point de progrès de causes à l'infini; & c'est ce qui prouve l'existence d'un Dieu, la plus importante & la premiere des vérités. La différence du paysan au philosophe, qui tous deux sont également convaincus que la volonté de Dieu fait tout, c'est que le philosophe voit pourquoi elle fait tout, ce que le paysan ne voit pas; c'est qu'il sait discerner les effets dont cette volonté est cause immédiate, d'avec les effets qu'elle produit par l'intervention des causes secondes, & des lois générales auxquelles ces causes secondes sont soûmises.
On fait une seconde objection plus considérable que la premiere: c'est, dit - on, réduire l'action de la divinité à un pur jeu tout - à - fait indigne d'elle, que d'établir des causes occasionnelles. Ces causes seront en même tems l'effet & la regle de l'opération divine; l'action qui les produit leur sera soûmise. Tant que cette objection roulera sur les lois qui reglent la communication des mouvemens entre les différentes par<cb->
Outre les causes physiques, morales, & instrumentalee, on en distingue encore de plusieurs sortes; savoir, la cause matérielle, la cause formelle, la cause exemplaire, la cause finale. La cause matérielle est le sujet sur lequel l'agent travaille, ou ce dont la chose est formée; le marbre, par exemple, est la cause matérielle d'une statue. La cause formelle, c'est ce qui détermine une chose à être ce qu'elle est, & qui la dis<pb-> [p. 789]
Causes finales (Page 2:789)
Ce mot a été fort en usage dans la Philosophie ancienne, où l'on rendoit raison de plusieurs phénomenes, tant bien que mal, par des principes métaphysiques aussi tant bons que mauvais. Par exemple on disoit: l'eau monte dans les pompes, parce que la matiere a horreur du vuide; voilà le principe métaphysique absurde par lequel on expliquoit ce phénomene. Aussi le chancelier Bacon, ce génie sublime, ne paroît pas faire grand cas de l'usage des causes finales dans la Physique. Causarum finalium, dit - il, investigatio sterilis est, & tanquam virgo Deo consecrata, nil parit. De augm. scient. lib. III. c. v. Quand ce grand génie parloit ainsi, il avoit sans doute en vûe le principe des causes finales, employé même d'une maniere plus raisonnable que ne l'employoient les scholastiques. Car l'horreur du vuide, par exemple, est un principe plus que stérile, puisqu'il est absurde. Bacon avoit bien senti que nous voyons la nature trop en petit pour pouvoir nous mettre à la place de son auteur; que nous ne voyons. que quelques effets qui tiennent à d'autres, & dont nous n'appercevons pas la chaîne; que la fin du Créateur doit presque toûjours nous échapper, & que c'est s'exposer à bien des erreurs que de vouloir la démêler, & sur - tout expliquer par là les phénomenes. Descartes a suivi la même route que Bacon, & sa philosophie a proscrit les causes f>ales avec la scholastique. Cependant un grand philosophe moderne, M. Leibnitz, a essayé de ressuseiter les causes finales, dans un écrit imprimé, Act. erud. 1682, sous le titre de Unicum Opticoe, Catoptricoe, & Dioptricoe principium. Dans cet ouvrage M. Leibnitz se déclare hautement pour cette maniere de philosopher, & il en donne un essai en déterminant les lois que suit la lumicre.
La nature, dit - il, agit toûjours par les voies les
plus simples & les plus courtes; c'est pour cela qu'un
rayon de lumiere dans un même milieu va toûjours
en ligne droite tant qu'il ne rencontre point d'obstacle: s'il rencontre une surfaco solide, il doit se refléchir
de maniere que les angles d'incidence & de
reflexion soient égaux; parce que le rayon obligé
de se refléchir, va dans ce cas d'un point à un autre
par le chemin le plus court qu'il est possible. Cela
se trouve démontré partout. Voyez
M. de Fermat avant M. Leibnitz, s'étoit servi de ce même principe pour déterminer les lois de la réfraction; & il ne faudroit peut - être que ce que nous venons de dire, pour démontrer combien l'usage des causes finales est dangereux.
En effet, il est vrai que dans la réflexion sur les miroirs plans & convexes, le chemin du rayon est le plus court qu'il est possible: mais il n'en est pas de même dans les miroirs concaves; & il est aisé de démontrer que souvent ce chemin, au lieu d'être le plus court, est le plus long. J'avoüe que le pere Taquet, qui a adopté dans sa Catoptrique ce principe du plus court chemin, pour expliquer la réflexion, n'est pas embarrassé de la difficulté des miroirs concaves. Lorsque la nature, dit - il, ne peut pas prendre le chemin le plus court, elle prend le plus long; parce que le chemin le plus long est unique & déterminé, comme le chemin le plus court. On peut bien appliquer ici ce mot de Ciceron: Nihil tam absurdum excogitari potest, quod dicture non sit ab aliquo philosophorum.
Voilà donc le principe des causes finales en défaut
sur la reflexion. C'est bien pis sur la réfraction; car
en premier lieu, pourquoi dans le cas de la réflexion,
la nature suit - elle tout à la fois le plus court chemin
& le plus court tems; au lieu que dans la réfraction,
elle ne prend que le plus court tems, & laisse le plus
court chemin? On dira qu'il a fallu choisir; parce
que dans le cas de la réfraction, le plus court tems
& le plus court chemin ne peuvent s'accorder ensemble.
A la bonne heure: mais pourquoi préférer
le tems au chemin? En second lieu, suivant MM. Fermat & Leibnitz, les sinus sont en raison directe des
vîtesses, au lieu qu'ils doivent être en raison inverse.
Voyez
Mais s'il est dangereux de se servir des causes finales
à priori pour trouver les lois des phénomenes; il
peut être utile, & il est au moins curieux de faire
voir comment le principe des causes finales s'accorde
avec les lois des phénomenes, pourvû qu'on ait
commencé par déterminer ces lois d'après des principes
de méchanique clairs & incontestables. C'est
ce que M. de Maupertuis s'est proposé de faire à l'égard
de la réfraction en particulier, dans un mémoire
imprimé parmi ceux de l'académie des Sciences, 1744.
Nous en avons parlé au mot
Cause (Page 2:789)
C'est une loi générale de la nature, que tout corps
persiste dans son état de repos ou de mouvement,
jusqu'à ce qu'il survienne quelque cause qui change
cet état. Voyez
Nous ne connoissons que deux sortes de causes capables
de produire ou d'altérer le mouvement dans
les corps; les unes viennent de l'action mutuelle que
les corps exercent les uns sur les autres à raison de
leur impénétrabilité: telles sont l'impulsion & les ac<pb->
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