ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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CEPHALALGIE (Page 2:831)

CEPHALALGIE, s. f. (Medecine.) douleur de tête violente. Ce mot vient du Grec KEFKLH\, tête, & d'A)LGO\S2, douleur.

Cette espece de douleur a des causes différentes dans différens sujets: les diffections de personnes mortes à la suite de cette maladie, nous en indiquent deux principales; savoir, 1°. l'engorgement des vaisseaux des membranes qui servent d'enveloppes au cerveau, que l'on nomme la dure & la pie - mere; 2°. le dépôt d'une lymphe acre épanchée sur la substance même du cerveau, ou sur les parties nerveuses de la tête, qui y occasionnent une irritation & une douleur violente. Lorsque cette douleur est permanente & sans interruption, elle prend un autre nom, & on l'appelle céphalée: alors les symptomes sont bien plus violens; ce n'est plus, comme dans la céphalalgie, un mal léger, & qui n'occupe qu'une partie de la tête; il devient durable, & difficile à guérir; le malade a peine à supporter le moindre bruit; la lumiere lui devient insupportable; toutes les membranes & les parties nerveuses sont dans une tension si violente, que la douleur occupe toute la tête.

On peut encore diviser la céphalalgie en migraine, que les Latins ont appellée hemicrania, parce qu'il n'y a qu'un côté de la tête d'affecté; & en clou, clavus, état dans lequel le mal n'excede pas la largeur de la tête d'un clou, & où il semble à la personne malade que ce soit un clou qu'on lui ait planté dans quelque partie, mais sur - tout au sommet de la tête: cet accident arrive particulierement aux femmes hystériques. Voyez Passion hystérique.

Les causes éloignées de la céphalalgie sont, comme on le peut voir par les symptomes qui l'accompagnent, la trop grande abondance du sang, qui ne pouvant par cette raison circuler avec facilité dans les vaisseaux, s'arrête dans les capillaires du cerveau, distend & occasionne une sensation douloureuse dans toute l'étendue de la tête, ou dans certaines parties seulement.

Le sang qui abondera en sérosité acre, occasionnera aussi par l'irritation des parties nerveuses la céphalalgie: enfin tout ce qui peut altérer la lvmphe, comme la vérole, le scorbut, & autres maladies de cette espece, sont autant de causes de cet accident, qu'on vient à bout de détruire en corrigeant la cause: elle cedera donc aux remedes mercuriels, lorsqu'elle sera produite par la vérole, & aux antiscorbutiques, lorsque le scorbut y aura donné lieu.

L'excès dans le commerce des femmes, dans l'étude & le travail, dans les évacuations, soit par les saignées, les vomissemens, les purgations, sont autant de causes de la céphalalgie, qui est aussi produite assez souvent par un amas de crudités dans l'estomac, d'où provient un chyle de mauvaise qualité; par des sueurs trop abondantes; enfin par une trop grande transpiration, ou par la transpiration même supprimée tout - à - coup.

Le pronostic que l'on peut tirer de la céphalalgie, c'est qu'elle n'est jamais sans danger: si les membranes du cerveau sont le fiége de cette maladie, il y a lieu de craindre la frénésie; lorsqu'elle est occasionnée par un embatras dans les parties internes, qu'elle est accompagnée de tintemens d'oreille, de fievre, de perte d'appétit, & d'une pulsation violente dans les vaisseaux de la tête, elle dégénere facilement en manie, sur - tout dans les hypocondriaques: lorsque la céphalalgie est suivie de foiblesse dans les articulations, d'étourdissemens, d'embarras dans la langue & dans la prononciation, on doit la regarder comme l'avant - coureur de l'apoplexie & de la paralysie: enfin lorsque les jeunes gens sont sujets à la céphalalgie, ils sont menacés d'accès de goutte.

Il est aisé de voir par la différence des causes de la céphalalgie, qu'elle doit être traitée de diverses ma<pb-> [p. 832] nieres; les saignées doivent être employées dans certains cas; dans d'autres les délayans, les sudorifiques légers, enfin les émétiques; le tout dirigé par les conseils d'un medecin, qui connoissant la cause, y approprie le traitement, sur lequel il n'est point possible de donner de regles générales.

Une observation faite par Cowper sur une céphalalgie, prouvera la vérité de ce que j'avance. Ce savant medecin guérit un malade attaqué de céphalalgie, en perçant par l'alvéole d'une dent molaire le sinus maxillaire; cette opération procura l'évacuation d'une quantité de pus qui occasionnoit ce mal.

Drak rapporte deux faits semblables. Sans être medecin, on ne peut pas parvenir à la connoissance de causes aussi singulieres. (N)

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