ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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CELTES (Page 2:808)

CELTES (Philosophie des). Sous ce nom il faut comprendre non - feulement les philosophes Gaulois, mais encore tous ceux qui ont anciennement fleuri en Europe, soit dans les îles Britanniques, soit parmi les Germains & les Iberes, soit dans l'Italie. Burnet, dans ses Origines philosophiques, dit qu'il est fort vraissemblable que les Germains & les Bretons insulaires, ont eu des druides, moins savans peut - être, & moins respectés que ceux des Gaulois, mais au fond imbus de la même doctrine, & se servant de la même méthode pour la faire connoître.

L'histoire de la philosophie des Celtes ne nous offre rien de certain; & cette obscurité qui la couvre, n'a rien de surprenant; tant les tems où elle se cache sont éloignés de notre âge, & de celui même des anciens Romains. Nous ne trouvons rien, soit dans nos moeurs & nos usages, soit dans le témoignage des auteurs Latins, qui puisse fixer nos doutes sur ce qui regarde ces peuples. Ce qui pourroit nous procurer des connoissances certaines, & nous instruire de leur religion, ce seroit les écrits, ou autres monumens domestiques qu'ils nous auroient laissés: mais tout cela nous manque, soit que le tems les ait détruits entierement, soit qu'ils ayent voulu les dérober à ceux qui n'étoient pas initiés dans leurs mysteres, soit enfin, ce qui est le plus vraissemblable, qu'ils n'écrivissent point leurs dogmes, & qu'ils fussent dans l'usage de les transmettre par le canal de la tradition orale & vivante. Les fables qui défigurent leur histoire, & qui ont été compilées par Solin, Pline, Pomponius Mela, Aulu - gelle, Hérodote, & Strabon, montrent assez quel fond nous devons faire sur les écrivains, tant Grecs que Latins, qui se sont mêlés de l'écrire. César lui - même, vainqueur des Gaules, tout curieux observateur qu'il étoit des moeurs & des usages des nations qu'il avoit vaincues, ne nous dit que très - peu de chose des Celtes; & encore le peu qu'il en dit est - il noyé dans un amas de fables. D'ailleurs, ce qui a contribué beaucoup à répandre de l'obscurité sur cette histoire, c'est le mêlange de tous ces peuples, auxquels on donnoit le nom de Celtes, avec les différentes nations qu'ils étoient à portée de connoître; par - là s'introduisit nécessairement dans leurs moeurs, & dans leurs dogmes, une variété étonnante. Par exemple, du tems de César & de Tacite, les Gaulois différoient beaucoup des Germains, quoiqu'ils eussent une même origine. Les Germains étoient extrèmement grossiers en comparaison des Gaulois, qui, au rapport de Justin, avoient adouci leurs moeurs par le commerce des Grecs, qui étoient venus s'établir à Marseille, & avoient puisé chez eux quelque teinture de cette politesse qui leur étoit comme naturelle. Les Grecs & les Latins n'ont bien connu que les derniers tems de l'histoire des Celtes; & l'on peut dire que les premiers ont été pour eux couverts de nuages.

Quand nous parlons des Celtes, il ne faut pas se représenter des peuples polis à la maniere des Grecs, & des Romains, & cultivant avec le même soin les Arts & les Sciences. Cette nation étoit plus guerriere que savante, & plus exercée à chasser dans ses [p. 809] vastes forêts, qu'à disserter avec subtilité sur des questions métaphysiques. Ce qui caractérise principalement cette nation, c'est qu'elle avoit une excellente morale, & que par - là du moins, elle étoit préférable aux Grecs & aux Latins, dont le talent dangereux étoit d'obscurcir les choses les plus claires à force de subtilités. Son mépris pour les Sciences n'étoit pourtant pas si exclusif, qu'elle n'eût aussi des savans & des sages, qui étoient jaloux de répandre au loin leur Philosophie, quoique sous une forme différente de celle des Grecs & des Romains. Ces savans & ces sages s'appelloient druides, nom fameux dans l'antiquité, mais très - obscur quant à son origine. L'opinion la plus probable dérive ce nom du mot chêne; parce que, selon la tradition constante, les druides tenoient leurs assemblées dans un lieu planté de chênes, & qu'ils avoient beaucoup de vénération pour cette espece d'arbre qu'ils regardoient comme sacré. La conformité de leur doctrine avec celle des Mages & des Perses, des Chaldéens de Babylone, des Gymnosophistes des Indes, prouve qu'ils ont été en relation avec ces Philosophes.

On ne peut mieux connoître quelles étoient les fonctions, l'autorité, & la maniere d'enseigner des druides, que par ce qu'on en lit dans les commentaires de Jules César. « Les druides, nous dit ce général instruit, président aux choses divines, reglent les sacrifices tant publics que particuliers, interpretent les augures & les aruspices. Le concours des jeunes gens qui se rendent auprès d'eux pour s'instruire, est prodigieux; rien n'égale le respect qu'ils ont pour leurs maîtres. Ils se rendent arbitres dans presque toutes les affaires, soit publiques, soit privées; & si quelque meurtre a été commis, s'il s'éleve quelque dispute sur un héritage, sur les bornes des terres, ce sont eux qui reglent tout; ils décernent les peines & les récompenses. Ils interdisent les sacrifices, tant aux particuliers qu'aux personnes publiques, lorsqu'ils ont la témérité de s'élever contre leurs decrets: cette interdiction passe chez ces peuples pour une peine très - grave; ceux sur qui elle tombe sont mis au nombre des impies & des scélérats. Tout le monde les fuit & évite leur rencontre avec autant de soin que s'ils étoient des pestiférés. Tout accès aux honneurs leur est fermé, & ils sont dépouillés de tous les droits de citoyens. Tous les druides reconnoissent un chef, qui exerce sur eux une grande autorité. Si après sa mort il se trouve quelqu'un parmi eux qui ait un mérite éminent, il lui succede: mais s'il y a plusieurs contendans, c'est le suffrage des Druides qui décide de l'élection; il arrive même que les brigues sont quelquefois si violentes & si impétueuses, qu'on a recours à la voie des armes. Dans un certain tems de l'année, ils s'assemblent près des confins du pays Chartrain situé au milieu de la Gaule, dans un lieu consacré, où se rendent de toutes parts ceux qui sont en litige; & là leurs décisions sont écoutées avec respect. Les druides sont exempts d'aller à la guerre; de payer aucun tribut: en un mot ils joüissent de tous les droits du peuple sans partager avec lui les charges de l'état. Ce sont ces priviléges qui engagent un grand nombre de personnes à se mettre sous leur discipline, & les parens à y soûmettre leurs enfans. On dit qu'on charge leur mémoire d'un grand nombre de vers qu'ils sont obligés d'apprendre avant d'être incorporés au corps des druides: c'est ce qui fait que quelques - uns, avant que d'être initiés, demeurent vingt ans sous la discipline. Quoiqu'ils soient dans l'usage de se servir de l'écriture qu'ils ont apprise des Grecs, tant dans les affaires civiles que politiques, ils croiroient faire un grand crime s'il l'employoient dans les choses de religion ». On voit par ce long morceau que je viens de transcrire, que les druides avoient une grande influence dans toutes les délibérations de l'état; qu'ils avoient trouvé le moyen d'attirer à eux la plus grande partie du gouvernement, laissant au prince qui vivoit sous leur tutele, le seul droit de commander à la guerre. La tyrannie de ces prêtres ne pouvoit être que funeste à la puissance royale: car je suppose qu'un roi s'échappant de leur tutele, eût eu assez de force dans l'esprit pour gouverner par lui - même sans daigner les consulter, il est évident qu'ils pouvoient lui interdire les sacrifices, lancer contre lui l'anathème de la religion, soûlever l'esprit de leurs disciples aveuglément dociles à leurs leçons, & les menacer du courroux de leurs dieux, s'ils ne respectoient pas l'excommunication dont ils l'avoient frappé. Dans les druides je ne vois pas des philosophes, mais des imposteurs, qui uniquement occupés de leur intérêt, de leur gloire, & de leur réputation, travailloient à asservir leur imbécille nation sous le joug d'une honteuse ignorance. Si l'on en croit les anciens écrivains, ces prétendus philosophes étoient vêtus magnifiquement, & portoient des colliers d'or. Le luxe dans lequel ils vivoient faisoient tout leur mérite, & leur avoit acquis parmi les Gaulois une grande autorité.

Les druides étoient partagés en plusieurs classes: il y avoit parmi eux, selon Ammien Marcellin, les Bardes, les Eubages, & ceux qui retenoient proprement le nom de druides. Les Bardes s'occupoient à mettre en vers les grandes actions de leurs héros, & les chantoient sur des instrumens de musique. Les Eubages abysmés dans la contemplation de la nature, s'occupoient à en découvrir les secrets. Mais ceux qu'on appelloit druides par excellence, joignoient à l'étude de la nature la science de la morale, & l'art de gouverner les hommes. Ils avoient une double doctrine; l'une pour le peuple, & qui étoit par conséquent publique; l'autre pour ceux qu'ils instruisoient en particulier, & qui étoit secrette. Dans la premiere, ils exposoient au peuple ce qui concernoit les sacrifices, le culte de la religion, les augures, & toutes les especes de divinations: ils avoient soin de ne publier de leur doctrine que ce qui pouvoit exciter à la vertu, & fortifier contre la crainte de la mort. Pour la doctrine qu'ils enseignoient à ceux qu'ils initioient dans leurs mysteres, il n'est pas possible de la deviner: c'eût été la profaner que de la rendre intelligible à ceux qui n'avoient pas l'honneur d'être adeptes; & pour inspirer à leurs disciples je ne sai quelle horreur sacrée pour leurs dogmes, ce n'étoit pas dans les villes ni en pleine campagne qu'ils tenoient leurs assemblées savantes, mais dans le silence de la solitude, & dans l'endroit le plus caché de leurs sombres forêts: aussi leurs dogmes étoient - ils des mysteres impénétrables pour tous ceux qui n'y étoient pas admis. C'est ce que Lucain a exprimé d'une maniere si énergique par ces vers:

Solis nosse deos, & coeli numina vobis, Aut solis nescire datum: nemora alta remotis Incolitis lucis.

Après cela est - il surprenant que les Grecs & les Romains ayent avoüé leur ignorance profonde sur les dogmes cachés des druides? Le seul de ces dogmes qui ait transpiré, & qui ait percé les sombres voiles sous lesquels ils enveloppoient leur doctrine, c'est celui de l'immortalité de l'ame. On savoit bien en général que leurs instructions secrettes rouloient sur l'origine & la grandeur du monde, sur la nature des choses, sur l'immortalité & la puissance des dieux: mais ce qu'ils pensoient sur tous ces points, étoit absolument ignoré. En divulgant le dogme de l'immortalité des esprits, leur intention étoit, selon Pom<pb-> [p. 810] ponius Mela, d'animer le courage de leurs compatriotes, & de leur inspirer le mépris de la mort, quand il s'agiroit de remplir leur devoir.

Les Celtes étoient plongés dans l'idolatrie ainsi que les autres peuples de la terre. Les druides leurs prêtres, dont les idées sur la divinité étoient sans doute plus épurées que celles du peuple, les nourrissoient dans cette folle superstition. C'est un reproche qu'on peut faire à tous les législateurs. Au lieu de détromper le peuple sur cette multitude de dieux qui s'accorde si mal avëc la saine raison, ils s'appliquoient au contraire à fortifier cette erreur dans les esprits grossiers, prévenus de cette fausse maxime, qu'on ne peut introduire de changement dans la religion d'un pays, quand même ce seroit pour la réformer, qu'on n'y excite des séditions capables d'ébranler l'état jusque dans ses plus fermes fondemens. Les dieux qu'adoroient les Celtes étoient Theutates, Hesus, & Taranès. Si l'on en croit les Romains, c'étoit Mercure qu'ils adoroient sous le nom de Theutates, Mars sous celui d'Hesus, & Jupiter sous celui de Taranès. Ce sentiment est combattu par de savans modernes; les uns voulant que Theutates ait été la premiere divinité des Celtes; les autres attribuant cet honneur à Hesus, dans lequel cas Theutates ne seroit plus le Mercure des Romains, ni Hesus leur dieu Mars, puisque ni l'un ni l'autre n'a été chez les Romains la principale divinité. Quoi qu'il en soit de cette diversité d'opinions, qui par elles - mêmes n'intéressent guere, nous sommes assûrés par le témoignage de oute l'antiquité, que la barbare coûtume de teindre de sang humain les autels de ces trois dieux, s'étoit introduite de tout tems chez les Celtes, & que les druides étoient les prêtres qui égorgeoient en l'honneur de ces dieux infames des victimes humaines. Voici comme Lucain parle de ces sacrifices.

Quibus immitis placatur sanguine diro Theutates, horrensque feris altaribus Hesus, Et Taranis Scythicoe non mitior ara Dianoe.

S'il est permis de se livrer à des conjectures où la certitude manque, nous croyons pouvoir avancer que l'opinion de cette ame universelle qui se répand dans toutes les parties du monde & qui en est la divinité (opinion qui a infecté presque tout l'univers), avoit pénétré jusque chez les Gaulois. En effet, le culte qu'ils rendoient aux astres, aux arbres, aux pierres, aux fontaines, en un mot à toutes les parties de cet univers; l'opinion ridicule où ils étoient que les pierres même rendoient des oracles; le mépris & l'horreur qu'ils avoient pour les images & les statues des dieux: toutes ces choses réunies prouvent évidemment qu'ils regardoient le monde comme étant animé par la divinité dans toutes ses parties. C'est donc bien inutilement que quelques modernes ont voulu nous persuader, après se l'être persuadé à eux - mêmes, que les premiers Gaulois avoient une idée saine de la divinité; idée qui ne s'étoit altérée & corrompue que par leur commerce avec les autres nations. Après cela je ne vois pas surquoi tombe le reproche injurieux qu'on fait aux anciens Celtes d'avoir été des Athées: ils ont été bien plûtôt superstitieux qu'Athées. Si les Romains les ont regardés comme les ennemis des dieux, ce n'est que parce qu'ils refusoient d'adorer la divinité dans des statues fabriquées de la main des hommes. Ils n'avoient point des temples comme les Romains, parce qu'ils ne croyoient pas qu'on pût y renfermer la divinité. Tout l'univers étoit pour eux un temple, ou plûtôt la divinité se peignoit à eux dans tous les êtres qui le composent. Ce n'est pas qu'ils n'eussent des lieux affectés comme les bois les plus sombres & les plus reculés, pour y adorer d'une maniere particuliere la divinité. Ces lieux étoient propres à frapper d'une sainte horreur les peuples, qui se représentoient quelque chose de terrible, appellant Dieu ce qu'ils ne voyoient point, ce qu'ils ne pouvoient voir.

Tant aux foibles mortels, il est bon d'ignorer Les dieux qu'il leur faut craindre, & qu'il faut adorer.

Breboeuf. Ou comme le dit plus énergiquement l'original:

Tantùm terroribus addit, Quos timeant, non nosse deos.

Les Gaules ayant été subjuguées par les Romains qui vouloient tout envahir, & qui opprimoient au lieu de vaincre, ce fut une nécessité pour les peuples qui les habitoient, de se soûmettre à la religion de leurs vainqueurs. Ce n'est que depuis ce tems qu'on vit chez eux des temples & des autels consacrés aux dieux à l'imitation des Romains. Les druides perdirent insensiblement leur crédit: ils furent enfin tous abattus sous les regnes de Tibere & de Claude. Il y eut même un decret du sénat qui ordonnoit leur entiere abolition, soit parce qu'ils vouloient perpétuer parmi les peuples qui leur étoient soûmis l'usage cruel des victimes humaines, soit parce qu'ils ne cessoient de les exciter à conspirer contre les tyrans de Rome, à rentrer dans leurs priviléges injustement perdus, & à se choisir des rois de leur nation.

Les druides se rendirent sur - tout recommendables par la divination, soit chez les Gaulois, soit chez les Germains. Mais ce qu'il y a ici de remarquable, c'est que la divination étoit principalement affectée aux femmes: de là le respect extrème qu'on avoit pour elles; respect qui quelquefois alloit jusqu'à l'adoration; témoin l'exemple de Velleda & d'Aurinia qui furent mises au nombre des déesses, selon le rapport de Tacite.

C'est assez l'usage des anciens de ne parler de l'origine des choses qu'en les personifiant. Voilà pourquoi leur cosmogonie n'est autre chose qu'une théogonie. C'est aussi ce que nous voyons chez les anciens Celtes. A - travers les fables, dont ils ont défiguré la tradition qui leur étoit venue de la plus haute antiquité, il est aisé de reconnoître quelques traces de la création & du déluge de Moyse. Ils reconnoissoient un être qui existoit avant que rien de ce qui existe aujourd'hui eût été créé. Qu'il me soit permis de passer sous silence toutes les fables qui s'étoient mêlées à leur cosmogonie: elles ne sont par elles - mêmes ni assez curieuses, ni assez instructives pour mériter de trouver ici leur place. Il ne paroît pas que la métempsycose ait été une opinion universellement reçûe chez les druides. Si les uns faisoient ouler perpétuellement les ames d'un corps dans un autre, il y en avoit d'autres qui leur assignoient une demeure fixe parmi les manes; soit dans le tartare, où elles étoient précipitées lorsqu'elles s'étoient souillées par des parjures, des assassinats, & des adulteres; soit dans un séjour bienheureux, lorsqu'elles étoient exemptes de ces crimes. Ils n'avoient point imaginé d'autre supplice pour ceux qui étoient dans le tartare, que celui d'être plongés dans un fleuve dont les eaux étoient empoisonnées, & de renaître sans cesse pour être éternellement en proie aux cruelles morsures d'un serpent. Ils distinguoient deux séjours de félicité. Ceux qui n'avoient que bien vécu, c'est - à - dire ceux qui n'avoient été que justes & tempérans pendant cette vie, habitoient un palais plus brillant que le soleil, où ils nageoient dans un torrent de voluptés: mais ceux qui étoient morts généreusement les armes à la main pour défendre leur patrie, ceux - là avoient une place dans le valhalla avec Odin, auquel ils donnoient le nom d'Hésus, & qui étoit pour eux ce que le dieu Mars étoit pour les Latins. On diroit que Mahomet a imaginé son paradis d'après le valhalla des Celtes septentrionaux, tant il a de ressemblance avec lui. Solin, Mela, & d'autres auteurs rapportent que les nations hyperborées [p. 811] se précipitoient du haut d'un rocher pour éviter une honteuse captivité, & pour ne pas languir dans les infirmités de la vieillesse. Ceux qui se donnoient ainsi librement la mort, avoient une place distinguée dans le valhalla. De - là cette audace que les Celtes portoient dans les combats, cette ardeur qui les précipitoit dans les bataillons les plus épais, cette fermeté avec laquelle ils bravoient les plus grands dangers, ce mépris qu'ils avoient pour la mort. Nous finirons cet article, en remarquant que les Celtes ne s'étoient endurcis & accoûtumés à mener dans leurs forêts une vie si dure & si ennemie de tous les plaisirs, que parce qu'ils étoient intimement persuadés du dogme de l'immortalité des esprits. De - là naissoit en eux ce courage, que les Romains ont si souvent admiré dans ces peuples; ce mépris de la mort qui les rendoit si redoutables à leurs ennemis; cette passion qu'ils avoient pour la guerre, & qu'ils inspiroient à leurs enfans; cette chasteté, cette fidélité dans les mariages si recommandée parmi eux; cet éloignement qu'ils avoient pour le faste des habits & le luxe de la table: tant l'espoir d'une récompense dans une autre vie a de pouvoir sur l'esprit des hommes! Il est fâcheux qu'une nation aussi respectable par ses moeurs & par ses sentimens que l'étoit celle des Celtes, ait eu des druides pour ministres de sa religion. (X)

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