ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"816"> sent résister au feu le plus violent sans se vitrifier & sans entrer en fusion avec les matieres que le verre de plomb met dans cet état; l'on n'a rien trouvé qui répondît mieux à ce dessein, que les os des animaux calcinés; les meilleurs sont ceux de veau, de mouton, de boeuf, &c. aussi - bien que les arrêtes des poissons. Avant de les calciner, il est à propos de les faire bien bouillir, afin d'en séparer toute partie grasse & onctueuse; on les calcine ensuite à un feu découvert très - violent, & l'on fait durer la calcination pendant plusieurs heures, en prenant garde qu'il n'entre ni cendres ni charbons dans le creuset où sont les os que l'on veut calciner. La marque que l'opération est bien faite, c'est lorsque en cassant les os, l'on n'y remarque rien de noir. Quand ils sont à ce point, on les pile dans un mortier, & l'on verse par - dessus de l'eau chaude; on a soin de bien remuer le tout, afin que l'eau emporte toutes les parties sal nes qui pourroienr s'y trouver; l'on réitere plusieurs fois ces édulcorations; l'on fait ensuite sécher la poudre qui reste; on la réduit en une poudre très fine; on la passe par un tamis serré; on la rebroye de nouveau sur un porphyre, jusqu'à ce qu'elle devienne impalpable. M. Cramer prêfere aux os & aux arrêtes calcinés une espece de spath particulier qui, lorsqu'on l'a calciné dans un creuset fermé, devient mou & friable, & ne demande point de préparation ultérieure; mais toute sorte de spath n'est point propre à cet usage. Celui dont M. Cramer parle, est sans doute l'espece de spath que M. Pott appelle alkalin, pour le distinguer duspath fusible.

Lorsqu'on a besoin de beaucoup de coupelles, l'on a recours aux cendres des végétaux pour faire la cendrée: mais de peur que le sel dont ces cendres sont chargées ne fasse vitrifier les coupelles, l'on a soin de les préparer de la maniere suivante. On prend une cendre de bois, blanche, légere, & tendre; on la passe par un tamis, en versant de l'eau par - dessus pour en séparer la poussiere de charbon qui pourroit y être mêlée; sur la cendre qui a passé, l'on verse de l'eau chaude, on remue la cendre avec un bâton; on lui donne un peu de tems pour retomber au fond, & l'on décante cette premiere eau, qui est toûjours trouble; on reverse de nouvelle eau chaude sur la cendre, que l'on décante encore apres avoir remué & laissé retomber la cendre; on continue la même chose jusqu'à ce que l'eau ne contracte plus ni couleur ni goût. Quand les choses en sont à ce point, l'on verse de nouvelle eau sur les cendres, on la remue, & l'on décante l'eau toute trouble, en donnant cependant le tems au sable & aux parties terrestres qui y sont mêlées de retomber au fond: l'on fait la même chose tant qu'il reste des cendres dans le vaisseau où s'est faite l'édulcoration. Quand toute la cendre sera passée, on la laissera reposer & tomber au fond du nouveau vaisseau où on l'aura mise; l'on en décante l'eau, & la cendre qui restera sera dégagée de tout sel & de toute partie grasse, & invariable au feu. Pour la rendre encore meilleure, l'on en formera des boules que l'on fera calciner au fourneau; on la lave ensuite de nouveau, & pour lors elle devient d'une blancheur égale à celle des os calcinés. L'on mêle cette cendre, ainsi préparée, avec les os calcinés, pour en faire les coupelles. V. l'article Coupelle. ( - )

Cendrée (Page 2:816)

Cendrée, en terme de Fondeur de petit plomb, est la plus petite espece de plomb qui se fasse, c'est pour cela qu'on n'en fait qu'à l'eau. Voyez a l'art. Plomb, fonte de petit plomb.

CENDRIER (Page 2:816)

CENDRIER, s. m. (Chimie & Mètallurgie.) l'on nomme ainsi l'endroit d'un fourneau, qui est immédiatement sous le soyer, dont il n'est séparé que par une grille. Il est destiné à recevoir les cendres qui en tombent; il a une ouverture qui communique à l'in<cb-> térieur, faite non - seulement pour retirer les cendres, mais encore pour que l'air extérieur puisse y entrer & faire aller le feu lorsque cela est nécessaire; cette ouverture est garnie d'une porte, qui se ferme lorsque l'air ne doit point y être admis. La grandeur & les différentes dimensions du cendrier varient à proportion de la grandeur du sourneau, ou plùtôt à proportion de la quantité de cendres que donne la matiere dont le feu est composé. ( - )

CENDRURES (Page 2:816)

* CENDRURES, s. f. pl. mauvaise qualité de l'acier, voyez l'article Acier; elle consiste dans de petites veines, qui, quand elles se trouvent au tranchant d'un instrument, ne lui permettent pas d'être fin, mais le mettent en grosse scie. Voyez Veine.

CENE (Page 2:816)

CENE, s. f. (Hist. ecclés.) cérémonie usitée dans l'église pour renouveller & perpétuer le souvenir de celle où Jesus - Christ institua le sacrement adorable de l'Eucharistie. C'est une grande question parmi les théologiens, de savoir si dans cette derniere céne Jesus - Christ célébra la pâque; sur cela les sentimens sont partagés: nous renvoyons à l'article Paques la décision de cette célebre dispute; nous y discuterons les divers sentimens des théologiens; & nous pronverons, conformément à l'Ecriture, que Jesus - Christ a, suivant la loi de Moyse, célébré la pàque la derniere année de sa vie. Voyez Pasque.

CENEDA (Page 2:816)

CENEDA, (Géog.) ville d'Italie, dans l'état de la république de Venise, dans la Marche Trévisane. Long. 29. 50. lat. 46.

CENEUS (Page 2:816)

CENEUS, (Myth.) surnom de Jupiter; il fut ainsi appellé du temple qu'Hercule lui éleva dans l'Eubée, sur le promontoire de Cenie, après avoir ravagé l'OEchalie.

CENIS (Page 2:816)

CENIS (le mont), Géog. montagne la plus haute des Alpes, sur la route de France en Italie.

Cenis (Page 2:816)

Cenis, (Géog.) riviere de l'Amérique septentrionale, dans la Loüisiane, qui se jette dans le golfe de Méxique.

Cenis (Page 2:816)

Cenis (les), peuple sauvage de l'Amérique septentrionale, dans l Loüisiane, vers la source de la riviere de Cenis.

CENOBITE (Page 2:816)

CENOBITE, s. m. (Hist. ecclés.) religieux qui vit dans un couvent ou en communauté sous une certaine regle, différent en cela de l'hermite ou anachorete, qui vit dans la solitude. Voyez Hermite & Anachorete.

Ce mot vient du Grec KOINO\S2, communis, & BOI/S2, vita, vie.

Cassien prétend que le couvent est différent du monastere, en ce que ce dernier est l'habitation d'un seul religieux; au lieu que couvent ne se peut dire que de plusieurs religieux qui habitent ensemble & qui vivent en communauté: mais on confond assez ces deux mots. Voyez Couvext & Monastere.

L'abbé Piammon parle de trois différentes sortes de moines qui se trouvoient en Egypte: les Cénobites, qui vivoient en communauté; les Anachoretes, qui vivoient dans la solitude; & les Sarabaïtes, qui n'étoient que de faux moines & des coureurs. Voyez Anachorete.

Il rapporte au tems des apôtres l'institution des Cénobites, comme un reste ou une imitation de la vie commune des premiers fideles de Jérusalem: S. Pacome passe cependant pour l'instituteur de la vie cénobitique, parce que c'est le premier qui forma des communautés reglées. Voyez Regle & Moine.

Dans le code Théodosien, Lib. XI. tit. xxx. de Appellat. leg. 57. les Cénobites sont appellés synoditoe, terme qui signifie proprement des hommes vivans en communauté, & non les domestiques des moines, comme l'ont imaginé faussement quelques glossateurs. Bingham, orig. ecclés. tom. III. lib. VII. c. ij. §. 3. (G)

CENOMANS (Page 2:816)

CENOMANS, s. m. pl. (Géog. & Hist. anc.) peu<pb-> [p. 817] ples de la Gaule Septique, qui habitoient le Maine, & dont il passa en Italie une colonie qui conserva le même nom.

CENOTAPHE (Page 2:817)

CENOTAPHE, s. m. tombeau vuide ou monument qui ne contient point de corps ni d'ossemens, & dressé seulement pour honorer la mémoire de quelque mort. Voyez Tombeau & Monument.

Ce mot est formé du Grec KEGO\S2, vuide, & TA/FOS2, tombeau. (G)

CENS (Page 2:817)

CENS, census, s. m. (Hist. anc. & mod.) parmi les Romains c'étoit une déclaration authentique que les citoyens faisoient de leurs noms, biens, résidence, &c. pardevant des magistrats préposés pour les enregistrer, & qu'on nommoit à Rome censeurs, & censiteurs dans les provinces & les colonies.

Cette déclaration étoit accompagnée d'une énumération par écrit de tous les biens, terres, héritages qu'on possédoit, de leur étendue, situation, quantité, qualité, des femmes, enfans, métayers, domestiques, bestiaux, esclaves, &c. qui s'y trouvoient. Par un dénombrement si exact, l'état pouvoit connoître aisément ses forces & ses ressources.

Ce fut dans cette vûe que le roi Servius institua le cens, qui se perpétua sous le gouvernement républicain. On le renovelloit tous les cinq ans, & il embrassoit tous les ordres de l'état sous des noms différens. Celui du sénat sous le titre de lectio ou recollectio; celui des chevaliers qu'on appelloit recensio & recogniio; à celui du peuple demeura le nom de census ou de lustrum, parce qu'on terminoit ce dénombrement par un sacrifice nommé lustrum, d'où la révolution de cinq ans fut aussi appellée lustre.

De - là le mot de census a été aussi en usage pour marquer une personne qui avoit fait sa déclaration aux censeurs, par opposition à incensus, c'est à - dire un citoyen qui n'a fait enregistrer ni son nom ni ses biens. Dans la loi Voconia, census signifie un homme dont les biens sont portés sur le registre des censeurs jusqu'à la valeur de cent mille sesterces. (G)

Quoique dans la démocratie, dit l'illustre auteur de l'Esprit des Lois, l'égalité soit l'ame de l'état, cependant comme il est presqu'impossible de l'établir, il suffit qu'on établisse un cens qui rédusse ou fixe les différences à un certain point; apres quoi c'est à des lois particulieres à tempérer cette inégalité, en chargeant les riches & soulageant les pauvres.

Le même auteur prouve, liv. XXX. ch. xv. qu'il n'y a jamais en de cens général dans l'ancienne monarchie Françoise, & que ce qu'on appelloit cens, étoit un droit particulier levé sur les serfs par les maîtres. (O)

Cens (Page 2:817)

Cens, s. m. (Jurisp.) est une rente fonciere dûe en argent ou en grain, ou en autre chose, par un héritage tenu en roture au seigneur du fief dont il releve. C'est un hommage & une reconnoissance de la propriété directe du seigneur. Le cens est imprescriptible & non rachetable; seulement on en peut prescrire la quotité ou les arrérages par 30 ou 40 ans.

Le cens, dans les premiers tems, égaloit presque la valeur des fruits de l'héritage donné à cens, comme font aujourd'hui nos rentes foncieres; de sorte que les censitaires n'étoient guere que les fermiers perpétuels des seigneurs, dont les revenus les plus considérables consistoient dans leurs censives. Ce qui en fait à présent la modicité, c'est l'altération des monnoies, qui lors de l'établissement des censives étoient d'une valeur toute autre.

Le cens est la premiere redevance qui est imposée par le seigneur direct, dans la concession qu'il fait de son héritage. Toutes les autres charges imposées depuis n'ont pas le privilége du cens.

Le cens reçoit diverses dénominations, comme de champart, terrage, agrier, avenage, carpot, complant, & autres; droits qui tous, quelque nom qu'ils portent, entraînent avec eux celui de lods & ventes, s'ils ont été imposés lors de la premiere concession, & qu'il n'y ait point d'autre charge imposée spécialement à titre de cens.

La plûpart des coûtumes prononcent une amende faute de payement du cens, au jour & lieu qu'il est dû, sans préjudice de la saisie que le seigneur peut faire des fruits pendans sur l'héritage redevable du cens, qu'on appelle arrét ou brandon. Voyez Arrêt & Brandon.

Les héritages situés dans la ville & banlieue de Paris sont exempts de cette amende: mais le seigneur, faute de payement du cens, peut procéder sur les meubles, étant en iceux par voie de saisiegagerie, pour trois années ou moins; car s'il a laissé amasser plus de trois années, il n'a que la voie ordinaire de l'action. Voyez Gagerie. (H)

CENSAL (Page 2:817)

CENSAL, s. m. (Commerce.) terme en usage sur les côtes de Provence & dans les échelles du Levant. Il signifie la même chose que courtier. V. Courtier.

Les marchands & négocians payent ordinairement un demi pour cent au censal pour son droit de censerie ou de courtage. Voyez Courtage.

La plûpart des censals du Levant, mais particulierement ceux qui font la censerie ou courtage au grand Caire, sont Arabes de nation. Dans les négociations qui se font entre les marchands Européens & ceux du pays, ou pour l'achat ou la vente des marchandises, tout se passe en mines & en grimaces; & c'est sur - tout une comédie quand le censal veut obliger le marchand Européen de payer la marchandise de son compatriote à son premier mot, ou du moins de n'en guere rabattre.

Lorsque l'Européen a fait son offre, toûjours au - dessous de ce que le vendeur en demande, le censal Arabe fait femblant de se mettre en colere, hurle & crie comme un furieux, s'avance comme pour étranglet le marchand étranger, sans pourtant lui toucher. Si cette premiere scene ne réussit pas, il s'en prend à lui - même, déchire ses habits, se frappe la poitrine à grands coups de poing, se roule à terre, & crie comme un desesperé, qu'on insulte un marchand d'honneur, que sa marchandise n'a point été volée pour en mesoffrir si extraordinairement. Enfin le négociant d'Europe accoûtumé à cette burlesque négociation, restant tranquile & n'offrant rien de plus, le censal reprend aussi sa tranquillité, lui tend la main, & l'embrasse étroitement en signe de marché conclu, & finit la piece par ces mots halla quebar, halla quebir, Dieu est grand & très - grand, qu'il prononce avec autant de sens - froid qu'il a marqué auparavant de véhemence & d'agitation. Dictionn. du Comm. (G)

CENSE (Page 2:817)

CENSE, s. f. (Jurisprud.) est une petite métairie qu'on donne à ferme, & quelquefois à rente; ce qui s'appelle acenser une métairie. (H)

CENSERIE (Page 2:817)

CENSERIE, s. f. (Commerce.) se dit de tout ce qui signifie courtage, & quelquefois de la profession même du censal, & du droit qui lui est dû. Voyez Censal & Courtage. (G)

CENSEUR (Page 2:817)

CENSEUR, s. m. (Hist. anc.) l'un des premiers magistrats de l'ancienne Rome, qui étoit charge de faire le dénombrement du peuple, & la répartition des taxes pour chaque citoyen. Ses fonctions avoient encore pour objet la police, & la réform tion des moeurs dans tous les ordres de la république.

Le nom de censeur vient de censere, estimer, évaluer, parce que cet officier évaluoit les biens de chacun, enregistroit leurs noms, & distribuoit le peuple par centuries. Selon quelques auteurs, ce terme est dérivé de l'inspection que les censeurs avoient sur les moeurs & sur la police.

Il y avoit à Rome deux censeurs. Les premiers furent créés en 311, c'étoient Papirius & Sempronius: Le sènat qui voyoit que les consuls étoient assez oc<pb->

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