ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"775"> pût fort commodément distinguer toutes nos idées, en idées de substances, idées de modes, & idées de relations, Aristote jugea à propos de former dix classes, dont la premiere exprime la substance, & les autres les accidens; savoir, la quantité, la qualité, la relation, l'action, la passion, le lieu, le tems, la situation, & enfin l'habillement. Toute cette nomenclature a été tirée par Aristote du tour & du génie de la langue Greque; & ce philosophe a sacrifié ici la justesse de son génie à l'envie de rendre sa doctrine agréable à ses compatriotes, en leur indiquant de quoi fournir à leur babil. C'est à cette complaisance que l'on doit le livre où il explique fort au long ces dix classes, & les diverses distinctions dont elles sont susceptibles. Cette division de termes plûtôt que d'idées, a trop long - tems occupé les Philosophes, qui l'ont enrichie de leurs éclaircissemens. Porphyre surtout s'est signalé dans cette futile carriere par son traité de proedicabilibus sive universalibus. Il y parle aussi des idées des genres & des especes, sur lesquelles on ne trouve rien aujourd'hui dans Aristote. Diogene Laerce témoigne pourtant qu'il avoit écrit sur cette matiere. Le P. Rapin fait à cette occasion la remarque suivante; savoir, que Gassendi n'auroit peut - être pas jugé la Logique d'Aristote imparfaite, par le supplément de Porphyre, qu'il a cru nécessaire pour y servir d'introduction, s'il eût fait réflexion que ce traité qui a été mis à la tête de la Logique d'Aristote, est pris de sa Métaphysique d'où Porphyre l'a tiré; & qu'il y a apparence que ce supplément eût été inutile, s'il ne se fût rien perdu des livres de la Logique d'Aristote, dont Diogene Laerce fait mention.

Il n'y a pas long tems qu'on est revenu de ces sottises: encore a - t - il bien fallu combattre pour les détruire. On a représenté d'abord qu'elles n'étoient pas à leur place dans la Logique, puisqu'il s'y agit des relations des êtres universels, qui sont du ressort de l'Ontologie. On a ajoûté que les distinctions exprimées dans les catégories, étoient frivoles, & qu'on y discernoit la différence du propre, tandis qu'on omettoit la distinction entre l'essence & l'accident. M. le Clerc a fort bien remarqué que les catégories ne nous apprennent autre chose, sinon quelles étoient les classes d'idées dans la tête d'Aristoe, & non ce qu'elles sont dans la nature des choses, & qu'ainsi ce n'est pas la peine de donner tant de tems à les étudier. Si pourtant quelqu'un desire une conviction pleine & entiere de l'inutilité des catégories, il peut encore recourir à l'Art de penser, partie premiere, chap. iij. & à M. Crouzaz dans la deuxieme partie de sa Logique. (X)

CATEIA (Page 2:775)

* CATEIA, (Antiquité) espece de trait ou de javelot fort pesant dont les anciens Gaulois & les Germains se servoient à la guerre; son poids le rendoit difficile à lancer, mais le faisoit pénétrer plus profondément. Il étoit garni d'une chaîne, avec laquelle on le retiroit pour le darder une seconde fois. Il y en a qui le regardent comme une espece de coin missil.

CATERGI (Page 2:775)

CATERGI, subst. m. (Hist. mod.) c'est le nom qu'on donne aux voituriers dans les états du grandseigneur. Ils ont cela de singulier, qu'au lieu qu'en France, & presque par - tout ailleurs, ce sont les marchands ou voyageurs qui donnent des arrhes à ceux qui doivent conduire eux, leurs hardes & marchandises, les voituriers Turcs en donnent au contraire aux marchands & autres, comme pour leur répondre qu'ils feront leurs voitures, ou qu'ils ne partiront point sans eux. Dict. de Comm. tom. II. p. 131. (G)

CATERLAGH (Page 2:775)

CATERLAGH, (Géog.) ville d'Irlande, capitale du comté de même nom, dans la province de Leinster, sur le Barrow.

CATEUX (Page 2:775)

CATEUX, adj. (terme de Droit coûtumier, usité singulierement en Picardie.) se dit de certains biens, qui, selon l'état où ils se trouvent, sont meubles ou immeubles. Par exemple, on y appelle les blés bien cateux, parce que jusqu'à la mi - Mai, n'étant point comptés entre les fruits, on les met au rang des immeubles; & depuis ce tems - là ils sont réputés meubles. (H)

CATHARES (Page 2:775)

CATHARES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) nom fameux qu'ont usurpé plusieurs sectes d'hérétiques en differens tems: ce mot signifie purs; & les premiers qui commencerent à se l'appliquer furent les Apotactiques ou Renonçans, branche des Encratites, dont le chef étoit Tatien; voyez Encratites. Quelques Montanistes se firent ensuite appeller cathares, pour exprimer par un terme qui signifie pureté, qu'ils n'avoient point de part au crime de ces malheureux qui renioient la foi dans les tourmens, mais qu'au contraire ils refusoient de les recevoir à faire pénitence. Ils portoient pour cela des robes blanches, afin, disoient - ils, que leur vêtement convînt à la pureté de leurs consciences: ils nioient aussi que l'Eglise eût le pouvoir de remettre les péchés. Sur quoi S. Augustin faisant allusion au mot Latin mundus, qui signifie pur, dit qu'ils devoient plûtôt prendre le nom de mondains que de purs; si nomen suum voluissent agnoscere, mundanos potius quam mundos vocassent. Eusebe parle aussi de ces hérétiques. Novatien donna le même nom de cathares à sa secte, & souvent les anciens ne la désignent point autrement. Enfin, on a donné par ironie le nom de cathares aux Paretans, Patarins ou Patrins, aux Albigeois, & aux Coteraux, diverses sectes d'errans, qui s'éleverent dans le xii. siecle, & qui s'étoient formées de celles des Henriciens, de Marsille, de Tendeme, & de diverses autres. Le troisieme concile de Latran, tenu l'an 1179, sous Alexandre III. les condamna. Les Puritains d'Angleterre ont renouvellé ce nom magnifique, par celui qu'ils ont pris. Eusebe, lib. VI. cap. xxxv. Socrate, l. VI. c. xx. S. Augustin, de Agon. christ. c. xxj. S. Epiph. LXI. c. j. Baronius, A. C. 254. n° 106. 107. Troisieme concile de Latran, au c. xxvij. Sanderus, hoer. 147. Baronius, A. C. 119. Turrecremata, lib. IV. somm. part. II. c. xxxv. Reinaldi & Sponde, &c. (G)

CATHARINENBERG (Page 2:775)

CATHARINENBERG, (Géog.) petite ville du royaume de Boheme, près les frontieres de la Saxe.

Catharinenberg (Page 2:775)

Catharinenberg, (Géog.) petite ville d'Allemagne, en Misnie, appartenante à l'électeur de Saxe.

CATHARISTES ou PURIFICATEURS (Page 2:775)

CATHARISTES ou PURIFICATEURS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) secte de Manichéens, sur laquelle ces hérétiques tâchoient de rejetter les ordures abominables & les horribles impiétés qui entroient dans la prétendue consécration de leur Eucharistie. S. Augustin, Hoer. cap. xlvj. S. Leon, Epist. viii.

CATHARRE (Page 2:775)

CATHARRE. Voyez Catarrhe.

CATHARTIQUE (Page 2:775)

CATHARTIQUE. Voyez Catarthique.

CATHEDRALE (Page 2:775)

CATHEDRALE, sub. f. (Hist. ecclés.) On entend par ce mot l'église épiscopale d'un lieu. Ce nom lui a été donné du mot cathedra, ou siége épiscopal. On tire l'origine de ce nom, de ce que les prêtres, qui composoient l'ancien presbyterium avec leur évêque, étoient assis dans des chaires à la maniere des Juifs dans leurs consistoires, & que l'évêque présidoit dans un siége plus élevé; d'où vient qu'on célebre encore présentement les fêtes de la chaire de saint Pierre à Rome & à Antioche. Il ne faut pas confondre ces anciennes cathédrales avec les églises qu'on nomme aujourd'hui cathédrales, parce que ce mot d'église ne signifioit en ce tems - là qu'une assemblée de Chrétiens & non des temples, comme ils sont bâtis aujourd'hui, & que les Chrétiens n'ont point eu la liberté de bâtir ces temples avant l'empereur Constantin. Néanmoins plusieurs auteurs Espagnols qui ont écrit de l'antiquité de leurs églises cathédrales, assûrent qu'il y en a eu de bâties dès le tems des apôtres: mais tout ce qu'on dit de ces anciennes cathédrales [p. 776] est fabuleux. Quant au nom d'église cathédrale, il n'est pas fort ancien. On appelloit l'église principale, celle où l'évêque célébroit ordinairement, la grande église, l'église épiscopale, l'église de la ville. Le nom de cathédrale n'a été en usage que dans l'église Latine, & depuis le x. siecle.

CATHEDRATIQUE (Page 2:776)

CATHEDRATIQUE, adj. (Hist. ecclés.) droit qu'avoient les évêques d'exiger une certaine somme d'argent en visitant les paroisses de leur diocese, & cela à cause de lour dignité épiscopale, propter cathedram episcopalem. Il en est fait mention d'abord dans le concile de Brague, puis dans le vii. concile de Tolede. Cette somme étoit de deux sous d'or; & les évêques de France la percevoient sous le regne de Charlemagne, & des autres rois de la seconde race. On appelloit encore ce droit synodatique, parce qu'on le payoit au synode. Depuis, le nom de cathédratique a été étendu aux droits affectés aux archidiacres & aux doyens ruraux dans leurs visites. Thomassin, Disciplin. de l'églis. part. III. liv. II. ch. xv. & ch. xxxij. & xxxiv. (G)

CATHERETIQUES (Page 2:776)

CATHERETIQUES, adj. (Medec.) se dit de remedes qui rongent & consument les chairs fongueuses ou baveuses des plaies, des ulceres, ou autres semblables.

Ce mot est tiré du Grec KAQAIRE/TIXOS2, dérivé de KAQAIRW, qui signifie purger, émonder; ou de KATA\ & A)IRE/W, enlever, emporter.

On appelle aussi ces mêmes remedes sarcophages, c'est - à - dire qui mangent les chairs: tels sont le précipité rouge, l'alun brûlé, le cuivre brûlé, le vitriol bleu, &c. (N)

CATHERINE (Page 2:776)

CATHERINE (l'Ordre de Ste), Hist. moder. c'est un ordre de Russie, qui ne se donne qu'à des dames de la premiere qualité de la cour; il fut fondé en 1714 par la czarine Catherine, épouse de Pierre le grand, en mémoire du bonheur signalé qu'eut ce prince d'échapper aux Turcs en 1711, sur les bords duPruth. Cette princesse, pleine de tendresse pour son époux, eut le courage de le suivre dans cette expédition, où toute l'armée Russienne se trouva dans un péril imminent; dans une conjoncture si fâcheuse, la czarine prit le parti d'envoyer un courier au grand - visir qui commandoit l'armée Ottomane, lui promettant une somme très - considérable s'il vouloit entrer en négociation avec le czar; le visir y consentit: en conséquence il envoya des députés dans le camp des Russiens, leur recommandant sur - tout de ne pas manquer de voir la czarine, parce qu'il ne pouvoit se persuader qu'une femme eût eu assez de courage & de tendresse conjugale, pour s'exposer à un danger aussi grand. Ce fut afin de conserver le souvenir d'un évenement si remarquable, que le czar voulut que cette princesse fondât un ordre qui portât son nom, & dont elle fût grande - maîtresse. Les marques de cet ordre sont une croix rouge, tenue par une figure de Sainte Catherine; on la porte attachée à un cordon ponceau, bordé des deux côtés d'un petit liséré d'argent, sur lequel on voit le nom de Ste Catherine & la dévise Pro Fide et Patria.

Dans la fondation il ne doit y avoir que sept dames aggrégées à cet ordre: mais la czarine en augmente le nombre suivant sa volonté. ( - )

Catherine (Page 2:776)

Catherine (chevaliers de Sainte Catherine du mont Sinai), Hist. moder. ancier ordre militaire, formé pour assister & protéger les pélerins qui alloient visiter par dévotion le corps de Ste Catherine, vierge d'Alexandrie, distinguée par son savoir, & qu'on dit avoir souffert le martyre sous Maximien.

Le corps de cette vierge ayant été trouvé sur le mont Sinaï, il s'y fit un fort grand concours de pélerins; & ce pélerinage étant devenu dangereux par les courses des Arabes, on établit en 1063 un ordre de chevalerie, à l'imitation de celui du S. Sepulchre & sous la protection de Ste Catherine. Les chevaliers s'engageoient par serment à garder le corps de cette sainte, à pourvoir à la sûreté des chemins en faveur des pelerins, à suivre la regle de S. Basile, & à obéir à leur grand - maître. Ils portoient un habit blanc, sur lequel étoient représentés les instrumens du martyre de leur patrone, c'est - à - dire une demi - roue armée de pointes tranchantes, & traversée par une épée teinte de sang. (G)

CATHETE (Page 2:776)

CATHETE, s. f. (Architect.) c'est une ligne perpendiculaire qu'on suppose passer au milieu d'un corps cylindrique, comme une colonne, un pilier, &c. mais communément cette ligne s'appelle axe, ou essieu. On entend aussi par cathete, la ligne perpendiculaire qui passe dans l'oeil de la volute ionique à plomb du fût inférieur de la colonne, & du bas du tailloir du chapiteau; cette ligne ainsi appellée fait donner à l'oeil de cette volute le nom de cathete. Voyez Chapiteau, Ionique.

Cathete (Page 2:776)

Cathete, en Géométrie, se prend plus généralement qu'en Architecture; & c'est une ligne qui tombe perpendiculairement sur une autre ligne, ou sur une surface. Voyez Perpendiculaire.

Les deux petits côtés d'un triangle rectangle sont deux cathetes. Voyez Rectangle.

Ce mot est principalement en usage dans la Catoptrique, ou dans la partie de l'Optique qui considere les propriétés des rayons de lumiere réfléchis. Ainsi,

Cathete (Page 2:776)

Cathete d'incidence, en Catoptrique, est une ligne droite tirée du point radieux, ou de l'objet, perpendiculairement au miroir. Si le miroir est sphérique, la cathete d'incidence est une ligne droite tirée de l'objet au centre du miroir; car cette ligne est perpendiculaire au miroir. Voyez Incidence.

Cathete (Page 2:776)

Cathete de réflexion; c'est une ligne droite tirée de l'oeil, ou de tout autre point d'un rayon réfléchi, perpendiculairement au miroir. Cette ligne passe par le centre du miroir, si le miroir est sphérique. Voyez Réflexion.

Cathete (Page 2:776)

Cathete d obliquité est une ligne droite tirée du point d'incidence perpendiculairement au miroir; dans la figure 54 de l'Optique, si on suppose que G F soit un miroir plan, D l'objet, E l'oeil & C le point d'incidence, c'est - à - dire le point où le rayon D C tombe pour se réfléchir suivanr C E, la ligne D G sera la cathete d'incidence, la ligne E F la cathete de réfléxion, & la ligne C H la cathete d'obliquité.

Dans les miroirs plans, l'image de l'objet est vûe dans le concours du rayon réfléchi avec la cathete d'incidence. Plusieurs auteurs, entr'autres le P. Tacquet, fondés sur cette expérience, en ont fait une régle générale de Catoptrique & de Dioptrique sur le lieu de l'image vûe dans un miroir courbe, ou par un verre: mais ces auteurs sont dans l'erreur. Voyez Apparent, Miroir, Dioptrique . (O)

CATHETER (Page 2:776)

CATHETER, s. m. terme de Chirurgie, est une sonde creuse & courbe qui est ordinairement d'argent, qu'on introduit par l'urethre dans la vessie, pour faciliter l'écoulement de l'urine, quand le passage est bouché par une pierre, par du gravier, des caroncules ou autre chose.

Ce mot vient de KAQI/HMI ou KAQI/EMAI, mettre dedans; on l'appelle aussi algalie ou sonde creuse. V. Algalie.

Quelques auteurs sont dans l'usage de donner plus particulierement le nom de catheter à une sonde cannelée, qui a la même configuration que l'algalie à long bec. Cette sonde doit être d'acier; son corps est solide & cannulé comme les algalies. Elle a sur toute la convexité de sa courbure une rainure d'une bonne ligne de large, qui doit être fermée à son extrémité le plus quarrément qu'il est possible. Cette sonde sert à conduire le lithotome dans l'opération de la taille. Voyez Lithotomie.

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