ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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CASCARILLE ou CHACRIL (Page 2:740)

* CASCARILLE ou CHACRIL, cascarilla ou chakarilla, (Hist. nat. bot.) Nous n'avons rien de mieux sur cette production naturelle, que ce que M. Boulduc en a donné à l'académie des Sciences, année 1709.

La cascarille ou le chacril, dit M. Boulduc, est une écorce assez ligneuse, épaisse depuis une ligne jusqu'à une ligne & demie, de la couleur à peu près du quinquina ordinaire, d'un brun pâle, moins compacte, & plus friable, d'un goût amer, un peu styptique, piquant la langue avec assez d'acrimonie, & laissant à la fin une impression d'amertume mêlée de quelque chose d'aromatique. Cette écorce est couverte d'une pellicule blanchâtre, mince, insipide, ridée, & sillonnée légerement & on divers sons. C'est, ajoûte M. Boulduc, l'écorce d'une plante du Pérou, qu'on ne connoît point encore.

Sa ressemblance avec le quinquina dont on distingue six especes, l'a fait compter pour la septieme; cependant la cascarille est plus amere que le quinquina: elle est aussi plus acre & plus brûlante; mais l'amertume du quinquina est plus desagréable & plus styptique.

La cascarille brûlée donne encore une odeur aromatique agréable, que n'a point le quinquina. Allumée à la bougie, elle jette une fumée épaisse, beaucoup de fuliginosité, & pour résidu un charbon raréfié, semblable à celui des réfines brûlées; ce qui défigne plus de refine que le quinquina n'en contient en pareil volume. Elle donne par l'esprit - de - vin plus d'extrait réfineux qu'aucun végétal connu. Cet extrait est amer, piquant, aromatique, & d'une couleur de pourpre. Lorsque le quinquina étoit rare en France, on lui substituoit quelquefois avec succès la cascarille dans les fievres intermitentes. M. Boulduc dit qu'elle a cet avantage sur le quinquina, qu'elle agit autant en plus petite dose, & n'a pas besoin d'être continuée si long - tems.

Apemis, medecin & professeur à Astorf, en a employé la teinture dans les fievres épidémiques & catarrheuses, & la substance dans les fievres ordinaires. L'illustre Stahl en a étendu l'usage aux pleurésies, aux péripneumonies, & aux toux connues sous le nom de quintes. M. Boulduc en a éprouvé la vertu dans les coliques venteuses & les affections hystériques & hypochondriaques appellées rapeurs.

S'il ne s'agit que de substiliser les liqueurs, la teinture suffit; s'il faut de plus rétablir le ressort, il faut la substance. La substance réussit aussi pour les hémorrhoïdes internes qui ont peine à fluer, pourvû que le malade soit un peu replet. La cascarille fit très bien dans les dyssenteries de 1719, soit qu'il y eût, soit qu'il n'y eût point de fievre; l'ipecacuanha y perdit sa réputation: mais il n'y a rien à conclurre de là; car d'une année à une autre, les maladies de même nom sont très - différentes.

M. Boulduc attribue à la cascarille la propriété de fortifier l'estomac, que l'ipecacuanha débilite. Ce remede pourroit bien réunir les vertus de ses deux compatriotes, le quinquina & l'ipecacuanha, & les porter chacune plus loin que l'un & l'autre.

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