ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"733"> un rouleau de bois tourné & également épais, suivant la grosseur déterminée pour la piece d'artifice qu'on veut faire. Les rouleaux étant faits, on coupe le carton ou le papier qu'on veut employer, de la grandeur convenable à la piece qu'on veut faire, & parce que le développement d'un cylindre est un parallélogramme ou quarré long; il n'y a point de façon dans cette coupe.

Les épaisseurs des cartouches doivent être proportionnées, non - seulement à la grosseur des artifices, mais encore à la force du feu que produisent les matieres dont ils sont remplis, laquelle vient de leur qualité plus ou moins vive, & d'un volume de flamme plus ou moins grand. Premierement, ils sont plus ou moins forts, suivant la qualité & la force du papier ou du carton dont ils sont faits. Secondement, ils dépendent encore d'une exacte application de chaque feuille dans toute l'étendue de la révolution sur le rouleau qui sert à les former; car lorsqu'elles ne laissent pas de vuide entr'elles, leur résistance n'est pas divisée par parties interrompues, mais répandue sur toute la circonférence, ensorte qu'elle en devient plus grande.

Les cartouches étant bien faits, & en tel nombre qu'on veut, on les range proprement sur une planche, de maniere qu'ils ne se touchent pas, pour les faire sécher doucement à l'ombre, parce qu'ils se décolent & se courbent lorsqu'on les fait sécher trop vîte au soleil, ou trop près du feu: là on a soin de les tourner de tems en tems, pour qu'ils sechent également de tous côtés, & qu'ils ne se défigurent pas.

Lorsque les cartouches sont à peu près à moitié secs, il faut les étrangler par un bout, c'est - à - dire, en resserrer tellement l'ouverture, qu'il n'y reste qu'un trou de grandeur à recevoir une branche de fer qui doit y entrer; quelquefois il faut les fermer tout - à - fait pour les remplir de matiere combustible.

Il n'y a qu'un tems propre pour cette opération; parce que si les cartouches sont trop humides, ils se chiffonnent & se coupent; s'ils sont trop secs, ils font trop de résistance; on ne peut les étrangler qu'avec une grande force qui fait souvent casser la corde ou la ficelle dont on se sert.

La maniere ordinaire d'étrangler un cartouche, est de le comprimer si fort par un tour de ficelle, que le carton s'enfonce dans lui - même par de petits plis rentrans qui en bouchent l'orifice ou en tout, ou en partie, suivant l'usage qu'on en doit faire.

Pour cet effet, on a une petite corde ou ficelle faite exprès de grosseur proportionnée aux cartouches qu'on veut étrangler, appellée filagore, qu'on attache par un bout à un poteau solide, à la hauteur de trois à quatre piés; & à l'autre bout on fait une boucle, dans laquelle on introduit le milieu d'un bâton d'environ dix - huit à vingt pouces de long, qu'on fait passer sous les fesses, comme si l'on vouloit s'asseoir dus.

On frotte la filagore de savon, & l'on prend d'une main le cartouche dans lequel on a mis le rouleau jusqu'à un demi - pouce près du bout qu'on veut étrangler, plus ou moins suivant la grosseur du cartouche, & de l'autre on tient dans son orifice un bout de rouleau avancé seulement en - de dans de quelques lignes; ensorte qu'il reste un certain intervalle vuide entre les deux bouts de bois, dans lequel le carton pressé par la ficelle, puisse s'enfoncer & resserrer en cet endroit son ouverture, ou tout - à - fait, ou seulement autant qu'il faut pour y introduire une broche de fer de la grosseur convenable à la lumiere par laquelle on doit donner le feu à l'artifice.

Sur cet espace vuide, on fait passer deux tours de la ficelle qu'on tend fortement en se reculant, comme pour s'asseoir sur le bâton dont on vient de parler; desorte qu'elle fait un tel effort sur le cartou - che, qu'elle l'enfonce & y grave sa trace: mais comme elle s'enfonceroit plus d'un côté que de l'autre, on a soin de tourner le cartouche pour exposer successivement sa circonférence au point où se fait la plus grande pression de la ficelle; par ce moyen, elle se grave également tout au tour, & il se forme à l'orifice une gorge fort réguliere en façon d'écuelle. Lorsque l'orifice est fermé au point qu'on le demande, on dégage le cartouche de la filagore, & on lui substitue aussi - tôt un lien de plusieurs tours de gros fil ou de ficelle à paumier, qu'on arrête avec un noeud coulant, pour empêcher que le ressort du carton ne fasse r'ouvrir la partie étranglée. Ceux qui desireront s'instruire plus à fond sur cette matiere, n'ont qu'à consulter le Traité des feux d'artifice de M. Frezier, où ils trouveront un détail qui n'eût aucunement convenu à un Dictionnaire.

CARTULAIRES (Page 2:733)

CARTULAIRES, s. f. pl. (Hist. mod.) nom qu'on donne aux papiers terriers des églises ou des monasteres, où sont écrits les contrats d'acquisition, de vente, d'échange, les priviléges, immunités, exemptions, chartres, & autres titres primordiaux. Ces recueils sont de beaucoup postérieurs à la plûpart des actes qui y sont compris; on ne les a même inventés que pour conserver des doubles de ces actes. Ce qui fait que les critiques soupçonnent ces actes de n'être pas toûjours authentiques, soit qu'on y en ait glissé de faux, soit qu'on ait alteré les véritables. (G)

CARVI (Page 2:733)

CARVI, s. m. (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleurs en rose, disposées en ombelles, & composées de plusieurs pétales faits en forme de coeur, inégaux, rangés en rond, & soûtenus par le calice, qui devient un fruit composé de deux petites semences renflées & cannelées d'un côté, & plates de l'autre. Ajoûtez aux caracteres de ce genre que les feuilles sont légerement découpées, & rangées par paires le long d'une côte. Tournefort, Inst. rei hab. Voyez Plante. (I)

Le carvi officinarum, C. B. Pin. 158. est d'usage en Medecine sa semence est une des semences chaudes; elle est stomacale, carminative, bonne contre la colique & la foiblesse d'estomac; propre pour aider la digestion, pour exciter l'urine, & augmenter le lait des nourrices.

Ses préparations officinales sont sa semence confite avec du sucre, & l'huile qu'on en tire par la distillation.

L'huile essentielle de carvi est acre & fort pénétrante; on l'ordonne à cinq ou six gouttes dans l'huile d'amandes douces. Pour la surdité on en met quelques gouttes dans de bon esprit - de - vin, que l'on injecte dans l'oreille. (N)

CARULOM (Page 2:733)

CARULOM, (Géog.) petite riviere de Buigarie, qui tombe dans le Danube, près de Nicopoli.

CARUS (Page 2:733)

CARUS, s. m. de KA/ROS2, sommeil profond, terme de Medecine, espece de maladie léthargique qui consiste dans un profond assoupissement, avec privation subite du sentiment & du mouvement, & accompagné d'une fievre aiguë.

Le carus differe du coma, en ce que le malade affligé du coma, répond lorsqu'on lui parle, ce que ne fait pas celui qui est affligé du carus. Voyez Coma.

Il differe de la léthargie par la fievre dont il est accompagné: au lieu que la léthargie est sans fievre, & que de plus si on agite ou qu'on pique la personne en léthargie, le sentiment lui revient; ce qui n'arrive pas de même dans le carus. Voyez Léthargie.

Il differe de l'apoplexie propre, en ce qu'il laisse la respiration libre: au lieu qu'elle ne l'est jamais dans l'apoplexie. Voyez Apoplexie.

Il differe de l'épilepsie, en ce que le malade n'est point agité dans le carus, & n'écume pas comme il fait dans l'épilepsie. Il differe de la syncope, en ce que dans le carus le pouls est élevé & le visage rouge; au [p. 734] lieu que dans la syncope le pouls est bas & la face cadavéreuse. Il differe de la suffocation hystérique, en ce que dans celle - ci le malade entend ce qu'on lui dit & s'en souvient, ce qu'il ne fait pas dans le carus. Voyez Syncope, Epilepsie, &c. (N)

CARYATIDES (Page 2:734)

* CARYATIDES, s. f. (Architect.) Statues de femmes sans bras, vêtues décemment, & placées pour ornement ou pour soûtien aux architraves des édifices. Vitruve en raconte l'origine de la maniere suivante. Il dit que Carie dans le Péloponèse, ayant été prise & ruinée par les autres Grecs, vainqueurs des Perses avec lesquels les Cariates s'étoient ligués, les hommes furent passés au fil de l'épée, & les femmes emmenées en esclavage, où l'on contraignit les plus qualifiées d'entre elles à garder leurs longues robes & leurs ornemens; & il ajoûte que dans la suite, pour éterniser la mémoire de la trahison & du châtiment, les architectes substituerent en plusieurs édifices publics, des figures de femmes Cariates aux pilastres & aux colonnes.

CARYATIS (Page 2:734)

* CARYATIS, (Myth.) surnom de Diane en l'honneur de laquelle les jeunes filles de la Laconie s'assembloient dans le tems de la récolte des noix, & célébroient une fête appellée carya, c'est - à - dire, la fête de Diane des nolx.

CARYOCOSTIN (Page 2:734)

CARYOCOSTIN, (électuaire) se compose de la façon suivante. Prenez clous de girofle, costus blanc, zédoaire, gingembre, semence de cumin, de chacun deux gros; hermodactes mondées, diagrede, de chacun demi - once; miel rosat cuit en consistance d'électuaire mou, trois fois la quantité du tout. Pulvérisez le tout, à l'exception du diagrede que vous n'ajoûterez qu'après avoir mêlé le reste avec le miel rosat, au moyen d'une spatule de bois; faites un électuaire selon l'art.

Cette composition est bonne pour les gens robustes, forts, les pituiteux & les hydropiques: mais il ne convient point aux personnes délicates. La dose est depuis un gros jusqu'à six.

On prétend que ce purgatif est excellent dans les maladies soporeuses, & dans la goutte.

On appelle cet électuaire caryocostin, du nom de deux des ingrédiens qui entrent dans sa composition, qui sont le costus, & les clous de girofles, appellés en latin caryophilli. (N)

CAS (Page 2:734)

CAS, s. m. (terme de Grammaire) ce mot vient du latin casus, chûte, rac. cadere, tomber. Les cas d'un nom sont les différentes inflexions ou terminaisons de ce nom; l'on a regardé ces terminaisons comme autant de différentes chûtes d'un même mot. L'imagination & les idées accessoires ont beaucoup de part aux dénominations, & à bien d'autres sortes de pensécs; ainsi ce mot cas est dit ici dans un sens figuré & métaphorique. Le nominatif, c'est - à - dire, la premiere dénomination tombant, pour ainsi dire, en d'autres terminaisons, fait les autres cas qu'on appelle obliques. Nominativus sive rectus, cadens à suâ terminatione in alias, facit obliques casus. Prisc. liv. v. de casu.

Ces terminaisons sont aussi appellées désinances; mais ces mots terminaison, desinance, sont le genre. Cas est l'espece, qui ne se dit que des noms; car les verbes ont aussi des terminaisons différentes, j'aime, j'aimois, j'aimerai, &c. Cependant on ne donne le nom de cas, qu'aux terminaisons des noms, soit au singulier, soit au pluriel. Pater, patris, patri, patrem, patre; voilà toutes les terminaisons de ce mot au singulier, en voilà tous les cas, en observant seulement que la premiere terminaison pater, sert également pour nommer & pour appeller.

Les noms Hébreux n'ont point de cas, ils sont souvent précédés de certaines prépositions qui en font connoître les rappotts: souvent aussi c'est le sens, c'est l'ensemble des mots de la phrase qui, par le méchanisme des idées accessoires & par la considération des circonstances, donne l'intelligence des rapports des mots; ce qui arrive aussi en latin à l'égard des noms indéclinables, tels que fas & nefas, cornu, &c. Voyez la Grammaire Hébraique de Masclef, tom. I. c. 2. n. 6.

Les Grecs n'ont que cinq cas, nominatif, genitif, datif, accusatif, vocatif: mais la force de l'ablatif est souvent rendue par le genitif, & quelquefois par le datif. Ablativi formâ Groeci carent, non vi, quoe genitivo & aliquando dativo refertur. Canisii Hellenismi, Part. orat. p. 87.

Les latins ont six cas, tant au singulier qu'au pluriel, nominatif, genitif, datif, accusatif, vocatif, ablatif. Nous avons déjà parlé de l'ablatif & de l'accusatif; il seroit inutile de repéter ici ce que nous disons en particulier de chacun des autres cas: on peut le voir en leur rang.

Il suffira de dire ici un mot du nom de chaque cas.

Le premier, c'est le nominatif; il est appellé cas par extension, & parce qu'il doit se trouver dans la liste des autres terminaisons du nom; il nomme, il énonce l'objet dans toute l'étendue de l'idée qu'on en a sans aucune modification; & c'est pour cela qu'on l'appelle aussi le cas direct, rectus: quand un nom est au nominatif, les Grammairiens disent qu'il est in recto.

Le genitif est ainsi appellé, parce qu'il est pour ainsi dire le fils - aîné du nominatif, & qu'il sert ensuite plus particulierement à former les cas qui le suivent; ils en gardent toûjours la lettre caractéristique ou figurative, c'est - à - dire celle qui précéde la terminaison propre qui fait la différence des déclinaisons: par ex. is, i, em ou im, e ou i, sont les terminaisons des noms de la troisieme déclinaison des latins au singulier. Si vous avez à décliner quelqu'un de ces noms, gardez la lettre qui précédera is au genitif: par ex. nominatif rex, c'est - à - dire regs, genitif reg - is, ensuite reg - i, reg - em, reg - e, & de même au pluriel reg - es, reg - um, reg - ibus. Genitivus naturale vinculum generis possidet; nascitur quidem à nominativo, generat autem omnes obliquos sequentes. (Prisc. liv. V. de Casu.)

Le datif sert à marquer principalement le rapport d'attribution, le profit, le dommage, par rapport à quoi, le pourquoi, finis cui.

L'accusatif accuse, c'est - à - dire déclare l'objet, ou le terme de l'action que le verbe signifie: on le construit aussi avec certaines prépositions & avec l'infinitif. Voyez Accusatif.

Le vocatif sert à appeller; Priscien l'appelle aussi salutatorius, vale domine; bon jour monsieur, adieu monsieur.

L'ablatif sert à ôter avec le secours d'une préposition. Nous en avons parlé fort au long. Voyez Ablatif.

Il ne faut pas oublier la remarque judicieuse de Priscien: « Chaque cas, dit - il, a plusieurs usages; mais les dénominations se tirent de l'usage le plus connu & le plus fréquent.» Multas alias quoque & diversas unusquisque casus habet significationes, sed à notioribus & frequentioribus acceperunt nominationem, sicut in aliis quoque multis hoc invernimus. Prisc. l. V. de Casu.

Quand on dit de suite & dans un certain ordre toutes les terminaisons d'un nom, c'est ce qu'on appelle décliner: c'est encore une métaphore; on commence par la premiere terminaison d'un nom, ensuite on descend, on décline, on va jusqu'à la derniere.

Les anciens Grammairiens se servoient également du mot décliner, tant à l'égard des noms qu'à l'égard des verbes: mais il y a long - tems que l'on a consacré le mot de décliner aux noms; & que lorsqu'il s'agit de verbes, on dit conjuguer, c'est - à - dire ranger toutes les terminaisons d'un verbe dans une même liste, &

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