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CAS (Page 2:734)
CAS, s. m. (terme de Grammaire) ce mot vient du latin casus, chûte, rac. cadere, tomber. Les cas d'un nom sont les différentes inflexions ou terminaisons de ce nom; l'on a regardé ces terminaisons comme autant de différentes chûtes d'un même mot. L'imagination & les idées accessoires ont beaucoup de part aux dénominations, & à bien d'autres sortes de pensécs; ainsi ce mot cas est dit ici dans un sens figuré & métaphorique. Le nominatif, c'est - à - dire, la premiere dénomination tombant, pour ainsi dire, en d'autres terminaisons, fait les autres cas qu'on appelle obliques. Nominativus sive rectus, cadens à suâ terminatione in alias, facit obliques casus. Prisc. liv. v. de casu.
Ces terminaisons sont aussi appellées désinances; mais ces mots terminaison, desinance, sont le genre. Cas est l'espece, qui ne se dit que des noms; car les verbes ont aussi des terminaisons différentes, j'aime, j'aimois, j'aimerai, &c. Cependant on ne donne le nom de cas, qu'aux terminaisons des noms, soit au singulier, soit au pluriel. Pater, patris, patri, patrem, patre; voilà toutes les terminaisons de ce mot au singulier, en voilà tous les cas, en observant seulement que la premiere terminaison pater, sert également pour nommer & pour appeller.
Les noms Hébreux n'ont point de cas, ils sont souvent précédés de certaines prépositions qui en font connoître les rappotts: souvent aussi c'est le sens, c'est l'ensemble des mots de la phrase qui, par le méchanisme des idées accessoires & par la considération
Les Grecs n'ont que cinq cas, nominatif, genitif, datif, accusatif, vocatif: mais la force de l'ablatif est souvent rendue par le genitif, & quelquefois par le datif. Ablativi formâ Groeci carent, non vi, quoe genitivo & aliquando dativo refertur. Canisii Hellenismi, Part. orat. p. 87.
Les latins ont six cas, tant au singulier qu'au pluriel, nominatif, genitif, datif, accusatif, vocatif, ablatif. Nous avons déjà parlé de l'ablatif & de l'accusatif; il seroit inutile de repéter ici ce que nous disons en particulier de chacun des autres cas: on peut le voir en leur rang.
Il suffira de dire ici un mot du nom de chaque cas.
Le premier, c'est le nominatif; il est appellé cas par extension, & parce qu'il doit se trouver dans la liste des autres terminaisons du nom; il nomme, il énonce l'objet dans toute l'étendue de l'idée qu'on en a sans aucune modification; & c'est pour cela qu'on l'appelle aussi le cas direct, rectus: quand un nom est au nominatif, les Grammairiens disent qu'il est in recto.
Le genitif est ainsi appellé, parce qu'il est pour ainsi dire le fils - aîné du nominatif, & qu'il sert ensuite plus particulierement à former les cas qui le suivent; ils en gardent toûjours la lettre caractéristique ou figurative, c'est - à - dire celle qui précéde la terminaison propre qui fait la différence des déclinaisons: par ex. is, i, em ou im, e ou i, sont les terminaisons des noms de la troisieme déclinaison des latins au singulier. Si vous avez à décliner quelqu'un de ces noms, gardez la lettre qui précédera is au genitif: par ex. nominatif rex, c'est - à - dire regs, genitif reg - is, ensuite reg - i, reg - em, reg - e, & de même au pluriel reg - es, reg - um, reg - ibus. Genitivus naturale vinculum generis possidet; nascitur quidem à nominativo, generat autem omnes obliquos sequentes. (Prisc. liv. V. de Casu.)
Le datif sert à marquer principalement le rapport d'attribution, le profit, le dommage, par rapport à quoi, le pourquoi, finis cui.
L'accusatif accuse, c'est - à - dire déclare l'objet, ou
le terme de l'action que le verbe signifie: on le construit
aussi avec certaines prépositions & avec l'infinitif.
Voyez
Le vocatif sert à appeller; Priscien l'appelle aussi salutatorius, vale domine; bon jour monsieur, adieu monsieur.
L'ablatif sert à ôter avec le secours d'une préposition.
Nous en avons parlé fort au long. Voyez
Il ne faut pas oublier la remarque judicieuse de
Priscien:
Quand on dit de suite & dans un certain ordre toutes les terminaisons d'un nom, c'est ce qu'on appelle décliner: c'est encore une métaphore; on commence par la premiere terminaison d'un nom, ensuite on descend, on décline, on va jusqu'à la derniere.
Les anciens Grammairiens se servoient également du mot décliner, tant à l'égard des noms qu'à l'égard des verbes: mais il y a long - tems que l'on a consacré le mot de décliner aux noms; & que lorsqu'il s'agit de verbes, on dit conjuguer, c'est - à - dire ranger toutes les terminaisons d'un verbe dans une même liste, & [p. 735]
Il y a en Latin quelques mots qui gardent toûjours la terminaison de leur premiere dénomination: on dit alors que ces mots sont indéclinables; tels sont sas, nesas, cornu, au singulier, &c. Ainsi ces mots n'ont point de cas.
Cependant quand ces mots se trouvent dans une phrase; comme lorsqu'Horace a dit, fas atque nefas exiguo fine libidinum discernunt avidi. L. I. od. xviij. v. 10. Et ailleurs: & peccare nefas, aut pretium est mori. L. III. od. iv. v. 24. Et Virgile: jam cornu petat. Ecl. ix. v. 57. Cornu ferit ille, caveto. Ecl. ix. v. 25. alors le sens, c'est - à - dire l'ensemble des mots de la phrase fait connoître la relation que ces mots indéclinables ont avec les autres mots de la même proposition, & sous quel rapport ils y doivent être considérés.
Ainsi dans le premier passage d'Horace je vois bien que la construction est, illi avidi discernunt fas & nefas. Je dirai donc que fas & nefas sont le terme de l'action ou l'objet de discernunt, &c. Si je dis qu'ils sont à l'accusatif, ce ne sera que par extension & par analogie avec les autres mots latins qui ont des cas, & qui en une pareille position auroient la terminaison de l'accusatif. J'en dis autant de cornu ferit; ce ne sera non plus que par analogie qu'on pourra dire que cornu est là à l'ablatif; & l'on ne diroit ni l'un ni l'autre, si les autres mots de la langue Latine étoient également indéclinables.
Je fais ces observations pour faire voir, 1°. que ce
sont les terminaisons, seules, qui par leur variété
constituent les cas, & doivent être appellées cas:
ensorte qu'il n'y a point de cas, ni par conséquent
de déclinaison dans les langues où les noms gardent
toûjours la terminaison de leur premiere dénomination;
& que lorsque nous disons un temple de marbre,
ces deux mots de marbre, ne sont pas plus un génitif
que les mots Latins de marmore, quand Virgile a dit,
templum de marmore, Georg. L. III. v. 13. & ailieurs:
ainsi à & de ne marquent pas plus des cas en François
que par, pour, en, sur, &c. Voyez
2°. Le second point qui est à considérer dans les cas, c'est l'usage qu'on en fait dans les langues qui ont des cas.
Ainsi il faut bien observer la destination de chaque terminaison particuliere: tel rapport, telle vûe de l'esprit est marquée par tel cas, c'est - à - dire par telle terminaison.
Or ces terminaisons supposent un ordre dans les mots de la phrase, c'est l'ordre successif des vûes de l'esprit de celui qui a parlé; c'est cet ordre qui est le fondement des relations immédiates des mots de leurs enchaînemens & de leurs terminaisons. Pierre bat Paul; moi aimer toi, &c. On va entendre ce que je veux dire.
Les cas ne sont en usage que dans les langues où les mots sont transposés, soit par la raison de l'harmonie, soit par le feu de l'imagination, ou par quelqu'autre cause.
Or quand les mots sont transposés, comment puisje connoître leurs relations?
Ce sont les différentes terminaisons, ce sont les cas qui m'indiquent ces relations; & qui lorsque la phrase est finie, me donnent le moyen de rétablir l'ordre des mots, tel qu'il a été nécessairement dans l'esprit de celui qui a parlé lorsqu'il a voulu énoncer sa pensée par des mots: par exemple;
Frigidus agricolam si quando continet imber. Virg. Georg. Lib. I. v. 250.
Je ne puis pas douter que lorsque Virgile a fait ce vers, il n'ait joint dans son esprit l'idée de frigidus à celle d'imber; puisque l'un est le substantif, & l'autre l'adjectif. Or le substantif & l'adjectif sont la chose
Cependant voyez combien ici ces deux mots sont éloignés l'un de l'autre: frigidus commence le vers, & imber le finit.
Les terminaisons font que mon esprit rapproche ces deux mots, & les remet dans l'ordre des vûes de l'esprit, relatives à l'élocution; car l'esprit ne divise ainsi ses pensées que par la nécessité de l'énonciation.
Comme la terminaison de frigidus me fait rapporter cet adjectif à imber, de même voyant qu'agricolam est à l'accusatif, j'apperçois qu'il ne peut avoir de rapport qu'avec continet: ainsi je range ces mots selon leur ordre successif, par lequel seul ils font un sens, si quando imber frigidus continet domi agricolam. Ce que nous disons ici est encore plus sensible dans ce vers.
Aret ager, vitio, moriens, sitit, aeris, herba>. Virg. Ecl. vij. v. 57.
Ces mots ainsi séparés de leurs corrélatifs, ne font aucun sens.
Est sec, le champ, vice, mourant, a soif, de l'air, l'herbe: mais les terminaisons m'indiquent les corrélatifs, & dès - lors je trouve le sens. Voilà le vrai usage des cas.
Ager aret, herba moriens sitit prae vitio aeris. Ainsi les cas sont les signes des rapports, & indiquent l'ordre successif, par lequel seul les mots font un sens. Les cas n'indiquent donc le sens que relativement à cet ordre; & voilà pourquoi les langues, dont la syntaxe suit cet ordre, & ne s'en écarte que par des inversions légeres aisées à appercevoir, & que l'esprit rétablit aisément; ces langues, dis - je, n'ont point de cas; ils y seroient inutiles, puisqu'ils ne servent qu'à indiquer un ordre que ces langues suivent; ce seroit un double emploi. Ainsi si je veux rendre raison d'une phrase Françoise; par exemple de celle - ci, le Roi aime le peuple, je ne dirai pas que le Roi est au nominatif, ni que le peuple est à l'accusatif; je ne vois en l'un ni en l'autre mot qu'une simple dénomination, le Roi, le peuple: mais comme je sai par l'usage l'analogie & la syntaxe de ma langue, la simple position de ces mots me fait connoître leurs rapports & les différentes vûes de l'esprit de celui qui a parlé.
Ainsi je dis 1°. que le Roi paroissant le premier est le sujet de la proposition, qu'il est l'agent, que c'est la personne qui a le sentiment d'aimer.
2°. Que le peuple étant énoncé après le verbe, le peuple est le complément d'aime: je veux dire que aime tout seul ne feroit pas un sens suffisant, l'esprit ne seroit pas satisfait. Il aime: hé quoi? le peuple. Ces deux mots aime le peuple, font un sens partiel dans la proposition. Ainsi le peuple est le terme du sentiment d'aimer; c'est l'objet, c'est le patient. C'est l'objet du sentiment que j'attribue au Roi. Or ces rapports sont indiqués en François par la place ou position des mots, & ce même ordre est montré en Latin par les terminaisons.
Qu'il me soit permis d'emprunter ici pour un moment le style figuré. Je dirai donc qu'en Latin l'harmonie ou le caprice accordent aux mots la liberté de s'écarter de la place que l'intelligence leur avoit d'abord marquée. Mais ils n'ont cette permission qu'à condition qu'après que toute la proposition sera finie, l'esprit de celui qui lit ou qui écoute les remettra par un simple point de vûe dans le même ordre où ils auront été d'abord, dans l'esprit de celui qui aura parlé.
Amusons - nous un moment à une fiction. S'il plaisoit à Dieu de faire revivre Cicéron, de nous en donner la connoissance, & que Dieu ne donnât à Cicé<pb-> [p. 736]
Or, comme en Latin il faut que le mot ait la terminaison destinée à sa position, & que sans cette condition la place n'influe en rien pour faire entendre le sens, Augustus vicit Antonius, ne veut rien dire en Latin. Ainsi Auguste vainquit Antoine, ne formeroit d'abord aucun sens dans l'esprit de Cicéron; parce que l'ordre successif ou significatif des vûes de l'esprit n'est indiqué en Latin que par les cas ou terminaisons des mots: ainsi il est indifférent pour lesens de dire Antonium vicit Augustus, ou Augustus vicit Antonium. Cicéron ne concevroit donc point le sens d'une phrase, dont la syntaxe lui seroit entierement inconnue. Ainsi il n'entendroit rien à Auguste vainquit Antoine; ce seroit - là pour lui trois mots qui n'auroient aucun signe de rapport. Mais reprenons la suite de nos réflexions sur les cas.
Il y a des langues qui ont plus de six cas, & d'autres qui en ont moins. Le P. Galanus, Théatin, qui avoit demeuré plusieurs années chez les Arméniens, dit qu'il y a dix cas dans la langue Arménienne. Les Arabes n'en ont que trois.
Nous avons dit qu'il y a dans une langue & en chaque déclinaison autant de cas, que de terminaisons différentes dans les noms; cependant le génitif & le datif de la premiere déclinaison des Latins, sont semblables au singulier. Le datif de la seconde est aussi terminé comme l'ablatif: il semble donc qu'il ne devroit y avoir que cinq cas en ces déclinaisons. Mais 1°. il est certain que la prononciation de l'a au nominatif de la premiere déclinaison, étoit différente de celle de l'a à l'ablatif: le premier est bref, l'autre est long.
2°. Le génitif fut d'abord terminé en ai, d'où l'on forma oe pour le datif. In primâ declinatione dictum olim mensai, & hinc deinde formatum in dativo mensae. Perizonius in Sanctii Minervâ, L. I. c. vj. n. 4.
3°. Enfin l'analogie demande cette uniformité de six cas dans les cinq déclinaisons, & alors ceux qui ont une terminaison semblable, sont des cas par imitation avec les cas des autres terminaisons, ce qui rend uniforme la raison des constructions: casus sunt non vocis, sed significationis, nec non etiam structuroe rationem servamus. Prise. L. V. de Casu.
Les rapports qui ne sont pas indiqués par des cas en Grec, en Latin, & dans les autres langues qui ont des cas, ces rapports, dis - je, sont suppléés par des prépositions, clam patrem. Teren. Hecy. Act. III. sc. iij. v. 36
Ces prépositions qui précedent les noms équivalent à des cas pour le sens, puisqu'elles marquent des vûes particulieres de l'esprit; mais elles ne font point des cas proprement dits, car l'essence du cas ne consiste que dans la terminaison du nom, destinée à indiquer une telle relation particuliere d'un mot à quelqu'autre mot de la proposition. (F)
Cas irreductible (Page 2:736)
Soit x
Cette équation, qu'on peut regarder comme du
second degré, (Voyez
1°. Il est évident que si q est positif, r étant positif
ou négatif, cette forme est réelle, puisqu'elle ne
contient que des quantités réelles. Or dans ce cas,
comme on le verra à l'article
2°. Si q est négatif, & que r
3°. Si q est négatif & r
4°. Mais si q est négatif & que r
Cependant on démontre en Algebre, que dans ce cas les trois racines sont réelles & inégales. On peut en voir la preuve à la fin de cet article. Comment donc peut - il se faire que la racine x se présente sous une forme qui contienne des imaginaires?
M. Nicole a le premier résolu cette difficulté
(Mém. acad. 1738.) Il a fait voir que l'expression
de x, quoiqu'elle contienne des imaginaires, est en
effet réelle. Pour le prouver, soit [omission: formula; to see, consult fac-similé version],
on aura [omission: formula; to see, consult fac-similé version].
Il s'agit de montrer que cette expression,
quoiqu'elle renferme des imaginaires, représente
une quantité réelle. Pour cela, soit formée
suivant les regles données à l'article
Lorsque l'une des trois équations réelles & inégales
est commensurable, alors l'équation n'est plus
dans le cas irréductible, parce que l'un des diviseurs
du dernier terme donne la racine commensurable.
Voyez
Mais quand l'équation est incommensurable, il faut, pour trouver l'expression réelle de la racine, ou sommer la série susdite, ou dégager de quelqu'autre maniere l'expression trouvée, de la forme imaginaire qui la défigure pour ainsi dire. C'est à quoi on travaille inutilement depuis deux cents ans.
Cette racine du cas irréductible, si difficile à trouver
par l'Algebre, se trouve aisément par la Géométrie. Voyez
Cet inconvénient du cas irréductible vient de la
méthode qu'on a employée jusqu'ici pour résoudre
les équations du troisieme degré; méthode imparfaite,
mais la seule qu'on ait pû trouver jusqu'à présent.
Voici en quoi consiste l'imperfection de cette
méthode. On suppose x = y + z, y & z étant deux
quantités indéterminées; ensuite on a tout à la fois
x
En un mot, l'équation x = y + z ne donne à la rigueur
que cette équation qx + r = - 3yzx - y
Il faudroit voir si par quelque moyen on ne pourroit pas couper l'équation susdite en deux autres, qui donnassent à y & à z une forme réelle & facile à trouver: mais cette operation paroît devoir être fort difficile, si elle n'est pas impossible.
J'ai fait voir dans les Mémoires de l'Academie des
Sciences de Prusse de 1746, que l'on pouvoit toûjours
trouver par la trisection d'un arc de cercle,
une quantité [omission: formula; to see, consult fac-similé version], égale à la racine cube de
[omission: formula; to see, consult fac-similé version] & que si [omission: formula; to see, consult fac-similé version],
on a [omission: formula; to see, consult fac-similé version] V.
Quoi qu'il en soit, la racine étant incommensurable
dans le cas irréductible, l'expression réelle de cette
racine, quand on la trouveroit, n'empêcheroit pas
de recourir aux approximations. Nous avons donné
à l'article
Puisque nous en sommes sur cette matiere des équations du troisieme degré, nous croyons qu'on ne nous saura pas mauvais gré de faire ici quelques remarques nouvelles qui y ont rapport, & dont nos lecteurs pourront tirer de l'utilité.
On sait que toute équation du troisieme degré a trois racines. Il faudroit donc, pour résoudre d'une maniere complette une équation du troisieme degré, trouver une méthode qui fît trouver à la fois les trois racines, comme on trouve à la fois les deux racines d'une équation du second degré. Jusqu'à ce qu'on ait trouvé cette méthode, il y a bien de l'apparence que la théorie des équations du troisieme degré restera imparfaite: mais la trouvera - t - on, cette méthode? c'est ce que nous n'osons ni nier ni prédire.
Examinons présentement de plus près la méthode
dont on se sert pour trouver les racines d'une équation du troisieme degré. On a d'abord une équation
du sixieme degré y
Je réponds d'abord que les trente - six valeurs prétendues
de y + z doivent se réduire à dix - huit; en
effet, il ne faut pas combiner indifféremment chaque
valeur de z avec toutes les valeurs de y, mais seulement
avec les valeurs de y qui correspondent à
la valeur qu'on a supposée à y
Quoique chacune des valeurs de y & de z, employées & combinées comme on vient de le prescrire, paroisse donner une valeur de y + z, il faut encore rejetter celles dans lesquelles le produit z y [p. 738]
Soient ces quatre équations: [omission: formula; to see, consult fac-similé version] Et soit [omission: formula; to see, consult fac-similé version] à la racine cubique de [omission: formula; to see, consult fac-similé version], on aura [omission: formula; to see, consult fac-similé version] à la racine de [omission: formula; to see, consult fac-similé version], ce qui donnera:
Sont les mêmes que de la seconde.
Sont les mêmes que de la premiere.
Donc, 1°. la combinaison des racines de la troisieme équation avec celles de la quatrieme, donnera le même résultat que celle des racines des deux premieres.
2°. Il ne faudra combiner ensemble que les valeurs de y & de z, & dont le produit sera = - q/3, c'est - à - dire a a + b b; car [omission: formula; to see, consult fac-similé version] étant = à [omission: formula; to see, consult fac-similé version], on aura [omission: formula; to see, consult fac-similé version]. D'où il s'ensuit,
3°. Qu'il faudra combiner la racine marquée (1) avec la racine marquée (4), ce qui donnera y=2a.
4°. Qu'il faudra combiner la racine marquée (2) avec la racine marquée (6), ce qui donnera [omission: formula; to see, consult fac-similé version].
5°. Qu'il faudra combiner la racine marquée (3) avec la racine marquée (5), ce qui donnera [omission: formula; to see, consult fac-similé version].
Voilà les trois racines de l'équation, & il est visible, par les regles que nous avons établies, que toutes les autres valeurs de y + z donneroient des ex<cb->
On peut trouver aisément par la même méthode
les trois valeurs de x dans tout autre cas que le cas
irréductible. Par exemple, si q est positif, ou si q est
négatif & < ou = r
Cas (Page 2:738)
Il y a aussi des cas qu'on appelle prevôtaux, d'autres
qu'on appelle cas privilégiés. Voyez
Il y en a enfin qu'on appelle ecclésiastiques, parce que les seuls juges d'église en peuvent connoître. (H)
Cas de conscience (Page 2:738)
Nous sommes chrétiens par la croyance des vérités révélées, & par la pratique des maximes évangéliques. Nous faisons à Dieu le sacrifice de notre raison par la foi, & nous lui faisons le sacrifice de nos penchans par la mortification: ces deux branches de l'abnégation de soi - même sont également essentielles au Salut: mais l'infraction n'en est peut - être pas également funeste à la société; & c'est une chose encore à savoir, si ceux qui attaquent les dogmes d'une religion, sont aussi mauvais citoyens que ceux qui en corrompent la Morale.
Il semble au premier coup d'oeil que le poison des Corrupteurs de la morale, soit fait pour plus de monde que celui des impies. La dépravation des moeurs est un effet direct de celle des principes moraux; au lieu qu'elle n'est qu'une suite moins prochaine de l'irreligion; mais suite toutefois presqu'infaillible, ainsi qu'un de nos plus grands orateurs, le P. Bourdaloue, l'a bien démontré. L'incrédule est d'ailleurs quelquefois un homme, qui las de chercher inutilement dans les sources communes & les conversations ordinaires, le rayon de lumiere qui devoit rompre l'écaille de ses yeux, s'est adressé au publie, en a reçû les éclaircissemens dont il avoit besoin, a abjuré son erreur, & a évité le plus grand de tous les mal<pb-> [p. 739]
Au reste, quel que soit le parti qu'on prenne dans cette question, l'équité veut qu'on distingue bien la personne de l'opinion, & l'auteur de l'ouvrage: car c'est bien ici qu'on a la preuve complete que les moeurs & les écrits sont deux choses différentes. La foule des casuistes que. Pascal a convaincus de relâchement dans les principes, en offre à peine un seul qu'on puisse accuser de relâchement dans la conduite: tous ne semblent avoir été indulgens que pour les autres: c'est au pié du crucifix, où l'on dit qu'il restoit prosterné des jours entiers, qu'un des plus fameux d'entr'eux résolvoit en Latin ces combinaisons de débauches si singulieres, qu'il n'est guere possible d'en parler honnêtement en François. Un autre passe pour l'avoir disputé aux peres du desert par l'austérité de sa vie. Mais nous ne nous étendrons pas davantage sur les moeurs des Casuistes: c'est bien assez d'avoir montré qu'elles n'avoient rien de commun avec leurs maximes.
Cas reservés (Page 2:739)
Les cas réservés au pape, suivant le rituel de Paris, sont 1°. l'incendie des églises & celle des lieux profanes, si l'incendiaire est dénoncé publiquement; 2°. la simonie réelle dans les ordres & les bénéfices, & la confidence publique; 3°. le meurtre ou la mutilation de celui qui a les ordres sacrés; 4°. frapper un évêque ou un autre prélat; 5°. fournir des armes aux infideles; 6°. falsifier les bulles ou lettres du pape; 7°. envahir ou piller les terres de l'Eglise Romaine; 8°. violer l'interdit du saint - siége.
Les cas réservés à l'évêque sont 1°. frapper notablement un religieux ou un clerc in sacris; 2°. l'incendie volontaire; 3°. le vol dans un lieu sacré avec effraction; 4°. l'homicide volontaire; 5°. le duel; 6°. machiner la mort de son mari ou de sa femme; 7°. procurer l'avortement; 8°. frapper son pere ou sa mere; 9°. le sortilege ou empoisonnement, & la divination; 10°. la profanation de l'eucharistie ou des saintes huiles; 11°. l'effusion violente de sang dans l'église; 12°. la fornication dans l'église; 13°. abuser d'une religieuse; 14°. le crime du confesseur avec sa pénitente; 15°. le rapt; 16°. l'inceste au deuxieme degré; 17°. la sodomie, & autres péchés semblables; 18°. le laroin sacrilege; 19°. le crime de faux, faux témoignage, fausse monnoie, falsification de lettres ecclesiastiques; 20°. simonie & confidence cachée; 21°. supposition de titre ou de personne à l'examen pour la promotion aux ordres.
Les réservations sont différentes suivant l'usage des dioceses, & elles sont fort utiles pour donner plus d'horreur des grands crimes, par la difficulté d'en recevoir l'absolution. Le prêtre pénitencier est établi principalement pour absoudre de ces cas: mais à l'article de la mort il n'y a ni réservation de cas, ni distinction de confesseur; tout prêtre peut absoudre celui qui se trouve en cet état, pourvû qu'il ait donné quelque signe de pénitence. Fleury, Instit. au Droit ecclés. tome I. part. 2. chap. iv. page 288. & suiv.
Il y a aussi dans les couvens des cas réservés par les
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