ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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CARAVANE (Page 2:673)

CARAVANE, s. f. (Hist. mod.) dans l'Orient, troupe ou compagnie de voyageurs, marchands, & pelerins qui, pour plus de sûreté, marchent ensemble pour traverser les deserts, & autres lieux dangereux infestés d'Arabes ou de voleurs.

Ce mot vient de l'Arabe cairawan ou cairoan, & celui - ci du Persan kerwan ou karwan, négotiant ou commerçant. Voyez Perits. Itin. mund. ed. Hyde, p. 61.

Les marchands élisent entr'eux un chef nommé caravan - bachi, qui commande la caravane; celle de la Mecque est commandée par un officier nommé Emir Adge, qui a un nombre de janissaires ou autres milices suffisant pour la défendre. Ordinairement ces troupes de voyageurs marchent plus la nuit que le jour, pour éviter les grandes chaleurs, à moins que ce ne soit en hyver; alors la caravane campe tous les soirs auprès des puits ou ruisseaux qui sont connus des guides, & il s'y observe une discipline aussi exacte qu'à la guerre. Les chameaux sont ordinairement les voitures dont on se sert; ces animaux supportant aisément la fatigue, mangeant peu, & sur - tout se passant des trois & quatre jours de boire. On les attache à la file les uns des autres, & un seul chamelier en mene sept. Les marchands & les soldats se tiennent sur les ailes.

Le grand seigneur donne la quatrieme partie des revenus de l'Egypte pour les frais de la caravane, qui va tous les ans du Caire à la Mecque visiter le tombeau de Mahomet; cette troupe de pieux Musulmans est quelquefois de 40 à 70 mille hommes, accompagnée de ses soldats pour les mettre à couvert du pillage des Arabes, & suivie de huit ou neuf mille chameaux chargés de toutes les provisions nécessaires pour un si long trajet à travers les deserts. Il y en vient aussi de Maroc & de Perse.

Les pélerins pendant le chemin s'occupent à chanter des versets de l'Alcoran; quand ils sont à deux journées de la Mecque, dans un lieu nommé Rabak, ils se dépouillent tout nuds & ne prennent qu'une serviette sur leur cou, & une autre autour des reins. Arrivés à la Mecque, ils y demeurent trois jours à faire leurs prieres & à visiter les lieux saints; de - là ils vont au Mont - Arafat offrir leur corban ou sacrifice; & après y avoir reçû la bénédiction du scherif ou prince de la Mecque, ils se rendent à Médine, pour honorer le tombeau du prophete.

On distingue en Orient les journées, en journées de caravanes de chevaux, & de caravanes de chameaux; celles de chevaux en valent deux de chameaux: il part plusieurs caravanes d'Alep, du Caire, & d'autres lieux, tous les ans, pour aller en Perse, à la Mecque, au Thibet. Il y a aussi des caravanes de mer établies pour le même sujet; telle est la caravane de vaisseaux qui va de Constantinople jusqu'à Alexandrie.

On appelle aussi caravanes, les campagnes de mer, que les chevaliers de Malte sont obligés de faire contre les Turcs & les corsaires, afin de parvenir aux commanderies & aux dignités de l'ordre: on les nomme de la sorte, parce que les chevaliers ont souvent enlevé la caravane, qui va tous les ans d'Alexandrie à Constantinople. (G)

CARAVANSERAI (Page 2:673)

CARAVANSERAI, s. m. (Hist. mod.) grand bâtiment public destiné à loger les caravanes. Voyez Caravane.

Ce mot vient de l'Arabe cairawan ou du Persan karwan, qui signifie caravane & de serrai, hôtel ou grande maison, c'est - à - dire, hôtelerie des voyageurs.

Ces caravanserais, ou, comme Chardin les appelle, caravanserails, sont en grand nombre dans l'Orient, où ils ont été bâtis par la magnificence des princes des différens pays.

Ceux de Schiras & de Casbin en Perse passent pour avoir coûté plus de soixante mille écus à bâtir; ils sont ouverts à tous venans, de quelque nation & religion qu'ils soient, sans que l'on s'informe ni de leur pays, ni de leurs affaires, & chacun y est recû gratis.

Les caravanserais som ordinairement un vaste & grand bâtiment quarrè, dans le milieu duquel se trouve une cour très - spacieuse: sous les areades qui l'environnent, regne une espece de banquette élevée de quelques piés au - dessus du rez de chaussée, où les marchands & voyageurs se logent comme ils peuvent eux & leurs équipages; les bêtes de somme étant attachées au pié de la banquette. Au - dessus des portes qui donnent entrée dans la cour, il y a quelquefois de petites chambres que les concierges des caravanserais savent loüer fort cher à ceux qui veulent être en particulier.

Quoique les caravanserais tiennent en quelque sorte lieu en Orient des auberges, il y a cependant une différence très - grande entr'eux & les auberges; c'est que dans les caravanserais, on ne trouve absolument rien ni pour les hommes ni pour les animaux, & qu'il y faut tout porter; ils sont ordinairement bâtis dans des lieux arides, stériles & deserts, où l'on ne peut faire venir de l'eau que de loin & à grands frais, n'y ayant point de caravanserai sans sa fontainé. Il y en a aussi plusieurs dans les villes où ils servent non seulement d'auberge, mais encore de boutique, de magasin, & même de place de change.

Il n'y a guere de grandes villes dans l'Orient, surtout de celles qui sont dans les états du grand seigneur, du roi de Perse, & du Mogol, qui n'ayent de ces sortes de bâtimens. Les caravanserais de Constantinople, d'Ispahan, & d'Agra, capitales des trois empires, sont sur - tout remarquables par leur magnificence & leur commodité.

En Turquie, il n'est permis qu'à la mere & aux soeurs du grand seigneur, ou aux visirs & bachas qui se sont trouvés trois fois en bataille contre les Chrétiens, de fonder des caravanserais. (G)

CARAVANSERASKIER (Page 2:673)

CARAVANSERASKIER, s. m. (Hist. mod.) directeur ou intendant, chef d'un caravanserai. Voyez Caravanserai.

Dans chaque caravanserai qui se rencontre sur les routes & dans les deserts, il y a un caravanseraskier; dans ceux qui sont situés dans les villes, & destinés à serrer ou à étaler les marchandises, comme dans celui d'Ispahan, il y a aussi un officier ou garde magasin qu'on appelle caravanseraskier. Il répond des marchandises déposées dans le caravanserai, moyennant un certain droit ou rétribution qu'on lui paye. (G)

CARAVELLE (Page 2:673)

CARAVELLE, s. f. (Marine.) c'est un petit bâtiment Portugais à poupe carrée, rond de bordage, & court de varangue; il porte jusqu'à quatre voiles latines, ou à oreilles de lievre, outre les boursets & les bonnettes en étui. Ces voiles latines sont faites en triangle; cette sorte de bâtiment n'a point de hune, & la piece de bois qui traverse le mât est seulement attachée près de son sommet. Le bout d'embas de la voile n'est guere plus élevé que les autres fournitures du vaisseau; au plus bas il y a de grosses pieces de bois comme un mât, qui sont vis - à - vis l'une de l'autre, aux côtés de la caravelle, & s'amenuisent peu à peu en haut. Les caravelles sont regardées comme les meilleurs voiliers; elles sont ordinairement du port de 120 à 140 tonneaux. Les Portugais se servent de ces sortes de vaisseaux en tems de guerre pour aller & venir en plus grande diligence; la manoeuvre en étant facile & faisant bien toutes les évolutions.

On nomme aussi caravelle, sur quelques côtes de France, les bâtimens qui vont à la pêche du hareng sur les bancs; ils sont ordinairement de 25 à 30 tonneaux. Ceux qui sont destinés pour la même pêche, [p. 674] qui se fait dans la Manche, s'appellent trinquarts; ils sont depuîs 12 jusqu'à 15 tonneaux. (Z)

CARAY (Page 2:674)

CARAY, (Géog.) petite île d'Ecosse, l'une des Westernes, assez fertile.

CARBATINE (Page 2:674)

CARBATINE, s. f. (Chaffe) on donne ce nom en général à toute peau de bête nouvellement écorchée.

CARBEQUI (Page 2:674)

CARBEQUI, s. m. (Commerce) monnose de cuivre fabriquée à Teflis, capitale de Géorgie, qui vaut un demi - chaoury, ou trois sous quatre deniers argent de France.

CARBONADE (Page 2:674)

CARBONADE, s. f. (Cuisine) on donne en général ce nom à toute viande que l'on sert sans autre apprêt, que de l'avoir exposée au feu sur le gril. Un pigeon à la carbonade, est un pigeon. ouvert par l'estomac & cuit sur le gril. Une tranche de boeuf à la carbonade, c'est un morceau mince de cette viande cuit de la même maniere; on fait quelquefois une sauce à la carbonade, quelquefois on n'en fait point.

CARBONILLA (Page 2:674)

CARBONILLA, s. f. (Chimie) on nomme ainsi au Potosi, un mêlange de deux parties de charbon, & d'une partie de terre grasse, qu'on humecte & qu'on pêtrit ensemble, jusqu'à ce que ces matieres soient bien mêlées & bien retournées avec lesmains, qu'elles s'unissent parfaitement entr'elles, & qu'elles paroissent ne faire qu'un même corps; cette terre ainsi préparée, cette carbonilla sert à faire des vaisseaux pour les essais des mines, pour faire les catins. Voy. Catin. (M)

CARBONIEN (Page 2:674)

CARBONIEN (l'édit), Hist. anc. edictum Carbonianum; étoit dans l'origine un décret du Préteur Cn. Carbo, lequel fut dans la suite adopté par les empereurs; qui portoit que dans le cas où on disputoit à un impubere sa qualité de fils & celle d'héritier tout ensemble, la question d'état devoit être remise après sa puberté, & celle concernant l'hérédité devoit être jugée sans délai; & au cas qu'il y eût lieu, la succession adjugée provisoirement à l'impubere, sauf l'examen de la question d'état après la puberté.

Or il falloit, pour qu'il y eût lieu au bénéfice de l'édit Carbonien, 1°. qu'il s'agît des biens paternels & non pas des maternels: 2°. que la question d'état & celle sur l'hérédité fussent mues toutes deux: 3°. & enfin que l'impubere n'eût été ni institué ni deshérité. (H)

CARBOUILLON (Page 2:674)

CARBOUILLON, s. m. (terme de Finances.) est un droit des salines de Normandie, dont il est fait mention dans l'ordonnance des Gabelles. Ce droit est la quatrieme partie du prix du sel blanc qui s'y fabrique. (H)

CARBURY ou CARBER (Page 2:674)

CARBURY ou CARBER, (Géog.) petite ville d'Irlande, dans la province de Leinster, au comté de Kildare, sur la Boyne.

CARCAGNOLES (Page 2:674)

CARCAGNOLES, sub. f. (Soierie); c'est ainsi que les Piémontois appellent des especes de petites crapaudines de verre, sur lesquelles tournent les fuseaux des moulins, soit à ovaler, soit à organciner la soie. Voyez à l'article Soie, le moulin à tordre les soies; & à l'article Fil, le moulin ou ovale à tordre le fil.

CARCAJOU, CARCAJOUX ou CARCAIOU (Page 2:674)

CARCAJOU, CARCAJOUX ou CARCAIOU, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) animal quadrupede de l'Amérique septentrionale; il est carnacier, & il habite les cantons les plus froids; il pese ordinairement depuis vingt - cinq jusqu'à trente - cinq livres; il a environ deux piés depuis le bout du museau jusqu'à la queue, qui peut avoir huit pouces de longueur: la tête est fort courte & fort grosse à proportion du reste du corps: les yeux sont petits, les mâchoires très - fortes & garnies de trente - deux dents, dont il y en a treize molaires, quatre canines, qui sont très longues, & douze incisives, qui sont courtes, étroites, épaisses, & fort tranchantes: les jambes sont fort courtes; il y a cinq doigts dans chaque pié, & des ongles crochus, très - forts, & très - pointus: le poil a quatorze ou quinze lignes de longueur; il est de plusieurs couleurs, noir, roux, blanc, &c. Cet animal est très - fort & très - furieux, quoiqu'il soit petit; il est si lent & si pesant, qu'il se traîne sur la neige plûtôt qu'il ne marche, aussi ne peut - il attraper en marchant que le castor. En hyver il brise & démolit la cabane du castor: mais celui - ci y est rarement surpris, parce qu'il a sa retraite assûrée sous la glace. La chasse qui rend le plus au carcajou, est celle de l'orignac & du caribou. Dans l'hyver, lorsqu'il y a de la neige de cinq ou six piés de hauteur, l'orignac se fait des chemins dans les endroits où il trouve la nourriture qui lui est convenable; c'est dans ces chemins qu'il est attaqué par le carcajou, qui monte sur un arbre, attend l'orignac au passage, s'élance sur lui, & lui coupe la gorge en un moment; c'est en vain que l'orignac se couche par terre, se frotte contre les arbres, & fait des efforts assez violens pour y laisser des morceaux de sa peau larges comme la main; rien n'est capable de faire lâcher prise au carcajou. Il tue le caribou de la même façon, & il a beaucoup d'autres ruses; il détend les piéges, & ensuite il mange l'appât sans péril. M. Sarrasin, Hist. de l'Acad. roy. des Scienc. année 1713. (I)

CARCAISE (Page 2:674)

CARCAISE, sub. f. (Verrerie.) c'est un fourneau particulier aux manufactures en glaces & en crystal, où l'on prépare les frites destinées à ces ouvrages, & qui sont propres à quelques autres opérations relatives aux frites. V. les articles Glace & Crystal.

CARCAN (Page 2:674)

CARCAN, s. m. est un poteau planté en terre, avec un collier de fer attaché à hauteur d'homme, à quoi on attache par le cou des malfaiteurs qu'on ne juge pas dignes de mort, pour les punir d'un délit qui marque de la bassesse d'ame, par la confusion. La plûpart de ceux qu'on attache au carcan, ont été auparavant fustigés par le bourreau, & marqués d'un fer chaud, & sont souvent ensuite ou bannis ou envoyés aux galeres. (H)

CARCANOSSI (Page 2:674)

CARCANOSSI, (Géog.) province d'Asie, dans l'île de Madagascar, au midi de la riviere de Matanengha.

CARCARANNE ou CARCARAVAL (Page 2:674)

CARCARANNE ou CARCARAVAL, (Géog.) riviere de l'Amérique méridionale, au Paraguai, qui se jette dans la Plata.

CARCAPULI (Page 2:674)

* CARCAPULI, (Hist. nat. bot.) c'est une espece d'oranger de Malabar, grand & gros à proportion, que deux hommes peuvent à peine embrasser: les feuilles sont par paires le long des branches, au bout desquelles il y a des fleurs tetrapétales, jaunâtres, sans odeur, & d'un goût aigrelet: le calice est à quatre pieces pâles & concaves; le fruit pend à un pédicule d'un pouce de long; il est gros, rond, divisé en huit ou neuf côtes, gonflées à leurs extrémités: il est d'abord verd, il jaunit, & finit par être blanc: il est d'une acidité agréable; sa graine est oblongue, un peu plate, d'une couleur d'azur foncé, & logée au centre de la pulpe. Il se mange; il se transporte seché, & on lui attribue plusieurs propriétés médicinales. Voyez Ray.

CARCASSE (Page 2:674)

CARCASSE, s. f. (Anatomie.) c'est proprement le squelete d'un animal, ou le corps mort de cet animal, tel qu'il est lorsque la chair en est enlevée, brûlée ou desséchée. Voyez Squelete.

C'est ainsi qu'on dit: on voyoit long - tems après la bataille les carcasses des soldats, des chevaux, &c.

Carcasse d'un oiseau, d'une poularde, d'une perdrix, d'un levraud, d'un lapin, &c. c'est ce qui reste après qu'on en a enlevé les quatre membres, savoir, les cuisses & les ailes.

On dit aussi, en Architecture & en Charpenterie, la carcasse d'un bâtiment; elle comprend les solives, les poutres, les cloisons, les planchers, &c. & c'en est proprement l'assemblage considéré indépendamment des murs qui l'environnent, des tuiles ou ardoises qui

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